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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (450-441)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#450 - Marc Molitor

Marc Molitor
Strasbourg (1969-1971 puis 1972-1973), Nice (1973-1976)

Natif de Strasbourg et formé à l’AS Strasbourg, l’avant-centre a découvert la D1 avec le Racing, après une année en D2 avec le bataillon de Joinville. Avec le club phare de sa ville ( « RP Strasbourg-Meinau à l’époque » ), Molitor a signé deux exercices à dix-sept caramels sans pouvoir éviter la relégation des siens en 1971, pour une remontée immédiate avec ses 40 (!) tremblements de filets dans l’antichambre en 1971-1972. Après cela, l’international français (10 capes, 4 pions) a continué de flinguer du côté de Nice (avec des performances inoubliables en C3 contre le Barça et Fenerbahçe, dès sa première saison), vice-champion de France en 1975-1976. Bilan ? Soixante-quatorze réalisations en 168 apparitions en D1, avec le statut de troisième meilleur buteur strasbourgeois en championnat (83), ex-aequo avec Casimir Koza (voir #469). Et une carrière stoppée à 28 ans pour se consacrer pleinement à la kinésithérapie.

#449 - Antoine Grochulski

Antoine Grochulski
Strasbourg (1957 puis 1958-1960), Sedan (1959-1960), FC Nancy (1960-1963), Toulouse (1963-1964)

Soixante-dix-huit pions en 173 apparitions : ce sont les superbes stats d’Antoine (ou Antoni, voire Anton) Groschulski en D1 à l’issue de son tour de France. Né en Pologne et ayant fui la guerre dans son pays, ce redoutable buteur a réalisé de grandes saisons à Strasbourg (19 caramels en 1958-1959) ou Nancy (20 en 1962-1963) notamment, même s’il a encore plus soigné ses chiffres en deuxième division, lui qui a permis les remontées du Red Star (1965 avec Groschulski meilleur buteur) et de Reims (1966). Et c’est à Strasbourg, là où il a laissé une empreinte indélébile malgré un fin en eau de boudin (54 réalisations en 85 rencontres toutes compétitions confondues) qu’il s’est éteint, le 31 juillet 2018, à l’âge de 79 ans.

La réaction de Cedric Grochulski, son petit-fils : « J’ai été agréablement surpris de voir qu’après toutes ces années, il figurait parmi les 500 meilleurs joueurs. À son époque le foot pour les joueurs étrangers étaient limités en place, cela même avec d’excellente stats. Il est clair que pour moi il n’a pas forcément eu la reconnaissance qu’il aurait mérité en tant que joueur. Après, est-ce que ce qu’il la recherchait ? »

#448 - Éric Abidal

Éric Abidal
Monaco (2000-2002 puis 2013-2014), Lille (2002-2004), OL (2004-2007)

Avant de devenir une figure du FC Barcelone et de vivre un après-carrière fort agité, Éric Abidal a marqué le championnat de France, dans son couloir gauche. Lancé à Monaco sans véritablement s’y imposer, le latéral d’origine martiniquaise a migré au LOSC pour définitivement exploser – évoluant régulièrement en charnière centrale – et s’ouvrir deux ans plus tard les portes de l’équipe de France et de l’ogre lyonnais (pour un montant situé entre 8,5 et 10 millions d’euros), lui qui était né dans le coin à Saint-Genis-Laval, et formé à La Duchère. Dans son fief, il raflera trois titres de champion, vivra quelques frustrantes aventures européennes et formera le couloir gauche le plus sexy de l’Hexagone en featuring avec Florent Malouda, trois saisons durant, avant de filer en Catalogne en renflouant les caisses de l’OL (15 briques). Il reviendra même boucler la boucle en principauté après la remontée de l’ASM, à l’été 2013, portant le brassard jusqu’en février aux côtés de Radamel Falcao, James Rodríguez et consorts, avant de tirer la langue et de finir sur le banc. De quoi tout de même augmenter son total d’apparitions dans le championnat à 186 unités. Pour aucun but marqué.

#447 - Maxwell

Maxwell
PSG (2012-2017)

Comment un homme aussi discret, gentil et classe que Maxwell peut être le meilleur ami de Zlatan Ibrahimović ? Peut-être parce qu’il partage avec le Suédois l’amour des beaux buts. Car si le latéral gauche brésilien n’a pas les mêmes statistiques que son pote, il a toujours planté des golazos. Et ce ne sont pas les Lensois qui ont pris un lob du droit de 30 mètres, les Marseillais et les Rennais qui vont dire le contraire. Ni les Lillois qui ont encaissé un but après 24 secondes de jeu, un record pour le club parisien, battu depuis par Kylian Mbappé face… au LOSC. Défenseur solide, passeur hors pair, chevelure parfaite, celui qui compte trois présences dans l’équipe type de Ligue 1 et quatre titres de champion de France a souvent été mis en concurrence, mais n’a quasiment jamais goûté au banc, permettant ainsi aux plus jeunes de scruter de près ce qu’est un excellent professionnel et de prendre exemple. Même si ça n’a pas trop fonctionné pour Layvin Kurzawa.

#446 - Willy Kohut

Willy Kohut
Marseille (1933-1939)

1936-1937, saison historique pour plusieurs raisons. Pour la première fois, l’Olympique de Marseille est sacré champion de France. Et pour la première fois, le titre national se joue à la différence de buts, qui permet aux Phocéens de devancer de justesse Sochaux. L’OM compte alors, depuis plusieurs années, sur deux Hongrois au rôle déterminant : József Eisenhoffer, l’entraîneur, et Vilmos (dit « Willy » ) Kohut. L’international magyar est un ailier supersonique très apprécié par les supporters marseillais, qui le voient également soulever deux Coupes de France pendant son passage sur la Canebière (1935, 1938). L’ancien de Ferencváros est en outre réputé pour ses frappes du gauche qui, si l’on en croit la légende, sont tellement puissantes qu’elles cassent parfois les barres transversales. De quoi mieux comprendre ce qui lui vaut le surnom de « Canon hongrois » .

#445 - Victor Ikpeba

Victor Ikpeba
Monaco (1993-1999)

Pour les Monégasques, et les supporters de l’ASM en général, il est aujourd’hui difficile de dire qui est le vrai prince de Monaco. Car si Albert II règne fièrement sur la Principauté depuis dix-sept ans, Victor Ikpeba n’aura eu besoin que de six saisons pour apposer son nom sur le trône.

L’attaquant nigérian débarque sur le Rocher à 20 ans, repéré au RFC Liège par Arsène Wenger, en 1993. « Monsieur Wenger est le genre d’entraîneur qui vous repère un joueur dans n’importe quel pays. Il suivait tous les championnats, savait tout ce qui se passait » , racontait l’intéressé sur le site web de l’AS Monaco. Finaliste du Mondial U20 en 1989, Ikpeba arrive en Belgique dans la foulée, ne tardant pas à séduire le public liégeois et ses pairs, avec un Soulier d’ébène (meilleur joueur africain du championnat belge), remporté quelques semaines avant de rallier Louis-II.

Et il ne faudra pas longtemps au Super Eagle pour confirmer les attentes placées en lui en D1. Jusqu’en 1999 s’empilent en effet 223 matchs et 77 réalisations, aussi belles qu’importantes. Un rendement majuscule, embelli par la rude concurrence de Jürgen Klinsmann, Sonny Anderson, Thierry Henry ou David Trezeguet. Ikpeba : « Les gens ne le savent pas, car je n’ai jamais rienlaissé transparaître, mais sportivement, j’ai souffert à Monaco. La concurrence était tellement forte, avec ces mecs extraordinaires, que je me faisais violence à chaque entraînement. Je finissais chaque séance avec des crampes, parce que je voulais en faire plus que les autres, pour que les coachs me fassent jouer. Car sans ça, je savais que j’étais mort, que je ne jouerais jamais. »

Des sacrifices payants, qui lui permettront, entre autres, de s’offrir une année 1997 d’anthologie, sous les ordres de Jean Tigana : d’abord en sauvant l’honneur asémiste lors d’une cruelle demi-finale de Coupe de l’UEFA perdue face à l’Inter, ensuite en étant élu joueur africain de la saison et, enfin, en remportant le titre de champion de France. Au point que lors du mercato estival suivant, et alors qu’un contrat l’attend à la Reggina, sa femme Atinuke, trop heureuse à Monaco, l’enfermera astucieusement dans sa chambre, lui faisant manquer son avion. Grand bien lui en aura pris, puisque Victor Ikpeba pointe aujourd’hui au sixième rang des buteurs de l’histoire du club. Le vrai prince.

#444 - Gérald Passi

Gérald Passi
Montpellier (1981-1982), Toulouse (1985-1990), Monaco (1990-1992), Saint-Étienne (1992-1995)

Ceux qui ne l’ont pas connu se posent sans doute la question : mais quel genre de joueur était Gérald Passi ? Le mieux, c’est sans doute de laisser l’intéressé se décrire, comme il l’a fait dans un entretien accordé à So Foot, en 2016 : « Meneur de jeu à l’ancienne, numéro 10. Pas une grosse culture défensive, même si je m’y suis mis lorsqu’il a fallu, notamment à Monaco. J’aimais donner le ballon, faire des passes, jouer long. À l’époque, ça se faisait beaucoup. Les passes longues dans des intervalles. Je n’étais pas vraiment un dribbleur, mais j’aimais bien ça quand même. » Formé à Montpellier, le frère de Franck Passi – dont il a parfois été le coéquipier – a indéniablement vécu ses plus belles heures avec Toulouse. C’est d’ailleurs sous le maillot violet que l’Albigeois a inscrit un triplé face au Spartak Moscou de Rinat Dasaev, alors considéré comme étant l’un des meilleurs gardiens de la planète. Souvent insaisissable et inspiré quand il jouait avec insouciance, le talentueux milieu offensif a ressenti davantage de pression à partir du moment où il a intégré l’équipe de France, certains voyant en lui le successeur de Michel Platini. Un héritage évidemment bien difficile à assumer. « J’étais réaliste, je ne manquais pas d’ambition, a assuré l’ancien Monégasque et Stéphanois. Je faisais du Passi, et l’histoire me donne raison. Pour l’instant, des Platini, il n’y en a pas eu cent. » Compliqué de prétendre le contraire.

#443 - Samir Nasri

Samir Nasri
OM (2004-2008)

Au milieu des années 2000, l’Olympique lyonnais n’était pas la seule raison de tomber amoureux du championnat de France : à partir de 2004, le Vélodrome s’est découvert un petit prince de la génération 1987, qui a brillé dans l’élite pendant trois ou quatre ans (avec ses compères Franck Ribéry, Djibril Cissé ou Mamadou Niang) avant de partir faire carrière outre-Manche. Avant ça, ce pur produit de la Commanderie (lui qui a grandi dans un quartier de Septèmes-les-Vallons) avait eu le temps de faire admirer sa bouille, sa vista au poste de milieu offensif, sa conduite de balle unique, son caractère déjà bien trempé, ses caviars, ses crochets pleins d’amour et ses quelques buts d’anthologie, montant en puissance saison après saison (3 pions et 5 passes dé en 2006-2007, 6 réalisations et 10 offrandes la saison suivante) pour être élu meilleur espoir de Ligue 1 à l’issue de l’exercice 2007-2008, en guise d’adieu à la France après avoir accroché deux podiums consécutifs avec l’OM (deuxième en 2007, troisième en 2008). « La saison 2006-2007 avec Albert Emon, grâce au club, à Albert et à la confiance qu’il m’a donnée, je me retrouve international à 19 ans, et cette saison-là, franchement, je n’avais peur de personne au milieu. Tu pouvais me ramener qui tu voulais, il n’y avait pas de problème » , rejouait-il en mars dernier pour les médias de l’OM. Peut-être la plus fidèle définition du mot frisson.

#442 - Philippe Piat

Philippe Piat
Strasbourg (1965-1966 puis 1967-1970), Monaco (1966-1967), Sochaux (1970-1972)

Insaisissable en 1964-1965 avec Dijon, qu’il guide au titre de champion de France amateur en plantant 30 buts, Philippe Piat réalise le grand saut dans la foulée en rejoignant l’élite, à Strasbourg. Pendant sept ans, l’attaquant né à Casablanca va terroriser les défenses de l’élite. Il claque 20 réalisations sous le maillot du Racing en 1969-1970, saison où le club se classe cinquième, dans le sillage du trio offensif formé par Wolfgang Kaniber, Marc Molitor et donc Philippe Piat, qui transforme 13 penaltys, « sans en rater un seul, ce qu’aucun autre footballeur n’avait et n’a depuis réussi au sein de l’élite » , souligne le site de l’UNFP. Il place la barre encore plus haut l’année suivante à Sochaux en inscrivant 21 buts. Il a mis un terme à sa carrière avec le joli total de 102 réalisations dans l’élite, avant de se reconvertir au sein de l’Union nationale des footballeurs professionnels (puis de la FIFPRO). Les pieds dans le Piat.

#441 - Daniel van Buyten

Daniel van Buyten
OM (2001-2004)

Avec Daniel Van Buyten, la Belgique a offert à la France un énième talent, symbole du lien footballistique unissant les deux pays depuis près d’un siècle maintenant. Pourtant, le géant de Chimay ne sera resté que trois saisons à l’Olympique de Marseille. Le temps de ramener l’écurie phocéenne à sa place, après quelques années de galère. Car au début du XXIe siècle, l’OM rencontrait les plus grandes peines du monde. En crise sportive et institutionnelle, le club s’est ainsi résolu à repartir de plus bas, en misant sur de jeunes recrues.

Quand il débarque sur la Canebière en provenance du Standard de Liège à l’été 2001, Van Buyten n’a ainsi que 23 ans, convaincu par Tomislav Ivić, futur-ex coach éphémère, aux côtés d’une autre promesse : Joseph Yobo. « Avant d’accepter le transfert, j’ai discuté avec Bernard Tapie, précisait l’intéressé à La Provence. Lors des premiers contacts qu’on a eus, il me dit: « Je vais faire de toi l’un des meilleurs défenseurs centraux du monde. Mais, pour ta progression, tu dois quitter la Belgique. » Il a eu des mots tellement forts que pour moi, il n’y avait plus de doute. Le transfert était fait. » Successivement associé au Nigérian, à Eduardo Tuzzio, à Frank Lebœuf puis à Abdoulaye Meïté, « Big Dan » sera le seul à ne pas bouger de ces différentes charnières.

Une marque de fiabilité absolue, malgré six entraîneurs passés sur le banc, pour le taulier wallon. Quatre-vingt-dix huit rencontres, auxquelles s’ajouteront également quinze buts (dont six lors de la seule campagne 2002-2003), symbole de la maîtrise technique de celui qui culmine à 1,97 mètre. Jusqu’à son départ en 2004 : « José Anigo est revenu entraîner le club, racontait-il à FootMarseille. Un jour, j’ai été appelé dans son bureau où il m’a signifié que le président ne me considérait plus dans le noyau du groupe et que j’allais être transféré. J’ai été voir le président qui m’a dit que c’était l’entraîneur qui ne comptait plus sur moi. Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait, mais Anigo m’a dit que si je restais, je ne jouerais plus… Je me sentais poussé vers la sortie, quand est arrivée la proposition de prêt à Manchester City. Je n’aurais jamais quitté l’OM pour un club comme City, mais pour un grand club. Et certainement pas en prêt ! Mon départ m’a vraiment déçu et je n’en ai jamais vraiment compris les motivations… » Marseille non plus.

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