Top 100 : Footballeurs fictifs (de 10 à 6)

15h30. Stade de Beauvallon-sur-Oise, à l’heure de l’entraînement. « Hey oh, Tochiba ! Tu veux que je t’apprenne à tirer dans un ballon, connard ? » La question est posée par Claude Bernard Filoucelli, le président du club de la ville. Campé par Didier Bourdon dans ce sketch mythique des Inconnus, le personnage est une caricature des deux présidents de club français les plus énigmatiques des années 1980 : Claude Bez et Bernard Tapie. Ancien « talonneur qui n’hésitait pas à monter au filet », Filoucelli a du fric, ce qui lui a permis de racheter le club et de faire remonter le moral dans les cafés de la ville de Beauvallon. Problème : il ne s’y connaît pas en foot. Au point d’appeler tous ses joueurs « Tochiba », sponsor floqué sur le devant des vareuses de son club. Voilà la blague de ce sketch, dans lequel Bernard Campan, et surtout Pascal Légitimus, incarnent tour à tour le fameux « Tochiba ». Ce dernier, star de Beauvallon, apparaît aussi vénal que son employeur, avec qui il négocie son salaire juste avant le coup d’envoi d’un match. Une scène captée par les caméras de Stade 2, émission parodique vouée à faire marrer les téléspectateurs en égratignant les sportifs, mais aussi les journalistes. Le tout, animé par les inégalables Inconnus, et diffusé sur Antenne 2. La même chaîne qu’ils caricaturèrent lors de ce sketch avec Tochiba et Filoucelli. Trente ans plus tard, le sketch est toujours d’actualité, mais ceux comme Sébastien Thoen qui s’y essaient se font virer. MR

Comment ne pas aimer un personnage qui est introduit dans le film sur un grand écart façon JCVD à cheval entre deux sacs de détritus ? D’autant plus quand ce même personnage est tout naze au football et devient par la suite un as du ballon rond grâce à sa maîtrise de l’art Shaolin, même s’il a besoin du talent de Mei pour réussir à battre l’équipe de joueurs cheatés de Hung. Derrière ce rôle de « Jambe d’acier » se cache un certain Stephen Chow, qui n’est autre que le réalisateur du film. Un homme qui a eu l’idée de ce chef d’œuvre – n’ayons pas peur des mots – pendant le Mondial 1998 en France, comme l’explique Tin Kai-Mai (« Maillot de fer » dans le film) dans le SoFoot #191 : « Il m’a parlé de son projet pour la première fois au moment du Mondial organisé en France. On a constaté que les gens autour de nous se plongeaient avec intensité dans les matchs. » Ne restait plus alors qu’à écrire le scénario, réaliser le film et le vendre à l’international. La mission la plus compliquée, puisque la société de production Miramax a posé plein de conditions, dont celle de voir Stephen Chow doubler son propre personnage en anglais. Ce à quoi sa femme a répondu : « Si vous enregistriez la version chinoise de Die Hard, vous demanderiez à Bruce Willis de venir en studio et d’enregistrer en mandarin ? » À l’image de son personnage de « Jambe d’acier », Stephen Chow aime l’humour, le kung-fu, les amitiés et le football façon Olive et Tom. Et en plus de cela, c’est un visionnaire, puisqu’il a inventé le flash mob  dixans avant tout le monde. Mais on ne va pas le remercier pour ça. SO

Il existe bien quelques footballeurs qui ont réussi à faire une grande carrière sans être passés par la case centre de formation. En revanche, ils sont moins nombreux à avoir été repérés dans la cour d’une prison. C’est pourtant ce qui est arrivé à l’immense Tibor Kovacs dans le film 3 Zéros, de Fabien Onteniente. Au sein de la maison d’arrêt de Fresnes, Kovacs, joué par Lorànt Deutsch (à l’époque sosie officiel de Pavel Nedved) faisait des misères aux autres détenus sous les yeux du sympathique Manu, devenu son agent à leur sortie de taule. Après une guerre d’agents, le David Beckham hongrois réalise son rêve en signant au Paris Saint-Germain. Et même au milieu de Mauricio Pochettino, Jay-Jay Okocha, Bernard Mendy et Ronaldinho, c’est bien Tibor Kovacs le plus talentueux et le plus fort, à l’image de ses ciseaux acrobatiques et de ses frappes en lucarne. Le problème, c’est qu’il n’a pas été formé aux à-côté du haut niveau (l’argent, les filles, la concurrence, les agents véreux, etc.) et qu’il a du mal à y faire face. Car lui, c’est avec un ballon qu’il s’exprime le mieux. En tout cas, vivement la suite du film (4 zéros)  pour qu’on sache s’il a obtenu neuf ou dix Ballons d’or. SO

OK, on va la jouer franc-jeu avec vous : Roberto Sedinho n’était, à la base, pas prévu pour figurer dans ce top 100. L’idée de base était de sélectionner des joueurs fictifs « en activité », c’est pourquoi des personnages comme Ted Lasso, Aarch (le coach dans Galactik Football) ou même l’entraîneur ivrogne de la Muppet n’ont pas été mentionnés. Pour Sedinho, le même raisonnement avait été suivi : dans les premiers épisodes d’Olive et Tom, le Brésilien est déjà à la retraite, son décollement de la rétine subi contre l’Argentine l’empêchant de reprendre sa carrière pro. Néanmoins, par respect pour le personnage, nous sommes obligés de le mentionner ici, en compagnie d’Olivier Atton. Car le destin des deux hommes est lié. Sedinho débarque au Brésil pour suivre la progression d’Olivier, sur les conseils de son papa. Il le façonne, l’endurcit, lui enseigne de nouvelles techniques, et coache même l’équipe de l’école d’Olivier. Déjà doué balle au pied dès son plus jeune âge, Atton devient alors un joueur hors du commun, le héros capable de gagner des matchs et des trophées (presque) à lui seul, à commencer par le titre national, remporté avec la New Team face à son rival Mark Landers. Très bon dribbleur, doté d’une frappe de balle surpuissante et d’un sens du sacrifice, Olivier Atton est clairement le personnage référence de la série, de ses débuts avec la Newpie jusqu’à son avènement en Europe, au FC Barcelone puis à Chelsea. De là à en faire le GOAT absolu du manga ? Pas forcément. Car il manque à Atton ce charisme, ce petit quelque chose qui en ferait le meilleur joueur fictif de tous les temps. Trop gentil, trop lisse, quasiment trop parfait. Disons qu’il lui manque un « Qué miras bobo ? » pour vraiment faire l’unanimité, partout. EM

La technologie, le gameplay et le réalisme ont beau s’être développés de façon exponentielle depuis 20 ans, rien n’y fait. Il n’y a toujours pas un mode de jeu qui arrive à la cheville de la Ligue des Masters de PES. Et ce, même si FIFA a tout tenté avec FUT, The Journey ou encore Volta. Non, rien de tout ça ne possède le charme de la Ligue des Masters et son équipe de départ composée du gardien Ivarov, des défenseurs Valeny et Stremer, des milieux Iouga, Ximelez, Espimas et Minanda ou encore des attaquants Castolo et Ordaz. Autant de joueurs de nationalités différentes dont notre seul but était de les remplacer par des vrais joueurs de foot. Car même s’ils étaient attachants, ils n’étaient, pour la plupart, pas très forts. Et au fur et à mesure que le jeu avançait et que les comptes du PES United se remplissaient, chacun dégageait du onze de départ. D’abord Ordaz, puis Stremer, Ivarov, avant que Valeny et Minanda, deux des trois derniers rescapés, filent sur le banc. N’en reste alors plus qu’un au milieu d’une équipe remplie de joueurs professionnels : Castolo. Il faut dire que le Brésilien tressé est un formidable attaquant capable de planter des buts et d’être altruiste en faisant la passe à son coéquipier. Bref, un joueur modèle dont il est difficile de se débarrasser. Sauf qu’à un moment, le jeune adolescent que nous étions se sentait obligé de le remercier pour tous ses services rendus. C’est ainsi la larme à l’œil qu’il était placé sur le banc, pour faire de la place à Obafemi Martins et ses 99 de vitesse. Mais 20 ans plus tard, pas le moindre doute : c’est bien Castolo, et personne d’autre, qui est resté dans la légende. SO