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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (540-531)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#540 - Karl-Heinz Förster

Karl-Heinz Förster
OM (1986-1990)

Vice-champion du monde 1982 et 1986, Karl-Heinz Förster se pose sur la Canebière avec une sacrée cote. Malgré sa gueule d’ange, face aux attaquants, le central allemand n’hésite pas à donner le change. Avec lui, l’OM décroche deux titres de champion et une Coupe de France. Il sera aussi personnellement distingué en figurant deux fois dans l’équipe type du championnat, en 1987 et 1988. « Deux jours avant que je ne parte pour le Mondial 1986 au Mexique, j’ai rencontré Bernard Tapie par l’intermédiaire d’un agent, et il est venu à Stuttgart. Il me voulait. Hidalgo lui avait dit que « Förster était le meilleur à son poste », mais qu’il ne m’aurait jamais. Alors Tapie lui a répondu : « On va bien voir. » Et je me suis retrouvé là-bas, nous racontait-il. J’estimais qu’il était temps que je fasse un pas en avant. J’ai donc rejoint Marseille pour 3,5 millions de Deutsche Mark, et je peux vous dire que je ne le regrette pas. (Rires.) Lors de certains matchs à l’extérieur, les gens m’applaudissaient quand je faisais une jolie intervention. Et ce n’étaient pas forcément nos fans ! Je n’avais jamais vécu ça en Allemagne. J’étais étonnamment surpris. » Harder, Better, Faster, Förster.

#539 - Louis Cler

Louis Cler
Cannes (1932-1938), Antibes (1938-1939)

Louis Cler a profondément marqué l’AS Cannes dans les années 1930. Le milieu de terrain varois reste comme celui qui a offert au club le plus grand titre de son histoire en inscrivant le seul but de la finale de Coupe de France disputée contre Roubaix en 1932. En tant que capitaine, il a alors l’honneur de recevoir le trophée des mains du président de la République Paul Doumer. Avec lui, les Dragons atteignent ensuite la finale de la première édition professionnelle du championnat de France, en 1933, où ils s’inclinent 4-3 contre l’Olympique lillois, crucifiés par Georges Winckelmans. Les Cannois se classent également cinquièmes en 1935 et 1936. Après plus de dix ans au club, Cler s’est offert une dernière danse chez le voisin, Antibes, avant de tirer sa révérence. Cler comme de l’eau de roche.


#538 - Rui Barros

Rui Barros
Monaco (1990-1993), Marseille (1993-1994)

Même Lionel Messi à côté de lui paraît géant. C’est dire à quel point Rui Barros n’est pas très grand avec ses 159 centimètres. Sauf que le football n’étant pas du basketball, la taille n’est pas un élément indispensable à une carrière. Surtout quand on a autant de magie dans les pieds que le meneur de jeu portugais. Les adversaires avaient beau lui mettre des coups d’épaule pour le bousculer, il était impossible de prendre le ballon des pieds de la « Fourmi atomique » qui distribuait caviar sur caviar lors de ses passages à l’AS Monaco et à l’OM. Pour le plus grand bonheur des attaquants, tout heureux d’avoir derrière eux un homme qui pouvait mettre le ballon là où il voulait. Rui Barros s’est tellement bien acclimaté à la France qu’il a même imité l’un des héros nationaux, un certain Raymond Poulidor, en terminant trois fois vice-champion de France sans jamais décrocher le Graal. Il se rattrapera avec la Coupe de France 1991 où le seul but de la rencontre est venu de Gérald Passi sur une passe de… Rui Barros bien évidemment.

#537 - Edouard Crut

Edouard Crut
Cannes (1932-1933 et 1934-1935), Nice (1933-1934), Marseille (1935-1936)

Notre top 1000 est formel : il porte sur l’histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu’à 2022. Pourtant, nous n’avons pas pu résister à la tentation de mettre des joueurs qui ont brillé avant la première saison du championnat de France. Surtout quand ils ont tout de même disputé quelques matchs de D1. C’est le cas d’Édouard Crut. Un Parisien qui a brillé dans le Sud et notamment à l’Olympique de Marseille dans l’entre-deux-guerres. Un milieu de terrain qui envoyait des pralines de 30 mètres et des coups francs en pleine lucarne comme il a pu le faire en finale de la Coupe de France 1924 pour offrir le premier trophée de l’histoire de l’OM. Trois ans plus tard, après une nouvelle victoire de l’OM, celui qui était surnommé « Doudou » ou « Mélanie » a fait parler son sens de l’humour en balançant au président de la République Gaston Doumergue un « Arrangez-vous la cravate » (une sorte de « Ça baigne » de l’époque) à la suite d’un pari perdu avec son coéquipier Jules Devaquez. Une ironie et un pied en béton armé qu’il a embarqué avec lui à Nice et Cannes, avec qui il a connu la création de la Ligue 1, avant de revenir finir sa carrière à l’OM. Un grand Crut.

#536 - Alberto Tarantini

Alberto Tarantini
Bastia (1983-1984), Toulouse (1984-1988)

A-t-on croisé beaucoup de défenseurs plus charismatiques qu’Alberto Tarantini en D1 ? Franchement, on a du mal à trouver. Déjà, il faut reconnaître que l’Argentin s’est construit un sacré CV avant de poser ses valises en France, lui qui a porté le maillot des deux ennemis jurés de Buenos Aires (Boca Juniors et River Plate) et a soulevé la Coupe du monde chez lui, en 1978. Son passage par Bastia se termine prématurément, à cause d’une histoire de salaire non versé aux ramifications complexes. Après cette « affaire Tarantini » , l’arrière gauche à la chevelure longue rebondit à Toulouse, où ses montées autoritaires, sa classe balle au pied et son tempérament en font un pilier indiscutable d’un des TFC les plus emballants de l’histoire. S’ensuivent d’autres péripéties pas toujours très nettes, avec notamment trois mois de prison pour possession de cocaïne, en 1996. Et si Tarantini inspirait un futur film de Tarantino ?

#535 - Silvester Takač

Silvester Takač
Rennes (1966-1969)

Non, Silvester Takač n’est pas seulement connu en France pour ses passages sur le banc de Sochaux. De 1966 à 1969, l’attaquant yougoslave a fait parler de lui en marquant quelques pions sous le maillot du Stade rennais. Il débarque ainsi à l’âge de 26 ans avec un titre de champion de Yougoslavie dans ses bagages et une réputation de fin technicien capable de faire trembler les filets à tout moment. En Bretagne, celui dont le nom se prononce « Takatch » enfile les buts comme des perles (37 réalisations en trois saisons) au sein d’une équipe plutôt habituée à décevoir en s’installant en deuxième partie de tableau qu’à flirter avec les premières places. Plus qu’un buteur, Takač est un attaquant qui enfile parfois le costume du numéro 10, ce qui lui permet de faire le spectacle à coups de crochets et de caviars pour Daniel Rodighiero et Govanni Pellegrini, plutôt gâtés par le Yougoslave. Un peu plus de deux saisons passées à régner aux alentours de la surface avant de filer au Standard de Liège, en Belgique, après un imbroglio qui aurait pu le voir s’engager à l’OM si le club belge n’avait pas saisi la commission juridique du Groupement, l’ancien nom de la LFP. Sans palmarès en France, Takač retrouvera le goût de gagner des titres chez les voisins, et se distinguera en terminant meilleur buteur de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1972, à égalité avec un certain Johann Cruyff. Les bienfaits de l’école de la D1.

#534 - Erwin Vandenbergh

Erwin Vandenbergh
Lille (1986-1990)

Quand il débarque à Lille, en fin d’été 1986, Erwin Vandenbergh est une vedette. Le Belge arrive en effet du Mexique, auréolé d’une quatrième place en Coupe du monde et de sollicitations multiples à travers l’Europe. Un accord est même conclu avec le FC Barcelone, pour l’attaquant tombeur de l’Argentine lors du Mundial 1982. Mais à la surprise générale, VDB décline l’offre catalane, pour rallier le Nord de la France.

Ses souhaits ? Rester le plus près possible de sa Belgique natale, qu’il venait de plier à coups de canons, du côté de Lierse – 117 buts et Soulier d’or européen en 1980 – ou d’Anderlecht – 87 réalisations, vainqueur et finaliste de la Coupe de l’UEFA en 1983 puis 1984 -, pour terminer en tête du classement des buteurs en championnat à cinq reprises (1980, 1981, 1982, 1983 et 1986), mais également rejoindre ses compatriotes Georges Heylens (entraîneur du LOSC, qui l’a personnellement convaincu de signer), et Philippe Desmets, son camarade de jeu en sélection. La belle histoire peut alors commencer. Pas pour longtemps en réalité.

Titulaire indiscutable durant quatre saisons (114 matchs et 38 buts, de 1986 à 1990), le buteur marque régulièrement, terminant meilleur artificier du club en 1988 (11 buts) et 1989 (14 réalisations), pour permettre aux siens d’aisément se maintenir, à défaut d’accrocher une place pour l’Europe. Un joueur apprécié des supporters de Grimonprez-Jooris, louant son état d’esprit combatif. Mais ce fort caractère sera justement à l’origine de son départ. Désiré par le Standard de Liège à partir de 1988, VDB entame un bras de fer avec sa direction, peu encline à laisser filer celui sur qui elle venait de lâcher un certain investissement. « Vandenbergh est venu chez nous il y a trois ans. Il a signé un contrat de cinq ans, en réalisant une belle opération financière, racontait Bernard Gardon, alors directeur sportif de Lille. Cette fois, pour les mêmes raisons, il veut partir et trouve mille prétextes pour manifester une mauvaise volonté qui ne l’honore pas. À tel point que, lorsqu’on dit que les joueurs français n’ont pas de conscience professionnelle, ce n’est rien par rapport à Vandenbergh. » La relation entre les deux partis est rompue, ce qui n’empêche pas l’intéressé de trouver le chemin des filets malgré un léger manque de volonté. Il faut finalement attendre 1990 pour parvenir au dénouement, Erwin Vandenbergh rejoignant La Gantoise. Où il sera sacré meilleur buteur du championnat dès sa première saison. Pour ne pas changer.

#533 - Stéphane Sessegnon

Stéphane Sessègnon
Le Mans (2006-2008), PSG (2008-2011), Montpellier (2016-2018)

Les scientifiques sont formels : il est impossible de ne pas prendre du plaisir devant une compilation « skills & goals » de Stéphane Sessègnon. À moins de ne pas aimer ce jeu que l’on nomme football. Car oui, pour l’international béninois, le football est un jeu. Et cela se voit sur le terrain, où Sessègnon aimait avant tout humilier son adversaire sur un dribble ou envoyer des buts de l’espace. Faire une passe facile ou marquer un tap-in, cela ne l’intéressait pas. Alors au Mans comme au PSG, celui qui a fini sa carrière à Montpellier aimait avant tout faire lever les supporters sur un geste. De quoi expliquer l’amour que ces derniers lui portaient, notamment à Paris où après une saison qui a failli finir avec une descente en Ligue 2, l’arrivée de Sessègnon et de ses skills a redonné le sourire au peuple parisien. Et si lors de cette saison 2008-2009, Yoann Gourcuff n’avait pas marché sur l’eau, il y a fort à parier que Stéphane Sessègnon aurait été élu meilleur joueur de Ligue 1. Un Neymar avant l’heure.

#532 - Éric Assadourian

Éric Assadourian
Toulouse (1986-1987 puis 1988-1990), Lille (1990-1995), Lyon (1995-1996), Guingamp (1996-1998)

Les collectionneurs acharnés de vignettes Panini au milieu des années 1990 se souviennent forcément de sa trombine, et pour cause : l’autocollant représentant Éric Assadourian est l’un des plus répandus de l’album Foot 96. À l’époque, le milieu ou ailier droit flambe avec l’OL, qu’il quittera toutefois à l’issue de l’exercice, Jean-Michel Aulas ayant prévu de faire venir Christophe Cocard à sa place. Mais c’est d’abord et avant tout à Lille que l’international arménien vit ses plus belles années, ne sortant que rarement du onze de départ. Vingt ans après son départ du Nord, l’ex-Guingampais avoue d’ailleurs à So Foot que le LOSC reste son club de cœur : « C’est celui où j’ai pu le plus m’exprimer, trouver une identité forte qui me correspondait. En tant que footballeur dans ce moment-là, on dit souvent qu’on est dans son jardin. Grimonprez-Jooris, c’était mon jardin. »

#531 - Jean-Claude Suaudeau

Jean-Claude Suaudeau
Nantes (1963-1969)

Avant de devenir l’entraîneur légendaire qui a mené le FC Nantes dans ses plus belles épopées, dans les années 1980 et 1990, Jean-Claude Suaudeau avait déjà marqué le club en tant que joueur. Au poste de milieu de terrain défensif, sous les ordres de… José Arribas, dont il sera le très honorable successeur ensuite, « Coco » a participé à la genèse du jeu à la nantaise, aidé à la première montée dans l’élite des Canaris (1963) et surtout remporté deux titres dans la foulée (1964, 1965), avec une finale de Coupe de France (1966) et une place de vice-champion (1967) également. « Je ne suis pas vexé, mais ça me fait un peu chier, on ne parle que de l’entraîneur. Personne ne sait que j’étais joueur, et un joueur pas si mal ! » , bougonnait-il dans les colonnes de L’Équipe il y a quelques mois. « J’étais un dribbleur né et j’adorais ça, c’était mon plaisir, j’avais été formé comme ça au contact de mes frères » , racontait-il aussi pour Le Quotidien du sport. Un joueur dont on oublie les titres de champion sur le terrain à cause de la révolution qu’il a ensuite orchestrée sur le banc : la marque des grands.

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