- Les 100 matchs qui définissent le foot
Top 100 : les matchs de légende (50-41)
Après les joueurs, les buts, les coachs, voici les matchs. Des vieux, des récents, des grands, des beaux, des laids, des reportés, des remontés, des inoubliables, des plus ou moins oubliables, des légendaires, des exotiques : 100 matchs pour autant d'histoires qui racontent le foot.
50. Allemagne – Argentine (1-0)
Finale de Coupe du monde – 8 juillet 1990 Stade Olympique de Rome
Si la sensation de ce Mondial 1990 portait les couleurs du Cameroun, son enseignement final s’est écrit en noir et blanc. Comme le maillot de la Mannschaft. Dans une finale à l’arrière-goût de remake de la précédente, disputée quatre ans plus tôt à Mexico, les Allemands prennent leur revanche sur l’Argentine de Diego Maradona. En 1986, les coéquipiers de Lothar Matthäus avaient remonté leurs deux buts de retard sur l’Albiceleste, avant de s’incliner sur un but de Burruchaga. Cette fois, il leur suffira d’un pion, un penalty disons litigieux transformé par Andreas Brehme de son pied droit, alors qu’il tirait les coups francs du gauche. La Coupe du monde, en revanche, Andreas l’a bien soulevée de ses deux mains, et Diego, lui, n’avait que ses deux yeux pour pleurer. Et avec elle, une certaine idée du football. Pour beaucoup, cette finale, moche, il faut bien se le dire, représente la fin du football d’avant, et le début de la crise, au moins footbalistique.
49. Celtic-Inter (2-1)
Finale de Coupe d’Europe des clubs champions – 25 mai 1967 Estadio Nacional, Lisbonne
À jamais les premiers. Après plus de dix ans de domination latine sur le foot européen, le Celtic devient non seulement le premier club britannique à soulever la coupe aux grandes oreilles, mais également le premier club de l’histoire à s’offrir la même année un triplé Coupe d’Europe-championnat-Coupe nationale. Outsiders de la finale de Lisbonne face à l’Inter d’Helennio Herrera dont le catenaccio semble impossible à forcer, les Bhoys, bien que menés à la mi-temps, renversent la vapeur après le repos sur des buts de Gemmell et Chalmers, pour le plus grand bonheur du peuple vert venu en masse au Portugal. Plus manager que génie tacticien, Jock Stein prouve qu’un discours motivant vaut parfois mieux qu’une leçon de tableau noir. Bien qu’inattendu, le succès des Écossais est en réalité précurseur d’un changement de tendance à venir pour la prochaine décennie : la domination de l’Europe du Nord sur l’Europe du Sud, avec les succès des clubs bataves, allemands, puis anglais dans la plus prestigieuse des Coupes d’Europe.
48. Italie – Corée du Sud (2-1, but en or)
Huitième de finale de la Coupe du monde – 18 juin 2002Daejeon World Cup Stadium, Daejeon
D’abord, l’Italie joue le match et le perd : c’est le 18 juin 2002. Les conditions sont désastreuses : une défaite 2-1 après prolongation, un Totti expulsé, et un arbitrage, disons, pas vraiment au-dessus de tout soupçon. La victoire arrive huit ans plus tard. En septembre 2010, à l’aéroport de New-York, Byron Moreno, l’arbitre de ce match, est arrêté en possession de six kilos d’héroïne. Réaction du capitaine Gianluigi Buffon : « Six kilos de drogue ? À mon avis, il les avait déjà en 2002. Mais pas dans son caleçon, dans son corps. »
47. Uruguay – Ghana (1-1, 4-2 aux tab)
Quarts de finale de la Coupe du monde – 2 juillet 2010Soccer City, Johannesburg
Il manque parfois cinq centimètres pour entrer dans l’histoire. La distance qui a manqué au ballon d’Asamoah Gyan pour entrer dans le but uruguayen à la dernière seconde de ce quart de finale de la Coupe du monde sud-africaine. Si l’ancien Rennais l’avait mis au fond, alors une nation africaine aurait eu le droit d’atteindre, pour la première fois, le dernier carré de la compétition. Peut-être que l’on se trompe, peut-être que Gyan a juste pensé à la foutre dans les filets, n’importe comment, peu importe le contexte, qu’il ne supportait pas le poids de tout un continent pendant sa course d’élan, qu’il n’a pas imaginé un seul moment la fierté et l’ivresse qu’il allait déclencher dans les rues d’Accra en renvoyant à la maison l’Uruguay. Au lieu de quoi, il a tapé la barre, il a embarqué ses coéquipiers dans une prolongation sans but pour finalement se faire sortir aux tirs au but. Au moment du dernier et décisif tir, Abreu lui n’a pas tremblé, parce qu’Abreu, c’est « El Loco » , le fou, et qu’un fou ne ressent aucune pression. Tous les entraîneurs le disent : « Il ne faut pas jouer avec ses émotions. »
46. Danemark – Pays-Bas (2-2, 5-4 aux tirs au but)
Demi-finale de l’Euro – 22 juin 1992Stade Ullevi, Göteborg
Cet été 1992, Mme Moeller-Nielsen avait demandé à son mari de sélectionneur de lui aménager une nouvelle cuisine. Madame a dû prendre son mal en patience. La faute à cette guerre quelque part à l’Est et à l’embargo décrété par l’ONU vis-à-vis de la Yougoslavie. La cuisine attendra, le Danemark de Richard Moeller-Nielsen est appelé au pied levé pour remplacer les Yougo. La légende raconte l’histoire d’une bande de touristes débarqués en Suède en bermudas, claquettes et bière à la main. Elle raconte aussi cette qualification miraculeuse face aux Bleus de Platini, ce but salvateur d’un Lars Elstrup pas encore membre des Hare Krishna. Elle n’a surtout pas oublié cette demi-finale face à des Néerlandais où le génie du jeune Bergkamp, le doublé de Larsen et surtout Henrik Andersen émergeaient. Derrière la belle histoire, il y a le drame d’un homme. À la 70e minute de la rencontre, le Danois laisse un genou et une partie de sa carrière dans un choc avec Van Basten. Une finale d’Euro l’attendait ainsi qu’un gros contrat à la Sampdoria, Andersen ne verra rien de tout ça. Il ne verra pas non plus Van Basten rater son tir au but. D’ailleurs, il n’en a tiré aucun sentiment de revanche. « Je lui en ai jamais voulu, confiera-t-il un jour à So Foot. Je sais qu’il ne l’a pas fait exprès. » Dans ses paroles, il n’y avait aucune amertume, juste beaucoup de tristesse.
45. Italie – Hongrie (4-2)
Finale de Coupe du monde, 19 juin 1938Stade olympique Yves-du-Manoir, Colombes
L’Italie des années 30 est une Italie clairement influencée par le régime fasciste. Les joueurs de la Nazionale doivent, entre autres, effectuer un salut romain avant chaque rencontre, ce qui ne leur a pas toujours attiré les faveurs du public, notamment lors de la Coupe du monde 1938, disputée en France. Champions du monde en 1934 (victoire à peine pilotée par Mussolini) et champions olympiques en 1936, les Italiens arrivent au Mondial 1938 en tant que favoris. Ils éliminent la Belgique, la France, pays organisateur, le Brésil et arrivent en finale contre la redoutable Hongrie. Un match magnifique, resté gravé dans l’histoire. Titkos (8′) répond à l’ouverture du score de Colaussi (6′). Dans la foulée, Piola redonne l’avantage aux Italiens. 2-1, puis 3-1 grâce à Colaussi, encore. La Hongrie se redonne un peu d’espoir grâce à un but de Sarosi à vingt minutes du terme. Les Hongrois poussent, mais à la 82e minute, Piola pose la cerise sur le gâteau azzurro. 4-2. L’Italie décroche sa deuxième étoile, et ponctue ainsi une décennie de domination. La vidéo est ici.
44. France – Italie (2-1 a-p)
Finale de l’Euro – 2 juillet 2000Feyenoord Stadion, Rotterdam
Difficile de ne pas comparer la finale de cet Euro et celle de la Coupe du monde qui l’a précédée. En 1998, les Bleus n’étaient pas les meilleurs, mais avaient joué leur meilleur match le jour de la finale face au Brésil. Deux ans plus tard, c’est l’inverse qui s’est produit. Les Bleus ont marché sur l’eau, y compris lors de leur seule défaite, face aux Pays-Bas, un match pour rien, pour faire jouer les coiffeurs alors que les deux équipes étaient déjà qualifiées, lors de cette compétition. À Rotterdam, ce 2 juillet, la France n’était pas meilleure que l’Italie sur 90 minutes. Et si Del Piero n’avait pas mangé son face-à-face de la 86e minute avec Barthez, les Italiens n’auraient pas appris à reboucher le champagne. Seulement voilà, et c’est injuste, les titres donnent le sentiment que la victoire est immuable, que la chance viendra prendre le relais du talent, à un moment ou un autre. Même tardivement. D’abord par Wiltord, à la dernière seconde du temps réglementaire, qui faufile un ballon entre les jambes des défenseurs de la Squadra et les gants de Toldo. Avant d’assister, dans la prolongation, à l’essence de l’agilité et de l’instinct de l’avant-centre avec l’enchaînement de David Trezeguet. La France est le seul pays à avoir remporté un Euro grâce à la règle du but en or. Malgré cela, personne n’est en mesure d’affirmer si Roger Lemerre a souri en ce jour historique.
43. Real Madrid – FC Barcelone (2-6)
Championnat d’Espagne – 2 mai 2009Santiago Bernabéu
Le Barça de Guardiola domine la Liga mais n’arrive pas à distancer des Merengues hargneux et forts de 17 victoires consécutives. Le Clásico du Bernabéu fait office de jugement final. Si le Real l’emporte, la Liga est relancée. Le Barça, lui, peut la gagner en cas de victoire. Ça commence mal. Higuaín marque dès la 13e. L’Argentin n’aurait pas dû. Il ne le sait pas encore, mais son équipe va se faire rouler dessus par une maestria blaugrana dantesque. Ce soir-là, Xavi livre le meilleur match de sa vie et permet à ses coéquipiers de briller comme jamais. Jamais le Barça n’a été aussi fort. Jamais le Real n’a semblé aussi faible. Le Barça en met 6, mais il aurait pu doubler l’addition. Plus que les buts et les stats, c’est la manière qui impressionne. Un récital sublime que Pep et ses joueurs qualifient encore de match référence. Oui, la perfection peut aussi ressembler à un film de boules.
42. RDA-RFA (1-0)
Premier tour Coupe du monde – 22 juin 1974Volkparkstadion de Hambourg
Un contexte politique plus lourd que Led Zeppelin… Mur de Berlin, Guerre froide, clash Est-Ouest, communisme vs capitalisme, etc. Sur le plan sportif, les deux équipes sont déjà qualifiées aux dépens du Chili et de l’Australie. La RFA est favorite vu qu’elle est meilleure, championne d’Europe en titre en 72, et qu’elle évolue à domicile. Sauf que les troupes du Kaizer jouent pas terrible et que des conflits internes minent la Mannschaft (le clan des Munichois contre celui de M’Gladbach, problèmes de primes, et tutti quanti). Qui plus est, la RDA, de par sa sélection et de par ses clubs en coupes d’Europe, a fait de gros progrès. Enfin, il ne déplairait pas aux autorités est-allemandes d’infliger une défaite politico-idéologique aux « revanchards de Bonn » … Georg Buschner, le coach coco, a un plan : neutraliser Breitner, appliquer un marquage strict façon Stasi aux attaquants capitalistes (Gerd Müller en tête) et miser sur le temps qui passe vu que les joueurs sans génie de RDA sont en revanche programmés pour jouer pendant deux heures. Et ça marche ! À la 77e, Jürgen Sparwasser marquera le but historique du 1-0 qui démontrera pour toujours la supériorité des queues devant les magasins plutôt que les queues aux caisses. On accusera la RFA, 2e du groupe, d’avoir loser contre la RDA pour ne pas jouer la Hollande au tour suivant. Mais l’inspecteur Derrick relâcha les 11 « coupables » ouest-allemands pour manque de preuves évident.
41. Angleterre Hongrie (3-6)
Match amical – 25 novembre 1953Stade de Wembley
L’Angleterre avait snobé la naissance de la FIFA et les premières Coupes du monde de football, sûre d’être de « droit divin » la meilleure dans son sport. Déjà le 26 mai 1945, une souffreteuse équipe de France, composée de Pieds-Noirs et de démobilisés, lui avait tenu tête à domicile. Là, c’est un véritable passage de témoin qui se réalise. Non seulement la défaite ne souffre aucune contestation, mais tout le monde peut constater que le beau jeu est désormais parti sur le continent, dans les souliers de Ferenc Puskás. L’événement est si massif que la dimension politique (guerre froide) passe au second plan. Et les Anglais ne savent pas encore que les Allemands les attendent…
À lire : la suite du top 100 des matchs de légende
Par la rédaction So Foot