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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (430-421)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#430 - Bolek Tempowski

Bolek Tempowski
Lille (1945-1951), Strasbourg (1951-1952), Montpellier (1952-1953)

« Joueur d’attaque, vif, rapide et tenace » , Bolek Tempowski était des premières heures du LOSC. Auteur de 17 buts lors de la conquête du titre en 1945-1946, l’attaquant complète son palmarès en y ajoutant trois Coupes de France – et un statut d’international français acquis en 1947. Après avoir fait le bonheur des Dogues, ce « monument du football lillois » , tel que le décrit Football the Story, file à Strasbourg et enfin à Montpellier, où il met un terme à sa carrière en 1954. Qui sème le vent récolte le Tempo.

Crédit photo : FFF

#429 - Éric Edwige

Éric Edwige
Angers (1967-1968, 1969-1975 puis 1976-1977)

Avant d’être le nom du volatile porte-bonheur du plus célèbre des sorciers, Edwige a d’abord été celui d’un brillant joueur du SCO, pilier du club pendant une bonne dizaine d’années (pour plus de 360 matchs), qui a fait plusieurs fois l’ascenseur, mais aussi squatté le top 5 de D1 (quatrième, cinquième puis quatrième entre 1971-1972 et 1973-1974) avec la formation du Maine-et-Loire, lui qui venait de Mutzig en troisième division. « Pour moi, c’était un amusement, le football. Je ne voulais pas partir (de Guyane). Je ne pensais même pas à devenir professionnel. Aucun Guyanais ne l’était, j’allais devenir le premier » , expliquait dans les colonnes du Courrier de l’Ouest celui qui a donc fait office de pionnier pour son territoire. Forcément, cela n’a pas été de tout repos : « J’étais le plus jeune et un joueur de couleur. Cela dit, je n’ai pas souffert de racisme à Angers. Hormis les adversaires qui me disaient : retourne sur ton cocotier. Mais moi, ça me motivait. » Attaquant ou numéro 10, il avait notamment été le héros angevin, un jour de déplacement au stade du Ray de Nice le 20 septembre 1972, signant un superbe triplé pour placer son équipe à la première place du championnat.

« C’était une belle revanche, rembobinait-il également pour le quotidien local. Trois jours avant, j’avais été sifflé par le public de Jean-Bouin. Je suis sorti vexé et je suis parti. Je voulais arrêter le football. L’entraîneur (Ladislas Nagy) est venu chez moi à minuit. Nous avons beaucoup discuté. Et à la fin, je lui dis : « Je viens à Nice si je suis titulaire. » J’ai beaucoup ruminé dans le train, sur les critiques des journaux. À Nice, j’ai vu le milieu niçois Jean-Noël Huck et je lui ai dit : « Ce soir, vous allez prendre cher car je suis fâché. » » Et s’il a fait toute sa carrière en D1 au même endroit (avant de terminer à Montpellier et Béziers dans les divisions inférieures), signant 65 pions en 263 rencontres dans l’élite, c’est aussi par contrainte, à une époque où Jean-Marc Bosman venait à peine de naître : « Tu signais dans un club à vie. Si les dirigeants voulaient te garder, tu n’avais pas le choix, tu devais rester. Nous avons fait des grèves, nous sommes montés à Paris pour changer ce système, et si aujourd’hui, cela a bien évolué, c’est grâce à ces années. » Définitivement au commencement.

#428 - Moussa Saïb

Moussa Saïb
Auxerre (1992-1997 puis 2000-2001), Monaco (2001), Lorient (2002)

Grand nom du foot algérien (73 capes et une CAN décrochée en 1990), le milieu offensif a également fait la gloire de la mythique AJA vainqueur de la Coupe de France (avec un but en finale pour l’Algérien) et troisième de D1 en 1994, quart-de-finaliste de C2 en 1995 et surtout auteure du doublé coupe-championnat l’année suivante . Au total, Saïb a porté les couleurs bourguignonnes pendant cinq saisons, dont plusieurs mois en réserve, Guy Roux l’y ayant envoyé à son arrivée en provenance de la JS Kabylie, alors qu’il avait 23 printemps et était déjà une star locale avec ses titres décrochés dans son pays. Une humiliation ? « Non, plutôt une preuve d’humilité, rétorquait-il en 2010 à Algerie360. En dépit du statut que j’avais en Algérie, j’avais beaucoup à apprendre et j’en étais parfaitement conscient. L’entraîneur Guy Roux avait été honnête avec moi en m’expliquant qu’il me fallait une période d’adaptation. Durant les premiers mois, j’avais évolué dans l’équipe réserve, moi l’international. Je l’ai fait sans complexe, car je savais que j’avais des choses à apprendre et, surtout, tout à prouver. On a beau être champion d’Algérie et champion d’Afrique, la vérité est que le championnat d’Algérie était – et il l’est toujours – mal considéré. Il faut prouver sa valeur et se mettre à niveau. » Pilier à Auxerre (où l’on se souvient de quelques superbes buts), il reviendra même à l’Abbé-Deschamps en 2000 après avoir baroudé avec plus ou moins de réussite (Valence, Tottenham et les Émirats), terminant sa carrière en D1 par de courtes piges à l’AS Monaco et au FC Lorient. Une fierté algérienne et auxerroise, pour l’éternité.

#427 - Robert Barraja

Robert Barraja
Nice (1977-1982), Metz (1983-1985), Strasbourg (1985-1986)

« J’ai une casserole que j’assume parfaitement… C’est un 45 tours enregistré en 1985 avec mon coéquipier de Metz Robert Barraja. Ça s’appelait Rêve de gosse, j’ai même fait du play-back dessus en première partie de Patricia Kaas » : Philippe Hinschberger le musicos n’a pas oublié Robert Barraja – en témoigne cet extrait d’interview accordée à La Nouvelle République – et la D1 non plus. Solide latéral gauche de l’équipe de sa ville, Nice, au tournant des années 1970-1980, Barraja a également fait les beaux jours de Metz et de Strasbourg dans l’élite. Et s’il a surtout écrit son histoire en coupe (finale de Coupe de France 1978 avec le Gym, puis victoire avec les Grenats, exploit messin au Camp Nou lors de la C2 1984-1985) et joué le maintien dans le championnat de France, il compte tout de même plus de 220 apparitions dans celui-ci. Aujourd’hui, il profite de sa retraite pour explorer une ribambelle de professions.

#426 - Rudi Voller

Rudi Voller
OM (1992-1994)

En 1992, ce n’est pas n’importe quel attaquant qui débarque sur la Canebière. Le gros coup de Bernard Tapie se nomme Rudi Völler. Un bomber d’expérience pour guider l’OM vers les sommets. À 32 piges, le champion du monde allemand n’est pas rassasié et n’a rien perdu de son sens du but. Il forme ainsi un duo détonnant avec le jeune Alen Boksić, claquant dix-huit pions en championnat et participant à la fin de saison historique des Olympiens, entre le sacre en Ligue des champions contre l’AC Milan et le titre en D1 une semaine plus tard à la suite d’un succès contre le Paris Saint-Germain. « Avant le coup d’envoi, lorsque nous avons couru du couloir au rond central, c’était sensationnel. J’en avais des frissons. Le public nous portait » , racontera-t-il plus tard. Des grandes joies et des grandes peines, provoquées en grande partie par l’affaire VA-OM. Dans ce contexte, Völler vit une seconde saison moins prolifique, mais accompagne un autre jeune, Sonny Anderson. En fin de contrat au moment de la relégation administrative, Völler met les voiles pour retourner en Allemagne. « En tant qu’ancien de l’OM, la situation du PSG ne m’intéresse pas. Seul Marseille m’intéresse, lâchait-il, malin, à France Football, avant d’évoquer cette aventure contrastée. Je ne peux pas oublier mon passage à l’OM. Et surtout pas la victoire en Ligue des champions. Mais il y avait aussi beaucoup de stress et d’ennuis. Je pourrais raconter beaucoup de choses, surtout après avoir eu Bernard Tapie comme président. Il y a quantité d’éléments sur lesquels on peut sourire ou pas, comme l’affaire VA-OM de 1993. Mais je ne regrette pas d’y avoir joué, surtout la première saison, qui s’est révélée être une sorte de rêve. Nous ne savions pas ce que signifiait la défaite. »

#425 - Patrick Blondeau

Patrick Blondeau
Monaco (1989-1997), Bordeaux (1998), Marseille (1998-2001)

Coïncidence ou non, dès qu’il y a eu une bagarre générale lors d’un match d’une équipe française dans les années 1990, Patrick Blondeau n’était jamais très loin. La fameuse bagarre à Bologne avec l’OM ? Patoche est là pour mettre un coup de boule à un policier casqué. La bagarre entre l’OM et son ancien club de Monaco, avec qui il a remporté un titre de champion de France, lors de laquelle Marcelo Gallardo s’est fait agresser dans les couloirs ? Patoche est encore là pour mettre une gifle à Marco Simone. Un geste que l’attaquant italien n’a pas vraiment apprécié : «  J’ai décidé de porter plainte, car je ne suis pas le premier à qui arrive cette mésaventure, mais je souhaite être le dernier. » Il faut dire que le gamin des quartiers Nord de Marseille, en plus d’être un latéral droit de devoir, est «  un garçon de la rue » qui n’est plus vraiment lui-même dès qu’il entre sur une pelouse, comme il le confiait à Libération : « Quand je rentre sur un terrain, je suis « robotisé ». » Un robot qui ressemble plus à Terminator qu’à WALL-E.

#424 - Hatem Ben Arfa

Hatem Ben Arfa
Lyon (2004-2008), OM (2008-2011), Nice (2015-2016), PSG (2016-2018), Rennes (2018-2019), Bordeaux (2020-2021), Lille (2022)

Comment classer Hatem Ben Arfa ? Pour ceux qui préfèrent retenir le joueur frustrant, irrégulier, agaçant et collectionnant les échecs au milieu de quelques coups d’éclat, il n’a rien à faire aussi haut. Pour les autres, qui ont encore des étoiles dans les yeux en repensant à ses débuts à l’OM et surtout à sa saison dantesque à Nice, il est beaucoup trop bas. C’est peut-être le destin de HBA, cette faculté à constamment provoquer le débat. Il aurait pu rester ce gamin s’embrouillant avec Abou Diaby dans le documentaire À la Clairefontaine, mais il avait trop de talent pour cela. On l’a donc vu débouler à Lyon, à 17 piges seulement, laissant planer les promesses d’un avenir génial. Les promesses sont restées trop souvent des promesses, c’est le credo de Ben Arfa, ce joueur à fort potentiel éternel. Le meilleur espoir de la saison 2007-2008 est incompris et souvent incompréhensible, comme lorsqu’il fait le forcing jusqu’à la commission juridique de la LFP pour quitter un Olympique pour un autre.

Pendant sa carrière, Ben Arfa s’est brouillé avec à peu près tous les dirigeants et les coachs qu’il a pu croiser, sans oublier ses partenaires, Djibril Cissé et Modeste M’Bami pourront en témoigner. Ses débuts à l’OM avec une prestation exceptionnelle à Rennes annonçaient pourtant un mariage excitant, avant que HBA ne fasse du HBA en refusant d’entrer en jeu lors d’un match contre le Paris Saint-Germain pour protester contre son statut de remplaçant. Un gars définitivement à part qui n’a laissé personne insensible lors de sa parenthèse enchantée à Nice, où il a marché sur l’eau sous les ordres de Claude Puel (17 buts, 6 passes décisives). Une saison comme une exception qui aurait dû être la norme dans la carrière de Ben Arfa, qui est retombé dans ses travers au PSG. Il y aura bien eu un petit sursaut au Stade rennais, avec des rushs de folie, des beaux buts et une Coupe de France, mais le joueur imprévisible a choisi de s’en prendre à Julien Stéphan, avant d’ajouter deux clubs français à son tableau de chasse, Bordeaux et Lille, où il ne laissera aucun souvenir marquant. Alors, trop haut ? Trop bas ? À vos arguments.

#423 - Ilija Pantelić

Ilija Pantelić
OM (1971), Bastia (1971-1974), PSG (1974-1977)

Avant Dominique Baratelli, Joël Bats, Bernard Lama, Paul Orsatti, Pierrick Hiard ou Bruno Valencony, le Paris Saint-Germain et le Sporting Club de Bastia ont connu leur premier portier d’envergure internationale dans les années 1970 en la personne d’Ilija Pantelić. Formé chez le géant Vojvodina Novi Sad, dans sa ville natale (avec lequel il inscrira onze buts, dont un face à l’Atlético en C1, fait alors inédit en compétition européenne), « Panto » débarque en France en 1969.

En réalité, le portier avait donné son accord à l’Olympique de Marseille un an auparavant, au sortir d’un Euro italien achevé en finale. La réglementation yougoslave n’autorisant ses joueurs à quitter le pays qu’à 27 ans, l’intéressé a donc patienté douze mois. Désiré à l’OM, il ne foulera cependant pas la pelouse du Vélodrome, en raison du quota d’étrangers dépassé par l’écurie phocéenne. Direction donc Paris-Neuilly (aujourd’hui RC Joinville), propriété du président marseillais Marcel Leclerc, en prêt, en D2. Période de rodage, qui se transformera finalement en révélation, pour celui qui signe à Bastia en 1971, à 29 ans.

Après seulement deux matchs à Marseille, la Corse lui ouvre en effet la porte, pour lui forger un statut de taulier. 129 matchs entre 1971 et 1974, mais surtout un caractère de feu. Pour éviter de « perdre son honneur » , il refuse ainsi de s’échauffer devant un but, afin de n’encaisser la moindre frappe avant le coup d’envoi. Il n’hésitera d’ailleurs pas à s’en prendre au moindre coéquipier osant lui marquer un but à l’entraînement. Finaliste de la Coupe de France en 1972, Pantelić symbolisera l’ère du grand Sporting, aux côtés de Neumann, Rep ou Tarantini. Monument en Corse, il choisira donc de rallier Paris en 1974, à 32 ans. Fin de carrière programmée ? Loin de là. En 114 parties, « King Kong » écrit les chapitres introductifs de ce que deviendra le PSG sous Daniel Hechter. Une muraille fissurée le soir de son dernier match, en 1977, par son compatriote Dragan Džajić. Comme un symbole, il s’agira d’un déplacement à Furiani, voyant l’élégant attaquant faire plier le dernier rempart durant 90 minutes, ponctuées d’un corner rentrant. Pour embellir un peu plus la légende Ilija Pantelić le grand.

#422 - Frank Verlaat

Frank Verlaat
Auxerre (1992-1995)

Avant, il y a eu Alain Roche. Après, il y aura Laurent Blanc. Mais entre les deux, impossible de passer sous silence les trois magnifiques saisons réalisées par Frank Verlaat au sein de la charnière de l’AJ Auxerre. Le défenseur à la nuque longue blonde aisément reconnaissable est enrôlé par Guy Roux à l’été 1992. Les deux hommes se rencontrent en Suède, pendant l’Euro. « Il m’a invité dans un hôtel où séjournaient tous les journalistes, rembobine le Néerlandais pour So Foot. Alors, pour que ces derniers ne lui posent pas de questions, il m’a fait passer pour son neveu suédois. C’est comme ça qu’on a pu discuter tranquillement. Tout le monde l’a cru, car j’étais blond et ma copine aussi. Ce n’était pas bête. » Sous la tunique blanche barrée du sponsor Duc, le joueur formé à l’Ajax fait valoir la qualité de son jeu de tête, sa maîtrise technique et la pureté de sa relance, qui ont peu d’équivalent en D1. Avec lui, l’AJA s’offre en outre une demi-finale de Coupe UEFA contre le Borussia Dortmund – buteur d’un coup de casque mémorable, Verlaat pousse le BvB jusqu’en prolongation – et conquiert le premier trophée de son histoire, la Coupe de France 1994. Plutôt pas mal, le neveu suédois de Guy Roux.

#421 - Roland Mitoraj

Roland Mitoraj
Saint-Étienne (1958-1962 puis 1963-1970), PSG (1971-1972), Bordeaux (1972-1974)

À quatorze ans, Roland Mitoraj mène une vie qui laisse peu de place à la rigolade. L’adolescent passe une semaine à l’école pour trois… à la mine, du côté de la bien nommée commune de Saint-Éloy-les-Mines. « Je descendais 500 mètres plus bas que mon père, dévoile-t-il au Progrès, en 2021. Je travaillais au culbuteur, on vidait jusqu’à 700 chariots par jour. C’était très dur, j’en étais malade rien que d’y aller. » Heureusement pour lui, le gamin originaire de Bourges devient footballeur professionnel, ce qui lui permet de délaisser ses outils au profit des chaussures à crampons. Ce défenseur d’1,76 m, dévoué et doué de la tête, passe douze saisons à Saint-Étienne. Chez les Verts, il s’impose petit à petit et garnit son palmarès de cinq titres de champion de France, dont quatre d’affilée (1964, 1967, 1968, 1969, 1970), sans oublier deux Coupes de France (1968, 1970). Celui qui compte trois sélections avec l’équipe de France aide ensuite le PSG à monter en D1, puis boucle sa carrière à Bordeaux. Loin des angoisses du travail à la mine.

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