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Top 100 : Humiliations suprêmes (de 10 à 2)
Parfois, on pose le pied sur un carré vert sans avoir conscience que l'on va en sortir en ayant perdu un peu de nous-mêmes. En voici 100 exemples, avec à chaque fois un tortionnaire et une ou plusieurs victimes. Attention : dans le top 10, double dose de Pulga.
#10 - Zizou sur Buffon
Italie – France (1-1, 5-3 t.a.b.)
9 juillet 2006, finale de Coupe du monde
(Le chef-d’œuvre à partir de 0:37 sur la vidéo)
Que se passe-t-il dans la tête d’un tireur quand il se présente face au meilleur gardien du monde en finale d’un mondial ? Beaucoup de possibilités, en réalité. Mais quand le candidat s’appelle Zinédine Zidane, il rappelle à son vis-à-vis le sens du mot humilité, et lui prouve que tous les portiers du monde sont égaux face au pouvoir de la panenka. Si l’on tend l’oreille, on peut s’apercevoir qu’il n’y a pas que Gigi Buffon qui en a perdu la boule : « Elle est pas dedans. Elle est pas dedans. Oui, elle est dedans. Olala. Oui, elle est dedans sans contestation possible. »
Taux d’humiliation : 12%, soit le temps en minutes que la France a passé devant lors de cette finale. Avant que la honte ne change de camp plus tard dans la nuit berlinoise.
#9 - Maradona contre le Real
Real – Barça (2-2)
26 juin 1983, finale aller de la Copa de la liga
L’Espagne aussi a eu droit à sa Coupe de la Ligue. Mais de l’autre côté des Pyrénées, la blague n’a duré que quatre ans, de 1982 à 1986. Suffisant pour que le match aller de la finale de 1983 marque l’histoire, lorsque à la 57e minute, Lobo Carrasco transmet à un Diego Maradona que la défense du Real a jugé bon de laisser seul. Les innocents. Le meilleur joueur de tous les temps file vers le but, facile. Trop. Après avoir crocheté Agustín, le gardien, il prend le temps d’attendre le retour de Juan José, uniquement pour l’humilier avant de marquer. Gratuitement. Après la rencontre, El Diez fanfaronnera auprès de la presse espagnole : « J’ai dribblé le gardien, j’ai attendu le défenseur Juan José pour le dribbler aussi. Il s’est cassé les couilles et j’ai inscrit le but. » Dix ans après les faits, Juan José sera arrêté pour sa participation présumée à un réseau de distribution de cocaïne. Syndrome de Stockholm, pour lui.
Taux d’humiliation : 80%, comme le prix moyen, en euros, du gramme de cocaïne en France en 2018. Selon internet, hein. Nous, on sait pas.
#8 - La célébration de Messi
Real – Barça (2-3)
23 avril 2014, Liga (J33)
Il n’est aucune humiliation plus douce que celle que l’on inflige à son pire ennemi. Et le 23 avril 2017, Lionel Messi a infligé l’humiliation suprême. Un moment de grâce lors duquel toutes les planètes se sont alignées. 92e minute d’un Clásico complètement dingue au Bernabéu, le score figé à 2-2, 13 secondes à jouer dans le temps additionnel, la Pulga conclut une ultime contre-attaque barcelonaise par une frappe premier poteau dont il a le secret. En plus d’offrir la victoire et la première place du classement aux Blaugrana, il inscrit son 500e but sous le maillot catalan. Rien à faire du carton jaune, Messi retire sa liquette et, stoïque, la présente au public madrilène dans une célébration qui restera dans la légende. Piqué dans son orgueil, Cristiano Ronaldo tentera la même célébration quelques mois plus tard, mais c’est beaucoup moins classe quand tu prends un deuxième jaune cinq minutes après pour simulation. Puis que tu te fais suspendre cinq matchs pour avoir bousculé l’arbitre.
Taux d’humiliation : 627%, comme le nombre de buts inscrits par Messi avec le Barça. Même si celui-ci a sans doute un goût particulier.
#7 - Ahamada contre Rennes
Toulouse – Rennes (2-2)
22 septembre 2012, Ligue 1 (J6)
Personne n’a oublié et personne n’oubliera jamais la minute de gloire d’Ali Ahamada, ce coup de tête arrière complètement zinzin et cette célébration d’enfant. Mais celui dont on ne parle jamais, c’est la victime. Benoît Costil, ouvrez les guillemets : « Je l’ai vu monter sur le coup franc. Je me suis dit que Ben Yedder n’allait pas chercher à lui mettre le ballon. Je repasserai encore à la télé dans quinze ou vingt ans et je passerai pour un con. Ce but m’a embêté. Surtout à la 95e pour l’égalisation. C’était la totale. J’ai encore l’image de lui dans les tribunes avec les supporters qui l’enlaçaient. […] Aujourd’hui, je sais ce que cela fait lorsque l’on prend un tel but. Mais en aucun cas je ne peux lui en vouloir ou être rancunier. Je crois vraiment à la confrérie des gardiens. Non, il n’est pas venu me voir après le match, il était dans son monde et c’est normal. Moi, très franchement, je ne suis pas resté très longtemps sur le terrain. Je n’avais qu’une seule envie, c’était de me cacher dans le vestiaire. Et de rejouer très vite le week-end d’après. »
Taux d’humiliation : 95% comme la minute où l’histoire s’est écrite. Et parce qu’à ce niveau-là, on est proche de la peine maximale.
#6 - Ibrahimović contre le NAC Breda
Ajax Amsterdam – NAC Breda (6-2)
22 août 2004, Eredivisie
Le site d’hébergement de vidéos YouTube a été lancé en février 2005, mais Zlatan Ibrahimović avait prévu le coup dès août 2004. À grands coups de crochets, le Suédois passe en revue les plots du Noad Advendo Combinatie Breda, qui prendra un score de tennis. Un slalom fou qui le fera connaître dans toute l’Europe. Tout ça pour s’embrouiller avec Paul Baysse dix ans plus tard.
Taux d’humiliation : 64%, comme l’âge de Björn Borg.
#5 - Kaká à Old Trafford
Manchester United – AC Milan (3-2)
24 avril 2007, demi-finales aller de C1
Les soirées Champions en clair sur TF1, la voix de Thierry Gilardi, United et l’AC Milan au sommet de leur art… Et Ricardo Kaká. S’il ne fallait retenir qu’un seul moment de la carrière du Ballon d’or 2007, ce serait sans doute celui-ci. Une saucisse expédiée par Dida, un Rossonero pour trois défenseurs des Red Devils, et la magie opère avec du télescopage et le Brésilien qui danse au milieu des flammes tout en simplicité et en maîtrise, jusqu’à sa conclusion comme à l’entraînement face au grand Edwin van der Sar, déjà crucifié une première fois un quart d’heure plus tôt. Une chose est sûre : Gabriel Heinze et Pat’ Évra n’auront jamais l’air aussi con que ce soir-là. Même si l’émergence d’Instagram a quelque peu rebattu les cartes.
Taux d’humiliation : 4 comme le nombre de touches de balle qu’il a suffi à Kaká pour réaliser cela x 10 comme son nombre de buts en C1 lors de cet exercice x 3 comme le 3-0 encaissé au retour par les Mancuniens. Se faire dribbler de la tête… à deux contre un… devant son public… quand on défend les couleurs de Manchester United… C’est impardonnable. Et ça vaut minimum un bon 120%.
#4 - Cafu sur Pavel Nedvěd
SS Lazio – AS Roma (0-1)
17 décembre 2000, Serie A (J11)
En 1999-2000, une Lazio sexy à souhait règne sur la Botte avec notamment Pavel Nedvěd en tête de gondole. Mais la saison suivante, c’est la Roma qui s’apprête à prendre les commandes de la Serie A. Autant dire que la rivalité est à son paroxysme lorsque dans le Derby della capitale, l’immense Cafu décide de calmer les ardeurs de la Furia Ceca. Tout y passe : pied droit, pied gauche, poitrine, genou. À la troisième courbe au-dessus de lui, Nedvěd commence à se demander s’il n’est pas coincé dans une boucle temporelle et devient pâle ; heureusement que Diego Simeone était là pour mettre fin au massacre.
Taux d’humiliation : 57%, c’est toujours un peu honteux de se faire mettre à l’amende par un latéral. Même quand celui-ci s’appelle Marcos Evangelista de Moraes.
#3 - Mancini face à Réveillère
Olympique lyonnais – AS Roma (0-2)
6 mars 2007, huitièmes de finale retour de C1
Depuis ce soir de mars 2007, Anthony Réveillère refuse de régler son réveil à 6 heures. De même, il ne se rendra pas à votre domicile si vous habitez au 6e étage, zappe de France 5 à Arte sans passer par M6, évite le département des Alpes-Maritimes, n’adresse plus la parole aux milieux défensifs, a demandé à ses enfants de redoubler leur CM2 jusqu’à ce qu’ils soient assez bons pour sauter leur 6e, et ignore la série Six feet under. Tout cela à cause des 6 passements de jambes de Mancini.
Taux d’humiliation : 666%. Comme ce diable d’Alessandro Mancini.
#2 - Messi sur Boateng
FC Barcelone – Bayern Munich (3-0)
6 mai 2015, demi-finales aller de Ligue des champions
« Ça fait de la peine quand tu vois ton copain vivre un moment aussi gênant. » Rafinha, qui raconte là le moment pour RMC Sport, n’était qu’à quelques mètres de Jérôme Boateng lorsqu’il s’est mangé l’une des plus grosses humiliations de l’histoire du football. Le geste n’a pourtant rien de plus compliqué qu’un crochet intérieur, mais la chute de celui qui était alors considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du monde va en faire la risée du monde entier. Rapidement, le brave Jérôme devient un mème détourné et moqué par des millions d’internautes, et l’on ne manque d’ailleurs que rarement de rappeler chaque 6 mai l’anniversaire de cette boucherie. Elle est peut-être là, l’humiliation suprême : celle qui continue à être humiliante des années après qu’elle ait eu lieu.
Taux d’humiliation : 321%, comme le nombre d’années qu’il faudra sûrement attendre avant qu’un autre énergumène comme Messi humilie aussi brutalement un autre défenseur comme Boateng, et qu’on arrête enfin d’évoquer la chute de l’Allemand.
Par Alexandre Aflalo, Mathias Edwards et Jérémie Baron
Propos de Costil tirés de Ouest-France