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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (490-481)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#490 - John Utaka

John Utaka
Lens (2002-2005), Rennes (2005-2007), Montpellier (2011-2013)

De la saison du titre de Montpellier en 2011-2012, on ressort automatiquement les noms d’Olivier Giroud, Younès Belhanda, Geoffrey Jourdren ou encore Vitorino Hilton en oubliant, parfois, celui de John Utaka, auteur d’une année fantastique et du doublé final lors du match du sacre à Auxerre. « Ça me fait plaisir parce que John fait une saison extraordinaire. Tout le monde parle de Giroud, de Belhanda, mais sur la saison 2011-2012, aucun arrière droit n’a réussi à arrêter Utaka. Aucun » , nous assurait Jourdren au printemps au moment de faire le récit de cette saison à part. Utaka avait toutes les qualités (vitesse, explosivité, précision) d’un joueur qui aurait pu penser à ses statistiques avant le collectif, mais ce dernier passait avant tout le reste pour l’homme aussi pieux qu’il est humble.

Quand le Nigérian débarque dans le championnat de France, à Lens, à seulement 20 ans après des expériences au Qatar et en Égypte, il fait rapidement comprendre à tout le monde qu’il est plutôt doué avec le ballon. Utaka est à la fois technique et physique, et il se sert de ses deux atouts pour planter 24 fois sous le maillot sang et or en L1, dont la moitié lors de sa troisième et dernière saison, et laisse un très bon souvenir au public de Bollaert, qui l’a évidemment marqué, comme il le racontait à So Foot en 2016 : « Il faisait froid, c’est ça qui m’a choqué. Il faisait trop froid ! Pour mes orteils, c’était un peu compliqué au départ. En revanche, le public est un peu comme en Égypte. Ce sont des amoureux du football, les Lensois. Qu’il neige, qu’il pleuve, ils sont là. Ils te donnent encore plus de force. »

Le grand John a fait le spectacle dans le Nord, dans le Sud, mais aussi à l’Ouest, en Bretagne, où il atterrit au Stade rennais contre six millions d’euros à l’été 2005. L’international nigérian est peut-être irrégulier, mais il régale les supporters rennais au stade de la route de Lorient, venus, entre autres, pour le voir par exemple inscrire un but dantesque contre Lorient, ou enchaîner deux triplés en l’espace d’une semaine, contre le grand Lyon à Gerland et face à Lens. « Je savais que si Monterrubio voyait mon appel, il allait me la mettre parfaitement, nous livrait-il en évoquant sa période rouge et noir. Il ne lui fallait pas 30 secondes pour réfléchir à la passe, ça facilite le boulot. Källström aussi, c’était un bon passeur. Je faisais appel contre-appel, je prenais l’espace, et eux mettaient la passe où il fallait. Le foot, c’est plus simple avec ce genre de mecs. » On se permet de lui retourner le compliment.

#489 - Oswaldo Piazza

Oswaldo Piazza
Saint-Étienne (1972-1979)

Il est l’une des figures les plus marquantes de la grande ASSE des années 1970. D’ailleurs, sa popularité est telle que Bernard Sauvat lui dédie une chanson, intitulée Mon copain l’Argentin. Oswaldo Piazza n’est certes pas un joueur offensif, multipliant les gestes techniques et les buts décisifs. Mais son charisme naturel et sa détermination à remonter le terrain lors de chevauchées mémorables en font un défenseur à part, presque iconoclaste. « Parfois avec un seul une-deux, j’arrivais à me retrouver devant le gardien, assure la Locomotive dans une interview à So Foot. Mais ça permettait surtout de réveiller l’équipe lorsqu’elle s’endormait. (…) Heureusement que j’ai ajouté cela à mon jeu, sinon je n’aurais pas pris de plaisir à ce poste. »

En sept saisons, le meilleur joueur étranger de D1 en 1975 – selon France Football – collectionne les titres de champion de France (1974, 1975, 1976) et les Coupes de France (1974, 1975, 1977), agrémentant le tout d’épopées continentales. De quoi marquer des générations de supporters verts. « Quand on se balade dans la rue, parfois des jeunes viennent nous voir pour nous parler de nos matchs, témoigne le stoppeur aux cheveux longs. On leur dit : « Mais tu ne nous as pas vu jouer. » « Oui, mais papa ou papy nous ont raconté, et puis on a vu des vidéos. » Ça nous prend à la gorge. C’est un plaisir énorme de voir qu’ils se souviennent de nous. » Et c’est tout sauf surprenant.

#488 - Jacky Lemée

Jacky Lemée
Stade français (1965-1967), Metz (1967-1970), Strasbourg (1970), Angers (1971-1974), OM (1974-1976), Laval (1976-1977)

Si dans l’histoire du SCO d’Angers, les noms de Pierre Bourdel, Christophe Lagrange et Raymond Kopa sont régulièrement cités, celui de Jacky Lemée dispose également d’une place de choix. Le milieu de terrain a en effet marqué l’histoire des Angevins dans les 70s, années de gloire des Noir et Blanc. Le parcours notable d’un combattant du ballon, entamé un peu par hasard. « J’ai perdu ma mère à quatre ans, et mon père, qui pouvait difficilement subvenir aux besoins de mes frères et sœurs, m’a placé à l’orphelinat, racontait-il à Horizons. Je ne sortais que le week-end pour aller le voir jouer – il était footballeur au Vélo sport chartrain – et l’été, pour récolter les haricots ou faire la moisson avec mon grand-père, ouvrier agricole. J’aimais bien ça, l’agriculture, c’est toute mon enfance. » Une vie de paysan, à laquelle se joint une formation de tourneur-fraiseur, censée lui ouvrir une voie professionnelle. Finalement, ce sera sur les pelouses de D1 que se déroulera la suite. Repéré par le Stade français alors qu’il évoluait à Orléans, en troisième division, et qu’il faisait les beaux jours de la sélection du Val de Loire, Lemée signe effectivement son contrat avec le club parisien en 1965, à 19 ans.

Le fils vexé de Carlo Molinari

L’aventure commence, pour celui qui rejoint, deux ans plus tard, le FC Metz. Entre 1967 et 1970, le Chartrain s’installe comme titulaire indiscutable au sein d’un club habitué au haut de tableau et deux fois européen (81 matchs). Des prestations majuscules, malheureusement entachées par un départ précipité chez l’ennemi, Strasbourg, à la suite d’une brouille avec son président, Carlo Molinari, tel qu’il le détaille dans le Républicain lorrain : « Lors d’un match de Coupe de France à Reims contre Sedan, Pierre Flamion me fait débuter ailier droit. C’est le seul poste où je n’ai jamais réussi à m’exprimer correctement. Mais le coach m’assure que c’est OK, et que ce n’est pas moi qu’il remplacera en premier. Finalement, il se ravise et me sors peu de temps après. Ça m’a tellement énervé que je suis directement parti aux vestiaires. Ça n’a pas plu à Carlo Molinari. À la fin du match, il me dit qu’il ne veut plus me voir à l’entraînement des pros pendant deux mois ! Quelques années plus tard, j’ai su que c’était lui qui avait demandé que je sois remplacé. Et moi, de mon côté, j’ai compris sa réaction… Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de quitter le club. J’avais deux possibilités : rejoindre le Red Star ou Strasbourg. J’ai opté pour le Racing, car je savais que ça ne plairait pas à Carlo Molinari. C’était un peu une réaction qu’aurait eue un fils vexé vis-à-vis de son père. » Une pige rebelle, qui l’emmènera tout de même en 1971 vers l’autre révélation française donc : le SCO. En 108 rencontres, Lemée fait grimper la température dans l’Anjou, participant activement au trois tops 5 des siens (quatrième en 1972 et 1974, cinquième en 1973) et à l’historique 32e de finale de Coupe de l’UEFA de l’exercice 1972-1973.

La seule participation continentale d’Angers se résumera en effet à une opposition face au Dynamo Berlin, alors écurie de RDA (1-1 à l’aller à Jean-Bouin, défaite 2-1 au retour en Allemagne). Malgré la déception, Lemée aura eu l’honneur d’ouvrir le score lors de la première manche, mais surtout d’avoir été le héros malheureux du voyage en Allemagne de l’Est. Dans d’étranges circonstances : « En arrivant en Allemagne, avant le match retour, j’étais très malade, narrait le récupérateur à L’Yonne républicaine. J’avais beaucoup de fièvre. Là, un médecin allemand me propose de me soigner, et je le suis. Nous avons fait 1 km en voiture. Je ne parlais pas un mot d’allemand et j’étais seul avec lui. Il m’a ausculté puis a pris une seringue, prélevé un liquide de cinq fioles et m’a injecté un truc violet dans le bras. Est-ce l’effet du produit ou moi qui me suis fait des idées, mais ce qui est sûr, c’est que le lendemain, j’avais des semelles de plomb et l’esprit embué. Et sur une action, je suis sorti au-devant d’un attaquant adverse, les deux pieds en avant. On s’est croisé, il est passé au-dessus de moi et j’ai pris rouge. » Une fin de parcours bien spéciale, pour Jacky Lemée, qui décidera de ponctuer sa carrière au plus haut niveau du côté de l’OM (vainqueur de la Coupe de France en 1976) et Laval. Avant de retourner à son véritable amour, Orléans, qu’il hissera en finale de la Coupe de France en 1980 et ramènera jusqu’en D2.

#487 - René Girard

René Girard
Nîmes (1972-1980), Bordeaux (1980-1988)

Poil à gratter de la D1 au Nîmes Olympique, avec une pointe à six buts en 1979-1980, René Girard est passé dans une autre dimension avec les Girondins de Bordeaux. Champion de France en 1984, 1985 et 1987, il assure les arrières, entre autres, d’Alain Giresse. « J’étais très heureux, quand René a signé à Bordeaux, de l’avoir avec moi, plutôt que de l’avoir contre moi » , souriait Gigi en évoquant son ancien coéquipier pour RMC Sport. Présenté par les Girondins comme « aussi dur sur l’homme que talentueux balle au pied » , le milieu de terrain s’est fait une réputation de joueur rugueux, mais précieux. Combatif, mais pas que. « Ce n’était pas un coupeur de jambes, défendait Christophe Robert pour 20 Minutes. C’était un très bon joueur de foot. Comme il est maintenant, il avait beaucoup de caractère. Quand il fallait aller au casse-pipe, il y allait. Mais quand il fallait aussi jouer au foot, il était là… » Michel Hidalgo l’a d’ailleurs emmené à la Coupe du monde 1982. Girard lui-même tenait à rétablir les faits quant à son image dans nos colonnes : «  Si on veut retenir que j’étais un joueur engagé, très bien, mais j’étais un milieu qui a mis 50 buts et pas n’importe comment. Des reprises de volée, des retournés… » Juste une mise au point.

#486 - Michel Pavon

Michel Pavon
Toulouse (1986-1994), Montpellier (1994-1996), Bordeaux (1996-2000)

Michel Pavon, c’est Bordeaux. Pourtant, avant de s’installer chez les Girondins, il a passé huit années à écumer les pelouses de première division avec Toulouse puis Montpellier, où il jouait plutôt dans une position offensive. Oui, Pavon a été attaquant, ce n’est cependant pas à ce poste qu’il s’est forgé une réputation. « Je jouais attaquant à Toulouse, oui. Ce que peu de monde sait, c’est que je n’ai jamais joué de ma vie milieu défensif, à part les quatre ans à Bordeaux. En jeune, je jouais avant-centre ou numéro 10, même chose à Toulouse, à Montpellier je jouais sur les côtés en tant que milieu offensif, et il n’y a qu’à Bordeaux, rembobinait-il sur Gold FM. Quand Rolland (Courbis) m’a appelé, il m’a dit : « Tu viens, et tu joues milieu défensif. » Je lui ai dit :« Banco, on y va. » C’est vrai que plus on avance dans l’âge, plus on recule sur le terrain, mais moi j’avais pris tellement de coups qu’avant-centre, je me suis dit qu’il fallait que j’en rende quelques-uns. »

Ce qu’il a fait chez les Girondins, où il a notamment participé à la saison du titre en 1999, en grattant des ballons et jouant le rôle du cadre dans le vestiaire bordelais. Plus de vingt ans après ce beau millésime, Pavon n’a plus vraiment la même affection pour le ballon rond, mais garde un beau souvenir de ses années girondines, comme il l’a expliqué dans l’émission Top Girondins en 2020 : « Bordeaux est le club qui m’a vraiment donné la reconnaissance nationale, car j’y ai fait quatre super saisons, en tant que joueur, où on jouait le haut du tableau du championnat français. Donc ce club m’a donné ma petite notoriété dans le foot français. Après, si je devais donner un club de cœur, pour moi ce serait plutôt La Ciotat, le club de ma ville natale, où j’ai commencé le football et où je suis revenu vivre, après avoir coupé avec ce milieu, où je ne me reconnais plus. Et mon meilleur souvenir, bien sûr, c’est le titre en 1999. On était une bande de copains qui s’est fait plaisir pendant un an. On rendait les gens heureux, on était heureux nous aussi, en étant simples. Donc voilà, c’était tout l’opposé de ce qu’est le football d’aujourd’hui. »

#485 - Pascal Pierre

Pascal Pierre
Brest (1987-1991), Metz (1992-2002)

Dans sa carrière, Pascal Pierre n’aura connu que deux clubs : Brest et Metz. Fidèle parmi les fidèles, le défenseur n’aura d’ailleurs quitté ses écuries qu’après avoir tenté l’impossible pour les maintenir dans l’élite.

Deux belles histoires, que Pierre entame donc en Bretagne, au Stade brestois. Formé au club, il y signe son premier contrat professionnel en 1987, à 19 ans, et y connaîtra tout ou presque. Cent dix matchs, disputés sous le faste du président François Yvinec, qui s’obstinera à vouloir créer « une grande équipe » (au point de tout perdre), aux côtés des emblématiques figures bretonnes (Roberto Cabañas, Paul Le Guen, Vincent Guérin, Patrick Colleter, Maurice Bouquet ou David Ginola), et conclus par la rétrogradation administrative du club à l’été 1991. L’année de son départ. Car durant cette période en rouge et blanc, le latéral droit a sauvé les meubles comme il le pouvait. D’abord en participant activement à la remontée immédiate des siens, après une relégation sportive lors de la saison 1987-1988, puis en gardant son équipe dans l’élite deux éditions durant (dixième et onzième du classement en 1990 et 1991), avant le couperet : « Cette rétrogradation a été une catastrophe pour les joueurs, les dirigeants, les supporters et la ville ! Mais, paradoxalement, cette épreuve avait soudé des joueurs, des hommes. On se retrouvait chaque jour au café en face du centre d’entraînement pour prendre notre petit-déjeuner. Nous avions fait bloc pour tenir le coup… » , racontera-il au Républicain lorrain.

Forcé de mettre les voiles, Pierre atterrit alors à Metz, pour ce qui sera son plus beau chapitre. Entre 1992 et 2002 s’enchaînent en effet 348 rencontres, faites essentiellement de hauts. Pour preuve, lors de la décennie 1990, il sera le seul Messin à jouer plus de 30 matchs par saison, durant dix ans. Un exploit individuel notable, utile pour mener à bien les batailles collectives, comme le sacre en Coupe de la Ligue de 1996 ( « le plus beau souvenir de cette longue carrière » ), le huitième de finale de Coupe de l’UEFA perdu contre Newcastle en 1997, la deuxième place en D1 au printemps 1998 et l’incompréhensible élimination au deuxième tour préliminaire de Ligue des champions, face au HJK Helsinki.

À l’instar de sa fin de parcours à Brest, Pascal Pierre arrêtera définitivement en 2002, au soir de la relégation du FC Metz en Ligue 2 : « À Metz, mon seul regret, c’est d’avoir arrêté ma carrière sur une relégation en Ligue 2. Les six derniers mois, dans un contexte et un environnement difficiles, ont vraiment été désagréables. Je n’ai vraiment pas pris de plaisir. C’est dommage de terminer comme ça après tant de belles années… » L’art de se faire aimer de l’ouest à l’est.

Crédit photo : FC Metz

#484 - Henri Hiltl

Henri Hiltl
Excelsior (1934-1939), Roubaix (1945-1948)

« Si je marque des buts, pourquoi m’en féliciter ? Ne suis-je pas dans l’équipe pour cela ? » Henri Hiltl, c’était ça. L’Autrichien est arrivé à Roubaix en 1934, l’Excelsior ayant eu l’opportunité de l’extirper du Wiener Athletiksport Club. « Hiltl ne joue pas tout à fait à l’autrichienne, décrit Le Miroir des sports en 1939. Il déroge volontiers à la règle qui prescrit de ne shooter qu’à coup sûr, et de très près. Lui, n’est-ce pas, il se plaît à user de son shot qui est puissant et adroit, et ses dirigeants voient là une sorte de sacrilège, d’où leur empressement à négocier son transfert dès que l’occasion s’en présente. » Dans le Nord, en revanche, on s’accommode volontiers de ses qualités. « On s’aperçoit vite qu’il est plutôt un grand stratège qu’un joueur impétueux prêt à tout culbuter sur son passage. Ainsi, l’Excelsior est allé chercher à Vienne un avant-centre et il en ramène un intérieur » , précise l’hebdomadaire. Qu’importe : « À le voir, on a l’impression que le football est la chose la plus facile du monde. Ses camarades, conquis, ne songent qu’à l’imiter, si bien que l’équipe est comme un reflet de lui-même. » Sa frappe de balle fait des ravages, notamment sur coup franc. Vainqueur de la Coupe de France 1940 avec le Racing, il ajoute un titre de champion avec le Club olympique Roubaix-Tourcoing à son palmarès en 1947. La France est conquise, si bien que Hiltl accède aux Bleus, après avoir porté le maillot de son pays natal. Le Miroir des sports n’y allait pas par quatre chemins : « Il nous faudrait en France une bonne vingtaine de footballeurs du genre : l’équipe nationale serait vite constituée… »

#483 - Vedran Runje

Vedran Runje
Marseille (2001-2004), Lens (2007-2008 et 2009-2011)

La Ligue 1 a vu passer de nombreux gardiens. Certains étaient plus forts que Vedran Runje. Mais peu étaient plus charismatiques que le portier croate. Cheveux mi-longs, grande gueule – « Je n’ai jamais aimé perdre. C’est pareil dans tous les sports, mais comme tout le monde je pense. Je n’ai pas travaillé sur ma grande gueule, c’est comme ça. Je pense que c’est ma vie qui a construit ça » -, Runje avait tout pour devenir la coqueluche de l’Olympique de Marseille. Et cela n’a pas loupé, puisqu’il aura même été élu Olympien de l’année par les supporters. En même temps, comment ne pas tomber sous son charme ? Car même s’il a souffert face à Ronaldinho, Runje s’est souvent montré décisif dans un poste de gardien de but qu’il a toujours aimé depuis son plus jeune âge comme il l’a confié à SoFoot : « Gardien, je n’ai pas décidé. Je pense que c’est le poste de gardien qui m’a choisi. Jeune, j’aimais plonger, être dans le but, chambrer les autres qui n’arrivaient pas à marquer. » Mis de côté par Alain Perrin après le retour de Barthez à l’OM, Vedran Runje retrouvera la Ligue 1 trois ans plus tard au RC Lens. Où là encore, il deviendra le chouchou des supporters qui ont réalisé un tifo géant avec un message en croate : « Nous avons beaucoup de respect pour toi Vedran. Merci d’être là ! » Car en plus d’être un bon gardien, Runje est un homme de grande classe, comme il l’a prouvé en restant dans le Nord après la relégation en Ligue 2 pour remettre le RC Lens dans l’élite. Ce qu’il a réussi bien entendu.

#482 - Frédéric Déhu

Frédéric Déhu
Lens (1991-1999), PSG (2000-2004), Marseille (2004-2006)

Avoir porté le brassard de capitaine dans les trois clubs où il est passé dans l’Hexagone raconte beaucoup de choses sur qui est Frédéric Déhu. À savoir un leader. Et comme tout leader, Déhu a toujours montré l’exemple et joué là où on lui demande, peu importe si ce n’est pas son rôle favori. Et c’est donc en sentinelle qu’il a grandement participé au titre de champion de France 1998 du RC Lens, avant de reculer en défenseur central au PSG et même libéro sous Luis Fernandez. Repassé de temps en temps en milieu défensif dans la capitale, c’est dans un rôle de défenseur central qu’il a terminé sa carrière française à l’Olympique de Marseille. Un transfert qui est finalement la seule ombre au tableau de Déhu. Du moins, du point de vue des supporters parisiens qui n’ont jamais pardonné à leur capitaine son départ chez l’ennemi annoncé quelques jours avant une finale de Coupe de France où il se fera siffler en soulevant le trophée. Même si le principal intéressé n’a jamais regretté son choix, comme il l’a confié à SoFoot en 2014 : « Après tout, j’ai fait comme n’importe qui en quête d’un nouveau job : je suis allé chez celui qui pouvait m’apporter le plus. Ça ne va pas plus loin. Je sais que ce départ a été mal perçu, mais je ne pense pas avoir été un vagabond. Dans ma carrière, je n’ai pas changé 25 fois de club, et toutes les équipes pour lesquelles j’ai joué, je les ai respectées. Ça, on ne pourra pas me l’enlever. » Et surtout, il aura été bon dans toutes les équipes pour lesquelles il a joué. Du moins en France.

#481 - Umberto Barberis

Umberto Barberis
Monaco (1980-1983)

La classe à l’état pur. Après avoir vécu une période faste au Servette Genève, Umberto Barberis tente d’exporter son talent dans un championnat plus relevé. Il atterrit à Monaco en 1980, et la greffe ne tarde pas à prendre. Meneur de jeu doté d’un remarquable niveau technique et d’une sacrée vision du jeu, le Suisse fait des merveilles en Principauté. Il est élu à deux reprises par France Football meilleur joueur étranger de D1 (à égalité avec Andrzej Szarmach). En 1982, son but face à Strasbourg lors de l’ultime journée (1-0) permet à l’ASM de remporter le titre de champion de France, juste devant Saint-Étienne.

Des années plus tard, l’homme aux 57 sélections avec la Nati garde encore en mémoire les célébrations qui ont suivi le sacre. « On a mangé ensemble dans un restaurant, et le prince Rainier III m’a fait le plus grand honneur de ma vie : m’inviter, en compagnie de mon épouse, à sa table, raconte l’ex-Monégasque. Et ensuite, on a quand même bien fait la fête ! (Rires.) Je me souviens même que le lendemain, Gérard Banide nous avait programmé un entraînement à dix heures. Même après un titre, il ne dérogeait pas à ses principes. Je peux vous avouer que je n’ai pas fait la meilleure séance de ma carrière ! (Rires.) Je pouvais à peine lever les bras. Au bout de dix minutes, il m’a dit : « Bertine, vestiaire ! »  » Un petit écart facilement pardonnable.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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