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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (570-561)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#570 - Rafael Márquez
Rafael Márquez
Monaco (1999-2003)
Munich a peut-être vu naître Der Kaiser. Mais à Michoacán, on connaît surtout El Káiser. Emblème national mexicain, participant à cinq Coupes du monde avec El Tri (2002, 2006, 2010, 2014 et 2018) et financeur des cartels de Sinaloa ou de Guadalajara à ses heures perdues, Rafael Márquez est effectivement devenu l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète, au terme de 22 ans d’expérience. Une épopée majuscule, entamée en Europe du côté de l’AS Monaco.
En plein chamboulement, les dirigeants monégasques entamaient en effet un rajeunissement d’effectif, en vue du nouveau millénaire. En 1999, âgé d’à peine 19 ans, le jeune Márquez tape ainsi dans l’œil de Claude Puel, au sortir d’une Coupe des confédérations victorieuse face au Brésil (4-3) et durant laquelle il crève notamment l’écran pour avoir muselé une autre jeune pousse, en la personne de Ronaldinho : « Je suis rentré de la Coupe des confédérations afin de faire la reprise avec mon club d’Atlas, racontait-il à Telemundo. Et en arrivant chez moi, j’ai trouvé deux dirigeants de Monaco. Ils m’ont dit : « Rafael, nous travaillons pour l’AS Monaco et on voudrait te recruter. Monaco est un club en France, mais pas vraiment en France. Nous sommes une ville, mais pas vraiment une ville. » Moi, j’étais au milieu de la discussion, complètement perdu. Et je les ai suivis, sans même savoir où j’allais atterrir. »
La pioche est finalement bonne, pour celui qui dispute 89 rencontres de D1 (104 au total), glane un titre de champion en 2000, une Coupe de la Ligue en 2003 et se mue en grand frère pour l’autre latino de la bande, le Chilien Pablo Contreras, qui le racontait dans nos colonnes en 2017 : « Au bout de deux semaines, je voulais rentrer au Chili, j’étais loin de ma famille, je ne parlais pas la langue. Et puis comme Rafa Márquez est arrivé, c’est devenu plus facile. On avait le même âge, on faisait tout ensemble. On déjeunait ensemble, on dînait ensemble. Rafa, c’était mon frère pendant deux ans. Et quand je suis parti, Rafa s’est marié ! Sa mère m’a appelé du Mexique en me disant : « Pablo, Rafael est trop jeune pour se marier, dis-lui toi, tu es son meilleur ami, il va t’écouter. » Je suis allé dire à Rafael que sa mère m’avait appelé et il m’a dit : « Je me suis marié pour avoir quelqu’un auprès de moi. Sinon, je serais resté tout seul puisque tu m’abandonnes. » » Un abandon qu’il fera à son tour subir à Monaco en ralliant le FC Barcelone. Pour une histoire encore plus grande.
#569 - Robert Budzynski
Robert Budzynski
Lens (1959-1963), Nantes (1963-1969)
« Je pensais être un voyageur invétéré, je pensais faire un petit pas à Nantes et partir vers d’autres destinations, notamment les États-Unis où j’allais en vacances assez souvent. Et finalement j’ai trouvé des hommes et une façon de voir le football très particulière. Nantes, c’était mon club. » Robert Budzynski ne s’est pas trompé : en Loire-Atlantique, ce pur produit du Pas-de-Calais (né à Calonne-Ricouart, formé au RC Lens avec lequel il compte 73 rencontres de D1) a fait partie d’une équipe de rêve emmenée par le druide José Arribas et qui a marché sur le championnat deux saisons de rang, entre 1965 et 1967, période durant laquelle le défenseur central d’origine polonaise devient également international tricolore (onze capes et le statut de meneur de la révolte lors du Mondial 1966). Malheureusement, son destin est brisé à seulement 28 ans, le 15 décembre 1968, sur un choc avec le Monégasque François Simian, qui l’enverra à la clinique Saint-Damien de Nantes pour constater une double fracture de la jambe droite. « Le shérif » ne s’en remettra pas, prenant sa retraite quelques mois plus tard, mais restera ensuite au club pendant 35 ans, en tant que directeur sportif des Canaris, un poste qui n’existait pas jusqu’ici dans l’Hexagone. « Bud » : On ne naît pas king, on le devient.
#568 - Wilfried Gohel
Wilfried Gohel
Valenciennes (1992-1993), Strasbourg (1993-1996), Bastia (1996-1998)
Wilfried Gohel a passé six saisons dans l’élite entre Valenciennes, Strasbourg et Bastia. Le Normand a claqué 18 buts et contribué aux belles performances de ses différents clubs. « À Strasbourg, à chaque fois nous étions dans les dix premiers du classement, rappelle-t-il à PK Foot. En 1995, on a flirté avec le haut du classement, car nous avons été longtemps dans les quatre premiers. Cela m’est arrivé aussi avec Bastia, à cinq journées de la fin, nous étions juste derrière le PSG au classement. À travers ces deux clubs, j’ai pu côtoyer le haut niveau et jouer avec des joueurs internationaux français et étrangers. » Gohel et le Racing sont les seuls à faire tomber le FC Nantes en championnat en 1994-1995, une saison où ils atteignent la finale de la Coupe de France. Une époque où il suit aussi des cours d’économie et de gestion pour préparer sa reconversion. « L’apothéose au niveau état d’esprit, c’est Bastia, ajoutait-il dans un entretien avec la Ligue Méditerranée. Avec le plus petit budget de France, on fait une épopée en Europe qui est exceptionnelle (victoire en Intertoto en 1997, NDLR). Un esprit d’équipe, un esprit club, une âme, tout le monde qui tire dans le même sens, c’est ce que je recherche dans le football. » Même s’il « se mettait des tacles à la gorge » avec ses coéquipiers à l’entraînement. « On avait la hargne. Quand on se retrouvait sous la douche, c’était : « Alors, je t’ai mis ce qu’il fallait hein ? » Le samedi, on n’avait peur de rien. »
#567 - Georges Dupraz
Georges Dupraz
Stade français (1947-1948), Colmar (1948-1949), Lyon (1951-1952), Montpellier (1952-1953), Toulouse (1953-1954)
Il a beau avoir le même nom de famille qu’un tout récent entraîneur de l’AS Saint-Étienne, c’est pourtant au sein du club rival, l’Olympique lyonnais, que Georges Dupraz laisse une marque indélébile. Le 27 août 1950, l’attaquant haut-savoyard inscrit, face au CA Paris (3-0), le tout premier but de l’histoire d’un OL qui vient tout juste d’être fondé. Les Gones montent en D1 dans la foulée, et le joueur d’1,77 m devient une valeur sûre de l’élite. Il atteint en effet systématiquement la barre des 10 réalisations en championnat (53 au total) et en plante même 17 en 1952-1953, avec une équipe de Montpellier pourtant dernière et reléguée en fin de saison. Le gamin de Neuvecelle devient ensuite entraîneur, mais, à notre connaissance, aucune de ses causeries d’avant-match n’est passée à la postérité.
#566 - Benoît Trémoulinas
Benoît Trémoulinas
Bordeaux (2007-2013), Saint-Étienne (2014)
Quand les Girondins étaient encore une équipe de l’élite qui faisait peur, c’est Benoît Trémoulinas qui assurait le couloir gauche. Et il le faisait plutôt bien : élément important du titre de 2009 (ou encore de l’épopée en C1 la saison suivante, et du sacre en Coupe de France en 2013), le latéral fan de Jérôme Bonnissel a fait partie de la dernière grande période du club au scapulaire, rentrant sa flopée de passes décisives chaque saison (26 en Ligue 1) et gagnant ses galons d’international (cinq sélections au total) avant de migrer vers Kiev puis le FC Séville. « Bordeaux est le club qui m’a tout donné, j’y ai passé 19 ans, nous lâchait-il en 2019. J’ai gagné deux coupes d’Europe avec Séville, mais ce titre de champion avec Bordeaux restera le plus beau trophée de ma carrière. »
#565 - Philippe Jeannol
Philippe Jeannol
Nancy (1975-1984), PSG (1984-1991)
Il est des joueurs en lesquels on peut avoir une confiance aveugle. Philippe Jeannol est de ceux-là. Polyvalent en plus d’être d’une fiabilité à toute épreuve, le défenseur blond se bâtit d’abord une solide réputation avec son club formateur, Nancy, où il côtoie Michel Platini et s’adjuge la Coupe de France en 1978. Le champion olympique 1984 change de braquet à son retour de Los Angeles, en rejoignant le PSG. Il devient rapidement une valeur sûre du club de la capitale, sacré champion national au terme d’une saison 1985-1986 éblouissante. Au moment de raccrocher, le Lorrain facture 422 matchs de D1 pour 49 buts inscrits, tout de même. « J’ai réussi une cinquantaine de buts sans jamais avoir joué en attaque et sans avoir tiré le moindre penalty, précise-t-il. Si tel avait été le cas, j’aurais peut-être doublé les points ! »
#564 - Paul Chillan
Paul Chillan
Nîmes (1959-1967)
L’Olympique de Marseille aurait-il fait l’ascenseur entre la Division 2 et la Division 1 dans les années 1960 si Paul Chillan avait choisi l’OM plutôt que le Nîmes Olympique à son arrivée en métropole depuis sa Martinique natale ? Pour cela, il aurait fallu que les Olympiens se montrent plus généreux, comme le deuxième Martiniquais sélectionné en équipe de France l’a confié à la FFF : « Après avoir été sélectionné depuis mes 20 ans avec la Martinique, j’ai été mis en contact avec Marseille et Nîmes. Mais l’OM ne s’est pas décidé tout de suite, alors que Nîmes m’a rapidement envoyé un billet. Arrivé à Paris, gare Saint-Lazare, les dirigeants des deux clubs m’attendaient. Mais comme ceux de Nîmes m’avaient payé le voyage… » Et voilà comment Nîmes remporte le jackpot : un joueur à la vitesse boltesque qui enchaîne les dribbles sur son côté gauche et qui n’est en plus pas maladroit devant les cages (53 buts en 213 rencontres de Division 1 avec Nîmes). Ajoutez à cela que « c’était un homme d’une rare gentillesse » comme l’a confié Michel Mézy au Midi Libre après le décès de son ancien coéquipier, et vous comprendrez pourquoi Paul Chillan a marqué le championnat de France.
#563 - Gilles Rousset
Gilles Rousset
Sochaux (1982-1987 puis 1988-1990), Lyon (1990-1993), OM (1993-1994), Rennes (1994-1995)
Successeur d’Albert Rust dans les cages du FC Sochaux-Montbéliard, Gilles Rousset joue un rôle majeur dans le retour au premier plan fracassant des Lionceaux. Finaliste de la Coupe de France 1988, le FCSM retrouve l’élite en 1988-1989 et se classe quatrième, à seulement cinq points du champion, l’OM, et avec la deuxième défense du championnat (28 buts). Il termine de nouveau au pied du podium la saison suivante, après quoi Rousset, tout juste devenu international, rejoint l’Olympique lyonnais. Avec son « physique de troisième ligne » , le gardien ne passe inaperçu nulle part. Encore plus quand il monte en pression. « Je bous en permanence intérieurement, et le jour où ça explose, je ne me contrôle plus. Je gueule, racontait-il dans des propos rapportés par Old School Panini. Je n’ai plus un comportement très net. Et je sais que ce manque de maîtrise peut me jouer des tours. Notre problème à nous les gardiens, c’est l’énorme stress que nous accumulons et que nous ne pouvons évacuer. Les autres, ils taclent, ils donnent des coups. Nous, non. Et parfois il est très dur de se maîtriser. Le stress monte, monte, et il déborde. Quand nous nous énervons, nous craquons vraiment. » Notamment lors d’un OL-Metz qui termine en baston générale. Rousset envoyait, et il savait s’imposer.
#562 - Julien Sablé
Julien Sablé
Saint-Étienne (1999-2001 et 2004-2007), Lens (2007-2008), Nice (2008-2012), Bastia (2012-2014)
Julien Sablé fait partie de ces rares joueurs qui pourraient à la fois figurer dans le top 1000 de Ligue 2 – trois titres de champion -, de Ligue 1 et de Coupe de la Ligue, compétition dans laquelle il est le joueur le plus capé. Un record qui prouve à quel point Julien Sablé est un joueur de l’Hexagone, un vrai. Un milieu bagarreur, ratisseur de ballons et pas avare en efforts qui menait ses coéquipiers par la voix. Pas pour rien qu’il était capitaine des Verts pendant des années et qu’il a aussi eu le brassard lors de son passage à Nice. Car quand Julien Sablé parlait, on l’écoutait.
#561 - Guy Lassalette
Guy Lassalette
Rouen (1964-1965), Sochaux (1965-1969), Metz (1969-1971)
En quinze ans de carrière, Guy Lassalette a appris à être à l’offensive sur et en dehors des terrains. Attaquant formé à Rouen en 1964, c’est ainsi à Sochaux qu’il passera les plus belles années de sa vie de footballeur, inscrivant 64 buts en 152 rencontres, de 1965 à 1969.
Des performances honorables chez les Lionceaux, qu’il stabilisera en D1 (avec une troisième place lors de la saison 1967-1968 notamment) et qui lui offriront plusieurs convocations en équipe de France, sans jamais jouer (il fera partie des réservistes pour la Coupe du monde 1966). Mais c’est surtout loin des pelouses que Lassalette finira de graver son nom dans les mémoires.
Créé en 1961 par Eugène N’Jo Léa, Just Fontaine, Jacques Bertrand, André Lerond, Jean-Jacques Marcel, Robert Loubière et Norbert Eschmann, l’Union nationale des footballeurs professionnels devenait alors le premier syndicat des joueurs français. Jusque-là, ces derniers avaient interdiction de quitter leurs clubs avant l’âge de 35 ans. Une situation qui fera notamment dire à Raymond Kopa, en juin 1963, que les joueurs sont des « esclaves » . Devenu ami avec N’Jo Léa, Guy Lassalette acceptera dès lors de rallier cette noble cause, en devenant vice-président de l’UNFP en 1969, jusqu’à son décès en 1981, à seulement 37 ans. La Ligue 1 lui doit beaucoup.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF
© Photo de Robert Budzynski : FFF