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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (120-111)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#120 - Joseph Yegba Maya
Joseph Yegba Maya
Marseille (1963 et 1966-1970), Valenciennes (1970-1971 et 1972-1973), Strasbourg (1973-1975)
« Cette grande tige porte le nom de Maya. Grande oui, mais espiègle Maya. Tout le monde aimera Maya. » La France n’a pas attendu l’apparition du dessin animé pour voir les aventures de Maya. Et celles-ci débutent au Cameroun où Joseph Yegba Maya naît avant de débarquer dans le Sud de la France pour exercer le métier de mécanicien à la SNCF. Sauf que celui qui se fait appeler Zé est plutôt doué avec le ballon. Et il le prouve lors d’un match face à la réserve de l’Olympique de Marseille contre qui il plante un quadruplé avec son équipe amateur de Gallia Chutes-Lavie. Il n’en faudra pas plus à l’OM pour le recruter et profiter de son talent de buteur (113 buts en 236 matchs avec Marseille), même s’il était aussi connu pour vendanger certaines occasions. Mais si parfois ses pieds lui jouaient des tours, sa tête ne lui a jamais fait défaut, et il était donc commun de le voir voler comme un papillon et piquer comme une abeille le ballon au fond des filets d’un gros coup de casque. Celui qui a permis à l’OM de mettre fin à 21 ans sans trophée – en marquant en finale de Coupe de France face à Bordeaux en 1969 – est ensuite parti à Valenciennes puis à Strasbourg pour entrer dans le club des 100 de la Division 1 (124 buts en 238 matchs).
#119 - Loïc Amisse
Loïc Amisse
Nantes (1973-1990)
Amisse a vite quitté la Star Ac’ mais Loïc Amisse, lui, a tout gagné. Né à Nantes et formé chez les Canaris, l’ailier a disputé 503 matchs de D1 en Loire-Atlantique. Le temps de marquer 86 buts, de livrer des galettes à tire-larigot et de former un tandem mythique avec Bruno Baronchelli (voir #145). « J’avais pas mal de complicité avec José Touré, Vahid Halilhodžić, pour l’année du titre en 1983, ou avec Victor Trossero pour celui de 1980, expliquait-il au Quotidien du sport. On savait comment se trouver… J’ai plus de passes décisives que de buts à mon actif. À ce moment-là, les passes décisives étaient moins valorisées. Or, moi, je n’avais qu’une préoccupation : déborder et centrer ! (Rires.) » Dans les colonnes de L’Équipe, Michel Rio le cite instantanément comme l’un des coéquipiers qui l’a le plus marqués : « Il avait une qualité de déplacement incroyable : appel, contre-appel. Tu n’avais pas encore reçu le ballon, tu savais ce que tu allais faire avec lui. Les entraînements de Coco (Suaudeau) te mettaient en éveil en permanence : quand le 1 a le ballon, le 3 doit déjà être en mouvement. Et Loïc Amisse, quand le 1 donnait le ballon, il faisait l’appel : s’il partait en profondeur, toi le 2, tu savais qu’il fallait le mettre dans les pieds. » Le cheat code a permis à Nantes de décrocher trois titres de champion en 1977, 1980 et 1983, ainsi qu’une Coupe de France en 1979. Amisse, ça glisse, au pays des merveilles.
#118 - Georges Carnus
Georges Carnus
Stade français/Stade de Paris (1962-1967), Saint-Étienne (1967-1971), Marseille (1971-1974)
Au printemps 1971, le départ imminent de Georges Carnus et de Bernard Bosquier de Saint-Étienne vers Marseille est révélé dans la presse. À une époque où les transferts et les histoires de gros sous n’ont pas vraiment leur place dans le football français, cette histoire fait grand bruit. « Mon rêve de toujours, c’était de jouer à l’OM, expose, pour So Foot, le premier cité. Et l’occasion s’est présentée quand j’étais libre, donc je suis allé à Marseille, voilà, c’est tout. Le transfert s’est fait tout seul. Rocher (le président stéphanois, NDLR) n’a pas accepté les conditions qu’on avait proposées pour resigner, et Leclerc (le président marseillais, NDLR) les acceptait. Voilà la différence. Si Rocher avait accepté, j’aurais signé à Saint-Étienne, et c’était fini. Je n’aurais jamais joué à Marseille. » Il serait toutefois terriblement réducteur de n’aborder la carrière du célèbre dernier rempart que par le prisme de ce changement de club. Car ce gardien d’1,78 m, très adroit sur sa ligne et explosif dans ses sorties aériennes, est une référence à son poste du milieu des années 1960 à celui des années 1970. Avec les Verts, il remporte trois championnats successifs (1968, 1969, 1970), puis en ajoute un quatrième avec l’OM (1972). Celui qui est élu à deux reprises « Joueur français de l’année » par France Football (1970, 1971) s’offre aussi 36 sélections sous le maillot tricolore. Sa carrière s’arrête toutefois prématurément, en 1974, à la suite d’un accident de voiture qui le blesse grièvement et qui, surtout, coûte la vie à sa femme et à ses trois filles.
#117 - Alain Caveglia
Alain Caveglia
Sochaux (1990-1994), Le Havre (1990-1996), OL (1996-2000), Nantes (2000),
Avoir provoqué la première garde à vue du stand-upper John Sulo et terni la carrière de l’arbitre Claude Colombo à cause d’un penalty litigieux en finale de la Coupe de France 2000 contre Calais ne sont pas les seuls faits d’armes de « Cavegoal » . Bouillant entre 1993 et 1999 (avec des exercices à 20, 19 et 17 pions en championnat), le Lyonnais a marqué 104 fois au total, en 313 apparitions en première division. La plus belle période ? L’OL, son club de cœur, évidemment : « C’est la plus heureuse, la plus épanouie, nous racontait-il. C’est aussi là où j’étais au top dans ma carrière. En plus, je me rapprochais de ma famille ou de mes proches. C’est toujours difficile de revenir dans sa ville d’origine. Mais personnellement, ça m’a boosté. Je ne voulais pas louper ce retour. Tout petit, j’allais déjà à Gerland. C’est la plus belle période de ma vie de footballeur, avec des matchs de Coupe d’Europe, des chocs de haut de tableau, le brassard de capitaine… »
Le départ de la capitale des Gaules, après avoir été poussé vers la sortie par la direction, sera d’autant plus difficile pour celui qui était alors l’idole de Gerland. Le 3 décembre 1999, Lyon paume à domicile contre l’ESTAC alors que les tribunes font la grève des encouragements, en soutien à l’attaquant. « Nous avons joué à l’extérieur. C’est inadmissible » , chouinera même Jean-Michel Aulas. Quelques jours plus tard, Caveglia a fait ses bagages. « C’est la plus grosse claque. […] Ensuite, je fais six mois à Nantes, où je gagne mon seul trophée et la Coupe de France. Mais je n’étais pas bon là-bas. Pas à cause de Nantes, mais parce que je n’étais pas là. J’ai eu du mal à me relever. » Précédemment, c’était sous le maillot du HAC, en février 1995, qu’il avait planté un superbe doublé dans les chicots de Greg Coupet version stéphanoise.
#116 - Gérard Janvion
Gérard Janvion
Saint-Étienne (1972-1983), PSG (1983-1985)
Quatre championnats (1974, 1975, 1976, 1981), trois Coupes de France (1974, 1975, 1977), une finale de Coupe d’Europe (1976) : Gérard Janvion fait inévitablement partie de la grande histoire de l’AS Saint-Étienne. Indispensable, « le Cerbère » joue surtout latéral, mais dépanne volontiers dans l’axe ou au milieu de terrain. À chaque match, le Martiniquais agrandit un peu plus sa poche pour y mettre les attaquants adverses. « Je ne l’ai encore jamais chronométré sur 100 mètres, mais je serais curieux de connaître son temps, glissait Robert Herbin. Il est d’une rapidité incroyable, et toutes ses qualités physiques sont exceptionnelles. Il était venu au club comme attaquant, et nous l’avons transformé en défenseur. C’est un joueur dont tout entraîneur a besoin, car il est intraitable sur l’homme. Rappelez-vous comment, en quatre mois, il a mis sous l’éteignoir Blokhine, Hoeness, Van de Kerkhof, Šurjak, Paulo Cesar et bien d’autres. » Janvion mon frère.
#115 - Patrice Loko
Patrice Loko
Nantes (1989-1995), PSG (1995-1998), Lorient (1998-1999), Montpellier (1999-2000), OL (2000-2001), Troyes (2000-2001), AC Ajaccio (2004)
« Stade plein, jeu intéressant, et on gagnait tout le temps. » Si le FC Nantes 1994-1995 a autant fait vibrer, c’est grâce à ces trois ingrédients, dixit Patrice Loko. « J’étais persuadé, avant chaque match, qu’on allait gagner parce qu’on allait mettre au moins un but. […] C’est pas compliqué, une fois sur deux, on mettait trois buts à la Beaujoire. On appelait ça le « tarif maison ». Ça aussi, ça devait énerver les autres. » Lors de cet exercice d’anthologie, le natif du Loiret est dans tous les bons coups avec ses acolytes Reynald Pedros et Nicolas Ouédec. Et dans ce jeu flamboyant, la flèche tressée est à la conclusion des mouvements, lui qui terminera tout en haut du classement des buteurs avec 22 caramels. Tout ça en fumant « cinq cigarettes par jour, que le soir, jamais la journée » d’après ses dires. L’un de ses pions aura d’ailleurs davantage de valeur que les autres : ce but inoubliable inscrit dans la stratosphère face au PSG de Bernard Lama, le 19 août 1994 au tout début de cette formidable épopée.
« Je contrôle de la poitrine et j’ai très bien vu que Reynald est derrière moi, alors je lui fais la passe en retourné, décrira l’international français. Lui, pareil, il sait que je vais lui demander, mais il faut quand même qu’il me mette la balle exactement au bon endroit et au bon moment. C’est ce qu’il fait. On pourrait se dire que je vais contrôler, mais le ballon est juste là où il faut, alors avant qu’il ne touche le sol, je le reprends de volée et il va se figer dans la lucarne de Bernard Lama. » Et tout ça grâce aux heures passées à la Jonelière, dans la fameuse et mythique « fosse » : « C’est un tout petit terrain de 20 mètres environ, de la longueur d’une surface de réparation, où on jouait beaucoup à une touche de balle, et beaucoup en l’air. On faisait des jeux où il ne fallait jamais que le ballon touche terre. Un peu comme un tennis ballon, mais sans rebond, de la tête, du pied. On faisait ça régulièrement, donc on s’en servait souvent en match, dans ce genre de positions. Ce jour-là, ça a plutôt bien marché. »
C’est aussi ça, la magie du football de Coco Suaudeau : « Ça résumait parfaitement le foot à la nantaise qu’on pratiquait à cette époque, analysait Loko dans nos colonnes. Ça va tellement vite dans le match que je ne m’en rends pas vraiment compte. C’est quand je l’ai revu à la télé que j’ai compris le truc. Maintenant, on se souvient de moi par rapport à ce but. Les gens me disent : »Ouais, je me rappelle, j’y étais au Parc, à ce moment-là. » Sauf que c’était chez nous ! J’ai chronométré l’action devant ma télé. Entre la touche de Cauet, l’échange avec Reynald et mon but, elle dure huit secondes. […] Coco le disait : on n’était pas la meilleure équipe du monde, pas la meilleure équipe qu’il ait eue, vue et connue. Mais il a joué avec nos qualités. Au lieu de faire tourner le ballon comme il a pu faire en 1983, avec des joueurs très techniques qui pouvaient faire la différence, nous, comment on faisait ? Dès la récupération, ça giclait vite devant. C’est ça, le jeu à la nantaise. » Parti dès 1995 mais toujours resté fidèle à la France, Loko ne réatteindra jamais son score de 22 unités, et ne sera jamais champion une deuxième fois. Mais il continuera de marquer, à Paris, Lorient, Montpellier, Troyes ou même Ajaccio.
#114 - Thiago Motta
Thiago Motta
PSG (2012-2018)
1 an, 11 mois et 4 jours. Voilà la période – entre le 29 avril 2012 et le 13 avril 2014 – durant laquelle Thiago Motta a été invaincu en Ligue 1. Pourtant, durant cette même période, le PSG s’est incliné à 6 reprises dans le championnat de France. Preuve de l’impact de l’ancien de l’Inter Milan dès son arrivée dans la capitale à l’hiver 2012. Il faut dire que durant les six saisons et demie que Thiago Motta a passé au PSG, il y a toujours eu un Paris avec et sans l’international italien. Et pas besoin de préciser que c’était le premier qui était le plus beau à voir jouer. En même temps, le football est plus facile lorsque l’on a une sentinelle capable de récupérer des ballons, mettre quelques coups à l’adversaire et être le fer de lance de l’offensive par une passe courte pour ses deux compères du trio magique – Blaise Matuidi et Marco Verratti – ou une passe plus longue vers les attaquants ou les ailiers. Bref, Thiago Motta était une machine à laver qui rendait tous les ballons propres et qui a dû rater 10 passes durant tout son passage à Paris où il a remporté 5 titres de champion de France. Et s’il a fait le bonheur des supporters parisiens et de ses coéquipiers, il était le joueur le plus détesté – ce qui prouve que vous êtes un joueur qui compte – des adversaires en raison de son comportement parfois limite et de sa grande gueule. Au point d’avoir reçu un coup de tête de Brandão après un match face à Bastia. Et dire que celui que le PSG peine toujours à remplacer depuis sa retraite à l’été 2018 doit sa venue dans la capitale à… Marseille. Car oui, sans le jeu de domino qui a suivi le retour de Lucho González à Porto, puis le prêt de Fredy Guarín à l’Inter, Thiago Motta n’aurait pas débarqué en Ligue 1 au dernier jour du mercato hivernal 2012. Et cela aurait été un grand gâchis pour notre championnat de France.
#113 - Nestor Combin
Nestor Combin
OL (1959-1964), Metz (1971-1973), Red Star (1974-1975)
Néstor Combin, c’est une gueule sévère. Un attaquant comme les aime l’Argentine : dur sur l’homme et létal devant le but. Cette palette, la France a également appris à s’en délecter durant les piges de celui que l’on surnommait « La Foudre » . Né en Argentine, à Las Rosas, Combin émigre en effet vers l’Hexagone à l’adolescence, en 1957, à la quête de meilleure fortune, poussé par sa grand-mère maternelle française. Installé dans le Rhône, l’avant-centre ne perd ainsi pas de temps, et décide de s’inscrire à une journée de tests réalisés par l’Olympique lyonnais. Essais concluants, pour celui qui est lancé en D1 à l’été 1959. Le début d’une longue romance, le voyant former des duos successivement inégalables, aux côtés d’Angel Rambert d’abord, Eugène N’Jo Lea ensuite, et Fleury Di Nallo, pour conclure en apothéose. Le bilan statistique est d’ailleurs univoque : 78 buts inscrits (dont 68 en championnat) en 117 apparitions avec les Gones.
Club encore tâtonnant, l’OL s’appuiera d’ailleurs sur son Santafesino afin de décrocher son premier sacre d’envergure, avec la Coupe de France de 1964. Face aux Girondins de Bordeaux, Combin inscrit en effet les deux buts de la victoire rhodanienne (2-0), asseyant définitivement sa légende naissante dans le paysage footballistique français. Cette période dorée lui ouvrira alors la porte des Bleus, parcours cependant terni par huit capes seulement (quatre buts tout de même, et un match disputé lors de la Coupe du monde 1966). Henri Guérin, le sélectionneur d’alors, ne souhaitant pas vraiment donner un rôle primordial à celui que l’on considérait encore comme un étranger.
Ce statut d’ « étranger » , le buteur le subira en réalité toute sa carrière. À l’image de sa belle parenthèse en Serie A (Juventus, Varèse, Torino et AC Milan). Sous le maillot rossonero, à l’occasion de la finale retour du Mondial des clubs de 1969, disputé à la Bombonera face à Estudiantes, il sera ainsi violemment pris en grippe par ses compatriotes (et adversaires) de La Plata. Ces derniers l’accusent d’avoir trahi l’Argentine pour s’exiler en Europe. Sévèrement taclé à plusieurs reprises, « Il Selvaggio » ( « Le Sauvage » , son surnom dans la Botte) finira le nez cassé, au sortir d’une bagarre générale sanglante, avant d’être arrêté par la police portègne, l’accusant d’avoir lancé les hostilités. Un parcours semé d’embuches, qui n’aura, à vrai dire, fait que renforcer la légende du grand Néstor Combin.
#112 - Lilian Laslandes
Lilian Laslandes
Auxerre (1992-1997), Bordeaux (1997-2001 puis 2004-2007), Bastia (2002-2003), Nice (2003-2004 puis 2007-2008)
Le grand blond avec deux pieds d’une précision létale. Arrivé en D1 à 21 ans, Lilian Laslandes ne tarde pas à y faire valoir toutes ses qualités. Attaquant athlétique, ambidextre et adroit de la tête, capable de servir de point de fixation pour ses partenaires, de délivrer des caviars et, bien sûr de conclure lui-même les actions, le gamin du Médoc s’épanouit d’abord sous les ordres de Guy Roux, à Auxerre. Sacré champion de France en 1996, il rejoint ensuite son club de cœur, Bordeaux, avec lequel il glane un autre titre national (1999). Ce bon vivant n’est jamais le dernier quand il s’agit de sortir le soir et de passer du temps avec ses coéquipiers, mais sans jamais oublier sa rigueur et son professionnalisme. « Je me rappelle un match important qu’on gagne et après, on va au restaurant, raconte-t-il à So Foot, en souvenir de sa première période bordelaise. On sort le soir, et le lendemain, on arrive dans le vestiaire un peu fatigués. Élie Baup commence à parler, et je commence à m’assoupir un petit peu. Et là, Michel Pavon frappe un petit coup dans les mains et fait sortir tout le monde du vestiaire. Je me réveille, seul dans le vestiaire donc, et en arrivant sur la pelouse, tout le monde m’attend pour m’applaudir. Des conneries comme ça, il y en a des paniers à raconter. Baup savait que sur le terrain, on faisait les efforts. Tu te permettrais de faire ça sans assurer derrière, ça ne serait pas passé. Par la suite, l’homme aux 126 buts en 407 matchs de championnat rend aussi de fiers services à Bastia ou à Nice, où son leadership et son expérience s’avèrent être de précieux atouts.
#111 - Gilles Rampillon
Gilles Rampillon
Nantes (1971-1982)
Le meneur de jeu d’une équipe de légende, avec qui il a été trois fois champion de France (1973, 1977, 1980), autant de fois vice-champion (1974, 1979, 1981), mais aussi finaliste (1973) et vainqueur (1979) de la Coupe de France ainsi que demi-finaliste de la C2 (1980). Le tout en étant khâgneux et en ne se consacrant au foot, pour passer professionnel, qu’en 1973. « J’étais un numéro 10 classique, nous résumait le frère de Patrick en 2016. Meneur de jeu, animateur offensif, stratège, en soutien des attaquants. Je fais 1,72m, plutôt vif, très technique. Si vous voyez mon but en équipe de France, ça résume mon style de jeu : dribbles courts, vitesse d’exécution, qualité de frappe. Mes entraîneurs ont souvent dit que je savais mettre en valeur mes partenaires. J’aimais percevoir leur jeu pour mieux les comprendre et les servir. J’avais un football simple, dépouillé et j’aimais jouer à une touche de balle. C’est peut-être pour ça que José Arribas m’a fait confiance très tôt. J’ai pu rapidement m’insérer dans le style de jeu qu’il préconisait. Après, tout en étant meneur de jeu, j’ai marqué beaucoup de buts. »
Et c’est peu de le dire : auteur de 93 réalisations en D1 (avec notamment une saison à 16 pions en 1975-1976), celui qui fera ensuite venir Zinédine Zidane à l’AS Cannes est tout simplement entré dans l’histoire du stade Marcel-Saupin, qui était encore l’antre des Canaris lors du règne de Rampillon : « Lorsque je jouais à Marcel-Saupin, je n’avais jamais vraiment de consignes, pour garder ce style offensif cher au FC Nantes. J’ai toujours évolué un peu comme un 4e attaquant. Dans le 4-2-4, j’étais un 10 à hauteur du 9. Dans le 4-3-3, j’étais 10 encore très près du numéro 9. Je suis le meilleur buteur de l’histoire du FC Nantes à Saupin, le troisième de l’histoire du club derrière Blanchet (voir #123) et Gondet ex-aequo avec Halilhodžić. Bon, il a joué moins de saisons que moi, mais j’étais un numéro 10. En fait, ces chiffres s’expliquent stratégiquement et tactiquement. À domicile, j’étais hyper offensif, alors qu’à l’extérieur, pour être champion, Gilles Rampillon était numéro 10 pour l’équilibre de l’équipe. Pour resituer, je suis le meilleur buteur à domicile avec 64 buts, le deuxième étant Halilhodžić avec 62, désolé Vahid ! »
Gilles Rampillon est le deuxième en bas en partant de la droite.
Mais la ligne la plus belle de son palmarès est peut-être, pour lui aussi, la rencontre à laquelle il a pris part le 2 juillet 1980 : « On est au centre sportif de la Jonelière. […] On vient d’être sacrés champions de France. Il me semble qu’on a encore un ou deux matchs de championnat. […] On est en roue libre, mais on s’entraîne au stade habituel du centre sportif sur un terrain stabilisé en contrebas. On me dit : Bob Marley veut faire un match, il vient avec son groupe, il a un concert le lendemain. On fait un 5-5 après l’entraînement. C’est un match inoubliable. On lui donne un maillot Europe 1. Il joue avec un bas de survêtement. On gagne 4-3, il marque deux buts. Il était passionné de football. Un match extraordinaire. On avait mis une belle équipe. Universalité du football et plaisir du jeu. […] Ça ne m’étonne pas d’avoir lu qu’il aurait voulu être footballeur professionnel. Sur le moment, j’étais jeune, on ne s’en rend pas compte, et on se souvient après coup que c’était magique. »
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF