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- Les penaltys qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Penaltys de légende (de 30 à 21)
« Il est impossible d’imaginer un moment de tension plus grand que le penalty. Deux hommes face à face. C’est un duel comme au XIXe siècle », écrit Julio Llamazares. Vrai. Dans le jeu ou lors d’une séance de tirs au but, raté ou réussi, en tribune ou sur le poteau, du pointard ou du talon, voilà 100 histoires de penaltys. Place aux larmes de Messi et à quelques gardiens buteurs.
#30 - Argentine-Chili - 2016
Un verre qui déborde : « C’est la quatrième finale que je perds, la troisième de suite. Je pense que l’équipe nationale et moi, c’est fini. » Drôle de sensation au moment de débarrasser la table dans la nuit américaine, lors de ce 26 juin 2016. Cette fois encore, l’Argentine a échoué et sa puce craque : « Il semble que ce ne soit pas pour moi. » L’Albiceleste vient alors de se faire souffler par le Chili, en finale de la Copa América Centenario, au cours d’une séance de tirs au but où Messi a échoué avant de finir seul, dans un coin, dans les larmes. Cette défaite n’est pourtant pas la sienne, mais on la personnifie. Un homme n’est jamais assez grand face à l’échec. Pleuré par son pays, Lionel Messi reviendra finalement sur sa décision quelques semaines plus tard avec la Coupe du monde en Russie dans le viseur. « Pourvu que le football me règle sa dette… »
#29 - Corinthians-Palmeiras - 1999
En 1999, Palmeiras est aux prises avec les Corinthians pour une place dans le dernier carré de la Copa Libertadores. 2-0 à l’aller, 2-0 au retour, les deux équipes en finissent aux tirs au but. Alors que Palmeiras mène 2-1, Marcos plonge sur sa droite pour stopper la tentative de Vampeta. Instinctivement, le gardien se met à genou, les bras en l’air, pour remercier son Dieu. « San Marcos » est né. Palmeiras remporte la compétition sud-américaine et son gardien, qui obtient sa première sélection avec la Seleção cette année-là, va se faire une spécialité d’arrêter les penaltys. Au total : 45 mises en échec dont 33 arrêts à l’actif du portier resté fidèle toute sa carrière à Palmeiras. « Je dois tout à Vampeta » , avouera le gardien brésilien. Marcos n’aurait peut-être pas participé au cinquième sacre planétaire du Brésil sans cet arrêt face à cet ancien du PSG qui posa un jour pour un magazine gay le sexe à l’air dans des filets.
#28 - Deportivo-Valence - 1994
Tableau de folie : 38 journées, 56 points chacun (la victoire était alors à deux points), la version 1993-1994 de la Liga. Soit une bataille épique entre le Barça et le Deportivo La Corogne d’Arsenio Iglesias. Et Eminem pour résumer : « If you had, one shot, or one opportunity… To seize everything you ever wanted, in one moment, would you capture or just let it slip ? » Une opportunité magnifique : un penalty, dans les arrêts de jeu, pour permettre à son équipe de décrocher le premier titre de champion de son histoire au bout d’une saison magnifique. C’est la dernière journée de championnat, Miroslav Dukić face à José Gonzalez, le gardien de Valence. Puis, la chute, un penalty à la Southgate, le Depor accroché à la maison (0-0) et le Barça qui torpille le FC Séville (5-2). Un rêve brisé sur la table.
#27 - Vélez-Ferro Carril Oeste - 1999
Une grande gueule, d’abord : « Je suis fou et macho, je joue pour le fric, pas pour le plaisir. Et je suis le meilleur gardien du monde. Le fair-play est une vaste connerie. Le foot n’est pas un sport de gonzesses. » Chilavert, catégorie bulldog, mais aussi gaucher de velours. Un révolutionnaire, une tornade qui a soufflé du début des années 1980 à la moitié des années 2000, mais qu’on retiendra surtout pour cette ligne : longtemps, le chien de Luque aura été le gardien le plus prolifique de l’histoire de son sport (62 buts) avant d’être dépassé par Rogério Ceni. S’il fallait ne garder qu’un soir, ce pourrait alors être ce jour de novembre 1999 lors duquel l’ancien gardien de Strasbourg inscrira un triplé, à 34 ans, lors d’un Vélez-Ferro Carril Oeste (6-1). Sacré mythe.
#26 - RFA-Angleterre - 1990
Paul Gascoigne n’oubliera jamais l’été 1990. « On était un groupe de potes, comme des gamins. On s’éclatait à jouer tous les jours, on n’avait peur de personne, et il n’y avait pas de gonzesses autour. Le pied. C’était une période géniale. Durant nos jours de repos, on jouait au tennis, on allait à la piscine. Six semaines de bonheur » , raconte celui qui va devenir le chouchou de toute l’Angleterre (1). Le 4 juillet, les Three Lions jouent leur destin en demi-finale de la Coupe du monde face à la RFA aux tirs au but. Bouleversé, Gazza ne va pas tirer le cinquième penalty de son équipe, car il sait déjà qu’il sera suspendu pour une éventuelle finale. À sa place, c’est Chris Waddle, un non-spécialiste, qui s’avance vers la surface. Stuart Pearce a déjà raté le sien, le Marseillais n’a pas le droit à l’erreur. Mais le cuir s’envole au-dessus des buts. Et Gazza pleure. Et continue de pleurer. Parce qu’une colonie géniale se termine forcément par des larmes.
(1) propos tirés de l’entretien complètement barré avec Gazza dans le So Foot #66
#25 - FC Barcelone-Real Madrid - 1970
« Se mato Guruceta » , « Guruceta s’est tué » . Ce 26 février 1987, un arbitre fait la Une du quotidien catalan El Mundo Deportivo. Son nom est connu de tous, car personne n’a oublié ce Clásico de 1970 au Camp Nou, en Copa del Generalísimo (le nom de la Coupe d’Espagne sous Franco). Battu 2-0 à Madrid, le Barça mène 1-0 au retour lorsque M. Guruceta porte son sifflet à la bouche pour siffler un tacle de Joaquim Rife sur Manolo Velazquez à la limite de la surface. Penalty. Transformé par Amancio. Le Real Madrid va se qualifier. La foule catalane crie à l’injustice et se met à hurler des chants anti-madrilènes. Cible de jets de projectiles en tout genre, l’arbitre abrège le match et passera la nuit au poste de police, avec ses assistants, pour des raisons de sécurité. L’historien Duncan Shaw a mené son enquête sur la personne de Guruceta. Si aucune preuve de corruption n’a été décelée, une semaine après la rencontre en question, l’arbitre achetait une BMW. Il sera convoqué quelques années plus tard au tribunal pour une affaire de pots-de-vin lors d’un match de Coupe d’Europe, mais son procès n’aura pas lieu : Guruceta meurt dans un accident de voiture sur la route de Pampelune, alors qu’il allait arbitrer un Osasuna-Real Madrid.
#24 - Argentine-Mexique - 1930
Un penalty peut créer des liens entre un tireur et un gardien de but. En 1960, Fernando Paternoster, l’entraîneur de l’équipe équatorienne d’Emelec, voyage avec ses hommes dans tout le Mexique pour leur faire disputer des matchs amicaux. Il tombe alors sur Oscar Bonfiglio, qu’il n’a pas vu depuis près de trente ans. Les deux hommes évoquent un souvenir en commun et se tombent dans les bras. Ce souvenir, il remonte au 19 juillet 1930 et à un match de poule entre l’Argentine et le Mexique en Coupe du monde. Ce jour-là, les Argentins mènent déjà 3-0 quand l’arbitre leur accorde un penalty très généreux. Après tout, l’homme en noir n’est même pas un arbitre officiel, puisqu’il s’agit du sélectionneur de la Bolivie. Son juge de touche est le coach de la Roumanie. Le ballon est placé à seize pas de la ligne, et non à douze comme le prévoit le règlement. Face à tant d’amateurisme, le tireur argentin, Paternoster, ne peut se résoudre à inscrire un penalty qui n’a pas lieu d’être. Il envoie le ballon directement dans les gants du gardien mexicain, Bonfiglio. Un geste qui ne sera pas oublié.
#23 - Étoile rouge-OM - 1991
Ils étaient si puissants, intouchables, brillants : comment imaginer les larmes ? Un an plus tôt, il y avait eu Vata, cette fois, les barrières sont tombées : l’AC Milan, le Spartak Moscou… Il y a ces oreilles, reste à les enfiler. Bari, le 29 mai 1991, l’Étoile rouge de Belgrade, Dragan Stojković arraché un an plus tôt, l’histoire. Prévisible, cette finale de C1 est triste, étouffée et étouffante. Puis, la loterie, Chris Waddle ayant perdu son mojo de la demi-finale : Amoros part en premier pour l’OM, s’enfile une course d’élan démentielle et échoue face à Stevan Stojanović. Personne ne flanche ensuite, l’OM tombe à Bari, imprévisible. Boli s’écroule aussi. Deux ans plus tard, le même Basile devient un héros, avec une promesse : « Non Basile, ne pleure pas, ne pleure pas… » Peu importe, les larmes sèchent.
#22 - Zambie-Côte d'Ivoire - 2012
Didier Drogba en a accompli des choses dans sa carrière. Quadruple champion d’Angleterre, vainqueur de la Ligue des champions, quatrième au Ballon d’or en 2007, voilà entre autres ce qui lui a permis de devenir une légende en Côte d’Ivoire et en Afrique plus globalement. Mais il existera toujours un manque dans sa carrière, cette CAN qu’il n’a jamais pu offrir à son pays. En 2006 déjà, les Éléphants avaient chuté face à l’Égypte en finale. De la pire des manières, aux tirs au but après un funeste 0-0. Didier avait loupé le sien. Six ans plus tard, le 12 février 2012, les Ivoiriens concèdent encore le 0-0 contre la surprenante Zambie d’Hervé Renard, et doivent passer par l’exercice qui les hante encore. Pire, Didier Drogba a manqué un penalty qui aurait pu être victorieux à la 70e minute. Cette fois-ci, il ne tire pas en premier. Il tire ce qui doit être le dernier. Tous ses coéquipiers avant lui n’ont pas tremblé, il n’a pas le droit à l’erreur. Une mine sous la barre et il peut enfin respirer. Malheureusement, la série s’éternise. Kolo Touré et Gervinho finissent par craquer à l’usure. La Zambie l’emporte 8-7. Apparemment, Didier Drogba devait simplement partir pour que le mauvais sort arrête de s’acharner sur la Côte d’Ivoire.
#21 - Italie-France - 1998
« Regarde la mine, la mine qu’il va mettre. Il va tirer au-dessus ! » Face à la caméra présente sur le banc des remplaçants de l’équipe de France, Vincent Candela est le seul qui paraît détendu et sûr de ce qu’il va se passer. Peut-être parce qu’il a vu Fabien Barthez complètement serein avant d’aborder la séance de tirs au but. Pendant ce temps-là, Christian Karembeu jette des bouteilles de partout pour déstresser, et sur le terrain, Thierry Henry se cache le visage derrière le maillot de son pote David Trezeguet. Lors de cette séance de tirs au but face à l’Italie, en quart de finale d’une Coupe du monde à la maison, les deux gamins de 20 ans n’ont pas tremblé. Sauf que Bixente Lizarazu, côté français, et Demetrio Albertini, côté italien, ont échoué. Le match peut donc s’arrêter maintenant, enfin, après 120 minutes de crispation entre 22 acteurs qui se connaissent très bien (sept Français jouent en Italie toute l’année). Il suffit que Luigi Di Biagio manque son coup de pied pour que la France soit qualifiée. Il suffit que Vincent Candela ait raison. Le milieu de terrain italien s’élance et tire effectivement en force. Le ballon s’écrase sur la barre et s’envole dans le ciel de Saint-Denis. Un été plus tard, Vincent Candela et Luigi Di Biagio, coéquipiers à l’AS Roma, se retrouvaient pour la reprise de l’entraînement.
Par Maxime Brigand, Kevin Charnay et Florian Lefèvre