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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (580-571)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#580 - Jérémy Morel

Jérémy Morel
Lorient (2006-2011 puis 2020-2022), OM (2011-2015), OL (2015-2019), Rennes (2019-2020)

De ses débuts dans l’élite en août 2006 – après la montée avec le FC Lorient de Christian Gourcuff – jusqu’en mai dernier, le Franco-Malgache n’a jamais quitté notre bonne vieille Ligue 1, dans laquelle il a connu 425 apparitions, en Bretagne ou chez les Olympiques, sillonnant l’Hexagone avec son Renault Kangoo (troqué ensuite pour un Citroën Berlingo) et son amour des toutous. S’il n’a pas toujours fait l’unanimité, l’arrière gauche – plus tard reconverti central – a également réalisé quelques saisons de haut vol, avec les Merlus, en rouge et noir ou sur la Canebière sous Marcelo Bielsa notamment, même s’il n’a pas toujours été épargné par le très exigeant Vélodrome. En 2020, invité par le média Le Phocéen à désigner le joueur le plus sous-coté qu’il avait côtoyé lors de la dernière décennie à Marseille, Steve Mandanda avait d’ailleurs nommé le natif de Quimperlé : «  Là, tout de suite, il y en a un qui me vient à l’esprit parce que je sais qu’il a eu une année difficile, qu’il a morflé avec les supporters, et pour moi, il ne le méritait pas : c’est Jérémy Morel. Pour nous, c’était un soldat, quelqu’un de fiable pour l’équipe et qui répondait toujours présent. Il était toujours performant quand le coach faisait appel à lui. » Si c’est le Fenomeno qui le dit…

#579 - Nicolas Anelka

Nicolas Anelka
PSG (1996-1997 et 2000-2002)

Il est vrai que d’un point de vue purement sportif, la présence dans ce classement de Nicolas Anelka pourrait interroger puisqu’il n’a disputé que 49 matchs de Ligue 1. Sauf que ce serait oublier qu’il a tout de même planté à 11 reprises, dont un but face à Lens alors qu’il n’a que 17 ans. Mais ce serait oublier surtout tout ce qu’il y a eu autour de lui : son arrivée chez les pros à 16 piges avec cette étiquette de jeune prodige, ce bras de fer avec la direction et ce départ à Arsenal, son retour en héros après avoir remporté la Ligue des champions avec le Real Madrid, sa présentation au Parc des Princes avec ses lunettes de soleil sur le crâne et son gilet sans manches, ses prises de tête avec Luis Fernandez, sa marionnette aux Guignols de l’info avec la parodie « Nico et Luis » . Pour tout ça, Nicolas Anelka a marqué la Ligue 1 et méritait de voir son nom dans ce classement.

#578 - Jean Saunier

Jean Saunier
Le Havre (1950-1953), Monaco (1953-1955), Toulouse (1955-1957)

En 128 ans d’histoire, Le Havre AC a vu passer de nombreux joueurs et de nombreux attaquants. Parmi eux, un a marqué plus de buts que les autres : Jean Saunier. Un Havrais pur souche qui a permis au club d’atteindre le meilleur classement de son histoire avec une troisième place de Division 1 en 1951. Celui qui avait planté un quadruplé au Racing Paris et qui enchaînait les saisons à 20 buts au HAC aura moins de réussite lors de ses passages à Monaco et Toulouse. Heureusement, « Le Canonnier » retrouve sa ville natale pour y finir sa carrière, y remporter la Coupe de France – il faudra attendre Guingamp en 2009 pour voir un nouveau club alors en Ligue 2 remporter la compétition – et y exercer la profession de docker une fois les crampons rangés dans le garage. Un Havrais jusqu’au bout.

#577 - Zoran Vulić

Zoran Vulić
Nantes (1991-1993)

Saison 1992-1993, lorsque vous affrontiez le FCNA, la menace venait de l’arrière : cette saison-là, le défenseur central yougoslave inscrit quatre coups francs, qu’ils soient lointains ou excentrés, et permet aux Canaris d’accrocher la cinquième place du championnat. Pas des plus rapides, mais doté d’une lecture du jeu supérieure à la moyenne, le moustachu inscrira onze buts à Nantes (dont huit lors de cette seule saison 1992-1993) et cadrera la jeune garde nantaise lors de ses deux saisons, avant de quitter la France un peu brusquement, dans des conditions qui interpellent encore près de 30 ans après, comme l’explique le FC Nantes lui-même sur son site : « Le 20 mars 1993, c’est la fête des grands jours au stade de la Beaujoire où 37 494 spectateurs (record de la saison) garnissent des tribunes bruyantes et colorées. Il faut dire que l’affiche vaut le détour : l’Olympique de Marseille, sacré champion de France les quatre dernières saisons, en course pour la conquête d’une nouvelle couronne, vient défier une équipe rajeunie, reprise en mains depuis quelques mois par Jean-Claude Suaudeau. […] À la mi-temps, furieux de la production de certains de ses joueurs, Suaudeau prend la décision de sortir Zoran Vulić dont le comportement lui paraît suspect. Dans les travées circule une rumeur nauséabonde laissant entendre que le libéro croate pourrait avoir été contacté afin de lever le pied, aucun élément concret ne venant toutefois conforter ce soupçon. Quoi qu’il en soit, l’OM l’emporte en deuxième mi-temps grâce à deux buts de Bokšić, l’affaire VA-OM éclatera quelques semaines plus tard et Vulić, « en accord avec le club », quittera Nantes un an avant le terme de son contrat… » Quand on sait que ‎Jean-Jacques Eydelie et Jorge Burruchaga étaient coéquipiers de Vulić à Nantes la saison précédente…

#576 - Philippe Brunel

Philippe Brunel
Lens (1993-1995 puis 1996-2001), Gueugnon (1995-1996), Marseille (2001-2002), Lille (2002-2005), Sochaux (2005-2007)

Enfant de Boulogne-sur-Mer, c’est dans le nord de la France que Philippe Brunel promène sa coupe à la brosse et distille ses ballons brossés – ça ne s’invente pas – pendant la majeure partie de son parcours en D1. Le milieu gauche émerge à Lens, où il fait partie de l’escouade sacrée championne en 1998. À Lille, où il débarque un peu plus tard, le joueur d’1,77 m a les faveurs de Vahid Halilhodžić puis de Claude Puel et vit des exercices bien remplis en tant que titulaire quasiment inamovible.

Entre-temps, il y a aussi un passage au sein d’un OM particulièrement instable, marqué par le retour aux affaires de Bernard Tapie et des changements d’entraîneur réguliers (six en l’espace de six mois). « On perd, et dans la semaine, Tomislav Ivić revient, témoigne l’ancien Gueugnonnais lors d’un entretien à So Foot. C’est lui qui avait fait la préparation avant de se faire dégager au profit d’Anigo. Tapie est allé le chercher sur son yacht en Croatie. Et puis, là, c’est le gros bordel, du jour au lendemain, je ne joue plus du tout, alors qu’Ivić me faisait confiance au début. (…) Et un jour, alors que je devais jouer, j’apprends à la causerie que je ne joue pas. J’ai su que c’était Tapie qui avait mis son grain de sel. Du coup, le lendemain, sous le coup de la colère, je déclare à L’Équipe : « J’aimerais savoir qui est l’entraîneur de l’OM » , et là, je creuse ma tombe. (Rires.) Il m’a clairement dit que je ne jouerais plus jamais avec le maillot marseillais. » La vengeance est un plat qui se mange froid : en 2007, Marseille s’incline en finale de la Coupe de France face à Sochaux (2-2, 4-5 TAB). L’auteur du tir au but victorieux des Lionceaux s’appelle Philippe Brunel.

#575 - Frédéric Née

Frédéric Née
Caen (1996-1997), Bastia (1998-2001 puis 2003-2005), Lyon (2001-2003)

Name a more iconic duo. Dans la D1 de la fin des années 1990-début des années 2000, une paire d’attaquants bastiais fait frissonner toutes les défenses qu’elle croise sur son passage. Flanqué de son acolyte Pierre-Yves André, Frédéric Née réalise trois saisons étincelantes sous les couleurs du Sporting (38 buts en championnat). « La complémentarité qu’on avait entre nous est vraiment la clef de cette réussite, explique l’ancien buteur corse à So Foot, en 2015. On prenait beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Quand on voit la concurrence qui existe dans certains clubs, ce n’était vraiment pas notre cas. Tout ce qu’on voulait, c’était jouer ensemble. Je pense que c’est ce qui a fait la différence par rapport à certains duos. » Les deux hommes se séparent en 2001 et, même s’il ne retrouvera plus l’efficacité qu’il avait lors de ses grandes années au SCB, l’avant-centre formé à Caen garnit son palmarès en remportant deux titres de champion avec Lyon. Le Née creux.

#574 - John Collins

John Collins
Monaco (1996-1998)

Arrivé à Monaco « sans connaître le championnat français, car à l’époque il n’était pas diffusé en Angleterre » , John Collins a très vite droit à sa couronne en Principauté. L’Écossais fait le job au milieu de terrain pour qu’Ali Benarbia, Sonny Anderson ou Thierry Henry puisse décocher leurs flèches. Il réalise l’une des meilleures saisons de sa carrière, si ce n’est la meilleure, sur le plan statistique en 1996-1997 avec six buts, alors seulement devancé par Anderson (19), Victor Ikpeba (13), Sylvain Legwinski (9) et Henry (9). Une saison couronnée du titre de champion de France. « Jean Tigana voulait qu’on fasse le spectacle, qu’on marque des buts. Pour moi, c’était idéal, resitue-t-il sur le site de l’ASM. Il ne m’a pas donné beaucoup de consignes, simplement : « Demande le ballon et joue avec, et lorsque tu ne l’as pas, essaye de le récupérer et de gagner tes duels. » J’ai passé deux saisons extraordinaires sur le terrain, j’ai rencontré de très bons amis, j’ai gagné un titre de champion de France, joué deux demi-finales de coupes d’Europe, évolué avec de grands joueurs, des gentlemen. Avec le staff, nous formions une petite famille, donc c’était un moment magique dans ma vie. » Moins pour ses adversaires, qui ont pu se familiariser avec la douche écossaise.

#573 - Philippe Delaye

Philippe Delaye
Montpellier (1992-2000), Rennes (2000-2004), Bastia (2004), Istres (2005), Montpellier (2009-2010)

Tiens, revoilà un joueur de devoir. Cette expression passe-partout correspond à merveille à Philippe Delaye, emblématique au MHSC, où il a fait ses premiers pas en première division à l’âge de 18 ans au début des années 1990, avant de s’imposer les saisons suivantes comme un milieu de terrain fiable, travailleur et pas embêté avec le ballon. Celui que l’on appelle « Little Baggio » aurait pu quitter le nid pour rejoindre le PSG en 2000, mais il a finalement opté pour le Stade rennais, qui débourse plus de 40 millions de francs pour s’attacher ses services. Plutôt apprécié du public breton, Delaye souffle le chaud et le froid, notamment à cause de nombreuses blessures qui l’empêchent trop souvent d’enchaîner. Après deux aventures à Bastia et à Istres, il revient finalement à la maison, à Montpellier, avec qui il retrouve le goût de la L1 en 2009.

Seulement, en février, Delaye est victime d’une rupture des ligaments croisés, et à 35 piges, il décide de raccrocher les crampons. « La fin de saison était bien entamée et la saison d’après aussi. J’ai arrêté sur cette blessure. Je me suis servi de cette blessure pour faire le point sur ma fraîcheur mentale, mais peut-être que je n’avais plus la fraîcheur mentale des années précédentes, et je m’en suis rendu compte, expliquait celui qui s’est devenu coordinateur sportif au MHSC. L’intégration et l’immersion au sein du club dans un autre rôle nous ont semblé, au président et à moi, une suite logique par rapport aux nombreuses années passées en tant que joueur. » En janvier 2022, 30 ans après son premier match disputé en L1, Philippe a vu son fils Sacha signer un contrat pro à… Montpellier. La Paillade de père en fils.

#572 - Flavio Roma

Flavio Roma
Monaco (2001-2009)

À lui seul, Flavio Roma représente l’ensemble des footballeurs italiens passés par le championnat de France. Formé à la Lazio (ça ne s’invente pas), le Transalpin est effectivement entré dans l’histoire de l’AS Monaco, par sa longévité, mais aussi, et surtout, les succès offerts aux Rouge et Blanc.

Avant de briller en Principauté, le gardien de but a pourtant dû se montrer patient. Ayant écumé les divisions inférieures en Italie, Roma est en effet définitivement vendu par la Lazio à Plaisance, en 1999, en échange d’un certain Simone Inzaghi (un portier contre un attaquant donc). La révélation pour le portiere, qui goûte enfin la Serie A. De quoi attirer l’œil de Didier Deschamps, tout juste intronisé sur le banc de l’ASM : « En 2001, Didier Deschamps me contacte afin de me faire signer à l’AS Monaco, détaillait l’intéressé à beIN SPORTS. Il venait tout juste d’être finaliste de la Ligue des champions avec Valence, et avait pris les rênes de Monaco dans la foulée. Moi, je n’étais pas spécialement partant, parce qu’à l’époque, peu de joueurs italiens partaient à l’étranger. En plus, j’avais donné mon accord à la Fiorentina. Finalement, j’accepte un rendez-vous avec Deschamps. Dès que je suis arrivé dans son bureau, il a commencé à me parler en italien et à me détailler toute ma carrière. C’est ce qui a fait la différence, et qui a fini de me convaincre. » Le choix d’une vie pour Roma qui, sans le savoir, entamait le plus beau chapitre de sa carrière.

Les débuts sont cependant difficiles, la faute à des pépins physiques récurrents et à une concurrence loyale, mais sérieuse, avec Tony Sylva. Il faut finalement attendre la saison 2002-2003 pour que Roma ne fasse figer la hiérarchie. Jusqu’en 2009, s’enchaîneront ainsi 203 rencontres de Ligue 1 (247 au total), toutes plus emblématiques les une que les autres. Artisan majeur de la victoire en Coupe de la Ligue de 2003, puis de l’épopée européenne en 2004, devenu international avec la Nazionale (trois sélections), Flavio Roma restera sans conteste le gardien emblématique du Monaco de ce siècle : « Honnêtement, je pense que cette génération 2003 est difficilement égalable. Nous étions les plus forts ! » résumait-il sobrement sur le site officiel du club. Qui peut prétendre le contraire ?

#571 - Franck Rabarivony

Franck Rabarivony
Auxerre (1992-1998)

Un autre homme du doublé mythique d’Auxerre en 1996. Un garçon qui a vu Guy Roux débarquer chez ses parents quand il n’était âgé que de 14 ans, la légende auxerroise voulant recruter le gamin. Le latéral gauche franco-malgache passera finalement plus de dix ans au sein d’une AJA avec laquelle il a disputé plus de cent matchs dans l’élite. «  J’ai des amis en commun avec Laurent Fournier et j’ai appris à la fin de ma carrière qu’il détestait jouer contre moi, racontait-il. C’était un calvaire pour lui. En début de match, il me regardait avec ses gros yeux, il me regardait de travers dès l’échauffement. Et puis, j’ai finalement compris pourquoi. Moi, j’aimais bien l’embêter. » Une AJA qu’il a quittée « avec un peu de regrets parce qu’on était dans une grande période, juste après la Ligue des champions » , expliquait-il dans nos colonnes. Reste qu’il fera toujours partie de la grande histoire du club bourguignon, avec cette saison mythique, dont il livrait les petits secrets pour Foot d’avant : « Cette saison-là, pour être encore plus solidaires sur et en dehors du terrain, on a organisé pas mal de sorties entre nous. Cela a marché, car on a joué ensemble les yeux fermés. Guy Roux avait accepté ce deal du moment que les résultats suivaient. Les footballeurs sont superstitieux, donc on avait les mêmes programmes avant et après les matchs. Pendant cette saison-là, on avait aussi un parrain qui s’appelait Gérard Depardieu. Il nous a permis de connaître du monde. Il organisait aussi des choses de son côté. Il a su nous accompagner jusqu’au bout de cette saison. » Merci Gégé.

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