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  • Top 100 : les équipes mémorables de la décennie

Top 100 : les équipes mémorables de la décennie (1er)

Par Maxime Brigand

La décennie 2010, c'était Mourinho qui danse sur la pelouse du Camp Nou, Balotelli qui bombe le torse, Bielsa assis sur une glacière, Eder qui fait pleurer un pays, Griezmann qui le console, mais c'était surtout des équipes qu'il ne faudra pas oublier. Aujourd'hui, le Leicester de Claudio Ranieri, champion d'Angleterre en 2016. Voilà son histoire en dates.

#1 - Leicester 2015-2016

Leicester 2015-2016, champion d’Angleterre

30 juin 2015

En juin 2015, Leicester et son propriétaire Vichai Srivaddhanaprabha ont la banane. Les Foxes, alors dressés par la tête brûlée Nigel Pearson, ont assuré leur maintien en Premier League grâce à un final en béton et filent se préparer pour une nouvelle aventure, en Thaïlande. Au pays du proprio, tout doit bien se passer, mais tout va déraper : dans un hôtel, trois gamins du club se filment en pleine orgie avec des dames locales. Parmi eux, James, le fils de Nigel. La vidéo fuite sur les réseaux sociaux, ça rigole, ça insulte les filles de joie, et le bordel se termine par une convocation immédiate de monsieur Pearson. La saison n’a pas commencé, mais Leicester n’a plus d’entraîneur, alors que Robert Huth, Christian Fuchs et Shinji Okazaki viennent de poser leurs valises. Ambiance.

13 juillet 2015

Le siège du Leicester City Football Club est bourré de mecs costumés et stressés. Sur sa chaise, Claudio Ranieri attend tranquillement. Sept mois plus tôt, l’entraîneur italien a été viré de la sélection grecque après une humiliation à domicile contre les îles Féroé et cherche un projet. Guus Hiddink ou Martin O’Neill sont déjà passés avant lui, mais c’est finalement ses fines lunettes qui feront la différence. L’été vient de commencer et Ranieri vient de décrocher un nouveau poste avec un objectif simple : «  Claudio, c’est vraiment une année très importante pour le club. C’est très important pour nous de rester en Premier League. On doit se sauver. » L’opération maintien vient de commencer avec une barre fixée à quarante points.

31 juillet 2015

Tout le monde lui a fait la cour, et pourtant, après de longues semaines à tourner dans les cœurs français, N’Golo Kanté tombe finalement dans les cordes de Leicester pour huit millions d’euros. La question se pose alors : pourquoi l’un des plus grands espoirs du foot français s’en va jouer le maintien dans une ville tristounette en Angleterre ? Pour Claudio Ranieri, tout simplement, qui a su trouver les mots pour le convaincre là où Xavier Gravelaine et l’OM se battaient comme des gamins pour trouver un accord. Le pari est un peu fou, mais bon. Huit mois plus tard, Kanté a frappé à la porte des Bleus, a été nommé dans la liste des meilleurs joueurs du championnat et est tombé dans les bras de son entraîneur à plusieurs reprises. Ranieri : « Ça ne me surprendrait pas qu’un jour il fasse un centre et soit lui-même à la réception du centre. Ce gars-là est partout. »

8 août 2015

La Premier League lève son voile. D’entrée, Leicester fracasse Sunderland (4-2) au King Power Stadium avec une première mi-temps de folie. Vardy marque, Mahrez inscrit un doublé : le pétard est allumé. Dans la foulée, Jamie Vardy déchire la une du Sun. Le tabloïd britannique aime foutre le bordel, c’est son pain, et en août 2015, il publie un enregistrement vidéo du casino de Leicester – daté du 26 juillet 2015 – montrant l’attaquant des Foxes en train d’insulter des clients japonais malgré sa femme qui tente de le retenir. Vardy vient de donner le ton de sa saison : ce sera de la folie pure jusqu’au bout et rien d’autre. Leicester, de son côté, lance une série de six matchs sans défaite jusqu’à une petite gifle reçue contre Arsenal (2-5), le 26 septembre.

24 octobre 2015

C’est la dixième journée et la vague Leicester est encore une surprise. Crystal Palace débarque en amuse-gueule et rentrera à Londres avec un revers (1-0). Le premier succès de la saison des Foxes terminé avec un clean sheet. Ranieri emmène ses hommes en ville, à la Peter Pizzeria, et les invite alors à fabriquer leur propre pizza pour fêter la victoire. Cette habitude deviendra un rituel, comme son célèbre dilly-ding, dilly-dong qu’il trimbale avec lui depuis plus de trente ans. Claudio Ranieri : « Le foot est comme une pizza. L’ingrédient le plus important est l’esprit d’équipe, et le second est le plaisir de s’entraîner. C’est important. Après, rajouter un peu de chance est important, comme du sel. Les supporters sont les tomates. Sans ça, il n’y a pas de pizza. »

28 novembre 2015

Claudio Ranieri a un cap et il s’y tient : « On peut tous être fiers. Mais le véritable objectif de notre saison est d’atteindre les 40 points et il nous reste onze points à prendre. On ne pense qu’à ça. » Leicester commence à délirer, Jamie Vardy vient de marcher sur le record de buts consécutifs de Ruud van Nistelrooy en marquant contre Manchester United (1-1) et, une semaine plus tard, après une victoire facile à Swansea (3-0), Ranieri parle pour la première fois de « rêve » .

#Records are there to be broken.. Go on @vardy7, all the best and good luck!

Une photo publiée par Ruud van Nistelrooy (@rvnistelrooy) le

19 décembre 2015

Cette fois, c’est le bordel. Au point de voir Gary Lineker affirmer que si Leicester est champion en fin de saison, il présentera le premier Match of the Day de la saison suivante en slip. Les Foxes viennent de gagner à Everton (2-3), cinq jours après avoir découpé la tête de Mourinho au King Power Stadium. Un an plus tôt, le club était dernier de Premier League et avait les jambes qui tremblaient. Cette fois, Ranieri et sa troupe passeront les fêtes en tête du championnat d’Angleterre. La surprise est grande, et même ton grand-père au bout de la table ne croit pas ce qu’il entend. Pour lui, Leicester, ce n’était que des tigres, pas des renards, et on n’y jouait qu’au rugby.

13 janvier 2016

C’est certainement le jour où tout a basculé. Sur un coup de tête de Robert Huth à White Hart Lane dans un match que Tottenham ne devait pas perdre. On appelle ça le destin. En foot, c’est la chance du champion, surtout que deux semaines plus tôt, après un nul à domicile contre Bournemouth (0-0), Leicester a assuré son maintien. Ranieri craque : «  C’est bon ! On a quarante points, champagne pour mes joueurs ! » L’Angleterre commence à comprendre que cette équipe a un côté fou, le monde entier aussi. Alors, le producteur Adrian Butchart se penche sur le script d’un film dédié à l’histoire de Jamie Vardy. Pourquoi ? Pour ça.

6-14 février 2016

Rien n’a été plus beau cette saison en Premier League que ce succès : celui d’un groupe de morts de faim à l’Etihad Stadium de Manchester (1-3) avec notamment un but fantastique de Riyad Mahrez. Une semaine plus tôt, Leicester a giflé Liverpool (2-0), et une semaine plus tard, les Foxes tomberont à Londres face à Arsenal (2-1) dans les dernières minutes. C’est peut-être le tournant de la saison. Le jour où Claudio Ranieri a trouvé définitivement les failles de son équipe pour muscler l’ensemble et filer vers le titre. D’où les larmes, d’où les poings levés, d’où les lunettes folles, d’où les secousses.

10 avril 2016

On peut parler d’un coup de force, et Jamie Vardy, au bout de ses courses terribles, le sait : la victoire à Sunderland (0-2) a certainement été la plus difficile à accrocher sur le tableau. Car, longtemps ce jour-là, Leicester a lutté, buté, souffert pour ne pas craquer dans un sprint où Tottenham se montrait incapable de tomber. Et Vardy, par deux fois, a écrit l’histoire à sa manière, alors que son pote Riyad filait vers son titre de meilleur joueur de la saison. Le roman prenait forme, Ranieri essuyait ses premières larmes. Leicester ne peut alors plus s’arrêter, et tout le monde le sait, tout le monde le veut. Voilà la recette : « De quoi avez-vous besoin pour y arriver ? Un gros nom ? Non. Un gros contrat ? Non. Il suffit simplement d’ouvrir son esprit, d’ouvrir son cœur, d’avoir les batteries rechargées et de courir libéré. »

2 mai 2016

Comme un symbole, la dernière souffrance de cette bande de joyeux besogneux n’a pas été physique, mais mentale. Posés devant la télé un lundi soir, ils ont d’abord cru devoir en découdre le week-end face à Everton pour choper définitivement un titre qui leur tendait les bras. Puis, Gary Cahill a décidé de s’en mêler. Menés 2-0 au Bridge par Tottenham, les Blues recollent à 2-1, puis égalisent grâce à l’une des rares merveilles de la saison tristoune d’Eden Hazard. S’ils auraient certainement préféré savourer cette immense joie devant leur public, extraordinaire tout au long de la saison, les Foxes ont donc débouché le champagne devant la télé. Le énième épisode d’un exercice cinglé qui restera longtemps dans les mémoires.

Par Maxime Brigand

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