- Les 100 matchs qui définissent le foot
Top 100 : les matchs de légende (80-71)
Après les joueurs, les buts, les coachs, voici les matchs. Des vieux, des récents, des grands, des beaux, des laids, des reportés, des remontés, des inoubliables, des plus ou moins oubliables, des légendaires, des exotiques : 100 matchs pour autant d'histoires qui racontent le foot.
80. Chili – URSS (2-0)
Barrage retour de qualification pour la Coupe du monde 1974 – 21 novembre 1973.Estadio Nacional de Santiago (Chili)
Estadio Nacional. Dès le lendemain du coup d’État du 11 septembre 1973, le monde entier sait que la junte parque tous ses opposants à l’Estadio. Ils seront presque 12 000 à être retenus prisonniers dans l’enceinte même où l’année d’avant le grand poète et écrivain chilien Pablo Neruda y avait célébré son Prix Nobel de littérature. Sous les tribunes de l’Estadio, au sous-sol et même dans les vestiaires, c’est l’horreur : viols, interrogatoires, séquestrations, meurtres, tortures, disparitions. Le grand dramaturge, poète et chanteur Victor Jara transitera par l’Estadio avant de mourir assassiné. (…) Une rencontre de foot est programmée à l’Estadio Nacional le 21 novembre 1973. C’est le match retour de barrage Chili-URSS qualificatif à la Coupe du monde 74 en RFA… Après avoir éliminé le Pérou en avril-mai 1973 (0-2, 2-0), puis le 5 août en match d’appui à Montevideo (2-1), la Roja (la sélection du Chili) doit en découdre avec la zone Europe qui lui oppose l’URSS. Le match aller est fixé le 26 septembre à Moscou, soit 15 jours seulement après le putsch… Sur le terrain, la solidarité chilienne neutralisera la Russie de Lobanovski et de Blokhine, vice-championne d’Europe 72 (0-0). Il faut jouer le match retour. À l’Estadio Nacional, comme il est prévu. Mais l’URSS ne veut pas jouer dans ce stade-là par principe, car c’est un camp de prisonniers politiques. L’Union soviétique fait alors la proposition de jouer dans un autre stade, neutre. Elle propose le stade d’Arica, au nord du Chili, à la frontière du Pérou. Au Mundial de 1962 au Chili, la sélection chilienne y avait joué contre l’URSS et l’y avait éliminée. Les Russes connaissaient donc déjà le stade. Mais la Fédération chilienne n’accepte pas : « Ou vous jouez au stade de Santiago du Chili, ou pas du tout ! » Le jour du match, l’équipe d’URSS ne se présente pas…
Le 21 novembre 1973, il fait grand soleil quand les onze joueurs chiliens pénètrent sur la pelouse de l’Estadio. Après avoir salué le maigre public, ils jouent l’engagement au coup de sifflet de l’arbitre face à un adversaire inexistant ! Ils se passent le ballon en progressant vers la surface adverse et, arrivé aux 6 mètres, le ballon échoit au capitaine Francisco « Chamaco » Valdés Munoz qui le catapulte dans le but vide… L’immense panneau d’affichage prend acte : Copa del Mundo FIFA 74… Sélec. de Chili 1… Sélec. U. Sovietica 0. Au départ, le stade n’était pas « disponible » pour l’organisation de ce match retour, mais les autorités sportives chiliennes avaient promis à la FIFA qu’il le serait pour le 21 novembre. La FIFA accepta à condition d’envoyer d’abord une délégation dédiée. Le Suisse Helmut Käser et Abilio d’Almeida, à la tête de la mission, rendirent un rapport positivement rassurant de Santiago ville : « Nous avons trouvé que le cours de la vie était normal, il y avait beaucoup de voitures et de piétons, les gens avaient l’air heureux et les magasins étaient ouverts… » Le rapport FIFA décrit le Stade national comme un simple « centre d’orientation » (sic) destiné à vérifier l’identité de certains opposants politiques présumés. La FIFA câble alors la Fédération soviétique, lui garantissant la faisabilité du match à Santiago. La fédé russe refusa le déplacement à l’Estadio, tout en demandant expressément qu’on délocalise le match dans un pays tiers, en Amérique du Sud. C’est sur une fin de non-recevoir de la FIFA et de la Fédération chilienne que la date du match fut maintenue au 21 novembre. Dans l’enceinte sportive débarrassée de tous les prisonniers politiques et de toutes traces sinistrement accusatrices. Le Chili avait également exigé une indemnisation de 300 000 dollars de la part de l’URSS si son équipe ne se présentait pas, afin de rembourser les coûts de préparation du match ainsi que le manque à gagner de billets devenus invendables… Suivant les directives réglementaires de la FIFA, le onze chilien devait rester le temps d’un match de 90 minutes sous le contrôle d’un arbitre agréé. Le score minimum de 1-0 était nécessaire à valider la qualif chilienne au Mondial : Francisco Valdés Munoz s’en chargea. Aujourd’hui, le site officiel de la FIFA affiche pourtant le score de 2 à 0 pour le Chili…
Le match a duré exactement 28 secondes. « Mais qu’est-ce qui s’est passé dans la tête des dirigeants de la FIFA ? Faire jouer ce match à l’Estadio ?! C’était le show le plus débile, le plus stupide qui soit… Et j’ai été acteur de ce show ! » , s’insurge aujourd’hui encore Carlos Caszely dans le documentaire Les Rebelles du Foot (de Gilles Perez et Gilles Rof, 2012). L’ancien n° 9 de la Roja rapporte aussi le témoignage de l’écrivain chilien Carlos Pezoa Véliz : « Ce jour-là, j’étais au stade. Il y avait 30 000 personnes, sauf dans un virage. C’est devant ce virage vide que les joueurs chiliens sont venus « célébrer » leur but. Personne ne comprenait pourquoi… » « Moi et cet écrivain, on savait à qui on avait dédié ce but. C’était comme pour saluer « ceux qui auraient dû être là ». Nous savions que ce but leur était dédié. » Le Chili est qualifié. Augusto Pinochet recevra alors la sélection à la Moneda. Carlos Caszely refusera de serrer la main du dictateur à lunettes noires. (Tiré de Football et politique, livre de Chérif Ghemmour, aux Editions Hugo & Cie – 2012)
79. RFA-Algérie (1-2)
Premier tour de Coupe du monde – 16 juin 1982Stade El Moninon de Gijón
Si, si ! C’est vrai : certains joueurs allemands ont bien proféré des insanités avant d’affronter l’Algérie. Du genre, « je dédicacerai notre 7e but à mon fils » … Pour le reste, cherchez pas : l’Algérie était supérieure à la RFA. Même rejoué quelques semaines après, le match n’aurait pas tourné en défaveur des Fennecs. Parce que, déjà, cet été, les Allemands étaient cramés en arrivant en Espagne. Rümmenigge était blessé, quasi out… Et puis surtout, cette Algérie 82 demeure l’une des plus belles équipes de l’histoire de la Coupe du monde. Les matchs pré-Mundial contre d’autres sélections ou des clubs (Real, Benfica) avaient attesté de la montée en puissance d’une équipe bien décidée à « faire un coup » en Espagne. Une classe phénoménale individuelle et collective, un jeu systématiquement tourné vers l’avant, une circulation de balle joliment maîtrisée : tout concourait à une demi-surprise, au moins… L’immense Rachid Mekhloufi, co-entraîneur avec M. Khalef, avait inspiré cette « algerian touch » et ce tourbillon offensif. Les attaquants Dahleb, Assad et Belloumi, Madjer (buteurs) estourbirent donc une pauvre Mannschaft. L’Allemagne mesquine se vengera de l’Algérie en jouant à la passe à 10 avec l’Autriche (1-0)…
78. Nantes – Juventus (3-2)
Demi-finale de Ligue des champions, 16 avril 1996Stade de la Beaujoire
Les trois dernières grandes décennies du Football Club de Nantes ont été marquées par de mythiques duels ligéro-transalpins. Par deux fois, les Canaris se font sortir par l’Inter Milan dans les années 80, en Coupe des clubs champions 81 puis en quarts de finale de l’UEFA 86, malgré un 3-3 au retour. Le FCNA époque Denoueix a plus de succès en 2001 et s’impose 3-1 sur le terrain de la Lazio grâce notamment à une inédite chevauchée victorieuse de Sylvain Armand, qui n’empêchera pas son coach de se faire virer comme un malpropre quelques mois seulement après le titre de champion. Mais le match qui aurait pu faire basculer les Nantais du statut de frisson national à celui de frisson continental, c’est cette demi-finale de Champions 96 face à une Juventus qui, non contente d’être dotée d’un Gianluca Vialli en feu, avait profité d’une expulsion douteuse de Carotti avant la pause pour remporter l’aller 2-0. Preuve qu’un Nantes à 11 contre 11 était capable de bousculer la Vieille Dame, le retour est remporté par les locaux à la Beaujoire (3-2). Avec des buts d’Eddy Capron et Franck Renou. Rien que pour ça, ils méritaient leur finale.
77. Auxerre-Dortmund (2-0, 5-6 aux tab)
Demi-finale retour de Coupe de l’UEFA, 20 avril 1993 Stade Abbé-Deschamps
Le temps qui passe endommage les mémoires. Un phénomène qui fait qu’on associe souvent Auxerre-Dortmund au retourné acrobatique refusé à Lilian Laslandes, qui a en fait eu lieu quatre ans plus tard, en quart de finale de Champions. Non, quand on parle d’Auxerre-Dortmund, on parle du vrai, celui de 1993, quand l’attaquant rouquin n’était qu’un joker et était surnommé « la chèvre » ou « Lalandes » . Car il s’en est fallu d’un cheveu pour que l’Abbé-Deschamps n’accueille une finale de Coupe d’Europe – celle de l’UEFA se disputait à l’époque en aller-retour. Après avoir fait tomber le tenant du titre, l’Ajax, au tour précédent, les hommes de Guy Roux sont retombés de leur nuage en s’inclinant 2-0 dans la Ruhr. Mais ils livrèrent quinze jours plus tard un match fantastique au cours duquel les Allemands, poussés en prolongation, puis aux tirs par Martins et Verlaat, durent en toute logique en prendre cinq. Charbonnier, qui avait sorti un penalty à l’aller, s’incline cette fois six fois sur six lors de la séance fatidique. Stephen Klos, seulement cinq. Pendant que les Allemands, vainqueurs comme toujours, se congratulent, Stéphane Mahé, en larmes, symbolise la cruauté du football, à une époque où la cicatrice de Séville 82 n’était pas encore totalement refermée et où la célèbre phrase de Gary Lineker était on ne peut plus d’actualité… Et puis cette occasion de Cocard.
76. Boca Juniors – Real Madrid (2-1)
Coupe intercontinentale, 28 novembre 2000Tokyo National Stadium
Au tout début du siècle, Boca marchait sur l’Amérique latine. À cette époque, les clubs argentins ne se faisaient pas piller aussi tôt, les effectifs se maintenaient sur plusieurs années, et Carlos Bianchi possédaient donc une équipe capable de rivaliser avec les grands d’Europe, chose impensable aujourd’hui. Ce 28 novembre, à Tokyo, c’est le Real Madrid de Del Bosque, champion d’Europe à Paris, qui se présente face au xeneize. Au bout de six minutes, Boca mène 2 à 0 grâce à l’efficacité de Palermo et au génie du jeune Riquelme, qui emmerdera comme rarement on l’a emmerdé Claude Makelele et éclipsera tout au long de la partie Luís Figo, le numéro 10 d’en face. Treize ans plus tard, Bianchi et Riquelme mènent toujours Boca. Mais ne jouent plus dans la cour du Real Madrid.
75. Allemagne – République tchèque (2-1)
Finale du championnat d’Europe, 30 juin 1996Stade de Wembley
Expérimentée en 1993 lors d’un championnat du monde junior, la règle du but en or est adoptée pour la première fois en compétition professionnelle en 1996, à l’occasion du championnat d’Europe anglais. Le principe : en cas de prolongation, l’équipe qui marque l’emporte et met fin à la rencontre. Cette nouveauté, il faudra attendre la finale pour la voir à l’œuvre, malgré toute la bonne volonté des équipes engagées (cinq rencontres à élimination directe sur sept atteignent la prolongation). À égalité 1-1, Oliver Bierhoff ayant répondu à l’ouverture du score de Patrik Berger sur penalty, Allemands et Tchèques n’ont entamé la fameuse prolongation que depuis cinq minutes lorsqu’Oli, sur le banc au coup d’envoi, décide d’y aller de son doublé en trompant Petr Kouba du gauche. Fin de la rencontre, Allemagne championne d’Europe, Smicer, Poborsky, Nedvěd et les Tchèques en larmes. Ce scénario, la France va vite apprendre à le connaître. En le rééditant en 1998 face au Paraguay et en 2000 face à l’Italie, les Bleus s’imposent comme les rois de l’exercice abandonné en 2004 par la FIFA. Au moment où Bierhoff annonçait sa retraite.
74. Suisse – Allemagne (4-2)
Huitième de finale de la Coupe du monde, 9 juin 1938 Parc des Princes
1938. L’Allemagne vient de bouffer la petite Autriche. Seul hic, la Wunderteam écrase sans conteste la Mannschaft par le talent et comme favorite de la future Coupe du monde. Résultat, une fusion artificielle et stérile des deux formations (sauf évidemment pour le « juif » Matthias Sindelar), qui devait offrir au Reich la possibilité de succéder à l’Italie de Mussolini. Pourtant sur son chemin va se dresser une humble équipe suisse. Après un premier match nul (pas de tir au but), les Helvètes douchent au retour les rêves footballistiques du Reich millénaire. Pour se faire pardonner, ils accepteront de planquer leur argent pendant la guerre.
Difficile, voire impossible de trouver une vidéo de ce match, on vous offre donc à la place un clip de ce bon vieux Stephan Eicher
73. Brésil – Chili (2-0)
Match de qualification pour la Coupe du monde, 3 septembre 1989Maracanã
Le Chili affronte le Brésil à Rio de Janeiro dans un match de qualification décisif pour le mondial 90. Si elle veut voir l’Italie, la Roja doit absolument l’emporter. L’affaire se gâte sérieusement lorsque Careca enflamme le Maracanã à la 49e minute. Le gardien chilien Roberto Rojas, surnommé « le Condor » , décide alors de mettre son plan B à exécution. Il profite d’un fumigène lancé des tribunes pour s’écrouler et sortir un rasoir dissimulé dans ses gants pour s’ouvrir l’arcade. Personne n’a rien vu, mais le condor est en sang. Les Chiliens décident d’arrêter le match dans l’espoir que la FIFA leur concède une victoire sur tapis vert. Problème : les caméras ont tout filmé et la supercherie est découverte. Le Chili est éliminé et suspendu des qualifs pour le mondial 94. Rojas, lui, est suspendu à vie. Un épisode dont le Condor ne s’est jamais vraiment remis : « Je me suis coupé avec un Gilette. Je me suis coupé ma dignité. Ma femme, mes enfants et mes amis ne m’ont jamais pardonné mon geste. Si j’avais été argentin, brésilien ou uruguayen, je n’aurais pas eu une telle suspension, mais comme je suis chilien, on ne m’a jamais donné l’occasion de m’expliquer sur mon acte. Ça m’a pourri la vie. » Comment dit-on la perfection au masculin ?
72. Portugal – Angleterre (2-2, 6-5 aux tab)
Quarts de finale de l’Euro, 24 juin 2004Estádio da Luz
C’est l’histoire qui fabrique les héros. Et parfois, l’histoire aime bien déconner. A priori, Ricardo n’a ni l’étoffe ni le CV d’un sauveur de toute une nation. C’était avant ce 24 juin 2004, cette nuit qui va faire de lui à jamais : « Le gardien sans gants » . Ce quart de finale de son « Euro » , le Portugal pense bien l’avoir gagné sur une chevauchée princière de Rui Costa en prolongation. Mais Karma a d’autres plans. Lampard envoie les deux formations aux tirs au but où Rui Costa rate le sien. Une panenka folle de Hélder Postiga plus tard, Ricardo a une illumination : cette séance, il va la gagner à mains nues. Il détourne ainsi la tentative de Vassel en bon ancien gardien de handball qu’il est. Puis, il s’empare du ballon et fusille David James. Deux ans plus tard, Ricardo détournera trois tirs au but anglais en 8es de finale de Coupe du monde, mais cette fois-ci avec ses gants. Il devait sans doute avoir froid aux mains.
71. FC Liverpool – AS Saint-Étienne (3-1)
Quarts de finale retour de Ligue des champions – 16 mars 1977Stade Anfield Road de Liverpool
Ce match, ce sont les supporters de Liverpool qui en parlent le mieux. Et pas que les anciens… À les écouter, ce quart retour de Coupe des clubs champions contre les Verts demeure encore l’un des sommets les plus glorieux atteints par les Reds en coupes d’Europe. Tout simplement parce qu’en éliminant le grand Saint-Étienne, ils s’étaient ouvert la voie vers leur première victoire en C1 contre M’Gladbach (3-1). Déjà, à l’aller les Mersey Boys avaient été battus 1-0 (Bathenay, 78e) lors d’un match très serré où les Frenchies leur avaient opposé un impact physique et une endurance qui les avaient bluffés… et sauvés aussi ! Car un carton jaune sur le rugueux stoppeur Oswaldo Piazza lui valut d’être suspendu au retour. Or, sans son warrior argentin derrière, Sainté jouait du synthé. À Anfield Kevin Keegan avait rapidement mis les Reds à égalité sur un centre-tir plus vicelard que DSK (1-0, 2e). Sous la houle extraordinaire du kop légendaire, Liverpool allait trucider les Verts fastoche. Sauf que pas du tout ! La bande à Larqué n’était pas dans le carré d’as européen par hasard : quelques occases nettes de Rocheteau ne durent qu’au talent du gardien Clemence pour que Liverpool ne sombre pas. Poussés par les chants magnifiques, les Rouges poussaient. Mais en vain. Et puis, il y eut l’illumination christique à la 50e : la frappe pure de Dominique Bathenay de 35 mètres… Du gauche, forcément… Pleine lucarne : un but partout ! Silence à Anfield… Le foot plus fort que le rock… Dominique bras levés au ciel. Sourire de jeunesse éternelle. Extase muette… Saint-Étienne était qualifié pour les demies et on ne mourrait jamais. Pour une fois, on battait les Anglais en foot et en rock ! Chez eux, en plus ! Mais Lilly Pool n’est pas anglaise : elle est fièrement scouser, ne marche jamais seule et se fout de l’Empire british. Les Reds ré-attaquent la falaise rendue plus friable par l’absence de Piazza en son axe… Boum ! À la 59e, Kennedy plante plein axe, justement : 2-1 ! Mais il manque encore un but pour passer. Ce sera l’œuvre du damné rouquin Fairclough qui ne fera pas grand-chose dans sa carrière hormis poignarder les Verts sur une course folle où il largua Christian Lopez : 3-1 à la 84e ! Les vagues du kop font chavirer Anfield : les Reds joueront les demies. Ce fut le chant du cygne des Verts : plus jamais ils ne parvinrent à ce niveau à ce stade hyper compétitif, même avec Platoche ! Le peuple de Liverpool louera éternellement l’exploit des siens, mais aussi la bravoure des « Greens » . Il rendra hommage à Christian Lopez qui, chevaleresque, ne faucha pas Fairclough parti planter le but de la qualif. Liverpool admirera ouvertement les deux Frenchies stylés et sexy, Rocheteau et Bathenay. Liverpool adoubera un vaincu qui lui ressemble beaucoup : classieux et prolo sur le terrain, et avec son public de Geoffroy-Guichard aussi popu et fidèle que celui d’Anfield. Et puis le foot anglais ignore le maillot vert… C’est donc un repère visuel incrusté dans la mémoire des couleurs du peuple liverpuldien. Enfin Liverpool rendra grâce à Saint-Étienne pour lui avoir fait connaître le vrai grand frisson européen qui lui fit passer de l’abîme de désespoir au soleil nocturne de la victoire. Dans le vieil Anfield Road bourré à la gueule de 60 000 gueules. Car durant les 180 minutes que dura le double affrontement contre les Verts, les Reds ne furent vraiment qualifiés que pendant 6 minutes ! Les 6 minutes de bonheur ultimes qui s’écoulèrent entre le but de Fairclough et la fin du match… Liverpool n’a jamais oublié ces glorieuses six minutes.
À lire : la suite du top 100 des matchs de légende
Par la rédaction So Foot