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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (110-101)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#110 - Zinédine Zidane
Zinédine Zidane
Cannes (1988-1992), Bordeaux (1992-1996)
La beauté d’un geste peut changer le destin d’un homme. Pour Zinédine Zidane, ce geste est un petit pont réalisé sous le maillot de son équipe de Septèmes sous les yeux de Jean Varraud. « Je suis parti à l’essai une semaine à Cannes grâce à ce geste, racontait-il à L’Équipe. Il me l’a dit après. Monsieur Varraud a été comme un père pour moi à Cannes. Il était fantastique ! Tout le temps à me parler, à me dire que je réussirais si j’étais sérieux, si je bossais. Il ne me lâchait jamais. Un dingue de foot. C’est lui qui a forcé Jean Fernandez, alors entraîneur des pros, à venir me voir chez les jeunes, à force de lui casser les pieds. Il y a des personnes qui sont des génies et qui marquent votre existence. » Les débuts du jeune brun de 17 ans arrivent en 1989, mais il lui faut attendre plus d’un an pour s’imposer comme un titulaire en puissance et même 1991 pour signer son premier but, un lob délicieux, contre Nantes. Un grand moment pour Yazid, qui voit son président Alain Pedretti le récompenser en lui offrant… une Clio rouge, sa première voiture. Le milieu élégant et très technique vit les montagnes russes avec Cannes : une première en Coupe d’Europe, une parenthèse avec le service militaire et la Coupe du monde militaire, et enfin une relégation en D2.
Une division qu’il ne connaîtra jamais puisqu’il signe à Bordeaux, alors que Raymond Goethals, le coach de l’OM à l’époque, le trouve trop lent. « Je savais que j’étais lancé, dit-il. J’étais dans mon rêve de pro. J’avais capté. Je pouvais être avec eux. Ça s’est fait doucement. Ce n’est pas comme maintenant. Il y avait moins de contrats pros à l’époque. Il y a eu aussi des rencontres fortes. » En Gironde, Yazid devient Zizou, un surnom trouvé par Rolland Courbis, et forme le triangle bordelais avec Bixente Lizarazu et Christophe Dugarry, ses futurs compères au Mondial 1998. Une période de quatre ans résumant bien le joueur qu’est Zidane : très fort, trop fort, capable de marquer des buts splendides, de délivrer des passes auxquelles personne n’avait pensé, mais aussi d’avoir des coups de sang, comme ce coup de poing lâché à Marcel Desailly en 1993. Un an plus tard, il retrouve le défenseur en débarquant en équipe de France. Une réputation dans l’Hexagone, puis en Europe, où il guide Bordeaux en Coupe de l’UEFA et tape dans l’œil de la Juventus, qui mettra un terme à son histoire avec le championnat de France. Ce n’était pourtant que le début.
#109 - Patrice Rio
Patrice Rio
Rouen (1969-1970), Nantes (1970-1984), Rennes (1985-1987)
S’il n’a disputé que neuf rencontres de championnat la saison de son premier titre (1972-1973), Patrice Rio a tout de même le mérite d’avoir été champion à quatre reprises, à chaque fois avec le FC Nantes, lui qui aura eu le temps de connaître José Arribas, Jean Vincent et Coco Suaudeau, et d’être sacré avec chacun d’eux. Lors des trois succès suivants (1977, 1980, 1983), le défenseur central aura été un pilier des Canaris. Ajoutez à cela une Coupe de France (1979), deux finales et quatre places de vice-champion, et vous obtenez le plus beau palmarès de l’histoire du FCN. Fils de l’ancien attaquant du FC Rouen et de l’équipe de France Roger Rio, Patrice compte pas moins de 537 rencontres avec les Canaris, et 509 (avec Nantes ou Rennes) au total en D1. « On s’amusait sur le terrain, on se trouvait les yeux fermés, et en dehors on s’invitait à dîner, se remémore-t-il au sujet de sa très longue période en Loire-Atlantique. Je n’ai pas l’impression que ce soit pareil aujourd’hui. Rester quatorze ans dans un club, ça n’existe plus. »
Avec Giscard.
Par ailleurs, cette carrière de légende s’est peut-être joué à des détails : « Le moment qui a changé ma carrière ? Ma première saison à Rouen, en 1969-1970, racontait-il dans L’Équipe. Un des défenseurs centraux est blessé, le remplaçant se marie et n’est pas disponible. Je me retrouve titulaire pour la deuxième journée, je fais toute la saison, je deviens international Espoirs, on bat deux fois Nantes, et Robert Budzynski me remarque. Si on n’avait pas eu besoin de moi à ce moment-là, je serais peut-être resté amateur. Cette année-là, j’ai entendu pas mal de réflexions du genre : « Son père, c’était autre chose. » C’était vrai : mon père était un n°10, moi, un stoppeur. Et j’ai toujours reconnu que je n’étais pas doué au départ pour faire une carrière pro. Mon père me faisait toujours des reproches après les matchs. Jamais un compliment. Quand Rouen m’a proposé un contrat pro, il m’a dit : « Tu es fou, le foot c’est précaire alors que tu as un métier en main. » J’ai signé pro contre sa volonté. »
#108 - Michel Hidalgo
Michel Hidalgo
Le Havre (1952-1954), Reims (1954-1957), Monaco (1957-1966)
Dans la culture collective, son nom reste indissociablement lié au premier titre international jamais remporté par l’équipe de France, à savoir l’Euro 1984. Grâce au sélectionneur Michel Hidalgo, les Bleus ont compris qu’ils pouvaient aller jusqu’au bout d’une compétition majeure. Mais le joueur Michel Hidalgo a, lui aussi, connu une carrière riche en grands succès. Ailier droit ô combien talentueux, dribbleur très adroit, le Nordiste de naissance a ainsi fait partie du grand Reims champion de France en 1955 et finaliste malheureux de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1956 (il a d’ailleurs inscrit un but de la tête lors de ladite finale). De joueur de rotation, l’ancien Havrais est devenu un titulaire indiscutable en rejoignant le Rocher en 1957, où il a activement contribué au changement de dimension d’une AS Monaco sacrée championne à deux reprises avec son feu follet (1961 et 1963). Dès 1964, avant même de raccrocher les crampons, ce dernier a succédé à Just Fontaine à la présidence de l’UNFP. C’est sous son mandat et sous l’impulsion de son syndicat que la FIFPro (fédération internationale des joueurs professionnels) a vu le jour en 1966, puis que le contrat à temps, fruit d’intenses négociations, est entré en vigueur en 1969. Non, vraiment, se contenter de parler du Michel Hidalgo sélectionneur serait bien trop réducteur.
#107 - Roger Lemerre
Roger Lemerre
Sedan (1961-1969), Nantes (1969-1971), Nancy (1971-1973), Lens (1973-1975)
Triple étoile d’or France Football, en 1966, 1968 et 1969, Roger Lemerre n’a malheureusement jamais pu fêter un titre de champion de France. Le défenseur central, figure du club de Sedan, mais arrivé trop tard pour être champion avec les Sangliers, et passé par le FC Nantes au mauvais moment (une troisième place en 1970, seulement, au milieu d’une période faste pour les Canaris), a été poissard jusqu’au bout puisqu’il a échoué deux fois en finale de la Coupe de France (Sedan, en 1965, Nantes en 1970). Heureusement qu’il se rattrapera en tant que sélectionneur de l’équipe de France, quelques années plus tard.
#106 - Robert Pirès
Robert Pirès
Metz (1992-1998), Marseille (1998-2000)
La vie est injuste. Il suffit que celle-ci vous dote de pieds en canard pour que votre élégance (ou du moins celle dont on se souviendra) en prenne une claque. Il suffit qu’un ligament pète au moment où vous êtes au sommet de votre art pour être empêché d’entrer dans le Panthéon. Il suffit qu’on ne soit pas le plus talentueux derrière un micro de commentateur pour que tout le vernis s’écaille aux yeux du grand public. Il suffit d’un petit rien pour être expulsé du top 100 des joueurs de Ligue 1, alors que dans un monde pas si parallèle, le podium vous tendait les bras. Tout ça, Robert Pirès l’a vécu. Mais les vrais savent que le natif de Reims, l’idole de Saint-Symphorien et l’attraction marseillaise de la fin des années 1990 (malgré une fin d’aventure compliquée sur le plan psychologique) avait tout du joueur ultime qu’il deviendra ensuite à Arsenal. Gracieux balle au pied, belle gueule, garçon éminemment sympathique, il a surtout étalé tout son génie sous le maillot grenat, plantant 11 buts sur chacune de ses trois dernières saisons à Metz, formant le truculent duo des PP flingueurs avec Cyrille Pouget et portant une formidable génération à la seconde place du championnat 1997-1998. Certes, Robby est encore aujourd’hui amer de ne pas avoir apporté le titre de champion à Carlo Molinari, qu’il considère comme un second père, mais c’est en tant que joueur du club à la croix de Lorraine qu’il est devenu champion du monde, une fierté pour lui et pour toute une région.
La réaction de Robert Pirès : « Salut Mathieu tout va très bien merciiiiii et toi comment vas-tu ? Merci d’avoir tout fait pour que je sois dans le top 10 !! Tout simplement merci et ça fait toujours plaisir d’avoir cette reconnaissance même si je n’ai joué que 8 ans en France. Amitiés. Robert7. »
#105 - Reynald Pedros
Reynald Pedros
Nantes (1990-1996), OM (1996-1997), OL (1997-1998), Montpellier (1999-2000), Toulouse (2000-2001), SC Bastia (2001-2003).
« J’estime qu’à notre niveau, on a sauvé le club. Avant, la Coupe de la Ligue (en 1992) se jouait en fin de saison, et finissait lors du début de la saison suivante. Donc toutes les saisons, au moment de la Coupe de la Ligue, les pros partaient en vacances. Et on jouait avec les jeunes du centre. Et je me souviendrai toujours ce qu’avait demandé Laurent Guyot, dans le vestiaire, à Coco (Suaudeau). « Voilà coach, on connaît tous les problèmes du club. Est-ce que si vous avez le droit de recruter, vous allez recruter et sinon, qu’est-ce que vous allez faire? » « Si j’ai pas l’autorisation de recruter, je partirai avec vous », avait clairement dit Coco. Une semaine plus tard, Nantes est interdit de recrutement, et on reçoit un coup de fil de Coco : « On part avec vous. » Quelque temps avant, Coco voulait me prêter parce que je n’arrivais pas « à passer le cap ». « Est-ce que tu crois que tu peux réussir à Nantes ? » qu’il me demande. « Oui, oui, je vais réussir à Nantes. » C’était dans le sauna de la Jonelière. » C’est ainsi que l’histoire de Reynald Pedros et de ses compères a commencé, comme il nous le racontait en 2015. La suite est un conte de fée.
« Rester invaincu 32 matchs d’affilée sur toute une saison n’a pas encore été égalé. On pouvait pourtant s’attendre à ce que le PSG d’aujourd’hui le batte. Et puis non. Ce record n’est pas facile à aller chercher. Je suis hyper fier d’avoir appartenu à cette équipe. Tout le monde ne peut pas être champion de France » : le fin technicien, au toucher de balle exquis, n’oubliera jamais cette saison 1994-1995 d’anthologie réalisée par FCN, avec la première place, la meilleure attaque, la meilleure défense, la série d’invincibilité et un bilan d’une seule défaite à la 38e journée. Tout comme personne n’oubliera la beauté de son trio formé avec Nicolas Ouédec (voir #128) et Patrice Loko (voir #115). Meilleur passeur du championnat de France en 1993-1994 (onze offrandes), le gaucher remettra ça l’année du sacre avec douze caviars, dont l’un d’anthologie pour le but de Loko face au PSG. Car avec Pedros, c’est toute une génération de cracks façonnés à la Jonelière qui explosera en même temps. « Avec la réserve, notre génération avait une tradition : le mercredi, c’était réserve contre équipe pro. Et nous, les petits jeunes, on leur mettait tôle sur tôle. À la fin, ils ne voulaient plus jouer contre nous. Il y avait moi, Nico, Pat’. C’était quelques années avant le titre. Quand on est passés pros, le match du mercredi était de retour et jamais personne ne nous a mis une tôle. » Avec ses cheveux longs et ses exploits, Pedros devient une icône. Avec son caractère : « C’est faux, nous contredira-t-il. Y en a beaucoup, même des entraîneurs, qui se sont servis de cette image pour me faire passer pour un petit con, un casse-couille, un mec qui ne s’intégrait pas. Mais je n’ai jamais eu un problème dans un groupe, aucun souci de comportement. Alors oui, j’ai un caractère bien trempé, mais parce que j’ai des convictions, je ne me laisse pas marcher sur les pieds. »
Le reste de la carrière du Loirétain ne sera malheureusement pas aussi intense, à l’image de sa carrière en Bleu ou d’un transfert au Barça qui ne s’est jamais fait : « Je n’y suis pas allé parce que mon ex-femme ne voulait pas y aller. Mon agent m’avait conseillé de ne pas m’engager là-bas si c’était pour partir seul et laisser la famille en France. Pas la peine. Et puis voilà, je vais à Marseille et finalement, trois mois après, je divorce. Bon… » Passé par l’Italie, il écumera les clubs français sans jamais retrouver ce niveau exceptionnel de 1995. Et cela peut s’expliquer : « Quand je pars, moi, l’idée c’est de vivre la même chose qu’à Nantes, mais un cran au-dessus. Comme jouer la Coupe d’Europe tous les ans par exemple. Mais je n’ai jamais réellement trouvé. Je me suis trompé quelque part dans les objectifs que je m’étais fixés parce que je n’ai pas su, moi, m’adapter à la situation. Je voulais absolument que ce soit comme à Nantes, y trouver les mêmes trucs, avec des joueurs comme à Nantes. Je voulais trouver du plaisir, du jeu. »
#104 - Jocelyn Angloma
Jocelyn Angloma
Stade rennais (1985-1987), Lille OSC (1987-1990), Paris Saint-Germain (1990-1991), Olympique de Marseille (1991-1994)
Si les clichés ont parfois la vie dure, Jocelyn Angloma s’est chargé de démontrer qu’un Guadeloupéen pouvait parfaitement parvenir à associer la parole aux actes afin de devenir footballeur professionnel en métropole. Issu d’une famille avec six sœurs et quatre frères, l’insulaire passe avec succès sa détection pour signer à Rennes et met trois mois à intégrer l’équipe première du SRFC. Partout où le défenseur s’engage, ses employeurs sont conquis, et Angloma récolte assez rapidement le statut de grand espoir du football français.
Recruté par le PSG et convoqué chez Les Bleus, « Joce » est approché par Bernard Tapie lui-même pour signer à l’OM dès la saison suivante. « J’aimais sa manière de parler, son bagou, décrit-il pour le magazine SO FOOT. Il n’avait pas besoin de vendre l’OM, car on voyait bien tout ce qu’il s’y passait. Mais c’était surtout dans le fait de me convaincre que j’allais être un grand joueur. C’était flatteur. Et puis sur le plan financier, cela me permettait de faire un bond en avant, je ne vais pas le cacher : salaire triplé, savoir que tu vas jouer avec les meilleurs joueurs du monde… C’était un tout. » Bingo : grâce à Nanard, Angloma obtient le titre de champion de France en 1992 et soulève la C1 en 1993. De quoi résonner aujourd’hui comme un immense champion dans l’esprit de tous les Français.
#103 - Karim Benzema
Karim Benzema
OL (2004-2009)
« De la Ligue 1, à la Liga, il faut que je perce, transperce les filets du Barça. » Avant de devenir le Nueve du Real Madrid, Karim Benzema lâchait un mini-couplet plein d’ambition sur le titre « Fais-moi la passe » de Rohff. Fraîchement débarqué à la Maison-Blanche, le Lyonnais se prenait en effet à rêver de choses que lui seul se savait capable de réaliser, après avoir mis l’Hexagone à ses pieds.
Car de ses débuts, le 15 janvier 2005, numéro 39 dans le dos et au soir d’une victoire rhodanienne acquise face à Metz (2-0), jusqu’à son Ballon d’or, porté avec triomphe le 17 octobre dernier, se sont écoulées quatre années de grâce absolue en Ligue 1. À l’image de ce coup franc plein de lucidité, venu glacer Geoffroy-Guichard et offrir le derby aux siens, de ce slalom pour humilier les défenseurs du RC Lens ou de cette ouverture du score express face à Auxerre, afin de sceller le septième et dernier titre consécutif de l’OL.
Un léger résumé de ce que représente KB9 à Lyon : ce prodige que Gerland aura vu grandir, au point d’enfiler 148 rencontres, de remporter l’ensemble des sacres domestiques à disposition et d’entamer son histoire avec les Bleus. Souvenirs d’enfance.
#102 - Philippe Vercruysse
Philippe Vercruysse
Lens (1980-1986, 1987-1988, 1996-1997), Bordeaux (1986-1987 puis 1993-1994), Marseille (1988-1991), Nîmes (1991-1993), Metz (1994-1995)
Selon Franz Beckenbauer, c’était l’un des meilleurs n°10 au monde. Sans doute l’un des plus sous-cotés, aussi. En dépit d’une brillante carrière menée sur les pelouses de l’Hexagone, de Lens à Metz, en passant par Bordeaux, Nîmes et bien sûr Marseille, Philippe Vercruysse n’a effectivement pas eu droit à un parcours international digne de son immense talent. Quand on lui demande ce qui a cloché, le quadruple champion de France (1987, 1989, 1990, 1991) ne passe pas par quatre chemins : les sélectionneurs successifs de l’époque, Michel Platini et Gérard Houllier, n’ont jamais su lui accorder la considération qu’il méritait. « Dans leur conception du jeu moderne, le numéro 10 n’avait plus sa place, a déploré le Saumurois. Alors que le jour où on est champion du monde, c’est pourtant un numéro 10 qui marque deux buts de la tête ! Mais bon, ce sont ces deux hommes qui m’ont empêché d’avoir une carrière internationale et j’en ai souffert. » À défaut d’avoir été un cadre des Bleus, le meneur de jeu a régalé pendant des années les supporters de ses clubs successifs, inscrivant 102 buts en 458 matchs de D1. Ce qui est plutôt pas mal, pour un milieu de terrain.
#101 - Pascal Olmeta
Pascal Olmeta
Bastia (1982-1984), Toulon (1984-1986), Racing CF (1986-1990), OM (1990-1993), Lyon (1993-1997)
Avant d’être le pitre et la grande gueule de service de La Ferme Célébrités, une émission dont il sortira vainqueur, Pascal Olmeta a été un gardien incontournable de notre championnat. Entre Bastia et Toulon, les deux clubs de ses débuts, il se forge un caractère et peaufine un style quasiment unique dans les cages. Si la mission première d’un portier est d’empêcher le ballon de franchir la ligne et de faire trembler les filets, lui a constamment besoin de faire le show entre deux arrêts. Un boute-en-train, un joueur fantasque, avec des idées saugrenues, comme lorsqu’il souhaite entrer à dos de cheval au Parc des Princes lors de la finale de Coupe de France entre son Matra-Racing et Montpellier.
« Parfois, il frappait à la porte de Didier (Deschamps) et quand DD sortait de sa chambre, il venait doucement par derrière et lui mettait les doigts sur la tête en lui faisant croire qu’il avait un pistolet. Mais des fois, il en avait un, en vrai. On ne savait jamais avec lui. Je ne voulais pas trop en parler parce qu’il s’agit quand même d’armes à feu…, révélait Jocelyn Angloma, son partenaire de vestiaire à Marseille, à L’Équipe en 2020. Sur l’autoroute, il s’amusait à nous poursuivre dans une voiture improbable qu’il avait dû construire lui-même et il tirait en l’air. Il aimait bien faire peur à Basile. Il le rattrapait, se mettait à son niveau, ouvrait la fenêtre et tirait dans sa direction, juste pour l’impressionner. Quand il ne venait pas avec un flingue, il venait avec ses poignards. Des trucs immenses qu’il prenait pour aller à la chasse, chez lui en Corse, et il nous les mettait dans le dos pour voir notre réaction. » Son histoire avec l’OM a commencé par des insultes, avant une adoption de ce personnage haut en couleur par le public phocéen et une collection de titres (deux championnats de France et une Ligue des champions, bien sûr). Olmeta laisse une trace indélébile, mais voit le jeune Fabien Barthez lui passer devant et file donc à Lyon, en pleine croissance, où il joue le rôle du taulier et prend le brassard de capitaine.
Jusqu’à un point final digne du bonhomme, avec l’affaire Jean-Luc Sassus. Une brouille entre les deux hommes pour une jeune femme nommée Alexandra conduit le sanguin Olmeta à envoyer une droite monstrueuse dans la tronche de son pote dans le vestiaire après un match contre Nantes à quelques jours de Noël. Le défenseur finit aux urgences, où on lui constate une fracture du nez et un traumatisme crânien. Le début d’un long feuilleton médiatique et la fin d’Olmeta en D1, Lyon et Jean-Michel Aulas décidant de montrer la porte aux deux joueurs. Le successeur d’Olmeta arrive de Saint-Étienne, il s’appelle Grégory Coupet.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF