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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (560-551)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#560 - Norbert Van Caeneghem
Norbert Van Caeneghem
Excelsior Roubaix (1933-1935), CS Metz (1935-1936), SC Fives (1936-1942)
Le Sporting Club fivois n’a pas eu la plus grande longévité de l’Hexagone. Fondé en 1901, le SC Fives a disparu juste avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944, pour fusionner avec l’Olympique lillois et créer ce qu’on appelle aujourd’hui le LOSC. Car oui, dans les années 1930, Lille comptait deux clubs en première division : l’Olympique lillois et le SC Fives. Si ce dernier n’a jamais fait mieux qu’une seconde place en championnat de France, il a quand même vu passer de nombreux grands joueurs. Parmi eux, un certain Norbert Van Caeneghem qui, après avoir fait les beaux jours de l’Excelsior Roubaix et du CS Metz, est venu empiler les pions avec le SC Fives. Si la guerre est venue stopper l’élan de celui qui avait claqué 24 buts lors de la saison 1938-1939, elle ne l’a pas empêché de devenir le meilleur buteur de l’histoire du SC Fives. Un record que jamais personne ne pourra lui enlever.
#559 - Yvan Lebourgeois
Yvan Lebourgeois
Caen (1988-1995)
À Caen, son nom est exclusivement associé au Stade Malherbe. Lui, c’est Yvan Lebourgeois, emblème du SMC et troisième joueur le plus capé du club avec 391 rencontres (dont 200 en première division). Né dans le Calvados, ce besogneux consacre en effet une majeure partie de sa vie aux Rouge et Bleu, au sortir d’une formation à l’ASPTT Caen, évidemment.
Loin de lorgner sur une carrière de footballeur, celui qui est alors apprenti boucher est lancé dans le bain professionnel sur le tard, à 23 ans, en 1984 : « Avant, je jouais en D4, aux PTT Caen. Le matin, je bossais comme boucher. Je commençais mes journées à 5 heures, détaillait-il pour Ouest-France. C’est là que Pierre Mankowski, le coach de Caen, m’avait repéré. » Il débute alors comme attaquant, fort d’un physique bien trapu (1,81 mètre pour 80 kilos), au sein d’une équipe en construction, venue jouer les outsiders en D2. La consécration est finalement atteinte au printemps 1988, lorsque Malherbe décroche la première accession de son histoire. L’élite s’ouvre aux Normands et à Lebourgeois, subitement replacé en défense centrale par le nouvel entraîneur, Daniel Jeandupeux. Une déformation professionnelle radicale, aux côtés de son acolyte Franck Dumas, qui permet au couteau suisse de découvrir sa plus belle facette : « J’étais le gars du coin, un peu comme Titi Deroin. Je jouais devant mes copains, ma famille, c’était génial. » Intraitables derrière, Lebourgeois et les siens enchaînent les bonnes prestations, jusqu’à tutoyer les sommets lors d’une année 1992 mémorable. Cinquième en D1, Caen se qualifie pour la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe.
Un 32e de finale disputé contre le Real Saragosse (victoire 3-2 à Venoix, défaite 2-0 à la Romareda : 4-3 pour Saragosse au cumulé) et des souvenirs plein la tête pour le libéro : « En 1992, l’équipe tenait la route. Un mec comme Paille, c’était la classe. Nous avions encore un groupe de potes. Pour moi qui n’étais pas destiné à vivre une carrière comme ça, c’étaient des moments inoubliables. Surtout à Venoix. Un petit Furiani, où l’adversaire avait peur de venir. J’ai vu 13 000, 14 000 personnes dans ce stade. Niveau sécurité, c’était grave. » L’histoire d’une carrière et de ce record d’apparitions, tenu durant 25 années donc (il sera dépassé par Anthony Deroin en 2010, avec 406 matchs, lui-même battu par Nicolas Seube en 2013 : 520 parties), mais également d’un sacré caractère, pour ce leader incarné : « En 1995, nous sommes finalement relégués. Anderson, Simba, Etamé… Ces trois-là nous avaient pourri la saison, surtout Kenneth Anderson. Il avait fait un Mondial extraordinaire, le club ne l’avait pas laissé partir. Il n’a pas joué, on en était à la limite d’en venir aux mains à l’entraînement. Cela a été ma pire année à Malherbe. » De quoi précipiter la fin de son parcours au plus haut niveau deux ans plus tard et l’éloigner définitivement du football. Pour devenir chauffeur de bus municipal, comme il nous le racontait en 2012 : « Non, moi ça ne me disait pas grand-chose de continuer dans le football, je connaissais un peu la mentalité et j’ai préféré opter pour quelque chose de complètement différent. Les gens dans le football sont gentils devant et ils t’assassinent dans le dos. C’était pas trop mon truc, en plus moi je suis venu dans le football vraiment par hasard et je voulais changer, ça ne me disait vraiment rien du tout de continuer dans ce milieu. » Le milieu, lui, n’a en tout cas pas oublié Yvan Lebourgeois.
#558 - Christian Dalger
Christian Dalger
Monaco (1971-1972, 1973-1976, 1977-1980), Toulon (1983-1984)
Quand le quotidien L’Équipe lui demande de citer le meilleur joueur avec lequel il a évolué, Jean Petit ne laisse aucune place au doute : « Christian Dalger. Je le mettais au même niveau que Platini en talent pur. Il éliminait, provoquait, centrait et si Delio Onnis compte 299 buts en D1, c’est aussi parce que Dalger lui en a fait marquer un sac. C’était un joueur de la passe, mais il marquait aussi. » Indissociable de son légendaire comparse argentin, le Nîmois de naissance ne laisse pas tomber l’ASM lorsque celle-ci tombe en D2, en 1976. Mieux, il l’aide à remonter illico et à conquérir le titre national dans la foulée, au terme d’une saison 1977-1978 majestueuse (18 buts en 36 matchs). En quête de rajeunissement, le club de la Principauté accepte de libérer sa redoutable doublette offensive en 1980, mais s’arrange avec l’international français pour que celui-ci ne rejoigne pas Onnis à Tours. Histoire d’éviter une mauvaise surprise…
#557 - Moussa Sissoko
Moussa Sissoko
Toulouse (2007-2013), Nantes (depuis 2022)
Un joueur auquel So Foot a dédié un hit mémorable en 2016 mérite évidemment de figurer dans ce Top 1000. Moussa Sissoko n’a que 17 ans quand il pointe le bout de son nez en Ligue 1, sur la pelouse de Valenciennes. Ce pur produit du centre de formation toulousain dégage d’emblée une grande puissance athlétique et prend un malin plaisir à casser les lignes adverses balle au pied. Le milieu box to box à l’endurance de marathonien s’étoffe au fil des ans, devient un habitué de l’équipe de France et finit par rejoindre l’Angleterre, où il s’épanouit pleinement. Neuf ans et demi après son départ de la Ville rose, le voilà de retour dans l’Hexagone, à Nantes. « Dans ma tête, c’était clair, je voulais revenir en France tôt ou tard, avoue-t-il avant le début de la saison 2022-2023.J’ai quitté la Ligue 1 jeune, j’avais 23 ans, donc je me suis toujours dit que je reviendrais. J’ai envie de rendre au championnat français ce qu’il m’a donné puisqu’il m’a permis d’être le joueur que je suis aujourd’hui. » Il n’y a plus qu’à !
#556 - Frédéric Mendy
Frédéric Mendy
Martigues (1993-1996), Bastia (1997-2004)
Frédéric Mendy a grandi en même temps que le FC Martigues, avec qui il a vécu trois saisons dans l’élite et une à l’étage inférieur. Avant de s’affirmer comme un sacré défenseur du côté de Bastia, du genre auquel les attaquants n’aiment guère se frotter. « Il représentait parfaitement la tête de Maure sur le drapeau corse, confiait Nicolas Dieuze, son coéquipier en Corse, à L’Équipe. C’est un mec adorable, d’une gentillesse absolue, mais dès qu’il enfilait le maillot, il se transformait et faisait peur. Ça faisait partie du personnage et de sa fonction de défenseur. Quand un match ne prenait pas le bon chemin, il était capable de mettre un bon tampon pour faire monter la sauce. Bon ou pas bon, dans un vestiaire, tu acceptes un gars comme ça qui va savoir recadrer l’équipe. » Précieux dans un collectif, Fred continue de se mettre au service des autres aujourd’hui en tant que pompier volontaire, basé à la caserne de la Paillade, à un kilomètre à peine du stade de la Mosson, où il a évolué trois saisons en Ligue 2, de 2004 à 2007. Un gars sûr.
#555 - Gilbert Le Chenadec
Gilbert Le Chenadec
Nantes (1963-1967), Metz (1967-1969), Angoulême (1969-1971)
Avec ce blase qui sent bon le terroir, Gilbert Le Chenadec ne pouvait être que défenseur central. Arrivé (en provenance de Lorient) dans un FC Nantes en deuxième division époque José Arribas, le coriace stoppeur a participé à la toute première montée du club dans l’élite, en 1963, et aux deux premiers titres de champion jaune et vert, en 1965 et 1966 (plus la Coupe de France en 1966) avec à ses côtés Robert Budzynski et au sein de la génération de Jean-Claude Suaudeau, Daniel Eon, Bernard Blanchet ou Gabriel De Michèle. Après une dernière saison presque aussi réussie chez les Canaris (troisièmes en 1967) durant laquelle il assiste à l’éclosion de Sa Majesté Henri Michel, Le Chenadec continue de filer de grands services du côté de Metz (sixième puis troisième de D1 avec lui) puis Angoulême (quatrième en 1970), pour à l’arrivée dépasser la barre des 250 rencontres dans le championnat. « Je suis resté une dizaine d’années (à Nantes). À cette époque, le contrat de temps n’existant pas, les joueurs restaient très longtemps, certains même toute leur carrière, dans le même club. Ici, les joueurs s’y plaisaient beaucoup, c’était une vraie famille » , témoignait-il en 2013 pour les 70 ans du club. Un autre temps.
#554 - Fabinho
Fabinho
Il est sans doute l’un des joueurs brésiliens du championnat de France au jeu le moins brésilien, mais son passage en Ligue 1 n’en a pas moins été mémorable. Arrivé anonymement sur le Rocher à l’été 2013 au milieu d’un mercato monégasque gargantuesque pour la remontée du club (James Rodríguez, Radamel Falcao, João Moutinho, Anthony Martial, Jérémy Toulalan, Ricardo Carvalho, Éric Abidal, Geoffrey Kondogbia…) après un atterrissage au Portugal par la magie de Jorge Mendes et une saison avec la réserve du Real Madrid, le milieu de terrain – brièvement arrière droit – est devenu indispensable dès sa première saison asémiste (terminée à la deuxième place du championnat, avant de se hisser en quarts de C1 quelques mois plus tard) et a surtout été la pierre angulaire de l’irrésistible ASM championne de France en 2017 et demi-finaliste de la Ligue des champions, avec son compère Tiémoué Bakayoko, sous les ordres de Leonardo Jardim. Essoreuse de l’entrejeu malgré les apparences, machine sur penalty, doté d’un calme à toute épreuve et d’une malice toujours utile, ce fan de bowling a quitté la Principauté les yeux embués, à l’intersaison 2018 pour migrer vers l’Angleterre, son transfert à Paris n’ayant finalement jamais eu lieu. Comme quoi la beauté ne prend pas toujours la forme que l’on croit.
#553 - Franck Jurietti
Franck Jurietti
Gueugnon (1995-1996), Bastia (1997-2000), Monaco (2000-2003), Marseille (2002), Bordeaux (2003-2010)
« Les vingt premières minutes, Caen n’a pas existé, et le dernier quart d’heure, ils se prenaient pour des Maradona. Il y a eu un manque de respect de la part de l’équipe de Caen. Sur tous les ballons, ils cherchaient à faire des petits ponts ou des coups du sombrero. Ils nous ont pris pour des cons. Je les attends au match retour. » Ce 24 novembre 2007, au sortir d’une défaite 5-0 des Girondins réduits à 9 à Michel-d’Ornano, Franck Jurietti en a gros sur la patate. Parce que Franck Jurietti n’aime pas trop qu’on se foute de sa gueule, et encore moins qu’on lui manque de respect. S’il n’était pas un enfant de chœur – 110 cartons jaunes et 11 expulsions en carrière –, le Valentinois était de cette race de joueurs qui attaquaient frontalement ses adversaires, emportés par leur envie de trop bien faire, et surtout, par une envie de gagner à tout prix. Une famille à laquelle appartenait entre autres David Jemmali et Cyril Rool, à ses côtés en Gironde le temps d’une saison, en 2004-2005. Mais réduire Jurietti à un castagneur serait une belle erreur. Milieu défensif à ses débuts à Gueugnon, puis latéral gauche droitier durant la majorité de sa carrière, l’homme avait du ballon au moins autant que du caractère. Et si le monde lui rappellera probablement jusqu’à sa mort qu’il possède le record de la plus courte carrière en équipe de France (5 secondes en 2005 face à Chypre), Francky en retire de la fierté. La même que celle qu’il éprouve en pensant à ces deux coupes de la Ligue remportées en 2007 et 2009, et encore plus à ce titre de champion de France remporté en 2009 sous les couleurs bordelaises. Pour le valider, les Girondins s’étaient imposés à Caen, qu’ils envoyaient par la même occasion en Ligue 2.
#552 - Walter Vollweiler
Walter Vollweiler
Sète (1933), Stade rennais (1933-36)
Dans un monde idéal, Walter Vollweiler n’aurait jamais mis les pieds dans le championnat de France. Cela aurait été dommage pour la Division 1, mais une bonne chose pour le monde. Car si l’attaquant allemand a débarqué à Sète, puis au Stade rennais, c’est uniquement car étant d’origine juive, il n’était plus en sécurité dans son pays natal après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933. C’est donc avec son talent que Walter Vollweiler s’est exilé en France et a fait profiter le Stade rennais de son sens du but en claquant pas moins de 25 buts lors de sa première saison pleine en Division 1. Malheureusement, cet exploit sera quasiment sans lendemain pour celui qui facture 44 pions en 50 rencontres avec les Bretons en raison d’une fracture de la jambe et une guerre qui l’oblige à un nouvel exil : du côté des États-Unis, cette fois-ci. Un pays qui ne comprend pas pourquoi il jouait au foot avec ses pieds.
#551 - William Prunier
William Prunier
Auxerre (1984-1993), Marseille (1993-1994), Bordeaux (1994-1995), Montpellier (1996-1997), Toulouse (2000-2001 puis 2003-2004)
À l’été 1992, lors du match de D1 entre Auxerre et Monaco, une caméra isolée de Téléfoot est d’ailleurs braquée en permanence sur Jürgen Klinsmann, nouvelle recrue clinquante de l’ASM. En revoyant les images, ce n’est pas la prestation de Klinsi – incapable de trouver le chemin des filets ce jour-là – qui marque les esprits, mais celle de son intraitable garde du corps bourguignon, William Prunier. Ce défenseur central réputé dur sur l’homme fait le nécessaire pour museler l’attaquant adverse, quitte à distribuer quelques coups en passant. Sa mission est accomplie. Son image, en revanche, est pour le moins écornée. Partout où l’AJA passe, le rugueux stoppeur est copieusement hué par les supporters locaux. À l’occasion du match retour en Principauté, il lâche l’affaire et l’international allemand en profite pour claquer un quadruplé.
Prunier, lui, laisse couler ses larmes, dénonce les sifflets incessants à son encontre et menace de tout plaquer. « J’avais l’impression que tout le monde était contre moi, rejoue-t-il en 2017 dans un entretien pour So Foot. Tout ça parce que j’avais fait un marquage individuel sur un joueur alors que je le faisais depuis des années. C’était la consigne. » Heureusement, la Prune se ravise et poursuit une carrière très étoffée, en D1 surtout (Marseille, Bordeaux, Montpellier, Toulouse), mais aussi à l’étranger (Manchester United, Naples…). Sans jamais chercher à se débarrasser de sa sulfureuse réputation. « Je me contentais d’utiliser mon étiquette de con, tueur, fou, assure-t-il. On m’a tiré dans les pattes, mais j’étais quand même international, j’ai joué dans les plus grands clubs français, mais j’en ai pris plein la gueule. Alors, si la presse m’avait aidé, j’aurais été un monstre. »
La réaction de William Prunier : « Je suis bien évidemment ravi d’être dans le classement. Cette honorable 551e
place est une grande fierté et une marque de respect pour l’ensemble de ma carrière. »
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF