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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (550-541)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#550 - Fabrice Poullain

Fabrice Poullain
Nantes (1980-1985), PSG (1985-1988), Monaco (1988-1990), Nice (1990-1991)

Fabrice Poullain prend son envol en D1 avec les Canaris, et c’est tout sauf un hasard puisqu’il fait partie de la toute première promotion du centre de formation nantais. Souvent titulaire sous les ordres de Coco Suaudeau, le milieu défensif (ou arrière central) prend activement part à la conquête du titre de 1983. Après plusieurs riches saisons sur les bords de l’Erdre, il rejoint le PSG en 1985. « J’ai été recruté directement par le président Borelli, resitue le natif d’Alençon dans un entretien accordé à So Foot. Pour l’anecdote, quand je suis arrivé au Camp des Loges, avec tous les nouveaux joueurs, Gérard Houllier ne m’a pas reconnu, il était un peu surpris. Certes, il me connaissait de nom, mais je pense qu’il n’avait jamais vu mon visage. Cela montre bien que les temps ont changé. » L’entraîneur parisien ne tarde cependant pas à saisir la valeur de sa recrue, régulièrement associée à Luis Fernandez dans l’entrejeu et qui s’offre un deuxième sacre de champion de France à la fin de l’exercice. Nommé dans l’équipe type de la D1 en 1987, Poullain rend ensuite de fiers services à Monaco, mais, gravement blessé, il met un terme à sa carrière à même pas 29 ans. Stoppé en pleine chevauchée.

#549 - Gérald Baticle

Gérald Baticle
Auxerre (1991-1995 puis 1998-1999), Strasbourg (1995-1998), Metz (2000-2002), Troyes (2002-2003)

Désormais entraîneur de l’Angers SCO, Gérald Baticle se revendique ouvertement des principes et méthodes de Guy Roux, son ancien mentor, qui avait su l’attirer à Auxerre en 1991. « C’était un garçon qui avait 15/20 de moyenne, illustre l’emblématique coach au bonnet. Mais pas avec 18 dans une qualité et 10 dans une autre. C’était toujours entre 14 et 16. Il n’était pas le plus rapide, pas le plus puissant, pas le meilleur dribbleur, mais il courait beaucoup et était très souvent en grande forme, sérieux dans l’entraînement invisible. C’était un garçon facile à entraîner, je n’ai que de bons souvenirs avec lui. » L’attaquant d’1,81 mètre réalise un parcours professionnel probant, entre saisons pleines en D1 (80 buts au total) et épopées européennes, à l’image de la qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe de l’UEFA 1997-1998 acquise avec Strasbourg aux dépens de Liverpool, à l’issue d’un retour étouffant à Anfield. « C’est peut-être le match le plus dur de ma carrière, on n’a pas eu une situation pour marquer un but. J’ai plus défendu que pendant tout le reste de la saison » , explique d’ailleurs à Ouest-France celui qui a porté le brassard de capitaine du Racing 65 fois d’affilée. Et tout ça avec un simple 15/20.

#548 - István Lukács

István Lukács
FC Sète (1933-34), Olympique lillois (1934-36)

Avant que le Paris Saint-Germain ne ringardise la chose, le doublé coupe-championnat était une mission bien difficile à réaliser. Et l’histoire retiendra que c’est le FC Sète qui restera à jamais la première équipe à avoir remporté la Coupe de France et le championnat de France la même année. Et ce, dès 1934, soit lors de l’an 2 de la première division française. Un doublé qui porte la marque d’István Lukács. Il faut dire que l’attaquant hongrois – débarqué au début de saison dans l’Hérault – a claqué 28 pions en 26 matchs d’un championnat dont il termine meilleur buteur, avant de planter un doublé en finale de Coupe de France face à l’OM (2-1). Devenu le joueur le mieux payé de l’histoire du championnat de France à cette époque-là avec un salaire de 55 000 francs en signant dans la foulée à l’Olympique lillois, ce spécialiste des coups de tête n’a jamais su reproduire ses performances sétoises, avant de repartir en Hongrie au début de la Seconde Guerre mondiale où il est possiblement passé du côté obscur de la force.

Crédit photo : Wikipédia

#547 - Morlaye Soumah

Morlaye Soumah
Bastia (1994-2004)

Si le Sporting Club de Bastia a connu bon nombre de guerriers au cours de sa longue histoire, le nom de Morlaye Soumah a de quoi éveiller de grands souvenirs dans les mémoires des supporters corses. Débarqué sur l’Île de Beauté en 1991, le rugueux défenseur guinéen a effectivement marqué les Bleu et Blanc de ses tacles appuyés, mais également de ses relances soignées, facturant 331 rencontres en deux étapes, jusqu’en 2003. Au point de se retrouver avec une chanson, scandée par tout Furiani : « Morlaye, mords-les ! »

Associé à Smahi Triki, Frédéric Mendy, Cyril Jeunechamp ou Franck Jurietti durant une décennie, Soumah se sera ainsi taillé une réputation d’homme de base, à la fidélité sans faille, pour des supporters adoptifs en admiration : « Quand en défense centrale tu avais Moreau et Mendy, moi juste devant ou entre eux deux… C’était dur de passer (rires), se remémorait-il pour le site web Spiritu-Turchinu. Pour la relance, c’était super aussi, je pouvais relancer sur Laurent et Vandecasteele, et par la suite sur Née aussi ! » Au point de se sacrifier, en acceptant un prêt à Valenciennes lors de la saison 1993-1994 afin que les Nordistes acceptent Yves Mangione et Antoine Di Fraya. Pas le plus talentueux, mais de loin le plus fiable, celui qui cumulera 69 capes avec le Syli national permettra au Sporting de se maintenir facilement dans l’élite, d’atteindre la finale de la Coupe de la Ligue (1995), celle de la Coupe de France (2002) et de goûter à l’Europe par trois fois : « En Guinée, certains disaient même « Morlaye c’est un Corse », certains croyaient que j’avais abandonné ma nationalité ! Avec tous les soucis que j’ai eus, les Corses m’ont toujours soutenu. C’est comme une famille, Bastia ! La Corse tu sais, c’est ma deuxième patrie, si un jour la Guinée joue contre la Corse, je crois que je serai pour les Corses ! Ils ne m’ont pas amadoué, alors qu’en Guinée, beaucoup n’ont fait que me mentir ! Vraiment, en Corse, tous les gens que j’ai connus ne m’ont pas déçu ! » La plus belle des conclusions.

#546 - Franck Gava

Franck Gava
Nancy (1986-1987 puis 1990-1992), Lyon (1992-1997), PSG (1997-1998), Monaco (1998-1999), Rennes (1999-2000)

L’OL n’a pas attendu les années 2000 pour compter des joueurs de talent dans ses rangs. Franck Gava est l’un d’eux, même si le milieu de terrain élégant à souhait fait ses grands débuts chez les pros sous le maillot de Nancy à l’âge de… 16 ans. Une précocité qui annonce une belle carrière à celui qui apprend en naviguant entre la deuxième et la première division jusqu’à taper dans l’œil des dirigeants rhodaniens. Chez les Gones, Gava confirme les promesses : il marque, souvent, il cuisine des caviars, beaucoup, au point de terminer meilleur passeur du championnat en 1995 et 1997, et il connaît ses premières sélections en équipe de France. C’est au moins ce qu’il faut pour le milieu à la technique magnifique et capable de voir le jeu avant les autres. Malheureusement, Gava ne remporte jamais le Graal ultime, le titre de champion de France. Il doit se contenter d’une honorable deuxième place avec l’OL, mais aussi du doublé Coupe de la Ligue-Coupe de France avec le Paris Saint-Germain, où il passe une saison plutôt décevante qui lui coûte probablement sa place à la Coupe du monde 1998, Aimé Jacquet préférant convoquer Bernard Diomède.

Ce n’est pas tout à fait la fin de l’histoire pour Gava, pas vraiment apprécié de Charles Biétry, le président du PSG, qui décide de le vendre à Monaco. Mais les belles années semblent être désormais derrière le natif de Montargis, qui n’est pas non plus étincelant à Monaco ni à Rennes, où il est contraint de mettre un terme à sa carrière à cause de son arthrose au pied. Gava n’a pas encore 30 ans qu’il doit déjà raccrocher les crampons, le Stade rennais faisant le choix de le licencier en 2000 à deux ans de la fin de son contrat en raison de son incapacité à jouer. Une triste fin pour le milieu de terrain, qui sortira vainqueur de son procès l’opposant au club breton, condamné pour rupture abusive de contrat et sommé de verser un million d’euro à son ancien joueur. La dernière victoire de la carrière de Franck Gava.

#545 - Daniel Charles-Alfred

Daniel Charles-Alfred
Nîmes (1958-1967)

Véritable légende du Nîmes Olympique, Daniel Charles-Alfred a disputé plus de 200 matchs dans l’élite. Chez les Crocos, « la Pieuvre » colle ses ventouses sur tous les attaquants qu’elle croise et reçoit l’Étoile d’or France Football en 1963. Son association avec Mustapha Bettache, entre autres, permet à Nîmes de disputer une finale de Coupe de France (perdue contre Sedan, en 1961), de se classer deuxième en 1960, avec la meilleure défense du championnat, et troisième en 1962. Appelé « Godzilla » en Martinique, le défenseur antillais acquiert d’autres surnoms dans le Gard, qui traduisent tous son sens du tacle. « Jeune, j’avais consulté un livre sur le football à la bibliothèque Schœlcher et j’ai vu que les Anglais pratiquaient ce type de contact pour stopper le ballon. Je me suis entraîné tous les jours, j’ai travaillé la souplesse jusqu’à ce que le geste technique soit parfait. L’adversaire pense qu’il est passé, mais le ballon reste, d’où les surnoms « l’Araignée », « la Pieuvre », « M. Stop » ou « M. Charles-Alfred ». J’ai été classé meilleur stoppeur de France » , expliquait-il à France Antilles. DCA accède logiquement à l’équipe de France en 1964, mais voit son ascension stoppée par une blessure l’année suivante. La légende s’est éteinte le 17 septembre 2020, à 86 ans.

Crédit photo : FFF

#544 - Patrick Vieira

Patrick Vieira
Cannes (1993-1995)

Quelle aurait été la carrière de Patrick Vieira si le FC Tours, qu’il a rejoint à 15 ans, n’avait pas déposé le bilan dans la foulée ? Une chose est certaine, il n’aurait probablement jamais joué à l’AS Cannes. Et cela aurait été un gros coup dur pour le club de la Côte d’Azur. Car même si l’homme aux grands compas ne compte « que » 49 matchs de Division 1 avec l’AS Cannes, il n’en reste pas moins qu’il a rayonné durant cette saison 1994-1995 qu’il a passée avec le brassard de capitaine malgré ses 18 piges. Signe que le garçon avait déjà ce caractère de leader qui a fait de lui une légende d’Arsenal plus tard. Mais Vieira avait aussi déjà son talent de récupérateur, de relanceur, de tour de contrôle et aussi cette capacité à filer des coups à ses adversaires comme a pu le remarquer Aleksandr Mostovoï pour le dernier match en D1 de Vieira parti à l’AC Milan à la suite d’un transfert rocambolesque en raison d’une situation financière compliquée de l’AS Cannes. Entre-temps, celui qui a aussi remporté la Coupe Gambardella lors de cette fameuse saison 1994-1995 avait impressionné celui qui l’a lancé dans le grand bain avant sa majorité, un certain Luis Fernandez qui avait parlé de son prodige à beIN Sports : « J’ai eu un flash en le voyant. Tu regardes, tu observes et tu vois un garçon qui dégage une telle personnalité, un tel caractère, qui en impose énormément. D’entrée, je l’ai mis titulaire. Et il l’est resté derrière. » Avec un nouveau contrat à la clé dans lequel il a pu gratter une Suzuki Vitara en prime à la signature. Une voiture qui d’après le site du constructeur est « un véritable baroudeur, taillé pour toutes vos aventures » . Soit la définition même de Patrick Vieira.

#543 - Bernardo Silva

Bernardo Silva
Monaco (2014-2017)

Pep Guardiola n’a pas été le premier à tomber amoureux du lutin de Lisbonne : beaucoup de suiveurs de la Ligue 1 avaient eux aussi été charmés, entre 2014 et 2017, lorsque le milieu de terrain rayonnait dans l’Hexagone – et en Europe – avec l’AS Monaco, par son élégance, son pied gauche et sa faculté à rentrer sur celui-ci à l’intérieur, sa vision du jeu, son toucher de balle, sa douceur, et sa bouille dont on ne saurait deviner l’âge. En 101 rencontres dans le championnat de France, entre ses 20 et ses 24 piges, Bernardo sera devenu un top player et aura marqué 24 fois, avec quelques sucreries et un pion dont lui seul a le secret, déterminant dans la course au titre de 2017, à la 92e minute sur la pelouse du Parc des Princes lors du mois de janvier. C’était lui, le vrai prince de Monaco.

#542 - Christian Coste

Christian Coste
Lille (1974-1977), Reims (1977-1978), Laval (1978-1979)

Champion du Gard de saut en hauteur, Christian Coste est ensuite allé très haut avec des crampons. Il atteint la barre des 13 buts en D1 lors de quatre saisons consécutives, poussant son total jusqu’à 19 pions en 1975-1976. Décrit comme le prototype de l’avant-centre moderne, « le cow-boy » se frite avec son coéquipier Stanislav Karasi lors d’un derby contre Valenciennes, mais devient surtout l’attaquant phare du LOSC et plante 65 buts en 153 matchs dans l’élite entre Lille, Reims et Laval. Une valeur sûre. Ce n’est pas pour rien que Gérard Houllier en avait fait son adjoint au Paris Saint-Germain. La Coste, la classe.

#541 - Stanislav Karasi

Stanislav Karasi
Lille (1974-1977)

Bien avant Zlatan Ibrahimović, un autre attaquant aux origines slaves est venu montrer à la France de quel bois il se chauffait. Son nom : Stanislav Karasi. Petit, mais puissant (1,72 mètre), l’enfant de Belgrade aux origines hongroises a ainsi marqué la D1 durant sa seule expérience hexagonale, du côté de Lille.

Meilleur joueur de l’Étoile rouge en 1972 et 1973, le buteur débarque ainsi dans le nord avec l’étiquette de talent pur à l’été 1974. Une nouvelle aventure pour celui qui compte alors 10 capes avec la Yougoslavie (dont une participation au Mondial allemand), mais un premier couac, puisque cette signature à l’étranger l’oblige à mettre un terme à sa carrière internationale, le sélectionneur Ante Mladinić lui préférant les joueurs locaux. Qu’importe, Karasi se décide à briller loin de chez lui. 109 rencontres disputées jusqu’en 1977, 35 buts inscrits, mais surtout, des frasques en tout genre. La première, en septembre 1976. Ayant appris le décès de son père quelques jours avant un match contre Bastia, le Belgradois décide de rentrer au pays sans prévenir quiconque au club. Injoignable, il refait finalement son apparition une semaine plus tard, débarquant sereinement dans le vestiaire des Dogues. Au mois de février suivant, rebelote, alors que le LOSC est opposé à Arles-Avignon. En contre-attaque, Patrick Parizon oublie en effet de servir son coéquipier, qui se jette alors sur lui, avant de le rouer de coups.

Des sautes d’humeur véritables, conclues en beauté le 11 mai de la même année, sous les yeux de Jean-Paul Belmondo. Les Lillois écrasent leur voisin (5-1), et le goleador s’offre un triplé de prestige. Sa troisième réalisation restera ainsi dans les mémoires, car en guise de célébration, « Stan » choisit tout simplement de quitter la pelouse, de retourner aux vestiaires et de saluer « Bebel » , invité d’honneur. Laissant les siens en infériorité numérique, Stanislav Karasi revient finalement sur le terrain à quelques secondes de la fin, sans l’autorisation de l’arbitre et malgré les protestations valenciennoises. Interrogé sur ce geste, il expliquera avoir simplement « voulu se reposer dans les vestiaires » , compte tenu du score. Il quittera donc Lille un an plus tard, en laissant un argumentaire aussi léger que ne l’a été son jeu.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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