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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (370-361)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#370 - Alphonse Martinez
Alphonse Martinez
Nice (1951-1961)
Évoquer le grand Nice des années 1950 sans parler d’Alphonse Martinez est impossible. Et pour cause, durant dix saisons, le défenseur central a assuré la charnière du Gym, son unique club. L’aboutissement, pour celui qui a pourtant commencé le football sur le tard, à 23 ans.
Entre 1951 et 1961, le Franco-Espagnol s’offre ainsi 228 rencontres, pour deux réalisations symboliques, inscrites face à Reims et Béziers, mais surtout cinq trophées. D’abord un doublé coupe-championnat en 1952, avant de rafler une nouvelle Coupe de France en 1954 et de conclure par deux ultimes sacres en D1, en 1956 et 1959. Période durant laquelle seul le Stade de Reims viendra griller la politesse à des Niçois imparables. Alphonse Martinez sera notamment des premières aventures européennes des Aiglons, amenés à croiser le fer avec le Real Madrid en C1 (à quatre reprises), dont un succès mythique au Ray (3-2). Pour l’histoire.
#369 - Richard Tylinski
Richard Tylinski
Saint-Étienne (1954-1962 puis 1963-1966)
Inséparables, les frères Tylinski débarquent ensemble à Saint-Étienne, en 1953. L’aîné, Michel, ouvre la voie au sein de l’équipe première, mais c’est son cadet, Richard, qui réalise la plus belle carrière sous le maillot vert. Sacré champion de France amateur en 1956 avec la réserve, le jeune défenseur central est promu par Jean Snella et récidive chez les pros dès l’année suivante, permettant à l’ASSE de décrocher le premier titre national de son histoire. Devenu international en 1957, à seulement vingt ans, le gamin forézien vit un rêve éveillé. Mais la grave blessure de son frère (contraint de raccrocher prématurément les crampons), le départ de Snella, les critiques qui s’abattent sur lui en raison de performances en demi-teinte et la relégation des Stéphanois, en 1962, portent un sérieux coup à ses ambitions. Heureusement, l’emblématique entraîneur revient aux affaires dès 1963 et relance Tylinski, qui retrouve peu à peu son meilleur niveau et aide son club à redevenir champion en 1964. Remarquable retour en grâce.
#368 - Jean-Christophe Thomas
Jean-Christophe Thomas
FC Sochaux-Montbéliard (1982-1987 puis 1988-1992), OM (1992-1994), Rennes (1994-1996)
Acteur de la génération dorée du FC Sochaux-Montbéliard vainqueur de la Gambardella (1983), finaliste de la Coupe de France et promue en D1 (1988) et deux fois consécutivement quatrième du championnat (1989 et 1990), le polyvalent milieu de terrain au pied gauche réputé a également connu les années de magouille de l’OM de Tapie – avec la victoire en C1 et le titre de champion qui sera invalidé – avant de boucler sa carrière à Rennes (en D1) et Sainté (en D2). L’homme aux trois prénoms est, au total, apparu 347 fois dans l’élite, pour 37 réalisations.
Crédit photo : Stade rennais online
#367 - Lilian Thuram
Lilian Thuram
Monaco (1991-1996)
Avant de faire les beaux jours de Parme, de la Juve et du Barça, Thuthu a eu le temps de disputer plus de 150 matchs de D1, ayant été lancé par Arsène Wenger puis ayant fait partie d’une ASM qui squatta régulièrement le podium du championnat tout au long des années 1990 avec Claude Puel, Franck Dumas, Youri Djorkaeff, Emmanuel Petit, Patrick Valéry, Jean-Luc Ettori ou encore Patrick Blondeau, et une place de titulaire indiscutable en défense à partir de 1992 pour le futur champion du monde (international à partir de 1994). Le début de la consécration, pour le Guadeloupéen, qui a grandi à Fontainebleau et est arrivé sur la Côte d’Azur à ses dix-huit ans : « Ma chambre avait vue sur la mer. Je n’avais pas trop l’habitude des vacances, racontait-il pour Outre-mer La Première. […] Quand on est arrivés à Monaco avec ma mère, c’était incroyable, c’était le paradis. » L’histoire entre Thuram et le championnat de France aurait dû reprendre en 2008, au Paris Saint-Germain, mais la détection d’une hypertrophie cardiaque chez l’ancien Monégasque en a malheureusement décidé autrement.
#366 - Bernard Williams
Bernard Williams
Sochaux (1932-1946)
La Méthode Williams, en un mot ? Fidélité. Bernard Williams arrive à Montbéliard en 1931, entre dans l’usine Peugeot et joue pour l’AS Valentigney. Vite repéré par Sochaux, il fait le grand saut chez les Lionceaux en 1932. L’Irlandais leur sera loyal jusqu’en 1947. Champion de France 1935 et 1938, le milieu de terrain est entré pour de bon dans la légende sochalienne en inscrivant le but du sacre en finale de la Coupe de France, à la 87e minute, contre Strasbourg en 1937. Quand la plupart des joueurs étrangers choisissent de quitter la France en 1939, lui décide de rester et de se battre avec l’armée française contre l’envahisseur nazi. Il range les crampons sur un titre de champion de France de deuxième division en 1947, pour ensuite ouvrir une épicerie et finir sa vie dans la région. Le Doubs parfum d’être à sa place.
#365 - Boubacar Sarr
Boubacar Sarr
OM (1975-1979 et 1984-1985), PSG (1979-1983)
La carrière de Sarr Boubacar est remplie de symboles. D’abord dans son patronyme : Boubacar Sarr voit en effet son nom et son prénom être inversés par la presse française, alors qu’il débarque à Toulon en provenance du Dial-Diop SC de Dakar. Ensuite par son surnom : « Locotte » . Une erreur, cette fois des supporters sénégalais, ne parvenant pas à prononcer correctement « locomotive » , comme l’attaquant était alors désigné en D1. Enfin par la trajectoire : il est en effet une figure emblématique de l’Olympique de Marseille et du Paris Saint-Germain, pré-rivalité Canal+-Bernard Tapie.
Car la vitesse, la puissance et les qualités de buteur de Sarr n’ont pas tardé à mettre d’accord tout l’Hexagone. Une éclosion rapide, pour celui qui débuta dans l’élite à l’OM donc. 126 matchs, de 1975 à 1979, avec qui il glanera notamment une Coupe de France au printemps 1976. Suffisant pour lui ouvrir les portes du PSG, après un détour à l’étage inférieur en prêt à Cannes. Son association avec Dominique Rocheteau, en pleine force de l’âge, fonctionne idéalement, offrant aux Parisiens le premier trophée de leur histoire avec la Coupe de France 1982. Le deuxième et dernier trophée de « Locotte » . Attaquant de soutien plus que buteur, le Lion de la Téranga s’installe dans la capitale jusqu’en 1983, le temps d’entrer dans les mémoires des supporters du Parc des Princes, friands de ses chevauchées félines. En grand monsieur, il achèvera son aventure au sommet en acceptant de retourner à Marseille, pour permettre au club de remonter en 1984. Du nord au sud, à l’endroit ou à l’envers, Sarr Boubacar a marqué tous ceux qui l’ont connu.
#364 - Laurent Di Lorto
Laurent Di Lorto
OM (1933-1936), Sochaux (1936-1939)
Laurent Di Lorto a laissé un souvenir impérissable, partout où il est passé. Autant à Martigues, où il est né et a défendu les couleurs sang et or, qu’à Marseille et à Sochaux. « (L’OM) était venu pour prendre le demi-centre de Martigues, (Marius) Pignatel. Et ils ont vu Di Lorto. « Et le petit goal, il ne veut pas venir lui ? » Lui, il a dit oui » , racontait Paul Lombard, maire de la commune martégale de 1969 à 2009. C’est comme ça que Di Lorto débarque sur la Canebière, et se fait une place au soleil. Devant le président de la République et plus de 40 000 spectateurs, il dispute et remporte la finale de la Coupe de France en 1935, aux dépens de Rennes (3-0). « Contrairement à la plupart des autres gardiens, qui restaient sur leur ligne et qui attendaient que le ballon arrive, il considérait que les 18 mètres étaient son royaume. Il devait être le patron dans ses 18 mètres » , analysait Paul Pecchi, autre portier martégal. Un style qui fera sa renommée et sa réussite, jusqu’à devenir champion de France en 1938 avec Sochaux, avec qui il s’offre une autre Coupe, en 1937. « Laurent Le Magnifique » formera même, avec Étienne Mattler et Hector Cazenave, ce qui sera appelé la Ligne Maginot de l’équipe de France et du FCSM. Bien plus solide que l’originale.
#363 - François Wicart
François Wicart
Rouen (1945-1947), Saint-Étienne (1952-1960)
Un géant vert. D’abord mineur de fond, François Wicart se lance dans le ballon avec le FC Rouen, puis s’engage avec l’AS Saint-Étienne en 1952. « Pendant dix ans, il est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat de France » , peut-on lire sur le site des Verts. Le défenseur originaire du Nord est des premiers titres de l’histoire du club : Coupe Charles Drago (1955, 1958), Challenge des champions (1957), et surtout le championnat de France en 1957, avec Claude Abbes, Rachid Mekhloufi, Yvon Goujon ou René Domingo. « On avait pris la tête très tôt dans la saison, rembobinait-il dans le magazine Le Foot St-Étienne en 2009. Il avait fallu être très, très fort mentalement pour la garder jusqu’au bout. Car tout le monde voulait battre Saint-Étienne partout où on allait, déjà à cette époque… Je n’aime pas raconter des histoires, je n’ai jamais aimé me mettre en avant, mais c’était quand même merveilleux. Tout ce que j’ai gagné en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur, je l’ai là, devant moi, dans mon salon. » Français Wicart s’en est allé le 27 septembre 2015, à 89 ans, avec le sentiment du devoir accompli, assurément.
#362 - Loïc Perrin
Loïc Perrin
Saint-Étienne (2004-2020)
Vingt-trois ans en Vert, dont dix-sept avec l’équipe fanion, pour 470 rencontres avec l’ASSE dont 383 en Ligue 1 : le romantisme et l’amour du maillot existent encore, du moins il existait jusqu’en 2020 et la retraite de Loïc Perrin. Pur produit de Sainté, où il est né et y a tout connu, le défenseur central – qui a débuté en tant qu’arrière droit ou de milieu défensif – a traversé deux décennies de hauts et de bas avec l’équipe du Forez, goûtant à la deuxième division en tout début de carrière, avant de lutter dans l’élite, saison après saison, dans le ventre mou, voire la zone rouge (trois fois dix-septième de L1), mais aussi régulièrement le haut du panier (avec notamment deux quatrièmes places en 2013-2014 et 2018-2019, mais aussi une Coupe de la Ligue glanée et une finale de Coupe de France cauchemardesque, en guise de jubilé). Très rapidement désigné capitaine du navire vert, membre de l’équipe type de la saison en 2014, il aura même droit à une convocation en équipe de France de la part de Didier Deschamps, lors de cette même année, sans toutefois entrer en jeu. Un parcours exemplaire – malgré de nombreuses blessures – qui le fait s’asseoir sur la troisième marche du podium des joueurs les plus capés de l’histoire stéphanoise, et lui vaudra la distinction suprême : son numéro 24 retiré par le club, en novembre dernier. « Il a marqué l’ASSE et est entré dans la riche histoire des Verts avec ce numéro 24 sur le dos, porté tout au long de sa carrière, écrivait alors l’ASSE. Ce 24, c’est aussi l’histoire d’un numéro qu’il n’a jamais choisi et qui lui a été attribué, au hasard, le 19 août 2003, un soir de match Créteil-ASSE au cours duquel Loïc est entré en jeu à la 77e minute. Depuis, ce 24 ne l’a plus quitté… Aujourd’hui, le club prend la décision de retirer ce numéro de son vestiaire, il ne sera porté par aucun autre joueur de l’AS Saint-Étienne. Il est et restera le numéro 24 de notre emblématique capitaine. Loïc est unique, Loïc est irremplaçable, Loïc est Vert à vie. »
#361 - Glenn Hoddle
Glenn Hoddle
Monaco (1987-1991)
Glenn Hoddle a déjà 29 ans quand il arrive en D1, et il n’y joue que 69 matchs. Cela lui suffit toutefois amplement pour inscrire son nom en lettres d’or dans la riche histoire de l’AS Monaco. Dès sa première saison sur le Rocher, le joueur anglais fait parler toute sa classe et donne libre cours à son génie balle au pied. Les Monégasques sont sacrés champions de France, et leur merveilleux meneur est élu meilleur joueur étranger du championnat par France Football. Il ne faiblit pas l’année suivante et, avec ses dix-huit pions, termine sur les talons de Jean-Pierre Papin au classement des buteurs. « Il est le joueur le plus talentueux avec lequel j’aie jamais travaillé, lâche même Arsène Wenger, son entraîneur à l’époque. Son contrôle était superbe et il avait un parfait équilibre. » Michel Platini, lui, est convaincu que l’homme aux 56 capes avec les Three Lions aurait eu « 150 sélections » s’il était né en France. Enfin, Jean-Luc Ettori n’y va pas par quatre chemins : « Pour nous, Glenn, c’était le bon Dieu. Il n’y a rien d’autre à dire. » Alors, on se tait. Et on se contente de saluer l’artiste.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF