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Top 100 : Les entraîneurs (100 à 91)

Par la rédaction de So Foot
9 minutes
Top 100 : Les entraîneurs (100 à 91)

Qu'il soit tacticien, meneur d'hommes, diplomate ou fou à lier ; en costard, en survêtement, moustachu ou mal rasé ; avec la clope au bec ou la touillette sur le bout de la langue ; qu'il ait été un ancien grand joueur ou un immense tocard ; qu'il soit belge ou même nantais, l'entraîneur sera toujours un peu sur le banc des accusés, le premier fusible à sauter en cas de panne. Mais c'est aussi du coach que vient la lumière, la vraie. La preuve, avec les 100 plus beaux illuminés.

100. Kim Jong-hun

Kim Jong-hun a un point commun avec Raymond Domenech. Comme l’éphémère animateur de « L’étoffe des champions » , Kim n’a jamais retrouvé de club ou de sélection après une Coupe du monde 2010 quittée dès le premier tour. Le destin du sélectionneur de la Corée du Nord a sans doute basculé lors de ce 7-0 contre le Portugal. Info ou rumeur, il paraîtrait que, tombé en disgrâce auprès de Kim Jong-Il, Jong-hun fut envoyé dans un camp « de redressement patriotique » où il porterait des briques douze heures par jour. Parce que l’entraîneur est toujours le coupable désigné, parce que l’entraîneur doit toujours payer l’addition, ce Top 100 est dédié à Kim Jong-hun.

99. Bernard Tapie

Après sa récente victoire au Nou Camp, José Mourinho a envoyé Iker Casillas en conférence de presse. C’était marrant, mais ce n’est rien à côté de Bernard Tapie, qui, lors de sa présidence à l’OM, s’est même permis de faire un roulement avec ses pantins, les Gili, Goethals, Ivic & co. En fait, Tapie excellait surtout dans les discours d’avant-match, avec sa fameuse technique du trait sur le tableau noir. Ce n’était pas pour séparer l’attaque de la défense, non. Il marquait en haut ce que l’équipe adverse gagnait (30 000) et ce que son équipe lui coûtait (300 000). Tout ça pour conclure : « Alors me cassez pas les couilles et gagnez le match » . Au final, ça fait 5 titres de champion (dont 1 retiré), 1 Coupe de France, 1 Ligue des champions, mais aussi de beaux coups tactiques, comme lorsqu’il décide de mettre trois attaquants à San Siro pour mettre en échec en 1991 la référence de l’époque, le Milan AC total de Sacchi.

98. Didier Deschamps

Didier Deschamps a toujours eu une tête, un corps et un discours d’entraîneur. Joueur mais déjà coach. D’ailleurs, il faudrait presque rajouter une Coupe du monde et un Euro à son palmarès de technicien. À la différence d’un Platini, DD n’avait pas besoin de souffler la compo à Jacquet. Le pouvoir, le vrai, il l’avait déjà. Qui décide qu’il faut repasser à trois milieux défensifs après le Paraguay en 98 ? Catalogué – à tort – comme prudent, Deschamps n’appartient à aucune école, aucune chapelle, ne suit aucun dogme. Deschamps fait juste confiance à un cerveau taillé pour le foot. Intuitif, logique, synthétique. Si son Monaco joue beau c’est d’abord par souci d’efficacité. S’il faut sacrifier Cheyrou au profit de Kaboré pour rafler un titre de champion, Deschamps sacrifie Cheyrou au profit de Kaboré pour rafler un titre de champion. Deschamps réfléchit toujours foot. C’est sa grande force. Sa faiblesse peut-être aussi, mais ça il s’en fout un peu.

97. Vujadin Boškov

La carrière de joueur de Vujadin Boškov ne restera pas dans les annales. Mieux vaut se souvenir de ses années sur un banc. Près de 40 berges passées sur la touche, entre la Suisse, la Yougoslavie, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie. Ses grandes heures, le Serbe les a vécues au Real Madrid et à la Sampdoria. Au Real, il remporte une Liga, deux Coupes du Roi et atteint une finale de Ligue des champions, perdue contre Liverpool. Mais c’est à la Sampdoria qu’il va réussir ses plus beaux exploits. Car gagner avec une équipe qui n’avait jamais rien remporté de son histoire, c’est costaud. Avec la fabuleuse équipe de Gianluca Vialli et Roberto Mancini (entre autres), Boškov remporte la Coupe des coupes, le Scudetto et arrive en finale de Ligue des champions, où il est battu par le Barça. En Italie, Boškov a toujours été considéré comme le coach sympathique par excellence (et pas seulement parce qu’il est le sosie de Bill Murray), celui qui manie la langue italienne comme Omar da Fonseca utilise celle de Molière : avec ses propres mots. Ses phrases célèbres : « Si je lâche mon chien, il jouera mieux que Perdomo(joueur du Genoa, ndlr) » , « Les entraîneurs sont comme les jupes : une année, ce sont les mini-jupes qui sont à la mode, et l’année d’après, tu les ranges au placard » . Et surtout : « Si nous gagnons, nous sommes vainqueurs, si nous perdons, nous sommes perdants » . Logique implacable.

96. Sir Alf Ramsey

C’est l’homme qui a donné la Coupe du monde à l’Angleterre, en 66. Mais c’est surtout celui qui a initié la folle rivalité entre Angleterre et Argentine. Car, bien avant la guerre des Malouines, bien avant la main de Dieu ou l’expulsion de Beckham en 98 dans un duel d’enfants avec Diego Simeone, Ramsay mit les pieds dans le plat. Au sortir d’un quart de finale d’une grande violence, remporté 1-0, l’ancien coach d’Ipswich, passé en tant que joueur par Southampton et Tottenham, balance : « Pour jouer notre jeu, nous devons rencontrer une vraie équipe, et pas des animaux… » . Fermez le ban.

95. Bobby Robson

Quand on peut se permettre d’avoir un jeune traducteur de la trempe d’un José Mourinho quand on officie au FC Barcelone, ça en dit long sur votre CV. En l’occurrence, celui de Bobby Robson dégueule de partout. Que ce soit avec le Barça (Une Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1997), le PSV Eindhoven (deux championnats), le FC Porto (deux championnats aussi) ou son club de toujours, le Ipswich Town, qu’il emmène tout en haut avec son escouade de malades emmenée par les Brazil, Mühren, Butcher et autre Mariner. Mais s’il fallait retenir une seule période pour cet Alex Ferguson sans accent écossais, on parlerait d’une équipe nationale : la sienne. Celle aux Trois Lions. Avec l’Angleterre, il se paye une demi-finale de Coupe du monde. Sous ses ordres, il compose avec la plus belle génération du football anglais : Waddle, Lineker, Gascoigne. Des mecs qui en avaient, comme Bobby. Même si un cancer des poumons l’a terrassé en 2009, l’Anglais aura laissé une trace indélébile dans le patrimoine britannique. À Ipswich, une statue le représentant en costard a été érigée devant le stade. Il faut dire qu’entre le club qui sent la bière et le coach, il s’est passé quelque chose. Entre 1969 et 1982, Bobby mène sa bande de voyous au sommet : Coupe d’Angleterre en 1978 puis la Coupe de l’UEFA en 1981 et termine également à deux reprises au second rang du championnat, en 1980–1981 et 1981–1982. Costaud. Finalement, Robson avait façonné une équipe de haute volée. À tel point que certains de ses joueurs dont John Wark, Russell Osman, Laurie Sivell et Kevin O’Callaghan participent, en 1981, aux côtés de Sylvester Stallone et Pelé au film À nous la victoire. Autre chose que3-0 ou Didier.

94. Vincente Feola

Feola aimait les plaisirs de la vie. Des plaisirs faits de bonne chair et de « futebolarte » . La faute à un corps de barrique et une propension à s’endormir sur banc, Feola n’a pas toujours été pris au sérieux au Brésil. Un paradoxe et une injustice pour le sélectionneur qui permet au pays de décrocher cette première étoile Mondiale en 1958. Trop bon, trop con pour répondre, Feola est vu par ses détracteurs comme le type qui a eu la veine de tomber sur des Vava, Pelé, Garrincha ou Didi. Peut-être. Mais qui ose le 4-2-4 qui fera la gloire de la Seleção ? Qui ose lancer ces mômes que sont Pelé et Garrincha à partir des quarts de finale ? Qui ose prôner la liberté ? Écarté en 1962, Feola endosse le rôle du coupable désigné après le fiasco de 1966. Après plusieurs alarmes, son cœur décide de le lâcher pour de bon le 20 novembre 1975.

93. José Arribas

Dans la Sainte Trinité nantaise, si Suaudeau et Denoueix sont le Fils et le Saint-Esprit, Arribas est le Père. Un Dieu qui, après avoir voulu faire jouer Noyen-sur-Sarthe à la manière du Brésil 58, a posé son souffle divin sur l’estuaire de la Loire pendant seize ans, faisant découvrir le jardin d’Éden de la D1 au FCN avant de lui apporter ses trois premiers Graal. Sauf qu’à l’époque, les Canaris sont moins chrétiens que freudiens et décident de tuer le père en l’exilant à Marseille. C’est là que Coco Christ arrive sur Terre pour racheter les péchés des Hommes, qui finiront par le vénérer en lui élevant un temple, la Jonelière, où ils s’agenouillèrent quotidiennement devant le jeu à la nantaise. Allelujah.

Vidéo

92. Rafael Benítez

Il y a deux façons de voir Rafael Benítez. Le loser, dont le Valence ne valait pas celui de Cuper (Kily Gonzalez, lors du titre de champion 2002, annonçant lui-même que c’est l’effectif d’Hector, et non le taf de Benítez, qui a mené l’équipe au sacre), dont le Liverpool ne gagnera pas le moindre titre de champion d’Angleterre, dont l’Inter fit n’importe quoi, et dont le Chelsea actuel semble voué à fonctionner sans lui, qui a d’ores et déjà annoncé son départ en fin de saison. Ou le winner, auteur du miracle d’Istanbul, d’une des plus belles campagnes de l’histoire de la Liga (avec Valence en 2004), d’un doublé Supercoupe d’Italie et championnat du monde des clubs avec l’Inter, et bientôt peut-être d’une Coupe UEFA avec Chelsea. Il y a vraiment deux façons de voir Rafael Benítez : comme le sosie de Julien Dray, ou comme celui de François Hollande.

91. Nils Lidholm

« Ne t’inquiète pas, papa, un an, deux ans maximum, et puis je rentre » . Voilà ce que dit Nils Liedholm à son père, en 1949, lorsqu’il quitte sa Suède natale pour rejoindre le Milan AC. Au final, il y passera les 58 années suivantes de sa vie. 58 années au cours desquelles « Il Barone » va inscrire 89 pions avec le maillot rossonero, mais surtout devenir l’un des immenses entraîneurs des années 70-80. Révélé à la Fiorentina, il rejoint ensuite la Roma, puis remporte le Scudetto avec « son » Milan AC. De retour à Rome, il gagne à nouveau le championnat (1983), cette fois-ci avec la folle équipe emmenée par Roberto Pruzzo et Bruno Conti. Ce même Conti qui, en 1984, ratera son tir au but en finale de C1 contre Liverpool, la plus grande désillusion de la carrière d’entraîneur de Liedholm. Le Suédois a marqué l’histoire de la Serie A par son élégance, son sens de l’humour, et son accent nordique qui n’a jamais disparu malgré les nombreuses années passées en Italie. Son célèbre « Roma jogato bene… » ( « Roma joué bien » ) à la fin des matchs était même devenu une amusante rengaine. En tant que coach, Liedholm restera comme celui qui a instauré en Italie la défense en zone (malgré les critiques), se calquant sur les modèles des sélections nationales hollandaise et brésilienne. Et puis, il est aussi celui qui a lancé dans le grand bain un jeune milieu de terrain de 20 ans répondant au nom de Carlo Ancelotti. Autre époque…

À lire : La suite du top 100 des entraîneurs

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