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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (300-291)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#300 - Néstor Fabbri

Néstor Fabbri
Nantes (1999-2002), Guingamp (2002-2003)

«  Un solo presidente en Nantes : Néstor Fabbri !  » La banderole déployée par la Brigade Loire le 3 avril 1999, un jour de réception de l’AJ Auxerre, veut tout dire de l’empreinte de Fabbri dans la cité des ducs de Bretagne. Brillant joueur de tête, maître de la défense, décisif lors des derbys contre le Stade rennais contre qui il marquera trois fois, l’international argentin arrivé de Boca a raflé deux Coupes de France et surtout le titre de champion en 2001, en quatre saisons à Nantes, lui qui avait été approché par le PSG à la fin de sa première année dans le 44. Il terminera son histoire en France à l’En Avant de Guingamp, assistant à l’éclosion du duo Malouda-Drogba pour une septième place en 2002-2003 (encore le meilleur classement guingampais à ce jour). Et il gardera ce souvenir burlesque de son arrivée dans l’Hexagone : « Je ne parlais pas un mot de français lorsque je suis arrivé et j’ai dû apprendre rapidement les quatre ou cinq expressions nécessaires sur le terrain, raconte-t-il dans L’Équipe. En espagnol, les « v » se prononcent « b », et je me souviens que tout le monde a explosé de rire lorsque, sur une relance à l’un de mes premiers entraînements, j’ai dit : « Allez, on sort vite ! », avec ma langue qui a fourché… »

#299 - Dieter Müller

Dieter Müller
Bordeaux (1982-1985)

Les trois années de Dieter Müller à Bordeaux sont indubitablement à ranger dans la catégorie des grands crus. Entre 1982 et 1985, la légende de Cologne fait un malheur avec Bernard Lacombe, le duo pesant quasiment la moitié des buts girondins sur la période. « J’appréhendais un peu. Car c’était mon premier transfert à l’étranger. Mais j’ai été très bien accueilli dans une véritable famille. J’ai voulu rendre la confiance qui m’avait été faite et donner le meilleur. Ce fut trois saisons fantastiques, gravées à jamais dans ma mémoire » , confiait-il au Parisien. Auteur de 43 buts marqués en 93 matchs de D1, l’Allemand contribue largement à la deuxième place des Girondins en 1983, puis aux titres de 1984 et 1985. Et pas n’importe comment, puisque l’attaquant a claqué un quadruplé contre Lyon et pas moins de six triplés en France, l’un d’eux en seulement 13 minutes contre l’ASSE en 1984. Total régal.

#298 - Mohamed Salem

Mohamed Salem
Sedan (1960-1964 et 1967-1971)

Il n’est pas rare de voir un joueur partir à l’étranger et revenir dans son club quelques années plus tard. Ce qui est plus rare en revanche, c’est la trajectoire de Mohamed Salem qui a quitté l’UA Sedan Torcy en étant un attaquant qui plantait but sur but – avec notamment un pic à 21 pions lors de la saison 1962-1963 – avant de revenir trois ans plus tard au club rebaptisé entre-temps le RC Paris-Sedan en tant que libéro. Avec de la réussite, puisque l’international algérien a été élu Étoile d’or France Football ( meilleur joueur de Division 1) en 1970. Fidèle, le deuxième meilleur buteur de l’histoire du club ardennais n’a pas quitté Sedan après la descente à l’échelon inférieur, prenant sa retraite une fois le titre de Division 2 validé. Salem aleykoum.

#297 - Bertus de Harder

Bertus de Harder
Bordeaux (1949-1954 et 1955-1956)

Quel est le point commun entre Johannes Lambertus de Harder – dit Bertus de Harder – et Éric et Ramzy dans La Tour Montparnasse infernale ? Ils ont tous été laveurs de carreaux. Et si Ramzy n’a pas réussi dans le sport, où il n’a pas réussi à imiter Peter Mac Calloway en Force Pure, De Harder, lui, a eu plus de réussite. Il faut dire que le Néerlandais qui a disputé le Mondial 1938 a un peu plus de talent. Et notamment devant le but, car même s’il jouait ailier gauche, le « Divin chauve » savait finir ses actions après une grosse accélération sur son côté. Et ce ne sont pas les Girondins de Bordeaux qui vont dire le contraire, puisque celui qui avait été suspendu par son club de VUC Den Haag pour avoir bu une bière à la veille d’un match a planté 21 pions – meilleur buteur du club – pour sa première saison en Division 1, permettant ainsi au club au scapulaire de s’offrir son premier titre de champion de France. Un score qu’il battra deux ans plus tard en envoyant le cuir à 25 reprises au fond des filets. Sympa, on n’évoquera pas son retour aux Girondins en 1955 après une pause d’un an aux Pays-Bas, puisque ce deuxième passage s’est soldé par une descente en deuxième division et un nom se faisant discret dans la catégorie buts du journal : De Harder.

#296 - Jean-Marc Pilorget

Jean-Marc Pilorget
PSG (1975-1987 et 1988-1989) Cannes (1987-1988)

Sauf départ ou grosse blessure, c’est un record qui devrait tomber dans les mains de Marco Verratti en 2023. Mais en attendant, et ce, depuis plus de 30 ans, le joueur le plus capé du Paris Saint-Germain se nomme Jean-Marc Pilorget. Un homme discret et peu sexy qui ne fait pas partie des premiers noms cités lorsque l’on évoque les légendes passées par le club de la capitale. Pourtant, ce défenseur polyvalent est l’un des premiers joueurs formés au club à se faire une place chez les pros et le seul joueur de champ à avoir disputé toutes les rencontres de la saison 1985-1986 qui s’est soldée par le premier titre de champion de France du PSG. Car oui, Jean-Marc est un soldat. Un vrai. Et comme tout bon soldat, il répond toujours présent et ne tremble pas au moment d’inscrire le tir au but décisif en finale de Coupe de France 1982. Et dire qu’il aurait pu mettre la barre de son record beaucoup plus haut s’il n’avait pas squatté l’infirmerie pendant plus d’un an après s’être brisé le col du fémur dans un accident de la route.

#295 - Guillaume Warmuz

Guillaume Warmuz
OM (1989-1990), Lens (1992-2003), Monaco (2005-2007)

Avoir un nom de famille atypique et simple à retenir n’est pas de trop pour se faire un nom dans le monde du ballon rond. Guillaume Warmuz n’a cependant pas eu besoin de ça pour devenir un gardien emblématique du championnat. Personne ne se souvient vraiment de son passage à l’OM, mais qui peut oublier les années lensoises du portier ? Plus d’une décennie sous le maillot sang et or, avec un titre de champion de France et une palanquée de grands moments et d’arrêts mémorables. Au point de partir pour Arsenal sans grande conviction, comme il le racontait à So Foot : « Carrément, j’étais très touché, très atteint, c’était une période très très dure dans ma vie d’homme et dans ma vie de sportif. J’ai eu des moments plus durs dans ma vie d’homme, mais dans ma vie de sportif, c’était la pire époque. Le fait de quitter Lens… Déjà, je pensais que je n’allais jamais quitter Lens. Le fait de partir de cette manière, ça m’a foudroyé. C’était bien de signer à Arsenal, même si à l’intérieur, j’étais dévasté. J’ai dû jouer un match ou deux, avec la réserve. Je n’arrivais plus à jouer gardien. » Aujourd’hui, Warmuz a rangé ses gants, et est aumônier bénédictin en Bourgogne. Amen.

#294 - Anthony Réveillère

Anthony Réveillère
Rennes (1998-2003), OL (2003-2013)

Cinq titres, deux Coupes de France, cinq Trophées des champions : le palmarès d’Anthony Réveillère avec l’Olympique lyonnais se suffit à lui-même. Le latéral aura été un personnage important des grandes années du club rhodanien, où il aura passé dix bonnes années, après son éclosion dans son club formateur le Stade rennais : « Lyon, c’est la plus belle période, nous confessait-il en 2015. On alliait le plaisir à notre métier. Prendre du plaisir dans le jeu, les résultats et les titres… […] Je me suis rendu compte depuis mon départ il y a deux ans de toute la reconnaissance des gens qui gardent cette période en souvenir. […] On s’est rendu compte de ce que l’on avait fait quand on a cessé d’être champions. Mais on l’avait quand même bien fêté. Les saisons s’enchaînent : on savoure l’instant T, ensuite on a les vacances, puis il faut passer à la nouvelle saison. Après 2008, quand on a cessé d’être champions et qu’on a gagné seulement une Coupe de France, on ressentait le manque en voyant les autres célébrer le titre. On avait toujours soif de titres, mais on s’est rendu compte que ce n’était pas si facile, ce que l’on avait réalisé. »

Et ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que son aventure lyonnaise aurait pu s’arrêter dès 2008, après le tout dernier titre de champion : « J’avais une proposition de la Fiorentina cet été-là, et je voulais partir […]. J’avais eu une saison difficile, j’avais été baladé à droite et à gauche dans le cadre d’un turn-over avec François Clerc, et cela ne me convenait pas. Je m’étais pas mal embrouillé avec l’entraîneur. François Clerc jouait sur les matchs importants, alors que j’étais plus ou moins le titulaire en club. Mais vu qu’il était appelé en sélection… Personne ne comprenait […], donc j’ai explosé. Je suis allé dans le bureau de (Alain) Perrin début 2008 et je lui ai dit : « Je ne peux pas continuer comme ça, je ne comprends pas les choix. » Je trouvais que c’était un turn-over diplomatique : je faisais souffler Grosso à gauche et Clerc à droite. J’ai donc proposé d’être sur le banc : « Je vous facilite la tâche, je reste sur le banc. Je suis doublure à gauche et à droite, mais si l’un des deux est mauvais, je prends sa place et je ne bougerai plus. » Ils ont refusé, alors j’ai dit que je ne voulais plus d’explications, que je me contentais de faire mon taf. Finalement, j’ai été titulaire sur les deux derniers mois. Quand la proposition de la Fiorentina est arrivée, il n’arrivait pas à dire qui était le titulaire, qui le remplaçant, alors cela me tentait. On était sur une fin de cycle, c’était le bon moment pour partir, même si Lyon restait mon club. Cela ne s’est pas fait avec la Fio, et finalement je suis resté cinq ans de plus. Mais pour moi, Perrin n’avait pas pris ses responsabilités en 2008. Et vu que j’étais une grande gueule, je l’ai crié haut et fort. »

#293 - Pierre-Yves André

Pierre-Yves André
Rennes (1994-1997), Bastia (1997-2001), Nantes (2001-2003), Guingamp (2003-2004), Bastia (2004-2005)

Un homme portant trois prénoms n’est pas forcément destiné à terminer dans un épisode de Faites entrer l’accusé. La preuve avec Pierre-Yves André, attaquant de renom à la fin des années 1990, entre Rennes et Bastia. Il est toujours possible de retenir ses échecs, ses saisons moyennes et ses quelques coups de gueule, mais on préfère garder en mémoire son duo légendaire avec Frédéric Née au Sporting. C’est d’ailleurs lui qui parle le mieux de son compère dans So Foot : « On parlait de tout. De foot, oui un peu, mais pas seulement. J’ai le souvenir qu’on pouvait rester des heures à parler de tout et n’importe quoi. C’est très rare de trouver quelqu’un avec qui vous vous entendez aussi bien. » Relationship goal, comme disent les jeunes.

#292 - Claude Quittet

Claude Quittet
Sochaux (1958-1960, 1961-1962, 1964-1969), Nice (1970-1973), Monaco (1973-1974)

Pur produit de « l’école des Lionceaux » , Claude Quittet découvre le groupe professionnel de Sochaux à 17 ans seulement. Il doit cependant attendre encore un peu, le temps d’effectuer son service militaire (28 mois, tout de même) avant de s’installer durablement dans le onze de départ doubiste. Élément inamovible de la charnière, le défenseur central d’1,80 m devient rapidement le capitaine du FCSM, club auquel il reste fidèle pendant de longues saisons. En 1969, l’international français – il comptera seize sélections au total, dont quatre avec le brassard de capitaine – profite de la création du contrat à temps plein pour obtenir un bon de départ et filer à Nice. Sur la Côte d’Azur, il évolue sous les ordres de Jean Snella et aux côtés de joueurs tels que Jean-Marc Guillou ou Charly Loubet. Quittet raccroche en 1974, après une ultime saison à Monaco et avec 338 matchs de D1 au compteur. « Avec une carrière identique aujourd’hui, je serais sans doute millionnaire, constate-t-il dans les colonnes de L’Est républicain. C’est l’évolution des choses et je n’ai aucun regret. Je remercie le ciel d’avoir eu une belle santé. » Et c’est bel et bien l’essentiel.

#291 - Jean Petit

Jean Petit
Monaco (1971-1972, 1973-1976, 1977-1982)

Le 14 avril 1963, Monaco balaie Toulouse au Stadium (0-5). Présent en tribunes ce jour-là, Jean Petit, 13 ans, a un coup de foudre : c’est pour le club à la diagonale qu’il veut jouer plus tard. Mission accomplie, puisqu’il débarquera sur le Rocher en 1969 et y restera pendant toute sa carrière. « Je jouais au poste de numéro 8, capable d’aider devant et derrière, avec une bonne capacité physique. Comme je voulais aussi aider, j’allais un peu partout » , détaille le milieu, par ailleurs international français (douze sélections). Le Haut-Garonnais de naissance est élu meilleur joueur français de l’année 1978 par France Football, à l’issue d’une saison qui voit l’ASM – pourtant promue – décrocher le titre de championne de France. L’homme aux 426 matchs disputés et 78 buts marqués pour les Monégasques raccroche après un deuxième sacre, en 1982, puis occupe diverses fonctions au sein du club de la Principauté (recruteur, analyste vidéo, entraîneur adjoint ou intérimaire, conseiller du président). La personnification même de la fidélité.

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