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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (610-601)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#610 - Serge Aurier

Serge Aurier
Lens (2009-2011), Toulouse (2011-2014), PSG (2014-2017)

Côté pile, il y a le latéral prometteur tressé qui fait ses débuts à 16 ans et 363 jours avec son club formateur du Racing Club de Lens avant de décoller définitivement à Toulouse où il claquera une saison 2013-2014 XXL : 6 buts, 7 passes décisives – aucun autre latéral n’a fait mieux en Europe cette saison-là -, une présence dans l’équipe type de la Ligue 1 et un transfert au PSG dans la foulée. Côté face, une diffusion Périscope restée dans toutes les mémoires durant laquelle, chicha au bec, il insulte son coach Laurent Blanc de « fiotte » , son gardien Salvatore Sirigu de « guez » et évoque Zlatan Ibrahimović : « Quand tu regardes ma gueule, tu penses qu’il peut me mettre la pression, lui ? » Ne cherchez pas plus loin le meilleur entertainment des dix dernières années en Ligue 1. Un vrai Dr. Jekyll et Mr. Hyde.

#609 - Jean-Jacques Eydelie

Jean-Jacques Eydelie
Nantes (1984-1986 puis 1988-1992), Laval (1986-1987), OM (1992-1993), SC Bastia (1995-1997)

Dix-sept jours de détention préventive en juin 1993 puis une condamnation à un an de prison avec sursis, et à 10 000 francs d’amende, deux ans plus tard : l’affaire VA-OM (dans laquelle il aura joué les intermédiaires auprès de Jacques Glassmann, son ancien coéquipier à Tours) aura largement entaché la carrière du milieu défensif (ou arrière droit), joueur important du FC Nantes – son club formateur – au tournant des années 1980-1990, transféré dans la cité phocéenne en 1992. Il ne restera qu’une saison en Provence, le temps de devenir un joueur important de l’Olympique et de soulever la Coupe des clubs champions européens, avec une titularisation en finale face au Milan. Son titre de champion de France envolé et son image souillée (voir Jorge Burruchaga en #770), il s’enfuira à Benfica – sans jouer – avant un retour en D1 réussi, au SC Bastia, dont il sera même le capitaine. Son après-carrière, lui, est compliqué. Mais il n’en veut pas à Glassmann, le déclencheur de toute l’affaire, comme il le confiait dans ces colonnes en 2014 : «  Lui, cela a été le premier courageux de toute cette histoire. Il n’a pas accepté d’entendre et de faire ce qu’on lui a dit. Je le respecte déjà pour ça, et tant pis pour ceux qui disent que c’est une balance. Je comprends très bien et respecte ce qu’il a fait. C’est lui qui a eu raison. »

#608 - Grégory Proment

Grégory Proment
Metz (1997-2002 puis 2003-2006), Caen (2007-2009 puis 2010-2012)

« Ma carrière a été plutôt bonne dans l’ensemble, mais, avec du recul, j’estime qu’elle aurait dû être meilleure. Si je m’étais fait un peu plus mal et si j’avais eu un peu plus confiance en moi… » Interrogé par Le Républicain lorrain, Grégory Proment se montre assez dur envers lui-même. Aurait-il vraiment pu monter beaucoup plus haut ? On ne le saura jamais. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il a laissé une véritable trace dans deux clubs habitués à naviguer entre Ligue 1 et Ligue 2, le FC Metz et le SM Caen. De la Moselle au Calvados, la générosité de ce milieu défensif et la qualité de sa frappe de balle – en particulier sur coups de pied arrêtés – ont marqué les esprits. Et ce n’est quand même pas si mal.

#607 - Christian Sarramagna

Christian Sarramagna
Saint-Étienne (1970-1979), Montpellier (1981-1982)

Quand il prend la succession d’Albert Batteux sur le banc de l’AS Saint-Étienne, en 1972, Robert Herbin affiche très vite sa volonté de s’appuyer sur des jeunes non formatés. Parmi ces « Marie-Louise » issus du centre de formation et vainqueurs de la Coupe Gambardella deux ans plus tôt, on trouve Christian Sarramagna. Ailier agile et vif, gaucher exclusif, le Basque accompagne les grands succès nationaux et les magnifiques épopées européennes des Verts au cours des années 1970. Il n’est pas toujours titulaire, c’est vrai, et fait preuve d’une certaine irrégularité. Mais sait aussi se sublimer, comme en finale de la Coupe des clubs champions européens 1976, face au Bayern Munich. « J’avais une dominante technique assez élevée… Ce n’est pas présomptueux ce que je dis, c’était reconnu, avance l’ancien Forézien en 2006. J’avais beaucoup de facilités avec mon pied gauche. » Un pied gauche dont l’ASSE a pu bénéficier pendant près d’une décennie.

#606 - Dragan Stojković

Dragan Stojković
OM (1990-1994)

« MAIS QU’EST-CE QU’UN MEC QUI COMPTE MOINS DE TRENTE MATCHS EN D1 FAIT À CETTE PLACE ?! » , pourront s’exclamer les lecteurs les plus tatillons. Peut-être parce qu’un tel talent gâché ne pouvait pas tomber dans l’oubli, surtout quand l’on se revendique grand romantique. En quatre saisons passées à l’OM, Dragan Stojković aura passé du temps, beaucoup trop de temps, à l’infirmerie à cause de blessures à répétition qui ne lui auront pas permis de montrer pourquoi Bernard Tapie l’avait recruté. Il faut s’en rappeler : quand le chouchou de l’Étoile rouge de Belgrade débarque sur la Canebière, il est l’un des meilleurs joueurs au monde. Les supporters du club phocéen auront pu le vérifier à quelques reprises, le Serbe ne se gênant pas pour régaler son monde techniquement à chacune de ses rares apparitions sur le terrain. Le premier chapitre de cette histoire d’amour frustrante avait d’ailleurs commencé par une sale blessure au genou contre Metz, à un moment où l’on pensait encore que Stojković était destiné à marquer de son empreinte notre championnat. C’est aussi cela, la beauté de notre bonne vieille D1/L1 : des très grands joueurs qui ne l’auront malheureusement pas toujours été dans l’Hexagone.

#605 - Stéphane Carnot

Stéphane Carnot
Guingamp (1995-1997 puis 2000-2005), Monaco (1997-1998), Auxerre (1998-2000)

Au début des années 1990, la France du football découvrait une équipe aussi rafraîchissante que surprenante : l’En Avant Guingamp. Dans ses rangs, la bourgade de 7000 habitants comptait plusieurs garçons du cru, dont Stéphane Carnot. Milieu de terrain travailleur, à défaut d’être techniquement surdoué, ce Breton pur souche réalise l’ensemble de sa formation au sein de l’EAG, en 1991. Une fidélité sans faille, récompensée par une historique accession en D1, pour la saison 1995-1996 (la première dans l’histoire du club). Le rêve absolu d’une écurie pas vraiment préparée à de tels enjeux, où ne se bousculent alors que de jeunes pousses, à l’image de Lionel Rouxel, Charles-Édouard Coridon, Stéphane Guivarc’h, « Coco » Michel ou Nicolas Laspalles. Dans ce collectif bien rodé, Carnot s’éclate, ratissant large dans l’entrejeu et se permettant quelques projections pour inscrire ses cinq buts de moyenne par saison.

Il y découvrira également l’Europe, par le biais d’un duel d’anthologie en Coupe de l’UEFA face à l’Inter (défaite 0-3 à l’aller, et match nul de prestige au retour, à Giuseppe Meazza, 1-1). Séduit par le champion en titre Monaco à l’été 1997, l’enfant de Quimper se laisse tenter par cette chance d’une vie, le temps d’une saison. Vingt et une rencontres, un baptême du feu en Ligue des champions, avant de rallier Auxerre, sollicité par un Guy Roux alors en panne d’inspiration pour reconstruire son équipe : « Lorsque j’ai déclaré vouloir quitter Monaco, Guy Roux est intervenu de nulle part et s’est montré très pressant et persuasif : j’ai dû recevoir entre 30 et 40 appels téléphoniques de la fin mars au 9 mai, fin de la saison » , confiait l’intéressé au Télégramme. Entre 1998 et 2000, Carnot alterne cependant le moyen et le médiocre, culminant à 65 rencontres, sans pour autant retrouver son niveau guingampais. Libéré par l’AJA, il décide alors de retourner là où tout a commencé, pour mieux se remettre les crampons à l’endroit. Et grand bien lui en a pris. Pour son deuxième acte à Guingamp, le meneur de jeu se sublime encore, permettant au club d’arracher une historique septième place au terme de l’exercice 2002-2003 (à ce jour le plus haut total de l’EAG) et, à titre individuel, de devenir le meilleur artificier rouge et noir en Ligue 1, avec 29 buts. Stéphane, toujours de l’avant.

#604 - Joaquín Valle

Joaquín Valle
Nice (1937-1948)

Des records vieux de 74 ans, le football n’en voit pas souvent. C’est pourtant la longévité à laquelle s’est habitué l’OGC Nice, grâce à son buteur historique, Joaquín Valle. Depuis 1948, l’attaquant espagnol est effectivement le meilleur buteur de l’histoire du Gym, fort de ses 211 réalisations en 264 matchs. Un véritable exploit pour le Canarien, débarqué sur la Côte d’Azur à l’été 1937, en provenance de Las Palmas.

Joaquín est d’ailleurs recruté en même temps que son frère, Luis (qui deviendra son entraîneur entre 1944 et 1946), présent dans l’Hexagone depuis 1935 et un passage au RC Paris. C’est donc en deuxième division que le périple Valle débute. Deux saisons dans l’antichambre, avant une remontée dans l’élite en 1939, aux prémices de la guerre. Le championnat de France est alors divisé en zones géographiques, et l’avant-centre permet aux siens de bien y figurer, en terminant à chaque fois en première moitié de tableau (l’OGCN est, à ce titre, finaliste lors de la saison 1939-1940). Meilleur buteur du club lors de chaque édition, Joaquín Valle accepte même d’accompagner celui-ci en D2, en 1945. Nice, encore sous statut amateur, est alors relégué, conséquence de la réforme d’après-guerre entreprise par la FFF, n’acceptant que les écuries professionnelles en première division. Trois nouvelles campagnes à l’échelle du dessous, pour le vétéran de 32 ans, qui ne partira donc qu’en 1948, après avoir ramené les Aiglons à leur place. L’art de la transmission.

#603 - Alain Cornu

Alain Cornu
Nice (1956-1963 puis 1964-1965), Stade français (1963-1964)

La parole est à la défense, et Alain Cornu n’était pas du genre à la laisser aux attaquants qu’il croisait. International français, le central né au Cannet est entré dans l’histoire de l’OGC Nice en participant activement à la conquête du titre de champion de France 1959 avec César Hecto Gonzales, André Chorda, Alberto Muro, Jacques Foix ou Victor Nurenberg. « Sobre et efficace, spécialiste du marquage individuel, Alain Cornu s’est rendu indispensable » au Gym, décrit le site Football The Story, en soulignant ses « qualités physiques exceptionnelles » . À quelques années près, il aurait pu dépanner dans la liste de Didier Deschamps… Et il n’aurait certainement pas fait tache.

#602 - Mike Maignan

Mike Maignan
Lille (2015-2021)

Mike Maignan a beau être gardien de but, son premier ballon touché en Ligue 1 l’a été avec son pied. Pas pour faire une passe à un coéquipier, ni pour faire un dégagement loin devant sur un six-mètres, mais pour arrêter un penalty. Entré en jeu face à Rennes après l’expulsion de Vincent Enyeama, Magic Mike repousse du pied la tentative de Paul-Georges Ntep. Ce jour-là, le LOSC a compris qu’il avait un jeune crack en doublure, et le PSG a regretté d’avoir laissé partir son titi. Et la suite va confirmer tout ça avec des nouveaux penaltys repoussés et des parades de folie qui lui permettent de décrocher le titre de meilleur gardien du championnat lors de la saison 2018-2019. Une récompense qu’il aurait dû de nouveau obtenir deux ans plus tard lorsqu’il a été l’un des grands artisans du titre de champion du LOSC en réalisant 21 clean sheets sur la saison. Et dire que sans ce but dans les dernières minutes de la dernière journée de l’Angevin Angelo Fulgini, l’international français aurait pu égaler le record absolu du championnat de France qui reste donc dans les mains de Jean-Luc Ettori (22 clean sheets). Tant pis, il ira battre celui de Serie A.

#601 - Jérémie Bréchet

Jérémie Bréchet
Lyon (1998-2003), Sochaux (2006-2008 puis 2009-2012), Troyes (2012-2013), Bordeaux (2013-2014), Gazélec Ajaccio (2015-2016)

Sur ses vingt années de carrière professionnelle, Jérémie Bréchet en passe treize dans l’élite du football français. Pas étonnant, dès lors, qu’il y ait absolument tout connu. L’ivresse des sommets, d’abord, en décrochant deux titres de champion de France (2002-2003) avec un OL en début de règne. Ensuite, le yo-yo à Sochaux, où une saison faste (Coupe de France 2007) est vite remplacée par d’autres exercices plus angoissants. Enfin – on ne mentionnera pas ici son passage très discret par Bordeaux -, le défenseur central reconnu pour sa grande expérience livre bataille pour le maintien, avec Troyes puis le Gazélec Ajaccio. C’est d’ailleurs avec le maillot des Gaziers sur les épaules qu’il dispute son dernier match, à 38 ans. « Si je devais retenir une chose, c’est que j’attends la personne qui va venir devant moi et me dire que le football est un monde pourri, déclare-t-il au micro de beIN Sports. Tous les hommages que j’ai reçus ces derniers jours, et les mots de gentillesse de personnes que je ne connais même pas, des gens qui m’ont vu jouer, qui sont dans des clubs dans lesquels je suis passé, des coéquipiers… C’est incroyable. » Enfin une touche d’optimisme en ce bas monde !

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