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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (390-381)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#390 - Gabriel Abossolo
Gabriel Abossolo
Bordeaux (1959-1960 puis 1962-1969)
Quand il atterrit à Bordeaux pour ses études, Gabriel Abossolo ne se doute certainement pas qu’il sera devenu, une dizaine d’années plus tard, un joueur emblématique des Girondins. Milieu récupérateur infatigable, le Camerounais est le véritable poumon du Bordeaux de l’époque, façonné par Salvador Artigas, puis Jean-Pierre Bakrim. Celui que l’on surnomme « la Boussole » en raison de sa capacité à couvrir le terrain en long, en large et en travers est un élément indispensable pour ses coéquipiers, en même temps qu’un joueur très apprécié des supporters aquitains, séduits par son abnégation et sa combativité de tous les instants. « Gaby » ne remporte aucun titre avec le club au scapulaire, mais finit vice-champion de France à trois reprises (1965, 1966, 1969) et échoue deux fois en finale de la Coupe (1964, 1968). Ce qui donne quand même une idée de ses états de service.
#389 - Jean Wendling
Jean Wendling
Strasbourg (1951-1957), Toulouse (1957-1959), Reims (1959-1965)
Pour faire carrière, Jean Wendling n’aura jamais vraiment eu besoin de quitter le bassin Est de l’Hexagone. Révélé à Schiltigheim, le latéral droit explose à Strasbourg, lorsqu’il signe professionnel en 1951. Jusqu’en 1957, « Wendel » y dispute ainsi 98 rencontres, et découvre les joies du plus haut niveau, chez lui.
L’aventure s’arrête cependant par une relégation strasbourgeoise en deuxième division, contraignant Wendling à réaliser un petit crochet, au Sud, à Toulouse. Deux saisons, entre 1957 et 1959, durant lesquelles il s’affirme dans cette position d’arrière, au penchant offensif : « Pour un latéral, j’étais toujours fourré devant » , précisera-t-il d’ailleurs aux Dernières Nouvelles d’Alsace. La suite s’écrira finalement, et logiquement, au sein du plus grand : le Stade de Reims. De 1959 à 1965, l’Alsacien s’offre à ce titre 216 parties, ponctuées de deux titres de champion en 1960 et 1962. La consécration collective, d’une figure du football français, auréolé de 26 capes en Bleu (avec qui il sera titulaire quatre ans d’affilée et disputera notamment l’Euro à domicile, en 1960, achevé en demi-finales). Malgré Toulouse, pour Jean, le soleil s’est toujours levé à l’Est.
#388 - Jean-Michel Moutier
Jean-Michel Moutier
Nancy (1975-1984), PSG (1984-1987)
Il incarne, lui aussi, la période dorée de l’ASNL. Pendant neuf saisons, Jean-Michel Moutier assume, avec une fidélité indéniable et une efficacité notable, son rôle de dernier rempart du club lorrain. Le gardien d’1,74 m compense sa petite taille relative par son style bondissant et sa souplesse, ce qui lui permet notamment d’être le grand artisan de la victoire en finale de la Coupe de France 1978. Après les entraînements, c’est avec lui que Michel Platini travaille ses coups francs. « On était célibataires et on ne pensait qu’au foot, se remémore celui qui rejoindra ensuite le Paris Saint-Germain. Il nous arrivait de rester trois quarts d’heure sur le terrain après la séance. (…) Michel arrivait à cacher sa frappe jusqu’au dernier moment. Si vous anticipiez, il pouvait changer la trajectoire du ballon au dernier moment. Mais, je pense que c’est quand même lui qui a payé le plus de diabolos. » Ce n’est pas du diabolo auquel « Platoche » et « Moumoute » ont droit dans une pub tournée en 1978 pour la marque Fruité. Mais si l’on en croit les images, les deux ont visiblement très soif.
#387 - Antoine Franceschetti
Antoine Franceschetti
Cannes (1935-1947)
On vous parle d’un temps que les presque moins de 100 ans ne peuvent pas connaître. Celui de la première division des années 1930 et de la Seconde Guerre mondiale, qui aura vu Antoine Franceschetti exploser les compteurs à l’AS Cannes, dont il est encore aujourd’hui le meilleur buteur. Le Corse a dû quitter son Île de Beauté pour faire carrière. Qui sait ce que celle-ci aurait été sans la guerre, alors que l’attaquant était sur une belle lancée en claquant 65 pions en quatre saisons. Un monstre devant le but et surtout un magnifique surnom : le Sanglier du Maquis.
#386 - Joseph Jadrejak
Joseph Jadrejak
Lille (1944-1950)
Au début de la grande histoire du LOSC, il y a des noms comme Marceau Sommerlinck, Jean Baratte, Jean Lechantre ou encore Joseph Jadrejak. Ce dernier n’a pas des lignes de statistiques qui lui auraient permis de postuler dans la liste des candidats au Ballon d’or, mais son palmarès pourrait en faire saliver plus d’un, entre un titre de champion de France en 1946 suivi de trois places de dauphin en quatre saisons, et surtout trois sacres en Coupe de France à la fin des années 1940. D’origine polonaise et né en Allemagne, Jadrejak sera même naturalisé français et gagnera le droit de connaître quelques capes en équipe de France à sa grande époque. N’oublions pas les illustres ancêtres de nos meilleurs défenseurs d’aujourd’hui.
#385 - Teddy Bertin
Teddy Bertin
Le Havre AC (1991-1997), OM (1997-1998), Strasbourg (1998-2003)
Amiens, Le Havre, Marseille, Strasbourg, Châteauroux. On pourrait dérouler la carrière de Teddy Bertin chronologiquement, dire qu’il n’a jamais joué à Amiens, le club phare de son département natal, qu’il est devenu une légende au HAC (202 matchs, tout de même), à Strasbourg (180 matchs, tout de même) et à Châteauroux (150 matchs, tout de même) et s’étendre sur sa parenthèse d’un an à l’OM. Mais ne perdons pas de temps avec ces foutaises. Respectons Teddy Bertin, un homme qui a mené sa carrière avec une seule corde à son arc : le coup franc énergique. Il y a quelques jours, les archivistes du HAC n’ont pas manqué de célébrer les 26 ans d’un coup franc ahurissant de Teddy, qui trompait un soir d’octobre à Deschaseaux un Bruno Valencony impuissant.
Des pralines de ce calibre, Bertin avait l’habitude d’en distribuer tous les week-ends. De loin, de près, dans l’axe, excentré, il n’y avait pas de règle, ou alors une seule : l’idée était de frapper plus fort que la dernière fois. Des tribunes ou derrière un écran, le plaisir était le même. Teddy Bertin n’était pas un joueur complexe, mais les plus sentimentaux voyaient tout de même en ses coups de canon de tendres caresses. On ne peut pas fouetter un ballon avec autant de violence sans avoir un cœur gros comme ça.
#384 - Jean Nicolas
Jean Nicolas
Rouen (1936-1939)
Non, Erling Haaland n’est pas le premier cyborg à avoir écumé les terrains. Loin de là. Bien avant le Norvégien, Jean Nicolas a semé la terreur sur les pelouses de l’Hexagone. Le buteur en série accède à l’équipe de France alors même qu’il joue en division régionale avec Rouen et une fois arrivé en D2, là encore, Jeannot met le feu partout où il passe : il termine meilleur buteur de l’antichambre de l’élite trois saisons consécutives en plantant jusqu’à 54 réalisations au cours de l’exercice 1933-1934. Un finisseur hors pair et un athlète redoutable, capable d’écœurer son champion de père au lancer de poids ou au saut en longueur sans élan. « Pendant un match qui mettait le FC Rouen aux prises avec le Stade havrais, Nicolas reçut tout à coup à bout portant, sur le ventre, la balle provenant d’un puissant dégagement de Dehaese. Il y avait de quoi mettre hors de combat le joueur le plus aguerri. Mais Nicolas, bien protégé par des muscles abdominaux durs comme roc, n’en éprouva nulle peine, même légère » , racontait Le Miroir des Sports en 1933. Insaisissable, il le sera tout autant à partir de 1936, quand il rencontre enfin la D1. Première rencontre contre le Red Star ? Sextuplé, rien que ça. La saison suivante, l’attaquant aux 21 buts en 25 sélections chez les Bleus plante carrément un septuplé à Valenciennes. Jean Nicolas et Oskar Rohr se livrent alors un combat féroce pour le titre de canonnier numéro 1 du championnat : la vedette strasbourgeoise l’emporte en 1937, mais le Rouennais prend sa revanche en 1938. Son équipe se classe à chaque fois quatrième. Il n’y avait guère que la Seconde Guerre mondiale pour stopper l’irrésistible ascension de l’idole normande. Ne cherchez plus de costume pour Halloween : rien ne pourrait être plus effrayant que de se déguiser en Jean Nicolas.
#383 - David Trezeguet
David Trezeguet
Monaco (1995-2000)
Été 1995. David Trezeguet promène pour la première fois son physique filiforme sur les terrains de la Turbie. Le natif de Rouen baragouine maladroitement quelques mots en Français à un autre jeune espoir, qui a alors tout juste commencé à s’imposer en D1. Il s’appelle Thierry Henry. « La première fois que j’ai vu David arriver, on faisait un petit jeu, sur des buts assez réduits, raconte le meilleur buteur de l’histoire des Bleus. On ne savait pas qui c’était, il a pris une chasuble, et il a commencé à mettre des lucarnes. On s’est tous regardés, on se disait que c’était un coup de chance… Tu sais comment c’est, les gars, le premier jour, ils sont euphoriques… Mais là, deuxième jour, pareil. Que des lucarnes. Je m’en rappellerais toujours, Tigana s’est retourné et a dit : « Punaise, il faut qu’on le signe celui-là. » » Bien pensé. Après deux saisons de post-formation et une découverte progressive de l’élite, Trezeguet commence à affoler les compteurs en 1997-1998, en plantant 18 fois en 27 matchs de championnat. La consécration arrivera néanmoins deux saisons plus tard : avec Marco Simone aligné derrière lui pour le régaler en ballons, l’avant-centre signe 22 pions en 30 rencontres de D1, s’affirmant comme l’un des grands artisans du 7e titre de champion de France de l’ASM. Désormais trop grand pour l’Hexagone, l’élégant maraudeur des surfaces s’en ira décadenasser les 16 mètres italiens en 2000, en signant à la Juventus. À Monaco, on se souviendra aussi du Franco-Argentin comme de l’un des meilleurs attaquants de l’histoire du club pour cette action en quarts de finale de C1 face à Manchester United, en 1998 : Trezeguet avait ouvert le score d’un tir subluminique. Vitesse de l’objet : 163 km/h.
#382 - Santiago Santamaria
Santiago Santamaria
Reims (1974-1979)
« Quelle joie vous me faites, oh, si vous saviez ! Je vais immédiatement jeter un œil sur internet. Cela fait une éternité que j’attends ça, je n’y croyais plus. Je suis le dernier de la colonie argentine à être parti. Vous n’imaginez pas à quel point la descente m’a affecté » : lorsqu’on lui apprenait la remontée du Stade de Reims, en mai 2012, un peu plus d’un an avant son décès à 60 ans, José Santiago Santamaría était aux anges. Et pour cause : l’ailier (futur international) argentin avait porté les couleurs champenoises pendant six ans, dont cinq en première division, disputant plus de 140 matchs pour 41 réalisations dans l’élite française, en plus d’être le premier buteur de la finale de Coupe de France 1977 (avec sa célébration, accroché aux filets), finalement perdue face à Sainté (2-1). Le combatif attaquant, chouchou d’Auguste-Delaune, ne connaîtra malheureusement aucun titre en France (une cinquième place en 1975-1976 pour meilleur classement). « Santiago Santamaría faisait partie des idoles de ma jeunesse. Le voir partir est forcément triste. Il restera un des joueurs marquants de l’histoire du Stade de Reims » , lâchait Jean-Pierre Caillot au moment de la disparition de l’ancien des Newell’s Old Boys. Pas sûr que Baptiste puisse en dire autant.
#381 - Cyrille Pouget
Cyrille Pouget
Metz (1993-1996), PSG (1997), Le Havre (1997-2000), Marseille (2000-2001)
C’est une étiquette dont il ne se débarrassera jamais. Et, à vrai dire, il n’a certainement pas envie de s’en débarrasser. Pour beaucoup, Cyrille Pouget, c’est avant tout l’un des deux membres des « PP Flingueurs » , l’iconique et redoutable duo offensif qu’il forme avec Robert Pirès à Metz au début des années 1990. « Ma force, c’était mes appels de balle. Personne ne les a jamais aussi bien compris que Robert » , raconte-t-il à So Foot. Avec les Grenats, l’attaquant d’1,78 m réalise deux saisons à onze buts chacune en D1. Parti en 1996 à cause d’une petite bisbille avec Carlo Molinari, il navigue ensuite du PSG à l’OM, en passant par Le Havre ou encore Bellinzone, en D2 suisse, sans jamais réussir à retrouver son efficacité lorraine. Logiquement, c’est dans la banlieue messine qu’il revient s’installer pour ouvrir son magasin de meubles, en 2005. « Grâce à Robert, je vends plus de meubles, s’amuse celui qui compte trois sélections en équipe de France. À Metz, les gens se souviennent encore pas mal de moi. Mais parfois, ils me demandent simplement si je ne faisais pas du foot il y a quelques années. Je leur réponds que oui, et que je m’appelle Robert Pirès. » Après tout, les deux restent indissociables.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF