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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (220-211)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#220 - Jean-Jacques Marcel

Jean-Jacques Marcel
Sochaux (1949-1954), OM (1954-1959), Toulon (1959-1960), RC Paris (1960-1964)

Jean-Jacques Marcel a probablement été précurseur du poste de milieu récupérateur, dans le football français. Défenseur central de formation, le Provençal a effectivement occupé les deux postions, n’hésitant jamais à porter le ballon durant les matchs et à inscrire quelques buts. Des réalisations marquantes pour quatre clubs : Sochaux, l’Olympique de Marseille, Toulon et le RC Paris.

Né dans le Sud, Marcel n’aura pourtant pas sa chance tout de suite dans la région. Formé à l’AS Brignoles, dans le Var, il est en effet proposé à l’OM par ses éducateurs, à l’occasion d’un match amical entre les deux clubs. Ne parvenant pas à convaincre les dirigeants phocéens, le défenseur séduit finalement Paul Wartel, coach de Sochaux, présent lors de cette joute, dans le cade l’Opération Lionceaux visant à sonder de jeunes talents à travers la France pour garnir les rangs du FCSM.

Son premier contrat professionnel en poche en 1949, à 18 ans, Marcel s’installe dans la charnière et bientôt l’entrejeu doubiste. 130 rencontres, jusqu’en 1954, qui lui ouvriront notamment les portes de l’équipe de France (44 sélections, trois buts), dont une participation à la Coupe du monde suisse. Ses performances lors du Mondial attirent donc l’œil d’une vieille connaissance : Marseille. L’opportunité idéale pour briller dans le club de son cœur, au sein duquel il restera cinq ans, entre 1954 et 1959 (175 apparitions).

La fin d’aventure est cependant difficile, car en dépit de bonnes performances individuelles en Suède, lors de la Coupe du monde 1958 (troisième place), l’OM est relégué l’année suivante, et Marcel se retrouve sans contrat. Désireux de préparer l’Euro 1960 (le premier de l’histoire) dans les meilleures conditions, il trouve finalement un accord tacite avec le Sporting Club de Toulon, tout juste promu dans l’élite, afin d’y disputer une saison. Chose faite, avant de filer au RC Paris donc, et d’y achever ce parcours fort de régularité avec 138 rencontres au compteur. Fier représentant du football français, Jean-Jacques Marcel s’exprimera également loin des pelouses, à l’été 1961, en soutenant l’initiative de Just fontaine et Eugène N’Jo Léa dans la création de l’Union nationale des footballeurs professionnels. Il en deviendra l’un des vice-présidents.

#219 - Albert Emon

Albert Emon
OM (1972-1978), Reims (1977-1978), Monaco (1978-1981), OL (1981-1983), Toulon (1984-1986), Cannes (1987-1988)

Six clubs, 410 apparitions et 111 pions : la carrière d’Albert Emon fut riche. L’ailier gauche, natif de Berre-l’Étang dans les Bouches-du-Rhône, a principalement évolué sous les couleurs de l’OM (avec qui il a été deux fois vice-champion de France), mais a également réussi de brillants passages à Monaco, Lyon, Toulon ou Cannes (qu’il a aidé à remonter dans l’élite). Son pied gauche lui permettra d’être international à huit reprises, mais aussi à l’ASM de soulever la Coupe de France, en 1980, avec un tremblement de filets en finale. Emon et merveilles.

#218 - Michel Bibard

Michel Bibard
Nantes (1976-1985), PSG (1985-1991)

Touché aux ligaments croisés du genou à 19 ans, Michel Bibard aurait pu ne jamais s’en remettre. Une blessure qui l’a « handicapé jusqu’à la fin de (sa) carrière, car l’opération a été suivie d’une mauvaise rééducation » , confiait-il à PSG70. Bon gré mal gré, le latéral droit a disputé plus de 300 matchs dans l’élite, ponctués de trois titres de champion avec Nantes et d’un autre avec le Paris Saint-Germain. « L’avaleur d’espaces » et ses coéquipiers parisiens enchaînent même 26 matchs de championnat sans défaite entre juillet 1985 et janvier 1986, une série d’invincibilité alors record en première division. Vrai taulier, le champion olympique 1984 jouait des tours à tout le monde sur le terrain. Y compris aux arbitres. « Je sifflais pour imiter l’arbitre, glissait-il à Ouest-France. Parfois, l’arbitre ne se laissait pas piéger, mais ça a réussi plusieurs fois et c’était vraiment drôle. Ça faisait même marrer les supporters. » Le seul moment où Michel Bibard pouvait faire figure d’imposteur.

La réaction de Michel Bibard : « Il me semble que 218e sur 1000, c’est pas si mal, ayant été dans de bons clubs et champion olympique et plusieurs fois champion de France. Merci à vous. »

#217 - Stefan Dembicki

Stefan Dembicki
Lens (1937-1939 puis 1945-1947)

Aujourd’hui encore, il est difficile de savoir combien de buts Stefan Dembicki a inscrits entre 1939 et 1945. Et pour cause, c’est alors un championnat « de guerre » divisé en plusieurs zones qui est organisé, sans titre national ni statistiques officielles. Mais il semble bien que « Stanis » le Lensois, déjà prolifique avant le début du conflit et tout autant par la suite (63 buts en quatre saisons dans l’élite), ait été particulièrement impitoyable avec les défenses adverses sous l’Occupation. Cet attaquant trapu (1,72 m), accompagné d’une réputation de « casseur de filets » due à sa grosse frappe, est surtout connu pour avoir inscrit seize pions (!) à l’occasion d’un seizième de finale de Coupe de France 1942-1943, face aux amateurs d’Auby-Asturies (32-0). Jamais personne, avant ni après, n’a marqué autant lors d’une rencontre de « haut niveau » . Avant le match, le dirigeant artésien Albert Hus avait motivé ses Sang et Or avec cette promesse : « Pour chaque but inscrit, ce sera un hareng saur pour l’équipe ! » Visiblement, Dembicki – libéré en 1942 après avoir été fait prisonnier par les Allemands – avait très faim.

#216 - Kees Rijvers

Kees Rijvers
Saint-Étienne (1950-1953, puis 1955-1957 et 1960-1962), Stade français (1953-1955)

Prise à l’endroit ou à l’envers, la carrière de Cornelus « Kees » Rijvers reste la même. Quatre clubs (NAC Breda, Saint-Étienne, Stade français et Feyenoord) pour sept allers-retours, étalés sur les décennies 1940, 1950 et 1960. Le parcours complet d’un milieu offensif qui le fut tout autant aux Pays-Bas, mais surtout dans l’Hexagone.

Formé à Breda, Rijvers débarque ainsi à l’ASSE à l’été 1950, en figure établie du football néerlandais, en faisant alors le premier footballeur local à signer un contrat professionnel (il sera d’ailleurs interdit d’équipe nationale durant un an, pour avoir enfreint les règles d’amateurisme prônées par la fédération hollandaise). Qu’importe, le voilà en D1. Dans ses valises trône alors une technologie révolutionnaire : 100 kilos de crampons vissés. Accessoire inexistant en France, les chaussures, idéales pour affronter le gras des pelouses françaises, sont distribuées à chacun de ses nouveaux coéquipiers, déjà conquis. Petit (1,65 mètre) et rapide, le meneur gagne également le surnom de « Trottinette » , pour mieux entamer son tour de l’Hexagone. Après la découverte forézienne, direction en effet le Stade français entre 1953 et 1955 (52 rencontres), avant un retour chez les Verts, jusqu’en 1957.

Son deuxième passage stéphanois lui permet dès lors de glaner un titre de champion pour sa dernière saison, associé à Rachid Mekhloufi et Eugène N’Jo Lea. Rentré servir le Feyenoord, Rijvers fera un troisième et dernier arrêt à Saint-Étienne en 1960, afin d’y remporter une Coupe de France cette fois, en 1962. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs étrangers à avoir porté la tunique verte, « Kees » Rijvers et ses 33 capes en Oranje ont donc lancé la tradition des Bataves venus briller dans le championnat national. Et la France les en remercie.

#215 - Théodore Szkudlapski

Théodore Szkudlapski
Lens (1953-1958), Rennes (1958-1960), Monaco (1960-1967)

Né à Avion, Théodore Szkudlapski a véritablement mis les gaz à Lens. Avant de décoller à Rennes, où il réalise ses deux saisons les plus prolifiques avec 12 et 11 buts. Et d’atteindre son altitude de croisière à Monaco. Champion de France 1961 et 1963, les premiers titres nationaux de l’histoire de l’ASM, Théo forme alors le « carré magique » avec Henri Biancheri, Yvon Douis et Michel Hidalgo. Le meneur de jeu use de son pied gauche pour faire briller ses coéquipiers. « Il jouait avec sa chique dans la bouche. Il ne courait pas du tout, il marchait sur le terrain, expliquait Norbert Siri, historien de l’AS Monaco. Mais il avait un pied gauche… C’était une main. Il envoyait la balle où il voulait. C’était un meneur de jeu exceptionnel. » Le commandant de bord Théo espère que vous avez effectué un agréable voyage. À en croire Le Miroir du football, ça a été le cas : «  Il reste une chose utile à faire : filmer une bonne dizaine de matchs joués par Théo afin que les générations futures puissent constater qu’entre 1957 et 1965, il existait un merveilleux précurseur du jeu de demain. »

#214 - Eugène N'Jo Léa

Eugène N’Jo Léa
Saint-Étienne (1954-1959), Olympique lyonnais (1959-1961), Racing Club de Paris (1961-1962)

Il existe plusieurs raisons pour un joueur pour justifier un transfert dans une nouvelle équipe : meilleur salaire, meilleur cadre de vie, meilleurs coéquipiers, meilleur statut dans l’équipe. Pour Eugène N’Jo Léa, ses choix de clubs suivaient une seule règle : ses études. Car oui, celui qui a obtenu une bourse de l’État camerounais pour venir étudier en France n’a pas rejoint l’Hexagone pour taper dans un ballon, mais pour suivre ses cours de droit. Même s’il profite de son rare temps libre pour jouer au football à Roanne en Régional. Et l’attaquant est plutôt doué puisqu’il plante 11 pions pour son premier match. Résultat, le voisin de Saint-Étienne l’engage pour former un trio offensif surpuissant avec Kees Rijvers et Rachid Mekloufi. Un trio qui va offrir aux Verts leur premier titre de champion de France en 1957 avec notamment 29 buts de N’Jo Léa. Sauf que le père de William – qui a planté quelques pions avec le RC Lens et le PSG – se mange des allers-retours sans cesse entre Saint-Étienne et Lyon où il est inscrit à l’université et finit donc par rejoindre l’ennemi juré, où là encore il fera parler sa vitesse et sa précision face aux cages. Son diplôme d’études supérieures en droit public en poche, Eugène file à Paris pour bosser à l’Institut des hautes études d’Outre-mer et signe donc au… Racing club de Paris. Sauf que le Camerounais raccroche les crampons à 31 ans pour se consacrer à sa nouvelle vie de diplomate. Car finalement, et malgré son talent de buteur, le football n’était qu’un hobby pour lui. Mais il n’a pas oublié pour autant le ballon rond et le championnat de France, puisque avec Just Fontaine et l’avocat Jacques Bernard, il est à l’origine de la fondation de l’UNFP – syndicat des joueurs professionnels français – et permet ainsi aux joueurs de signer des contrats à durée librement déterminée. Parfait pour calquer les contrats avec les études.

#213 - Ernest Schulz

Ernest Schulz
Lyon (1954-1957), Toulouse (1957-1963)

Bon courage pour trouver des images d’Ernest Schulz le footballeur, il faut plutôt s’appuyer sur les souvenirs des anciens et les livres d’histoire. Celle de l’OL a d’ailleurs en quelque sorte débuté avec l’attaquant alsacien, contribuant très largement à la première montée des jeunes Gones dans l’élite. Un avant-centre imposant physiquement et redoutable face au but, des caractéristiques et un talent qui lui permettent de figurer encore aujourd’hui dans le top 10 des meilleurs artilleurs de l’histoire de Lyon (92 réalisations en 147 rencontres). Il continuera ensuite à faire le bonheur du championnat sous les couleurs du défunt Toulouse Football Club, l’ancêtre du TFC actuel, où il se hissera également à la deuxième place des meilleurs buteurs du club, en enchaînant les buts de renard et les frappes puissantes et tranchantes. Ce qui lui permettra d’intégrer le cercle fermé des internationaux français comptant une sélection. Ernie chirurgical.

#212 - Souleymane Diawara

Souleymane Diawara
Le Havre (1999-2003), FC Sochaux-Montbéliard (2003-2006), Bordeaux (2007-2009), OM (2009-2014), Nice (2014-2015)

Les gants et les cuites. Souleymane Diawara était un personnage, qui a régalé la Ligue 1 sur un quinzaine d’années en se révélant crucial, au poste de défenseur central, dans les titres de champion des Girondins (2009) et de l’OM (2010). À son arrivée à Bordeaux, c’est un drôle de recadrage auquel avait eu droit ce fêtard notoire, comme il le narrait dans les colonnes de France Football : « Mon agent m’avait dit de me calmer : « Souley, là c’est Bordeaux, c’est Laurent Blanc, c’est du lourd, donc on ne déconne pas, O.K. ? » Je lui réponds qu’il n’a pas à s’inquiéter, que je vais me calmer. Les quatre premiers mois, je suis nul, mais nul… Jean-Louis Gasset (adjoint de Laurent Blanc) me convoque, me demande ce qui se passe. Moi, je lui dis que tout va bien, au contraire je ne sors plus du tout, je suis nickel. Et là, avec sa voix cassée, il me dit : « Écoute-moi bien : tu vas vite reprendre ta vie de bâtard. Le changement, le cocon, c’est pas pour toi. On est jeudi, c’est soirée étudiante. Donc, demain, je veux te voir mort à l’entraînement, tu m’as compris ? » Je le regarde : « Vous êtes bien sûr ? » En plus, on jouait le PSG le dimanche. Donc, je fais une bringue de chez bringue : la musique, les femmes, les verres, la totale. Le lendemain, je suis K.-O. complet. Dimanche, on gagne 3-0, je finis homme du match. Gasset vient me voir et me dit : « Voilà, c’est ça ta vie à toi ! Donc, tous les jeudis soir, je veux te voir dehors ! » (Rires.)  » La recette sera vraisemblablement la même sur la Canebière. Et si la volonté de Vincent Labrune avait été respectée, le numéro 21 ne serait aujourd’hui plus porté dans le club phocéen.

#211 - Daniel Leclercq

Daniel Leclercq
Valenciennes (1967-1970), OM (1970-1972 puis 1972-1975), Angoulême (1971-1972), Lens (1974-1978 puis 1979-1983)

Les moins de 35 piges l’appelaient « le Druide » , un mage dont les pouvoirs, comme coach, ont offert à Lens ses deux trophées majeurs (le championnat de France 1998 et la Coupe de la Ligue 1999), fait des Sang et Or la seule équipe française à s’imposer à Wembley fin 1998 contre Arsenal ou ramené Valenciennes dans le monde pro (en Ligue 2) en 2005. Mais avant de parader dans les rues de Lens au volant d’un tracteur conduit par Gervais Martel ou de transformer Steve Savidan en machine à marquer, Daniel Leclercq, décédé en novembre 2019 à 70 ans, c’était surtout une patte gauche délicieuse récompensée de convocations en équipe de France de jeunes pendant sa formation à Valenciennes, d’un premier match en pro avec l’USVA (l’ancien nom du club valenciennois) durant ses études en comptabilité en alternance – pression parentale oblige – à 18 ans, et d’une rencontre de Coupe d’été avec l’OM en 1970… sous fausse licence à 20 balais, alors qu’il passait juste ses vacances chez l’un de ses potes marseillais de l’équipe de France militaires. Crush immédiat pour l’entraîneur phocéen de l’époque, Mario Zatelli, qui convainc le milieu de faire le grand saut, titre de champion de France (1971) et rencontres de C1 et C3 à la clé, avant un retour dans sa région natale en 1974, à Lens. Dans l’Artois, où il évoluera neuf ans avant un ultime tour de piste à VA, son club de cœur, « le grand blond » écrit une première fois sa légende. S’il perd la finale de la Coupe de France contre Sainté en 1975, et ne finit que vice-champion de France derrière Nantes en 1977, le gaucher remporte tout de même un trophée sous le maillot sang et or cette année-là : l’étoile d’or du meilleur joueur français au nez et à la barbe de Monsieur Michel Platini. Comment ça se dit, légende, en Ch’ti ?

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