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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (40-31)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#40 - Sonny Anderson

Sonny Anderson
OM (1994), Monaco (1994-1997), OL (1999-2003)

Aux côtés de Carlos Mozer, Raí, Juninho ou Ronaldinho, Sonny Anderson fait partie des Brésiliens ayant marqué la Ligue 1, du milieu des années 1990 au début des années 2000. Une décennie de coups de rein, de buts et de célébrations mythiques, pour l’un des meilleurs attaquants de sa génération. En entame de son ascension hexagonale, « El Pistolero » a d’abord posé ses valises à Marseille, en janvier 1994. Après avoir fait une excellente impression avec le Servette en match de préparation face à l’OM, Anderson débarque en effet dans le flou marseillais, au détour d’une manœuvre financière astucieuse. Interdits de recrutement, les Phocéens ont en effet négocié avec leurs homologues suisses, afin d’obtenir le prêt du joueur, gratuitement, en échange d’indemnités versées une fois la sanction de l’UEFA levée. En six mois, « Sonnygol » régale, plantant seize fois, en seulement vingt rencontres.

Parti pour s’installer sur la Canebière, l’intéressé est cependant contraint de plier bagage, six mois à peine après son arrivée, la faute à la relégation administrative du club, des suites de l’affaire « VA-OM » . Tant pis pour Marseille, et bravo à Monaco, qui récupère la machine à marquer. À 24 ans, Anderson franchit en effet un nouveau cap à Louis-II, enchaînant des saisons à 16, 23 puis 27 buts jusqu’en 1997. C’est bien simple, durant ses dix ans passés en France, jamais le Goiano ne descendra en dessous de la barre des 15 pions annuels. Vainqueur de la D1 et élu joueur de la saison en 1997, sous le commandement de Jean Tigana, l’avant-centre décidera de tenter l’expérience des plus grands en rejoignant le FC Barcelone. « La France perd Anderson » titrera d’ailleurs L’Équipe lors de sa présentation en Catalogne. Reconnu par ses pairs, il s’offrira même un petit frisson de sept capes (et une réalisation) avec les Auriverdes. La récompense ultime.

En club, l’aubaine barcelonaise est donc immanquable, pour celui que l’on charge de remplacer Ronaldo parti à l’Inter, mais l’aventure est gâchée par le Pélican, Louis van Gaal, peu friand de ce feu follet au caractère parfois bien trempé. Désireux de revenir sur ses pas, Anderson choisit finalement le pari lyonnais, dans un OL alors en belle progression. Une mise gagnante, lui permettant de finir en tête du classement des buteurs pour ses deux premières campagnes, auréolée de 94 buts en 161 apparitions et des deux premiers titres du septuplé légendaire (2002 et 2003). Lyon, c’est Sonny. La Ligue 1, c’est Anderson.

#39 - Edinson Cavani

Edinson Cavani
PSG (2013-2020)

Débarqué au PSG à l’été 2013 contre 62 millions d’euros et une étiquette de meilleur buteur du championnat italien, Edinson Cavani aurait pu exiger de jouer en pointe, son poste de prédilection. Et ce, même si Zlatan Ibrahimović était le patron du vestiaire parisien. Sauf que cela ne ressemble pas à l’Uruguayen, qui se sacrifie pour évoluer sur un côté. Il faut dire que pour le Matador, le sacrifice fait partie de ses principes comme il l’a évoqué dans une interview à So Foot en 2016 (#136) : « Le sacrifice me permet d’avoir l’esprit tranquille, de dormir avec la sensation du devoir accompli. Ça vient de ma famille. Mes parents ont toujours lutté dans la vie. Ils ont essayé de nous inculquer le respect pour l’autre, peu importe qui il soit, le travail et le sacrifice pour faire face à la vie. » Et puis de toute façon, jouer sur un côté lui permet de faire ce qu’il aime le plus faire : courir, faire des appels, revenir défendre pour aider ses potes en galère, presser les défenseurs adverses.

Cela ne l’empêche pas non plus de marquer des buts, comme a pu l’apercevoir Mickaël Landreau qui s’est pris un violent dribble de l’Uruguayen. Car oui, même si cela lui arrive de rater des actions « faciles » , Edinson Cavani n’est pas maladroit avec ses pieds, et encore moins avec sa tête. Il l’a d’ailleurs prouvé une fois le départ de Zlatan acté et sa place d’avant-centre retrouvé avec une saison 2016-2017 à 35 pions en 36 matchs de Ligue 1. De quoi lui offrir le trophée de meilleur buteur du championnat – qu’il gagne à nouveau la saison suivante – et de meilleur joueur. Des buts célébrés le plus souvent en courant la gueule ouverte et les bras écartés, à l’image de son coup franc au Vélodrome à la dernière seconde pour permettre au PSG d’arracher le nul et de conserver sa série d’invincibilité face à l’OM. Un style qui diffère totalement de l’homme en civil qui s’en va pendant des heures en nature pour aller observer les oiseaux : « Je suis passionné par les oiseaux depuis mon enfance. Ça m’arrive de prendre mes jumelles et d’aller les observer. Je suis passionné d’ornithologie : les oiseaux de mon pays, mais aussi les oiseaux tropicaux. On en élève dans notre maison en Uruguay. C’est une passion familiale, partagée avec mon frère, mes cousins, mon père. » Et s’il est parti par la petite porte du championnat de France, la faute à la pandémie du Covid-19, il n’en reste pas moins une légende de la Ligue 1. Et du PSG dont il est avec ses 200 buts le meilleur buteur de l’histoire. En attendant que Kylian Mbappé ne le dépasse.

#38 - József Újlaki

József Újlaki
Stade français (1947-1948), Sète (1948-1950), Nîmes (1950-1953), Nice (1953-1958), RC Paris (1958-1964)

Il aurait pu rester en Hongrie, sa terre natale, berceau de footballeurs de légende. Mais il est finalement venu illuminer les pelouses de France, et on ne peut que s’en féliciter. József Újlaki est devenu Joseph Ujlaki, le nom sous lequel il a martyrisé, pendant plus d’une quinzaine d’années, les défenses de D1. Technicien hors pair à la conduite de balle élégante, cet attaquant ou ailier droit a laissé une trace indélébile à Sète, puis a bien failli réaliser un exploit avec Nîmes, promu ayant échoué à un point du titre national en 1951. Le temps de la consécration est arrivé un peu plus tard, du côté de Nice. Vainqueurs de la Coupe de France en 1954, « Monsieur Joseph » et les Aiglons ont été sacrés champions de France en 1956. Recruté par un Racing désireux de retrouver son lustre d’antan, le Budapestois a continué à être irrésistible pendant plusieurs saisons (22 buts en 1959-1960, 21 en 1960-1961), même si les Franciliens n’ont jamais vu leur quête du graal couronnée de succès. Auteur de 190 réalisations en 438 matchs, Ujlaki reste encore, à ce jour, le septième meilleur buteur de l’histoire du championnat hexagonal. Tout juste regrettera-t-on que son caractère bien trempé et la concurrence de Raymond Kopa l’aient empêché d’avoir une carrière internationale à la hauteur de son immense talent (21 sélections, aucune Coupe du monde). Un immense talent qui lui permet toutefois d’accéder à une place de choix dans notre Top 1000.

#37 - Marcel Desailly

Marcel Desailly
Nantes (1986-1992), OM (1992-1993)

Avant de connaître le succès à l’AC Milan, puis de devenir « The Rock » à Stamford Bridge, Marcel Desailly avait eu le temps de marquer de son empreinte le championnat de France. Quatre exercices pleins dans son club formateur, le FC Nantes (malheureusement dans une période de vaches maigres, celle de Miroslav Blažević), pour exploser en même temps que son pote Didier Deschamps, faire honneur à son défunt demi-frère Seth Adonkor (voir #823) et être la victime, à la Jonelière, d’un reportage gerbant de Pascal Praud ; puis un an à former une redoutable paire avec Basile Boli au Vélodrome, l’année du sacre en Ligue des champions. Pas mal pour quelqu’un qui avait été accueilli par Raymond Goethals d’un « Tu n’arrives pas à la cheville de Carlos Mozer » . Il reste sans doute l’un des plus talentueux défenseurs passés chez les Jaune et Vert, mais aussi à Marseille. Chauffe, Marcel !

#36 - George Weah

George Weah
Monaco (1988-1992), PSG (1992-1995), Marseille (2000-2001)

«  Quand George arrive, à l’entraînement, on se dit que ce n’est pas possible. Le moins bon de tous, c’est lui. Arsène n’arrêtait pas de répéter que c’était un phénomène, mais il était catastrophique. Il n’arrivait pas à faire une passe. Et Arsène l’a pris en main et l’a fait bosser, bosser, bosser. On restait avec Amoros et on centrait à la fin des séances. On lui mettait des ballons, il se retournait et il frappait. Chaque fin d’entraînement, Arsène restait avec lui.  » À écouter Luc Sonor, les premiers pas de George Weah à l’AS Monaco n’étaient pas fabuleux. Du moins à l’entraînement. Car l’actuel président du Liberia n’a pas mis longtemps à apprivoiser le championnat de France en claquant 14 pions pour sa première saison sur le Rocher. Il faut dire qu’à force de s’entraîner sans relâche, Big George est devenu l’attaquant ultime : puissance, vitesse, dribble, frappe, précision, jeu de tête. C’est bien simple, celui qui distribuait les plateaux repas du PSG non mangés à des SDF savait tout faire. Un cauchemar pour les défenseurs et pour les gardiens qui avaient peur de se faire mal aux doigts en tentant de freiner une praline de Weah.

Pourtant, le Libérien n’a jamais dépassé la barre des 18 buts – lors de sa dernière saison à l’AS Monaco – en Division 1. Et encore moins au PSG où il s’est arrêté à 14. Tout simplement car il gardait ses forces pour la Coupe d’Europe où, là, il enquillait les buts, à l’image de son chef-d’œuvre à Munich où il s’amuse de la défense du Bayern avant de détruire les filets d’Oliver Kahn. Il n’en reste pas moins que le père de Timothy, actuellement au LOSC, a rayonné dans notre beau championnat de France. Et si Jean-Pierre Papin est le seul joueur à avoir obtenu un Ballon d’or en évoluant dans le championnat de France, George Weah a tout de même évolué 6 mois au Paris Saint-Germain lors de son Ballon d’or 1995 obtenu à l’AC Milan. Premier et toujours seul joueur africain à recevoir cette récompense, Weah partage avec JPP un autre point commun : ils ont tous les deux évolué à l’OM. Car oui, après avoir reçu une banderole barrée de croix celtiques « Weah, on n’a pas besoin de toi  » pour son dernier match au Parc des Princes, Big George est parti terminer sa carrière sur la Canebière où il a permis à Marseille de se maintenir en Division 1 avec ses 5 buts. Mais ce n’est pas forcément grâce à cette saison que George Weah est placé si haut dans notre classement.

#35 - Fleury Di Nallo

Fleury Di Nallo
Lyon (1960-1974), Red Star (1974-1975)

Le 20 août 1960, un jeune Lyonnais de 17 ans fait ses débuts sous le maillot de l’OL. Le public découvre alors Fleury Di Nallo. Le garçon timide, qui vouvoie son idole Roger Piantoni, va rapidement laisser place à un attaquant plein d’assurance. À tout juste 19 ans, il claque une saison à 18 buts en D1. Dans son sillage, les Gones se hissent pour la première fois dans le top 5 de l’élite en 1963 et 1964. Stoppé dans son élan par une double fracture tibia-péroné à 25 ans, Di Nallo, de son propre aveu, ne retrouvera jamais son niveau d’avant. Il reprend néanmoins le manche, tant bien que mal, et plutôt bien puisque sans tirer les penaltys, il plante pas moins de 187 buts en D1. « Je n’avais pas une bonne frappe, glissait-il pourtant sur le site de l’OL. Mon jeu, c’était de partir avec la balle, dribbler et faire des pichenettes face au gardien. Je faisais beaucoup marquer, car si j’étais un dribbleur, je jouais aussi beaucoup à une touche de balle. C’était tout en déviations. On peut dire que j’étais un attaquant complet, pas seulement un buteur. » Angel Rambert, Nestor Combin, Serge Chiesa et Bernard Lacombe profitent tout particulièrement des offrandes du Petit Prince de Gerland. Comme un symbole, Di Nallo marquera son ultime but en D1, sous le maillot du Red Star, dans ce stade qui l’a tant applaudi. « Imaginez bien : je ne joue plus depuis quarante ans, mais les gens pensent encore à moi. Ça veut dire ce que ça veut dire » , nous confiait le meilleur buteur de l’histoire de l’OL en 2015. Comme lui a dit le général de Gaulle au moment de lui remettre la Coupe de France en 1967 : «  C’est bien, petit. »

#34 - Didier Deschamps

Didier Deschamps
Nantes (1985-1989), OM (1989-1990 puis 1991-1994), Bordeaux (1990-1991)

Installé en D1 avant sa majorité, capitaine de Nantes – son club formateur – à 19 ans, parti à Marseille avant ses 21, DD a tout fait très vite, dans le championnat de France. En quatre saisons sur la Canebière (avec au milieu un prêt à Bordeaux alors qu’il peinait à s’imposer à l’OM) au sein d’une équipe remplie d’étoiles, le Basque terminera trois fois champion (le titre de 1993 sera ensuite annulé) et c’est lui qui soulèvera, brassard au bras, la seule Ligue des champions du foot français, dans la nuit de Munich le 26 mai 1993. Ayant déjà assez fait étalage, dans le championnat, de son intelligence de jeu et de son âme de leader parmi les leaders, le milieu défensif quittera l’Hexagone à 25 balais, au moment de la chute de l’OM. Seulement le début de la gloire pour la Dèche.

#33 - Ivan Ćurković

Ivan Ćurković
Saint-Étienne (1972-1981)

Le 25 novembre 2019, Stéphane Ruffier entrait dans l’histoire de l’AS Saint-Étienne en effaçant des tablettes, avec son 304e match en première division avec les Verts, la légende Ivan Ćurković, jusqu’ici gardien stéphanois le plus capé dans l’élite. Nom iconique dans le Forez, portier indéboulonnable de l’irrésistible équipe de Robert Herbin, le Yougoslave a tout fait sous la liquette de l’ASSE : 383 rencontres (dont 303 de D1, donc), quatre titres de champion, deux autres fois vice-champion, trois coupes de France et la mythique épopée en Coupe d’Europe des clubs champions 1975-1976, jusqu’à la finale perdue à Glasgow contre le Bayern. « Durant toute ma carrière à Saint-Étienne, je n’ai manqué que quatre rencontres, exposait-il en 2017 dans nos colonnes. À l’époque, la France était une grande nation dans le sport, la culture, l’industrie, dans tous les domaines. Depuis 1958 jusqu’à l’époque de Saint-Étienne, il n’y avait pas beaucoup de succès footballistiques, surtout sur le plan international. On était une jeune équipe dans une petite ville industrielle de mineurs de 300 000 habitants. Elle ne comptait que deux étrangers, l’Argentin Piazza et le Yougoslave Ćurković. […] Saint-Étienne et puis la France ont commencé à vibrer. Saint-Étienne l’a rendu fière. La fierté, c’est le plus important pour une nation. La France était fière de son football et de ses jeunes joueurs issus du cru […]. Saint-Étienne est devenu une sorte d’équipe de France où les joueurs étaient clairement identifiés. Tout le monde a commencé à nous supporter. Bien sûr, l’apothéose fut lorsqu’on est allés en demi-finales de la Coupe des champions, et puis en finale l’année suivante. Ensuite, il y a les titres qu’on a remportés. Extraordinaire. Saint-Étienne a pris une place dans le cœur des Français pour toujours. »

Son autorité est notamment resté dans toutes les mémoires : « J’aime le travail bien fait. Sans travail, vous ne pouvez pas progresser. J’ai été forgé comme ça. Footballeur, c’est un travail, un métier très sérieux, exigeant. À Saint-Étienne, avec une jeune équipe, j’ai simplement imposé quelque chose, en accord avec mon entraîneur qui était aussi quelqu’un de très exigeant. Le président Roger Rocher l’était aussi, les mineurs de Saint-Étienne également, donc je m’entendais naturellement avec eux. Sans fausse modestie, je pense que mes jeunes coéquipiers ont beaucoup appris grâce au travail que j’ai apporté. » Pourtant, c’est bien Aimé Jacquet, son coéquipier à ses débuts, qui lui faisait la leçon : « Lorsque je suis arrivé à Saint-Étienne, je ne parlais pas un mot de français. […] Lors de mon premier stage, j’ai partagé ma chambre avec mon très cher ami Aimé Jacquet. C’était mon premier professeur de français. Il était patient, pédagogue. On garde un contact très fraternel. »

#32 - Safet Sušić

Safet Sušić
PSG (1982-1991), Red Star (1991-1992)

Sur le principe, les exploits réalisés en Coupe de France – comme en Coupe de la Ligue ou en Coupe d’Europe – ne sont pas pris en compte dans notre classement qui est basé sur les performances dans le championnat de France. Sauf que cette finale de Coupe de France 1983 entre le PSG et le FC Nantes montre tout ce qu’est Safet Sušić. Que ce soit avec la première passe décisive, la praline après avoir mis deux Nantais dans le vent pour égaliser à 2-2 et le caviar qui casse deux lignes pour arriver parfaitement dans la course de Nambatingue Toko qui inscrit le pion de la victoire. Toute la magie de Safet Sušić est là. Et elle était présente à chaque sortie du Yougoslave sur les pelouses du championnat de France. Une Division 1 qu’il a permis au PSG de remporter pour la première fois en 1986 avec ses 10 buts et ses offrandes à la pelle, lui qui était encore il y a peu le meilleur passeur de l’histoire du club parisien avant d’être dépassé par Ángel Di María. Tant pis, Magic Sušić se contentera d’un statut de meilleur joueur étranger ayant évolué dans le championnat de France décerné par France Football en 2012.

Cela montre à quel point celui qui a fini sa carrière au Red Star, où il a accumulé les blessures, régalait les spectateurs à chaque prise de balle. Des amoureux du ballon rond qui n’avait que faire que le Bosnien choisisse parfois ses matchs, qu’il préfère parfois le dribble à la passe, qu’il gueule sur ses coéquipiers après un mauvais ballon ou qu’il ne revienne pas défendre, ce qui avait incité Gérard Houllier à le mettre sur le banc le temps de quelques matchs lors de la saison 1987-1988 durant laquelle le PSG jouait le maintien. Et dire que sans un imbroglio contractuel, Safet Sušić n’aurait jamais mis les pieds à Paris et dans le championnat de France. Car en 1982, c’est avec l’Inter que le Yougo à la mèche signe un premier contrat avant d’en signer un second dans la foulée avec le Torino qu’il s’apprête à rejoindre. Sauf que l’Inter porte plainte, et Sušić est suspendu un an par la fédération italienne. Une aubaine pour le président parisien Borelli qui profite de la situation pour enrôler le joyau bosnien malgré un bras de fer de plusieurs mois avec la Fédération yougoslave. Remplaçant pour son premier match face à l’AS Monaco, Sušić veut déjà rentrer chez lui : « Après presque six mois d’attente, en décembre, enfin je suis autorisé à jouer. Et là, je me retrouve remplaçant. On a perdu 1-0, Peyroche ne me fait entrer qu’en seconde période. Là, je me suis demandé pour qui il me prenait et me suis dit que j’allais quitter le club dès le lendemain. Il faut comprendre, pour moi ce fut assez dur. Dans mon pays, j’étais considéré comme le meilleur joueur du championnat. » Ce qu’il est vite devenu en France aussi.

#31 - Basile Boli

Basile Boli
AJ Auxerre (1983-1990), Olympique de Marseille (1990-1994), AS Monaco (1995-1996)

En 46 ans sur le banc de touche de l’AJ Auxerre, Guy Roux a vu passer un paquet de défenseurs sur sa pelouse de l’Abbé-Deschamps. Pourtant, pour l’homme au bonnet, un seul sort du lot : Basile Boli. « C’est le meilleur défenseur que j’ai eu » , posait le sorcier bourguignon en 2018. Un joli compliment de la part d’un homme qui, à la base, ne voulait pas de lui, mais de son grand frère. Sauf que lorsque l’AJA jette son dévolu sur Roger Boli en 1981, ce dernier refuse de venir sans son cadet. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que celui-ci va rapidement lui voler la vedette. Avec 271 matchs en D1, la carrière de Roger a pourtant de la gueule. Mais elle ne pèse pas lourd à côté de celle de Basile, 396 matchs de D1 au compteur, avec deux titres de champion au compteur (trois selon lui et les Marseillais, qui comptent celui de 1993). Pas mal pour un joueur qui était loin d’avoir une technique incroyable avec le ballon. Ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de planter une vingtaine de pions en championnat en 12 saisons, dont une à 8 buts en 1990-1991. Quand même.

Force de la nature, et roi du tacle, Basile Boli a marqué le football français par sa défense rugueuse. Aux côtés de Janas à Auxerre, puis de Mozer, Casoni et Desailly à Marseille (pour ne citer qu’eux), l’auteur du coup de casque européen de 1993 à Munich faisait partie de ces défenseurs dont on fait des cauchemars avant, et après le match. Des rencontres qu’il entamait dès le tunnel, n’hésitant pas à simuler de la bave aux lèvres pour intimider les adversaires avant même qu’ils n’aient posé un crampon sur la pelouse. Le tout sans jamais dépasser les limites. En témoignent ses deux petits cartons rouges récoltés en treize saisons. Sa force physique n’avait d’égal que sa force mentale, lui qui a notamment joué la moitié de la finale de 1993 blessé. Et inscrit l’un des plus beaux buts de l’histoire de la D1 quelques jours plus tard, d’un coup de tête de vingt mètres, en plein Classique contre le PSG.

Une consécration pour le gamin qui supportait le club parisien adolescent, avant de retourner sa veste face aux yeux doux de Tapie. Mais la carrière de Boli en D1 ne se résume pas aux années fastes de l’OM. On aura la politesse de ne pas revenir sur ses six mois à Monaco en 1995-1996 (11 matchs). En revanche, ce serait malhonnête de ne pas évoquer ses années auxerroises. En huit ans en Bourgogne (soit deux fois plus de temps qu’à Marseille), Basile Boli a disputé 254 rencontres, pour 4 buts. Il a surtout contribué à installer l’AJA dans les hauteurs du football français, prenant part à quatre épopées européennes, dont celle jusqu’aux quarts de finale de la Coupe de l’UEFA en 1989-1990. Avec une coupe Gambardella (et deux coupes des Alpes), son palmarès bourguignon reflète assez mal l’importance de Boli dans le développement de l’AJA. Heureusement que Guy Roux, en 2018, a remis les points sur les Boli.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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