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  • Les meilleurs coachs de tous les temps

Top 100 : Les entraîneurs (80 à 71)

Par la rédaction de So Foot
11 minutes
Top 100 : Les entraîneurs (80 à 71)

Qu'il soit tacticien, meneur d'hommes, diplomate ou fou à lier ; en costard, en survet', moustachu ou mal rasé ; qu'il ait la clope au bec ou la touillette sur le bout de la langue ; qu'il fut un grand joueur ou un immense tocard ; qu'il soit belge ou même nantais, l'entraîneur sera toujours un peu sur le banc des accusés, le premier fusible à sauter en cas de panne. Mais c'est aussi de lui que vient la lumière, la vraie. La preuve, avec 100 illuminés.

80. João Saldanha

« Le football brésilien doit toujours se jouer en musique. » João Saldanha sait de quoi il parle. Cousin du compositeur Carlo Jobim, Saldanha mélange la classe de la bossa-nova et l’irrévérence du tropicalisme. Comme Gilberto Gill ou Caetano Veloso, « João San Peur » est plutôt mal vu du pouvoir politique lorsqu’il qualifie le Brésil pour la Coupe du monde 1970. Communiste revendiqué dans un pays où l’armée préfère nettement l’ordre au progrès, Saldanha prône le beau, l’audace, le « novo » dans un Brésil qui a oublié les idéaux de l’ère Kubitschek. Mexico doit être son triomphe et celui de son football, mais le général Médici en décide autrement. Saldanha est écarté. On évoque son refus de convoquer Dada Maravilha, le chouchou du dictateur militaire. Avec Dada et sans Saldanha, le Brésil gagne la plus belle des coupes du monde. En musique. Devenu consultant, cet amateur de gros calibre combat jusqu’au bout l’européanisation du football carioca. Comme un symbole, il passe l’arme à gauche à quelques heures d’un triste RFA – Argentine à Rome en 1990.

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79. Carlo Mazzone

Carlo Mazzone s’est assis 795 fois sur un banc de Serie A. Souvent avec un bonnet, parfois avec une parka, toujours avec un air de vieux loup de mer. Au discours tout fait d’après-match, Sor Carletto préférait un bon mot en dialecte romain. Mazzone, c’est un tour de l’Italie du Nord au Sud avec son lot de montées et son lot de descentes. En près de quarante ans de métier, Mazzone a fait de belles choses. Retenons-en ici deux. La première : offrir une place de titulaire dans l’équipe première de la Roma à un gamin nommé Francesco Totti. La deuxième : faire reculer, en 2001, Andrea Pirlo de vingt mètres. « Je lui ai répété qu’ainsi, il deviendrait le joueur le plus important de l’équipe, aussi bien en phase défensive qu’offensive, que ce serait lui qui toucherait le plus de ballon, expliquait à So Foot le vieux Mister l’été dernier. Je lui ai dit qu’en défense, il ne devrait pas penser à aller chercher le ballon dans les pieds de l’adversaire, mais juste à bien se placer pour gêner l’autre équipe. Et qu’en attaque, il aurait plus de temps pour diriger la manœuvre. Quant aux buts, je l’ai rassuré. » Carlo Mazzone a arrêté d’entraîner en 2006. Totti et Pirlo, eux, courent toujours.

78. Hugo Meisl

Le foot romantique meurt souvent dans les années en quatre : Hongrie 54, Hollande 74… et Autriche 34, favori de ce Mondial 1934, mais dramatiquement vaincue par l’Italie en demies (0-1). Le Wunderteam autrichien avait dominé le foot européen au début des années 30 grâce d’abord à un système concocté par le coach Meisl et l’Anglais Hogan, le 2-3-5 pyramidal caractérisé par un jeu à terre, tout en passes et en mouvements. Ce style dit « danubien » (pratiqué aussi par la Hongrie et la Tchécoslovaquie) avait la flamboyance surtout autrichienne de son génial « centre-attaquant » (plutôt que strict « avant-centre » ), Mathias Sindelar. Hugo Meisl (1881-1937), c’était la « jewish touch » de talent du foot d’Europe centrale des années 30 (comme Sebes, Hongrie 1954, ou Belà Guttmann, Benfica 1962), plus tard décimé par le nazisme… Meisl, c’était aussi un duel au sommet avec son ami et rival continental acharné, Vittorio Pozzo, coach de la squadra qui vaincra le Wunderteam en Coupe du monde 1934 à San Siro, puis en finale des JO de Berlin en 1936 (1-2). Du bon clash à la Mourinho-Guardiola. Déjà…

77. Vittorio Pozzo

À l’occasion de la Coupe du monde 1934, Vittorio Pozzo a bâti l’identité conquérante de la Squadra, telle qu’on la connaît encore aujourd’hui. Son « metodo » (2-3-2-3 ou système en WW) s’inscrivait en rupture avec les deux systèmes en vogue, le WM à l’anglaise et le 2-3-5 danubien pratiqué par le Wunderteam autrichien. Pour ce Mondial 34 à dom, sous la tutelle de Mussolini, Pozzo a emmené une présélection de 30 joueurs qu’il a préparée à la montagne, à la dure, tel un bataillon prêt à mourir au combat. Car le style de la Squadra s’inscrit plus en mode combattant que la virtuosité viennoise des Autrichiens : défense de fer, milieu costaud et avants létaux rompus aux contre-attaques assassines. Cette Squadra joue dur, à l’image du demi-centre Luis Monti, casseur attitré et rimpatriato (ou oriundi) comme Raimundo Orsi et Enrique Guaita, des fils d’immigrés italiens nés en Argentine. Au Mondial 2006, Mauro Camoranesi, un autre Italo-Argentin, fera gagner l’Italie… Aux mauvaises langues qui dénoncent l’enrôlement déloyal des Rimpatriati au sein de la Squadra, Vittorio répondra : « S’ils sont bons pour revêtir l’uniforme et se faire tuer pour l’Italie sur les champs de bataille, il sont bons pour défendre nos couleurs sur les terrains pacifiques du sport. » Avec Pozzo, la Squadra, invaincue de décembre 1934 à 1939, gagnera les coupes du monde 1934 et 1938 (avec en France une équipe plus joueuse, plus technique), ainsi que l’or aux JO de Berlin 1936. Pozzo reste à ce jour l’unique sélectionneur avec deux coupes du monde remportées : deux premiers succès qui ont initié un palmarès quatre étoiles qui fait encore aujourd’hui de l’Italie la deuxième nation de foot, à une couronne du Brésil. Ayez une pensée émue pour le bon Vittorio quand Pirlo et Buffon soulèveront la Coupe du monde le 13 juillet 2014 au Maracanã…

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76. Di Matteo

Un rituel. Lors de chaque match à Stamford Bridge, à la 16e minute de jeu précise, les fans des Blues se mettent à chanter en choeur « One Di Matteo. There’s only one Di Matteo » . Et effectivement, il n’y a qu’un Di Matteo. Roberto, né à Schaffhouse, en Suisse, a d’abord besogné comme milieu de terrain sous les couleurs locales, puis pour celles du Fc Zurich, de la Lazio et enfin de Chelsea. En sélection italienne, il dispute 34 matchs, dont l’Euro 1996 et la Coupe du monde 1998. Puis vient pour l’ancien numéro 16 une carrière d’entraîneur. D’abord pour Milton Keynes Dons FC, un club de troisième division anglaise qu’il mène aux play-offs. Puis pour West Bromwich, qu’il fait monter en Premier League. Puis pour Chelsea, d’abord en tant qu’adjoint de Villas-Boas puis, une fois ce dernier viré, comme entraîneur intérimaire jusqu’à la fin de saison 2012. Sans pression, il commence par retourner la situation en Europe contre Naples (4-1 en prolongation), enchaîne avec l’impensable contre la « meilleure équipe de tous les temps » , et finit par vaincre, aux tirs au but, le Bayern de Munich. Chelsea gagne enfin la Champions (et même une petite FA Cup en prime) ; forcément Di Matteo est conservé. Pour mieux être viré trois mois plus tard par Abramovitch, après une défaite injuste à domicile contre United, une autre contre West Bromwich (son ancien club donc) et une élimination européenne, méritée là, face à la Juve. Depuis, Roberto est annoncé un peu partout (Schalke 04 ou Reading), mais attendu surtout quelque part où il est déjà une légende.

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75. Hennes Wersweller

Il y a ceux qui croient encore que le rock allemand n’existe pas. Et les autres qui savent qu’en 1973, les Stones sont en train de lâcher leur titre de greatest rock’n’roll band in the world au Borussia Mönchengladbach. Sa tête pensante, Hennes Weisweler, a compris que le succès n’était pas qu’une affaire de titres. Il devait aussi être une question de style. Celui, dingue, de Günter Netzer qui collectionne les filles, les Ferrari et les sorties de boîte au petit matin. Celui surtout de son Fohlenelf (les « onze poulains » ) qu’il a su débourrer comme personne pour en faire une Torfabrik ( « usine à buts » ). De quoi imposer M’Gladbach au sommet (trois titres de champions et une Coupe de l’UEFA entre 1970 et 1975) et s’embarquer dans un tour des stades loin de son repaire du Bökelberg. Où il finit par rejoindre le GR emprunté par tout le Gotha rock’n’roll avant lui : lutte d’ego et flop monumental face à Johan 1er (Barça), retour à la maison le temps d’une rédemption express (FC Köln), grosse marrade à New York dans son nouveau supergroupe (Cosmos) et mort prématurée en Suisse. Ni Keith Richards, ni Günter Netzer n’ont su faire mieux.

74. Tomaso Maestrelli

La maladie a emporté Tommaso Maestrelli en 1976, mais ce qu’il a été ne meurt jamais. Pour le grand public, il est celui qui a fait remporter à la Lazio de Rome le premier titre de son histoire, en 1974. Pour ses anciens joueurs, il est un guide, un modèle, un chef de guerre, un père. Felice Pulici, gardien de la Lazio à l’époque, a les yeux embués de larmes lorsqu’il évoque son ancien Mister : « Notre équipe était divisée en deux clans distincts, c’était parfois n’importe quoi, mais quand Maestrelli haussait la voix, tout le monde se taisait. » Pino Wilson, le capitaine : « Il arrivait à valoriser tout le monde tout en ayant le dernier mot sans que personne n’y trouve rien à redire. » Luigi Martini, arrière gauche : « Il avait inventé le football total avant la Hollande, en plus d’avoir compris avant tout le monde qu’un entraîneur se devait de comprendre ses joueurs comme des hommes et pas seulement comme de simples footballeurs. » Pour toutes ces raisons, et pour d’autres encore, les derniers vers d’un des hymnes de la Lazio, craché par les haut-parleurs de l’Olimpico et repris par tout le stade avant chaque rencontre, récitent pudiquement : « Allez les aigles, nous ne pouvons pas mal faire, du ciel, le Maestro nous regarde. »

73. Senol Gunes

Tout le monde se rappelle de cette fameuse Coupe du monde 2002 en Asie avec cette finale horrible entre un Brésil pas fou pour un sou et une Allemagne boîteuse emmenée par cette grande gueule d’Oliver Kahn ( « Ronaldo ne me mettra pas un but ! » – « T’as raison, pour la peine, je t’en mets deux » ). Tout le monde se rappelle aussi de l’épopée de la Turquie, qui finira à une glorieuse 3e place non sans avoir gâché l’ambiance sur place (élimination du Japon en huitièmes, victoire dans la petite finale face à la Corée du Sud). Si tout cela a été possible, c’est grâce à des joueurs comme le buffle Hakan Sükür, à l’Indien Rüstü Reçber et à la future patineuse Ilhan Mansiz. Mais le mérite en revient surtout à Senol Günes. En tant que natif de Trabzon et roulant pour le Karadeniz Firtinasi, Günes s’est tenu toute sa vie à l’écart des clubs d’Istanbul, apparaissant ainsi comme un entraîneur « neutre » (à tous les sens du terme), bien loin de l’image que peut renvoyer un Fatih Terim. Soyons honnêtes, il n’y a pas tant de choses à retenir, si ce n’est que cette 3e place de la Turquie, qui risque de longtemps rester dans le Günes des Records.

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72. Felix Magath

« Quälix » , c’est un mélange composé du prénom « Felix » et du verbe « quälen » , qui signifie « torturer » . Inévitablement, tous les regards se dirigent vers un seul homme : Felix Magath. L’homme aux entraînements commandos, qui oblige ses joueurs à faire des joggings en forêt avec un type sur le dos, leur fait faire des exercices avec des medecine-balls ou encore vide nombre de bouteilles d’eau pour que ses types apprennent à se partager la flotte après moults efforts. Pas étonnant de la part d’un fils de GI éduqué par des nonnes : la discipline avant tout. Si les méthodes hallucinantes de Felix Magath n’avaient pas porté leurs fruits, voilà un moment qu’il n’officierait plus. Mais voilà, les résultats sont là. Felix Magath est un homme qui est capable de l’impossible. Comme remporter le titre avec Wolfsburg en 2009. Ou bien, autre exploit, sauver un Eintracht Francfort de la relégation en 2000, alors que tout le monde voyait les Aigles en 2. Bundesliga. Ce qui fera dire à son attaquant Jan Age Fjortoft : « Je ne sais pas si Felix Magath aurait pu sauver le Titanic, mais je peux vous dire que les naufragés auraient été en pleine forme. »

71. Milan Miljanic

Après avoir tout gagné en tant que joueur et entraîneur avec l’Étoile rouge de Belgrade, Miljanic atterrit au Real Madrid en 1974. Ses joueurs s’appellent alors Santillana, Del Bosque, Camacho ou encore Juanito. Le Yougoslave ne tarde pas à révolutionner la Maison Blanche et le football espagnol dans son ensemble. « Il y a eu un avant et un après Miljanic. Avant son arrivée, l’entraîneur faisait office de psychologue, de préparateur physique et de manager. Quand il est arrivé, Miljanic avait une batterie de spécialistes à ses cotés. Il a introduit des choses que l’on ne connaissait pas comme les exercices abdominaux, l’utilisation des poids, les ballons médicinaux ou encore les séries de 100, 200, 1000 et 5000 mètres » , se souvient encore Del Bosque. « Avant Miljanic, on courait plus pendant les matchs qu’à l’entraînement. Il a renversé ce rapport ce qui nous a permis de remporter facilement deux Ligas consécutives » , rajoute Santillana, le buteur merengue de l’époque. Les autres équipes de Liga ne tardent pas à copier les méthodes d’entraînement de Miljanic. Le Real est alors une équipe robotisée, au style de jeu mécanique, mais terriblement efficace. Pas vraiment du goût du public de l’époque. « Miljanic, c’était l’apprentissage par la répétition. C’était ennuyeux, mais terriblement efficace pour faire progresser les automatismes et les potentiels individuels des joueurs. C’est une méthode qui fait encore ses preuves aujourd’hui » , rajoute Del Bosque. Prônant un style de jeu peu chatoyant, Miljanic fut écarté du Real Madrid après avoir refusé de se rendre avec son équipe pour affronter Belgrade en Coupe d’Europe. « Je n’y vais pas pour des raisons sentimentales : affronter l’Étoile rouge, ce serait trahir mon club de cœur, ma patrie et celui que je suis. » Question : qui pourrait se permettre ça aujourd’hui ?

À lire : La suite du top 100 des entraîneurs

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