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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (50-41)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#50 - Luis Fernandez

Luis Fernandez
PSG (1978-1986), Matra Racing (1986-1989), Cannes (1989-1992)

Entraîneur, Luis Fernandez c’est des sucettes, des pas de danse, des embrouilles avec ses joueurs, une marionnette aux Guignols de l’info, mais aussi (et surtout) une Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe en 1996 avec le PSG. Sauf que cet après-carrière n’est pas pris en compte dans notre classement. Eh non, Guy Roux ne sera donc pas dans le top 10. Tant pis, celui qui a joué son propre rôle dans Trois Zéros a accompli assez de choses dans sa carrière de joueur pour bien figurer dans ce Top 1000. Pourtant, le jeune Luis, qui bossait comme aide-électricien dans une chaudronnerie, pensait ne jamais réussir à être pro du fait de son statut d’étranger, lui qui est né en Espagne et qui n’a obtenu la naturalisation française qu’en janvier 1981. Sauf que le talent du milieu de terrain infatigable était trop grand, et le PSG n’a pas pu passer à côté. Et c’est donc sous contrat amateur – la FFF n’autorisant que deux étrangers par équipe – que Luis Fernandez fait ses débuts en Division 1 avec Paris face à Nancy et obtient un penalty. Le début d’une belle histoire d’amour.

Sur un terrain, il était impossible de ne pas voir Luis Fernandez pendant 2 minutes, tant celui qui a été élu meilleur joueur formé au PSG par les supporters parisiens courait dans tous les sens pour récupérer le cuir. Un ballon qui, une fois dans ses pieds, avançait vers le but adverse ou repartait proprement dans les crampons d’un coéquipier. Pas pour rien si Luis a été élu joueur français de l’année par France Football en 1985. À ce moment-là, celui qui avait remplacé Joël Bats – blessé – dans les cages parisiennes le temps d’une période face à Metz était au sommet de son art. En club, où il est devenu le premier capitaine à soulever le trophée de champion de France avec Paris en 1986. Et en sélection où il succède à Bernard Genghini dans le carré magique qui remporte l’Euro 1984 et qui termine sur le podium du Mondial 1986 après une victoire aux tirs au but en quarts de finale face au Brésil et le fameux « Vas-y mon petit bonhomme ! » de Thierry Roland avant la tentative décisive de Luis Fernandez. Après ce moment entré dans la légende, le chouchou du Parc des Princes quitte son PSG pour gagner quelques euros en plus du côté du Matra Racing, puis pour aller jouer avec le jeune Zinédine Zidane à Cannes. Avant de revenir comme coach à Paris. Mais ça, on le détaillera quand on fera le top 1000 entraîneurs de Ligue 1.

#49 - Xavier Gravelaine

Xavier Gravelaine
Caen (1991-1993), PSG (1993-1994), Strasbourg (1994-1995), PSG (1995), Guingamp (1995-1996), OM (1996-1998), Montpellier (1998), PSG (1999), Le Havre (2000), Monaco (2000-2001)

Il faut être transparent, le cas de Xavier Gravelaine a été un fil rouge de ce top 1000. Où placer le routard le plus célèbre du championnat de France ? Ne serait-ce pas le numéro 1 idéal dans l’esprit So Foot ? Trop attendu, peut-être. Le globbe-trotter de l’Hexagone pourra se contenter d’une place parmi les 50 premiers, et celle-ci n’est pas volée. Gravelaine est à sa manière un symbole de la D1 des années 1990 et reste encore aujourd’hui la référence dès qu’il s’agit de causer d’un bourlingueur ou de se remémorer les carrières de nos joueurs préférés. Il ne faut cependant pas le résumer à ses dix-huit transferts et ses seize clubs différents, Gravelaine n’était pas seulement le mercenaire favori des Français. C’était un attaquant technique, physique, complet, et surtout un sacré buteur. Le paradoxe sera peut-être d’avoir vu ce joueur talentueux vivre ses meilleures saisons à ses débuts, à Caen, où le gaucher a formé un duo de rêve avec Stéphane Paille, pointant même le bout de son nez à la deuxième place du classement des meilleurs buteurs du championnat en 1993 (20 buts) derrière le Marseillais Alen Bokšić. Une époque où le jeune Normand était quasiment irrésistible, sur la scène nationale comme européenne, où il a rendu fou le Real Saragosse en Coupe de l’UEFA.

Mais alors, pourquoi ne pas avoir brillé plus longtemps ? Gravelaine était un joueur de caractère, sans doute un peu trop, pas simple à gérer et avec une bougeotte devenue légendaire. En six années de contrat avec le Paris Saint-Germain, son deuxième club dans l’élite, il aura seulement passé l’équivalent de deux saisons et demie à défendre le maillot rouge et bleu. « J’ai perdu pas mal de temps à cause d’Arthur Jorge, mais le plus grave, ce sont ses leçons de morale et sa manière de casser du jour au lendemain n’importe qui, même un joueur qu’il aime bien. Il faut voir comment il est capable de nous traiter, lâche-t-il dans la presse à l’époque du départ du technicien portugais et de l’arrivée de Luis Fernandez. En un an, je n’ai rien appris avec lui. » Le buteur naviguera ensuite de club en club, à Strasbourg, Guingamp, Montpellier ou encore Marseille pendant deux ans, où contribuera au maintien de l’OM aux côtés de Marc Libbra. L’international français terminera sa route en première division au Havre puis à Monaco, avant de retourner voir du pays à l’échelon inférieur pour définitivement satisfaire sa curiosité insatiable. Et si cette carrière était la plus belle preuve d’amour pour ce merveilleux championnat ?

#48 - Fabien Barthez

Fabien Barthez
Toulouse (1991-1992), OM (1992-1994), Monaco (1995-2000), OM (2004-2006), Nantes (2007)

On épargnera à l’un des meilleurs gardiens français de l’histoire de consacrer plus d’une ligne à sa fin de carrière cauchemardesque au FC Nantes. Ce serait ne pas rendre honneur à tout ce qu’il a vécu dans le championnat de France, de ses débuts à Toulouse, où il tape dans l’œil d’un certain Bernard Tapie en signant une prestation XXL contre l’OM. Fabien Barthez, ce sont des cheveux puis un crâne chauve divin. Ce sont aussi des trophées à gogo : deux titres de champion avec Monaco (officiellement), une Ligue des champions avec Marseille, et une Coupe du monde et un Euro avec les Bleus, entre autres. Il lui a étrangement souvent fallu un coup de pouce pour arriver sur le devant de la scène, comme la blessure de Pascal Olmeta à l’OM ou le contrôle positif au cannabis de Bernard Lama en équipe de France. En vérité, Fabulous Fab n’aurait pas eu besoin de tout ça pour s’imposer comme l’un des plus grands. La taille de Barthez (1,79 mètre) n’a jamais été un obstacle, le portier avait tout pour lui : une belle détente, un sens du placement parfait, une relance superbe. Il aimait le risque, aussi, en s’aventurant en dehors de sa surface pour donner quelques sueurs froides à ses partenaires et aux supporters. Le short remonté, la clope au bec entre deux rencontres, Barthez était un gardien moderne avant l’heure. Un type capable de réussir son retour à Marseille, avec des arrêts réflexes dont il a le secret et, malheureusement, une expulsion en finale de la Coupe de l’UEFA. Le vrai divin chauve, assurément.

#47 - Roger Magnusson

Roger Magnusson
OM (1968-1974)

La poussière commençait à se faire épaisse dans la vitrine à trophées de l’Olympique de Marseille. Puis Roger Magnusson est arrivé. Dès sa première saison, le Suédois se montre déterminant dans la conquête de la Coupe de France, en 1969, après 21 ans sans le moindre titre à fêter sur la Canebière. Dribbleur déroutant, « l’Ange blond » fait la loi sur le côté droit. « Le ballon est comme accroché à ses pieds et passe d’une chaussure à l’autre avec une vitesse qui déstabilise complètement l’adversaire » , note le site de l’OM. Magnusson se sublime encore davantage aux côtés de Josip Skoblar, qui revient à Marseille un an plus tard. Si le Croate marque des buts comme on enfile des perles, c’est en grande partie grâce aux différences créées par son compère et à ses centres aux petits oignons. « J’ai vu des spectateurs changer de tribune pour être du côté où il jouait. Aujourd’hui, il serait une super star » , notait Jacky Novi pour Objectif Gard. Dans son sillage, l’OM renoue deux fois avec le sommet du championnat, en 1971 et en 1972. C’est tout de suite plus fada quand on a le « Garrincha suédois » avec soi.

#46 - Laurent Blanc

Laurent Blanc
Montpellier (1987-1991), Nîmes (1992-1993), Saint-Étienne (1993-1995), Auxerre (1995-1996), Marseille (1997-1999)

Cela en surprendra plus d’un, et pourtant c’est tout sauf une fake news : Laurent Blanc est, avec 84 réalisations (toutes compétitions confondues), le meilleur buteur de l’histoire du Montpellier HSC. Il faut dire qu’à ses débuts, le Cévenol est un milieu de terrain résolument tourné vers l’avant. Le manager général Michel Mézy lui voit toutefois un brillant futur en tant que libéro, au même titre qu’Aimé Jacquet et Henryk Kasperczak, entraîneurs successifs du MHSC. Longtemps réticent, craignant de devoir endosser un costume trop étriqué pour lui, l’intéressé finit par accepter de reculer d’un cran. La métamorphose a lieu, et la magie opère. Tout en continuant à régulièrement faire trembler les filets (quatorze pions en 1990-1991), celui qui est élu joueur français de l’année 1990 par France Football devient une indispensable tour de contrôle défensive et un pilier du collectif héraultais, en plus de s’installer dans la durée en équipe de France. Après être passé par Nîmes et Saint-Étienne, deux clubs englués en bas de tableau, Blanc goûte à l’ivresse des sommets avec l’AJ Auxerre de Guy Roux, qui réalise le doublé Coupe-championnat en 1996. Mais c’est à Marseille que le champion du monde 1998 hérite de son surnom de « Président » , ce qui en dit à la fois beaucoup sur son apport sur le terrain, son statut au sein du vestiaire et son aura auprès des supporters. Reconverti entraîneur depuis le milieu des années 2000, le « Président » vient justement d’entamer un nouveau mandat. Et ce sont les supporters lyonnais, désormais, qui ne demandent qu’à pouvoir l’encenser.

#45 - Dominique Bathenay

Dominique Bathenay
Saint-Étienne (1973-1978), PSG (1978-1985)

Milieu défensif de la grande équipe de Saint-Étienne, Dominique Bathenay possède un palmarès qui parle pour lui, avec ses trois titres de champion consécutifs (1974, 1975, 1976), ses trois Coupes de France (1974, 1975, 1977) et ses épopées européennes (il frappe sur le montant lors de la finale de 1976 face au Bayern) sous les couleurs de son club formateur, et sous les ordres de Robert Herbin, au cœur des 70s. Il raflera même deux autres coupes (ce qui en fait le corecordman de victoires dans le compétition) avec son club suivant, le Paris Saint-Germain, avec qui il sera capitaine, descendra en défense et terminera également sur le podium de D1 en 1982-1983. Alors qu’à l’époque, le PSG est encore loin d’être une machine de guerre : « C’était le jour et la nuit, entre les deux installations, il y avait des années-lumière entre l’organisation de Saint-Étienne et Paris, témoigne-t-il pour le site Virage. J’ai ramené mes affaires à nettoyer à la maison, ma femme m’a dit : « C’est quoi ça ? » Il n’y avait pas de casiers, pas de sauna, y avait rien. Je me souviens d’Ardilès qui arrive, champion du monde quand même, les mains dans les poches… « T’as pas amené tes affaires, elles sont où ? » « Je ne sais pas… » Personne ne s’était occupé de lui. Nous, à Sainté, on était pris en charge. Quelqu’un s’occupait des affaires, des chaussures, on avait le sauna, un kiné et un médecins à temps plein, des baignoires thalasso, des terrains synthétiques… On était les premiers à faire les déplacements en avion. À Paris, il n’y avait rien. Si, il y avait une équipe, des joueurs, et des bons mecs. Heureusement, parce que sinon… »

En sachant que l’international français avait manqué de peu un transfert au Barça, juste avant : « En 1977, la saison d’avant la Coupe du monde, j’ai été approché par Barcelone, racontait-il dans L’Équipe. Il n’y avait pas d’agents, et quelqu’un du Barça m’a appelé trois, quatre fois. C’était l’époque de Cruyff, Neeskens. Ils voulaient peut-être préparer la relève de Neeskens… Ils étaient intéressés, mais je me suis blessé à un genou, et ça s’est arrêté. Sinon, j’aurais foncé, même si les joueurs de ma génération comme Didier Six et Michel Platini n’étaient pas encore partis à l’étranger. Finalement, je suis allé à Paris et c’était bien aussi… » Avec 388 apparitions dans le championnat de France, 56 pions inscrits dans l’élite, sa frappe de mule, sa treizième place du Ballon d’or lors de cette fameuse année 1977 et sa vingtaine de capes en Bleu, le natif de Pont-d’Ain (01) a laissé une belle trace dans le foot français. Même si elle aurait pu être encore plus belle : «  Ce qui nous fait chaud au cœur, c’est que cette histoire se perpétue de génération en génération, nous narrait-il en 2016. Tout le monde nous parle non seulement de ce match (la finale de 1976), mais de cette période. On reste dans la mémoire collective du football, et ça, c’est quelque chose d’important. »

#44 - Japhet N’Doram

Japhet N’Doram
Nantes (1990-1997), Monaco (1997-1998)

« On parle toujours de Pedros-Loko-Ouédec. Mais sans Japhet, on n’aurait pas eu autant de ballons. » C’est Patrice Loko (voir #115) qui le dit, et il n’a peut-être jamais autant été dans le vrai. Ce n’est pourtant qu’à 24 ans que le Tchadien est apparu au haut niveau européen, en D1, après la guerre civile durant son adolescence ( « Aujourd’hui, je n’ai peur de rien. Je prends la vie telle qu’elle est. Ça m’a endurci, ça m’a permis de grandir plus vite et d’affronter la vraie vie, la vie rurale » ), des succès ensuite au pays puis au Cameroun, un stage révélateur à Saint-Brévin-les-Pins avec son équipe nationale, un essai concluant à Nantes et une longue période de flou pour le milieu de terrain à son arrivée en France : « Pour moi, à l’époque, Nantes c’était deux noms, Touré et Ayache, et c’est à peu près tout, nous racontait-il en 2015 pour célébrer sa place tout en haut de notre classement des 50 joueurs ayant marqué l’histoire du FC Nantes. J’ai fait l’essai au mois d’avril. Ils disaient qu’ils voulaient se laisser un peu de temps pour me voir de près. En juin, deux mois après mon arrivée, c’est la fin de saison. Comme tout le monde partait en vacances, Nantes m’a payé un billet d’avion pour que j’aille au Tchad, et que je vienne reprendre l’entraînement avec le groupe professionnel à la fin du mois. Fin juin, je pars donc en stage avec le FC Nantes, toujours sans contrat, bien évidemment. Certains avaient toujours des hésitations sur mes capacités à jouer en pro. Le championnat reprend, toujours rien. J’étais à la Jonelière avec les gamins du centre de formation, les 15-16 ans. J’y ai vécu pendant six mois. Et je me suis emmerdé. J’avais 24 ans, ils étaient beaucoup plus jeunes que moi, on ne partageait rien, je passais mon temps à écouter de la musique africaine et à lire. Quelle solitude… […] Le jour où Jorge Burruchaga se pète les ligaments du genou. C’était en septembre. Le fait qu’il soit blessé pour longtemps libérait une place d’étranger. Il a accepté de céder sa licence professionnelle pour une licence amateur. Jorge m’estimait beaucoup. Malgré ça, le club a d’abord cherché partout un numéro 10 de la trempe de Jorge, mais ils n’ont pas trouvé, c’était toujours trop cher. Vis-à-vis des supporters, remplacer Burruchaga par un inconnu comme moi, c’était difficile à faire accepter hein, mais ils ont été obligés de se rabattre sur cette solution. Tous les jours, pendant des mois, Paul Le Guen m’a posé la question : « Tu signes quand ? Tu signes quand ? » Il ne comprenait pas qu’on ne me fasse pas signer un contrat plus tôt. L’heure était enfin venue. » N’Doram émerge sous Miroslav Blažević lors de l’exercice 1990-1991, et est replacé numéro 10 lors du retour de Jean-Claude Suaudeau aux commandes.

« Coco me connaissait bien, vu qu’il m’avait entraîné avec la réserve, narre-t-il. Il était persuadé que numéro 10, c’était mon vrai poste. Ou plutôt, il voulait « quelqu’un qui savait faire jouer les autres ». C’était son obsession. Moi, ça me plaisait parce que je touchais beaucoup plus de ballons. J’étais à l’aise. Et puis, en 1992, le club s’est retrouvé dans une situation financière où il fallait vendre les joueurs pour renflouer les caisses et ne pas être rétrogradé. Paul Le Guen, Marcel Desailly, Thierry Bonalair, Jean-Jacques Eydelie, tout ça, sont partis. Les jeunes sont devenus titulaires et l’aventure « jeu à la nantaise » a commencé. » Quelques années plus tard, en 1994-1995, Japhet est au sommet de son art dans un collectif irrésistible, pour une saison d’anthologie : le titre de champion, la meilleure attaque, la meilleure défense, l’un des plus beaux jeux de l’histoire du championnat, les 32 matchs sans défaite, et un bilan de douze pions et neuf offrandes pour l’Africain. « Honnêtement, je ne me rendais pas compte qu’on avait une équipe collectivement aussi fluide, aussi belle à voir. Ce sont les adversaires qui nous félicitaient, en fait. […] Cette saison-là, en 1995, on termine champions et on se dit qu’à défaut d’individualités extraordinaires, on a un groupe extraordinaire. […] Techniquement, on n’était pas si nombreux que ça à avoir une maîtrise au-dessus du lot, mais quel état d’esprit ! Ambiance extraordinaire, surtout quand on sait qu’en dehors du terrain, on n’était pas vraiment potes. Mais sur le terrain, ça y allait, ça charriait, ça courait, ça rentrait dedans, ça taclait, ça sautait, ça jouait la gagne, à 200 à l’heure. Des fois, on sortait plus fatigués d’un entraînement que d’un match. » En 1995-1996 et 1996-1997, malgré le départ de plusieurs cadres, il plantera respectivement 15 et 21 fois dans une position plus haute, avant de filer sur le Rocher. À Nantes, il reste aujourd’hui beaucoup de souvenirs du milieu de terrain africain. Celui de ce blase unique, de son duvet iconique, de son allure qui n’appartient qu’à lui, de ce maillot rayé qu’il portait comme personne, de ses actions où il arrêtait le temps, de ce pied droit, de ce pied gauche, de ses coups de casque, de ses gambettes, de ses ballons piqués, de ses courses vers l’avant, de ses buts marqués dans toutes les positions, de son bijou en demi-finales retour de C1 contre la Juve. Et d’un surnom à la hauteur de l’empreinte qu’il a laissée dans la cité des ducs de Bretagne : « le Sorcier » . « Ça vient de Joël Henry. Quand je suis arrivé en 1990 à Nantes, il était numéro 10, gaucher, avec ses locks. C’est lui qui m’a donné ce surnom parce que je faisais des trucs qui l’impressionnaient à l’entraînement. » On laissera le mot de la fin à Monsieur Samuel Eto’o : « J’avais comme idole Japhet N’Doram. Il était tellement fin, tellement beau dans son jeu, très élégant. Si nous, ici en Afrique, on faisait la promotion de nos talents, ça aurait été notre Zidane. Il avait même peut-être plus de talent que Zidane. […] L’un de mes rêves, quand j’étais plus jeune, était de ressembler à Japhet N’Doram, qui avait un talent exceptionnel. »

Japhet N’Doram & Reynald Pedros devant leur QG.

#43 - Georges Bereta

Georges Bereta
Saint-Étienne (1966-1974), Marseille (1974-1978)

À une lettre près, son nom est celui d’une arme de poing. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que Georges Bereta travaille dans une armurerie au cours de ses jeunes années. En parallèle, le gamin du quartier Montreynaud poursuit avec brio son parcours au sein du centre de formation de l’AS Saint-Étienne, jusqu’à se faire une place au sein du groupe professionnel. Capable d’expédier de puissantes frappes du gauche, l’ailier de poche (1,66 m) séduit Albert Batteux puis Robert Herbin, qui en fait d’ailleurs son capitaine. Ce Stéphanois pure souche empile les titres avec son club de cœur (champion de France en 1967, 1968, 1969, 1970, 1974 et 1975) et s’invite en équipe de France (44 sélections, dont douze comme capitaine). Tous les voyants sont au vert, c’est le cas de le dire. Mais la belle idylle prend brutalement fin à l’hiver 1974. En quête de liquidités, Roger Rocher, le président de l’ASSE, accepte de vendre celui qui a été élu joueur français de l’année en 1973 et 1974 par France Football à l’Olympique de Marseille. Le transfert est bouclé pour 500 000 francs, et le Forézien de toujours, qui n’avait pourtant nullement l’intention de partir, rejoint la cité phocéenne. En un rien de temps, l’idole devient un traître aux yeux des supporters des Verts. « Je me suis senti trahi, dénonce-t-il. Ce fut dur. On a voulu faire croire que ce départ était de mon fait, alors que Roger Rocher l’avait programmé pour renflouer les caisses de l’ASSE. Roger Rocher était super fort pour faire passer ses messages via la presse. En plus d’être un bon dirigeant, il savait manipuler les médias. » Bereta ne pardonne pas à son président, ni à Herbin, qui ne s’est pas opposé à son départ. Mais une fois les crampons raccrochés, il finit par revenir chez lui et intègre même le conseil d’administration de Saint-Étienne. Un retour dans la maison qu’il n’aurait jamais dû quitter, en quelque sorte.

#42 - Dominique Dropsy

Dominique Dropsy
Valenciennes (1972-1973), Strasbourg (1973-1984), Bordeaux (1984-1989)

Évoquer Dominique Dropsy, c’est évoquer une légende du Racing Club de Strasbourg, des Girondins de Bordeaux et une longévité record dans la première division des années 1970 et 1980. Avec 596 rencontres au compteur, « Domi » a en effet été le recordman d’apparitions en D1 cinq ans durant. Le nom d’un gardien de but gravé dans le folklore du football français.

Avant de briller dans l’élite, le Nordiste a d’abord dû s’y imposer. À Valenciennes, son club formateur, puis à Strasbourg, donc, qu’il rejoint en 1971, à 20 ans. « Quand je jouais à VA, j’avais une fiche de paie de jardinier, racontait-il dans les colonnes de France Football. Et quand je vois mon parcours, je me dis que le petit garçon de Hirson, il a quand même bien réussi. » Ambitieux, les Strasbourgeois adoptent ce jeune gardien prometteur, malgré des résultats fluctuants et une relégation en 1976. Revenu au sommet, le RCSA, guidé par « Domi » , glane une troisième place au classement en 1978, avant la consécration – la seule de l’histoire du club – et ce titre de champion de France en 1979. La récompense ultime pour Dropsy, devenu titulaire en équipe de France (17 sélections, il honorera d’ailleurs sa première cape lors du Mundial argentin, à la faveur d’une blessure d’André Rey, lors du fameux France-Hongrie de Mar del Plata).

473 rencontres au total, en Alsace, avant un départ forcé en 1984, la faute à des performances collectives de moins en moins abouties et à un déclassement en Bleu, qui lui feront manquer la Coupe du monde 1982. « Pas un seul joueur de Strasbourg ne figurait dans la liste, narrait l’intéressé. Michel Hidalgo nous a oubliés ! C’était le temps des Verts de Platini, Larios, Lopez, Rocheteau. Il a pris Castaneda, « El Gato ». » Direction les Girondins de Claude Bez, pour s’offrir les derniers frissons de cette (déjà) riche carrière. Avec les Marine et Blanc s’ajoute en effet un nouveau championnat en 1985, une Coupe de France en 1986 et un doublé en 1987, pour rassasier les gloutons bordelais. Afin d’y laisser sa marque, Dropsy disputera son ultime match synonyme de record, le 21 avril 1989 face à Nantes (défaite 1-0). Avant d’être dépassé par Jean-Luc Ettori en 1994 (602 matchs), puis Mickaël Landreau en 2014 (618). Du beau monde en guise d’hommage.

#41 - Marco Verratti

Marco Verratti
PSG (2012-)

«  Verratti, pour 11 millions, c’est un joueur qui a beaucoup moins prouvé que Belhanda, donc on est un peu dans l’excès, là. Il va jouer où, à 19 ans ? Il va pas jouer dans l’équipe première. Quand on voit le milieu de terrain du PSG, vous le mettez où ? Verratti n’arrive sûrement pas comme titulaire, je vous fais le pari qu’il sera rarement même dans les 18 !  » Invité sur RMC quelques jours après l’arrivée de Marco Verratti au PSG, Frédéric de Saint-Sernin – alors président du Stade rennais – a prouvé ses talents de visionnaire au sujet du milieu italien. Pour la défense de Fredo, « Petit Hibou » débarquait de Serie B, et personne ne l’a calculé lors de sa présentation, puisqu’elle a eu lieu en même temps que celle de Zlatan Ibrahimović. Sauf que dès le premier match de la saison, Marco Verratti était titulaire et a donné tort au président rennais : récupérations, crochets courts, passes laser, transversales. L’Italien a fait étalage de toute sa panoplie. Les supporters parisiens sont sous le charme de celui qui va très vite devenir le chouchou du Parc des Princes, et la Ligue 1 comprend qu’un artiste vient de débarquer dans le championnat de France. Finalement, il n’y a que les arbitres – avec qui Verratti vient discuter après chaque faute sifflée – qui n’aiment pas celui dont le pourcentage de passes réussies ne descend jamais sous les 90%. Élu dans l’équipe type de la Ligue 1 dès sa première saison – avant de l’être chaque année jusqu’en 2020 -, puis élu meilleur espoir du championnat de France en 2014, Marco Verratti régale à chaque prise de risque devant sa surface de réparation ou tout simplement dès qu’il touche le ballon. Car oui, le champion d’Europe 2020 n’a pas besoin de tirer au but pour faire lever le public et rendre belle son équipe. D’ailleurs, depuis son arrivée, le PSG n’a jamais le même visage avec ou sans l’Italien. Problème, celui qui ne dit jamais non à un verre d’alcool ou une clope aime passer des têtes du côté de l’infirmerie et manquer ainsi plusieurs matchs dans la saison. Cela ne l’empêche pas de faire chavirer le cœur de Pep Guardiola et d’accumuler les titres. Car oui, à ce petit jeu, Marco Verratti est intouchable. En plus d’être le joueur le plus titré de l’histoire du PSG (29 trophées), il est aussi le joueur le plus titré du championnat de France (8 titres). S’il reste encore quelques années au PSG – il n’a que 30 ans – il se peut que ce chiffre grimpe encore. Et bon courage pour aller le chercher.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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