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Top 100 : Les entraîneurs (70-61)

Par la rédaction So Foot
9 minutes
Top 100 : Les entraîneurs (70-61)

Qu'il soit tacticien, meneur d'hommes, diplomate ou fou à lier ; en costard, en survet', moustachu ou mal rasé ; qu'il ait la clope au bec ou la touillette sur le bout de la langue ; qu'il fut un grand joueur ou un immense tocard ; qu'il soit belge ou même nantais, l'entraîneur sera toujours un peu sur le banc des accusés, le premier fusible à sauter en cas de panne. Mais c'est aussi de lui que vient la lumière, la vraie. La preuve, avec 100 illuminés.

70. Bob Bradley

Il s’appelle Robert mais personne ne l’appelle Robert. Lui, c’est Bob Bradley et les vrais puristes l’ont appelé « Senior » de 2006 à 2011, lorsqu’il était à la tête d’un sélection des États-Unis d’Amérique qui comptait dans ses rangs le fiston, Michael Bradley. Aujourd’hui, « Junior » sévit sous le maillot de l’AS Rome. Bob, lui, n’a pas eu la chance de venir exercer en Europe, ce dont il rêvait pourtant après une World Cup 2010 d’un fucking haut niveau mais qui s’est terminée en queue de poisson avec une élimination en 8e de finale par le Ghana (1-2 ap). À l’été 2010, Sir Alex Ferguson himself a pourtant conseillé publiquement à Fulham puis à Aston Villa d’embaucher le divin chauve qui a commencé sa carrière de coach universitaire à 22 ans. En attendant que l’Europe ait le bon goût de donner sa chance à Bobby, l’enfant du New Jersey traîne son physique de militaire sur le banc de l’Égypte.

69. Coco Basile

À 69 ans, le Coco Basile aime encore sa femme et séduire les autres. Et comme tous les vieux de son âge qui affectionnent le whisky, la nuit et qui répondent à un coup de téléphone transatlantique par un distingué « Oh, de la France? » , Basile est un entraîneur qui pratique le beau jeu. Arrière du mythique Huracán 73 de Menotti, défenseur inconditionnel de Riquelme, il est surtout le seul sélectionneur argentin à avoir fait jouer Redondo en match officiel. Sans jamais oublier de gagner : Supercopa Sudamericana en 1988 avec Racing après 20 ans de souffrance et de tristesse pour l’Académie, 5 titres consécutifs avec Boca, 2 Copa América. Sa superstition incurable [Voir So Foot #104] n’aura pourtant pas suffi à empêcher Diego de se faire péter les veines pendant une Coupe du monde 94 qu’il aurait du gagner, au moins pour la première phrase de sa causerie avant le match face au Nigeria : « Vous êtes blonds et beaux, vous ne pouvez pas perdre : regardez-les, ils sont obscurs » .

Le coco drague

68. Luciano Spalletti

Les plus grandes découvertes sont souvent le fruit du hasard. Comme le Viagra, la Vénus de Milo ou les Amériques. Voire le football sans attaquant. Début de saison 2006-2007, la Roma croule sous les blessures. Tout de même obligé d’aligner 11 joueurs, Luigi déforme son fameux 4-2-3-1 en un 4-6-0, avec Totti en pointe, mais toujours dans un registre de meneur de jeu, chargé de garder la balle et de servir ses milieux qui s’engouffrent dans les espaces. Résultat ? Les centraux adverses n’ont personne à marquer, pendant que la Roma peut continuer à aligner deux ailiers, quatre milieux de terrain, et s’assurer presque de fait la possession de balle. Les plus grandes découvertes sont souvent le fruit du hasard. Comme le LSD, la vaseline et le FC Barcelone.

67. Carlos Parreira

« La clé pour réussir est d’avoir du bon sens. » Entraîneur à jogging, Parreira est un pragmatique au pays du football « arte » . Moins militaire et charismatique qu’un Scolari, il ramène la Seleção sur le toit du monde en 1994. Parreira c’est le Brésil des Dunga, Mazinho, Zinho. Un Brésil rationnel, européen, un Brésil post Telê Santana, un Brésil qui ne veut plus distraire mais rafler la mise. Et tant pis s’il faut se renier un peu, beaucoup. Parreira sera le sélectionneur idoine. Rigoureux mais pas borné. Son mérite est de comprendre qu’il faut construire un édifice à la gloire de Romário. Aussi ingérable soit-il, aussi en retard soit-il aux entraînements (quand il vient), Romário est celui qui celui qui résout les problèmes et fait presque oublier l’absence de génie de cette équipe. Douze ans plus tard, Parreira se plante avec une génération autrement plus talentueuse (Ronaldo, Ronaldinho, Adriano, Kaká). Le bon sens a ses limites.

66. Raymond Goethals

« Un charlot, un corrompu, un mauvais, un Belge que je n’aime absolument pas. » Éric Cantona a les mots qui tachent pour parler de celui qui fût son entraîneur à Marseille. Il faut bien le dire, on n’a jamais vraiment pris Goethals au sérieux. Une histoire d’accent peut-être. Goethals, c’est un bon mot en deux belga, un type qui connaît pas toujours les noms de ses joueurs, quelques casseroles (une condamnation pour corruption en 1984) un imperméable beige peu importe la saison, un goût pour la mèche et la vie à l’hôtel. Un personnage, une caricature mais d’abord un entraîneur et un palmarès. Une troisième place à l’Euro avec le Belgique, une Coupe des coupes avec Anderlecht, deux autres finales avec Anderlecht et le Standard de Liège, deux titres de champion et une Ligue des champions avec Marseille. Alors quand Tapie se vante de faire l’équipe, Raymond tire sur sa Belga et laisse dire. Pour un Charlot, Raymond la Science connaissait plutôt bien le foot. Il suffit de voir comment son OM a bouffé tactiquement le Milan de Capello. Et jusqu’a preuve du contraire, Goethals reste le seul entraîneur à avoir fait gagner la C1 à un club français. Merci une fois.

65. Mircea Lucescu

Son roumain natal, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’italien, le français, le russe, de bonnes notions de turc et d’ukranien : Lucescu cause 9 langues. Pratique pour conseiller à ses joueurs de lire un livre ou d’aller au cinéma plutôt que de traîner en boîte de nuit ou dans des restos douteux. Et quand il s’enflamme, il essaie même de leur faire faire des études ou de voir du pays, comme lui. Après avoir dirigé l’équipe nationale de son pays, Mircea a fait carrière en Italie (Pise, Brescia, Reggiana et l’Inter) avant de prendre en main Galatasaray, avec qui il commencera par gagner une Supercoupe d’Europe contre le Real, avant de s’incliner la saison suivante, en 2001, contre ce même Real en quarts de finale de Champions. L’année d’après, il re-qualifie Galatasaray pour le second tour de C1 et emporte le titre national, mais se fait tout de même remercier. Vexé, il file au Beşiktaş. Première saison à la tête du club qui fête cette année-là son centenaire : une seule défaite et le maximum de points obtenus dans une saison turque. Merci, au revoir. Après être devenu une idole en Turquie, on le retrouve en Ukraine, à Donetsk, où l’amateur de peinture impressionniste remet le Shakhtar sur le devant de la scène alors que Kiev raflait tout depuis 10 ans. Mieux, il règne aussi sur le continent, en empochant l’UEFA 2009. Après le sacre du CSKA en 2005 et celui du Zénith en 2008, les équipes de l’Est sont enfin reprises au sérieux, et le Shakhtar en particulier. Mircea est ainsi récompensé du titre de « citoyen d’honneur de Donetsk » pour avoir contribué au rayonnement de la ville, de sa région, et de l’Ukraine en général. Le poste de sélectionneur de l’Ukraine est alors pour lui. Mais Mircea décline, et pour cause : son fils Răzvan est alors le sélectionneur de la Roumanie, qui fait partie du même groupé éliminatoires pour l’Euro 2012. Et pour ce père, il était bien entendu hors de question de tuer le fils.

64. Dick Advocaat

Entendons-nous bien : Dick Advocaat ne pas fait partie du premier cercle de l’élite des coachs néerlandais (Michels, Cruijff, Hiddink, Van Gaal, Rijkaard, voire Van Marwijk). Il n’existe pas à proprement parler de « style Advocaat » . Dick Advocaat symbolise d’abord et surtout une certaine expertise technicienne néerlandaise qui a fait le succès des coachs hollandais à l’international. Avec le mauvais côté mercenaire, démontré lorsqu’il cocufie la sélection belge en entraînant conjointement Alkmaar en 2009, puis en plantant honteusement les Diables rouges pour aller coacher la Russie en avril 2010, le salaud ! Reste le globe-trotter (Corée du Sd, Arabie) à succès, capable grâce à sa méthode pédagogique estampillée NL de faire souvent gagner les clubs qui le sollicitent : PSV, Rangers, Zénith, tous champions nationaux (plus la C3 2008 pour Saint-Pétersbourg). Honnête sélectionneur des Oranje, il atteint les quarts du Mondial US 94 et de l’Euro 2004. Bref ! À 65 ans, comme son nom l’indick, il se défend toujours très bien tout seul.

63. Stefan Kovačs

Kovačs est mort le 11 mai 1995 à 75 ans d’un cancer pulmonaire. Bien fait pour lui : il fumait comme une vieille loco, même en dormant. Pour le reste, c’était une grande pointure. Quand Rinus Michels lâche l’Ajax pour le Barça en 1971, il pointe le nom de Kovačs sur une short list pour lui succéder. Le board ajacide engage le Roumain parce qu’il était le moins cher… Bien vu, quand même ! Stefan, c’est la bonne école roumaine du Steaua, n°1 au pays. À Amsterdam, Kovačs est intelligent : il poursuit sans problème le foot total de Michels, laisse les clés du jeu à Cruijff, enrichit le jeu ajacide en l’épurant un peu de son jeu long à la britannique. Résultat : 2 C1 (72 et 73), l’Intercontinentale 72, 2 titres de champion et une Coupe des Pays-Bas, ainsi que la Supercoupe UEFA 73 ! Il sauve ensuite le foot français de sélection en reprenant l’équipe de France au fond du trou. Il appuie le boulot de la formation (impliqué dans le projet Clairefontaine), il lance des jeunes (Rocheteau, Emon), éduque le foot français sur le physique, d’abord, la tactique et le psychologique. Il part en 1975 sur un échec apparent. Erreur ! Il laissera un héritage de valeur à Hidalgo qui aujourd’hui encore loue le mentor roumain dont il avait été l’adjoint en Bleu. En 1974, il avait prédit « une future grande équipe de France d’ici 8 à 10 ans » . La France sera championne d’Europe en 1984 !

62. Gilbert Gress

Et si Gilbert Gress était le plus grand entraîneur que le football français n’ait jamais enfanté ? Jusqu’à preuve du contraire, on reconnaît une légende par l’incapacité de son club à vivre sans elle. En offrant à Strasbourg son unique titre de champion de France en 1979, Gress, qui dit se considérer plus comme un Suisse que comme un Français, constate aujourd’hui que le Racing crèche en CFA. Mais Gilbert n’a pas connu que l’Alsace dans sa vie, quand bien même son come-back en 2009 terminé par un licenciement pour faute grave moins de deux mois après sa signature a marqué les esprits. Gilbert Gress est un Européen avant tout et le rappelle par une première punchline : « Je suis resté invaincu en Coupe d’Europe à domicile pendant vingt ans et 28 matchs. Hambourg, le grand Bayern Munich, le Real Madrid, personne ne battait mon équipe quand elle jouait devant son public. » Et une deuxième un brin plus nombriliste : « Des supporters de Strasbourg me disent que l’Arsenal des années 2000 leur rappelle le Strasbourg de 79. » Le tout avec un dérivé de la coiffure de Garcimore et des lunettes de plongée sous-marine.

Quand la télé allemande consacre un reportage à Gress

Vidéo

61. Udo Lattek

Le Bayern Munich, le Borussia Mönchengladbach, le Borussia Dortmund, le FC Barcelone, le 1.FC Cologne et le FC Schalke 04 ont fait appel à ses services. Bilan : 8 titres de Champion d’Allemagne. 3 Coupes d’Allemagne. Mais surtout, Udo Lattek est, avec Giovanni Trapattoni, le seul entraîneur à avoir gagné les trois Coupes d’Europe. Mieux encore, il les a gagnées avec trois clubs différents : la C1 avec le Bayern (1974), la C3 avec ‘Gladbach (1979) et enfin la C2 avec le Barça (1982). C’est donc en toute légitimité que le natif de Prusse Orientale a, de 1995 à 2011, donné son avis sur le football teuton dans l’émission dominicale « Doppelpass » . Un homme qui a été récompensé par l’Académie allemande pour la culture football pour la meilleure citation footballistique de l’année 2010 : « Au stade de Cologne, il y a toujours une super ambiance, y a que l’équipe locale qui dérange, en fait » .

À lire : La suite du top 100 des entraîneurs

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