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Top 100 : Humiliations suprêmes (de 30 à 21)

Par Alexandre Aflalo, Mathias Edwards et Jérémie Baron

Parfois, on pose le pied sur un carré vert sans avoir conscience que l'on va en sortir en ayant perdu un peu de nous-mêmes. En voici 100 exemples, avec à chaque fois un tortionnaire et une ou plusieurs victimes. Un top pour public averti.

#30 - Henry sur Danny Mills

Arsenal – Boro (4-1)

10 janvier 2004, Premier League (J21)

Thierry Henry était au-dessus de la mêlée techniquement. Et il n’a jamais manqué une occasion de le rappeler sur le terrain en humiliant ses adversaires. Par exemple lorsque, mené 4-1 sur la pelouse d’Highbury, le défenseur de Middlesbrough Danny Mills a voulu aller s’enfermer au poteau de corner et que, cinq secondes plus tard, il s’est retrouvé comme un con les mains sur les hanches à se demander comment il avait bien pu manger un petit pont pareil.

Taux d’humiliation : 254%, comme le nombre de matchs joués par Henry à Arsenal. Heureusement pour ses adversaires, il n’a pas sorti une dinguerie pareille à chacun d’entre eux.

#29 - CR7 sur Steven Davis

Irlande du Nord – Portugal (2-4)

6 septembre 2013, qualifications pour la Coupe du monde

Il y a le « calma calma » de CR7 au Camp Nou en guise de célébration. Et il y a le « calma calma » de CR7 ballon au pied sur le capitaine de l’Irlande du Nord. Pour celui-ci, pas besoin de grands gestes, juste une démonstration de force face à un adversaire un peu trop collant. Après avoir vu ça, aucun chewing-gum n’oserait s’accrocher à la chaussure du Portugais.

Taux d’humiliation : 3 (comme le nombre de pions inscrits ce jour-là par Cristiano à Belfast) x 107 (comme le nombre de capes de Davies avec son pays) = 321%.

#28 - Giovani dos Santos contre les USA

USA – Mexique (2-4)

25 juin 2011, finale de Gold cup

Jouer au chat et à la souris avec Gio dos Santos était l’assurance de perdre, avec bien souvent une humiliation à la clé. Après avoir baladé le portier américain, le joueur des Spurs s’éloigne pour mieux placer un amour de lob entre la barre transversale et le vaillant Eric Lichaj, et inscrire le quatrième but mexicain. Au bout de 23 minutes, les US menaient 2-0. Chez eux.

Taux d’humiliation : 93,4%, comme le nombre de spectateurs présents ce jour-là au Rose Bowl de Pasadena.

#27 - Payet sur Oukidja

Marseille – Strasbourg (2-0)

16 janvier 2018, Ligue 1 (J21)

Ce n’est pas le rein, mais le genou d’Alexandre Oukidja dont s’est occupé Dimitri Payet ce soir de janvier au Vélodrome. Comme si l’issue du duel et le but encaissé n’avaient pas déjà assez honteux pour le portier algérien, le voilà sorti sur civière avec un ligament latéral interne en vrac. « Je savais qu’il allait feinter, je le connais, il faisait la même à l’entraînement à Lille. » Mais peut-on échapper à son destin ?

Taux d’humiliation : 13% parce que les genoux fripés du petit prince de Saint-Pierre gâchent la célébration et donc l’œuvre. Mais quand même, une passe dé de Clinton Njie…

#26 - Di María sur Puyol

Barça – Real (1-3)

26 février 2013, demi-finale retour de Copa del Rey

Carles Puyol, c’est une chevelure folle, une force brute, une loyauté sans pareille et une combativité louée par tous, matérialisées notamment par cette fameuse scène du briquet avec Gerard Piqué (qui avait d’ailleurs eu lieu lors de la demi-finale aller). Mais depuis un soir de février 2013, Puyol restera aussi à tout jamais ce joueur qui a fait un grand écart sur un crochet d’Ángel Di María, glissant et s’effondrant comme un pantin désarticulé. Et c’est comme ça qu’on fait basculer l’image d’une légende du football.

Taux d’humiliation : 137%, qui aurait cru Puyol capable d’une telle souplesse ?

#25 - Bernard Mendy met une distance à Roberto Carlos

France – Brésil (0-0)

20 mai 2004, amical

Est-ce parce que le fan de foot est un grand enfant ? Ou parce que chacun d’entre nous se reconnaît un peu dans ce Bernard Mendy d’ordinaire laborieux laissant sur place un des meilleurs latéraux de l’histoire ? Toujours est-il que dans l’inconscient collectif, ce soir de mai 2004, Narbé aurait mis un grand pont à Roberto Carlos. Alors que le Parisien s’est contenté de faire ce qu’il maîtrisait le mieux : courir très vite. En 2015, il nous avouait : « C’est une action parmi tant d’autres. Encore aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi ça a tant marqué les gens. Peut-être parce que c’était un France-Brésil. » Peut-être parce que les gens t’aiment, surtout.

Taux d’humiliation : 9,58%, comme le record du 100 mètres détenu par Usain Bolt.

#24 - Neymar contre Flamengo

Santos – Botafogo (4-5)

27 juillet 2011, Serie A brésilienne (J12)

Le ciseau de Wayne Rooney face à City a marqué toute une génération. Mais au moment d’élire le prix Puskás de l’année 2011, le chef-d’œuvre du Mancunien a été devancé par une autre merveille, et on est loin du scandale : du début à la fin, le numéro de Neymar face à Flamengo est un pur instant de poésie dont la défense du Mengão est ressortie groggy. À l’image de cette partie totalement folle, perdue par Santos (4-5) avec un triplé de Ronaldinho.

Taux d’humiliation : 80% rien que pour le défenseur qui se prend le râteau-grand pont d’une autre galaxie.

#23 - Pelé sur Eusébio

Benfica – Santos (2-5)

11 septembre 1962, finale retour de Coupe intercontinentale

10 sur 10. En 1962, deux des plus grands meneurs de jeu de l’histoire ont rendez-vous à Rio de Janeiro, pour une double confrontation censée couronner la meilleure équipe de club du moment. Pelé vs Eusébio. Oui, un match aller-retour sur le même terrain. Preuve que le football ne s’est pas toujours embarrassé de principes tels que l’équité. Mais outre le succès du Santos, l’histoire retiendra qu’au match retour, Pelé réalisera ce qu’il considérera comme la meilleure performance de sa carrière. Au cœur de son hat-trick, il se permet d’enchaîner petit et grand ponts sur la Panthère. O Rei.

Taux d’humiliation : Le 10 d’Eusébio x Le 10 de Pelé = 100%

#22 - Ménez sur la défense de Parme

Parme – AC Milan (4-5)

14 septembre 2014, Serie A (J2)

Humilier un adversaire, c’est une chose. En humilier quatre en même temps dans les 5 mètres 50 adverses, ça c’est une performance. Et c’est exactement ce qu’a fait Jérémy Ménez lors d’un match complètement fou contre Parme, en septembre 2014 : une passe en retrait malheureuse de Ristovski, et voilà le Français lancé en profondeur face à Mirante, grand pont, talonnade folle, but, célébration complètement déchaînée. Une œuvre d’art.

Taux d’humiliation : 94%, comme le drôle de numéro que portait Ménez à la Roma et qui résume bien l’esprit de ce but. La banlieue influence Paname, Paname influence le monde.

#21 - Le « coup du crapaud » de Cuauhtémoc Blanco

Corée du Sud – Mexique 1998, 1-3

13 juin 1998, phase de groupes de Coupe du monde (J1)

(La « Cuauhtemiña » à 0:57 sur la vidéo)

En 1998, le Mexique n’avait pas seulement le plus beau maillot de la compétition. Il comptait également dans ses rangs l’un des joueurs les plus zinzins du tournoi. Sur son aile gauche, Cuauhtémoc Blanco se permet à deux reprises de caler le cuir entre ses pieds et de sauter à pieds joints entre Sang-Yoon Lee et Min-Sung Lee, puis entre Sung-yong Choi et de nouveau Ming-Sung Lee. Le fameux « coup du crapaud » , que seul un bon coup de savate peut mettre à mal, est né.

Taux d’humiliation : 51,65%. Soit son score à l’élection au poste de gouverneur de l’État de Morelos, qu’il occupe depuis 2018.

Par Alexandre Aflalo, Mathias Edwards et Jérémie Baron

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