- Top 100 : les buts contre son camp qui ont marqué l'histoire
Top 100 : CSC inoubliables (de 40 à 31)
Faire une boulette est une chose, mais la sublimer sur le terrain, c'est tout un art. De Franck Queudrue à Apoula Edel, voici 100 buts contre son camp drôles, fous et parfois même magnifiques.
#40 - Wayne Hatswell - 2000
Forest Green Rovers-Morecambe (0-3), FA Cup, 18 novembre 2000
La FA Cup est une compétition puissante. Parce que les rencontres ne sont pas inversées nécessairement chez le petit club et qu’une équipe comme Bradford City peut s’offrir un après-midi d’anthologie à Stamford Bridge. Parce que les divisions amateurs britanniques, tout simplement. Ce 18 novembre 2000, Forest Green Rovers reçoit Morecambe au premier tour (l’équivalent du septième tour de la Coupe de France) de la doyenne des compétitions de football. Wayne Hatswell voit le ballon rouler dangereusement vers sa cage et constate que le gardien n’est plus là pour l’arrêter. Wayne Hatswell veut sauver son équipe in extremis. Wayne Hatswell arme une frappe du gauche, mais il attrape la lucarne. Bref, l’infernal Wayne Hatswell a marqué contre son camp.
#39 - Jurgen Sierens - 2009
Anderlecht-Roulers (3-1), Jupiler Pro League, 21 novembre 2009
Au menu du journal du soir de La Deux, la seconde chaîne belge francophone, ce 21 novembre 2009, le présentateur déroule notamment les sujets « coup de grisou » et « football » . Cruelle déception, ni l’un ni l’autre n’évoquent la première saison prometteuse d’Antoine Griezmann à la Real Sociedad. Consolons-nous donc avec le bouquet final du JT : l’image. À savoir la tronche dégoûtée de Jurgen Sierens, les mains sur les hanches, au moment où le gardien de Roulers réalise sa bévue face à Anderlecht. Après avoir réalisé un arrêt, le portier cherchait le ballon, prêt à surgir à nouveau, mais sans s’apercevoir que le cuir était à ses pieds et qu’il allait lui-même la pousser au fond.
#38 - Carlos - 1986
Brésil-France (1-1, 3-4 t.a.b.), Coupe du monde, 21 juin 1986
à 5min30s
C’est un match de légende. Bizarrement, le tir au but de Bruno Bellone ne fait pas souvent partie des premiers souvenirs cités de ce quart de finale de la Coupe du monde 1986 remporté par la France face au Brésil. Pourtant, il constitue l’un des nombreux tournants de la partie. Si les Bleus sont dominés et passent près de la défaite à maintes reprises, ils peuvent compter sur les poteaux et les pénos. La Seleção en rate un dans le temps réglementaire, et tâte les montants de Joël Bats : une fois dans le jeu, une autre durant la séance de tirs au but. 1-1 au bout de 120 minutes. Devant 65 000 spectateurs entassés dans les tribunes du stade Jalisco de Guadalajara, au Mexique, le troisième tireur tricolore s’élance alors que Sócrates a déjà foiré sa tentative. Et sa frappe aurait pu (dû ?) ne jamais faire mouche, puisqu’elle s’écrase sur le poteau gauche de Carlos Roberto Gallo (dit Carlos)… avant de rebondir sur la tête du portier auriverde, et de passer la ligne de but. Le tout à vitesse grand V, sans que personne ne bronche. Et l’histoire bascule en faveur des Bleus.
#37 - Ashraf Soliman - 2012
Maccabi Umm al-Fahm-Hapoël Afula (3-2), Coupe de la Ligue d’Israël, 7 février 2012
Quand six hommes – le coupable, trois de ses partenaires et deux ramasseurs de balle – se tiennent la tête entre les deux mains au même moment sur une même vidéo, ce n’est jamais bon signe. Il s’agit soit de désespoir, soit de déception, soit d’aberration. Ici, le mix sensationnel englobe les trois sentiments. Il faut dire qu’Ashraf Soliman fait fort, en ce 7 février 2012. On joue en effet la 89e minute lorsque le Maccabi Umm al-Fahm, qui mène 2-1 et se trouve donc à quelques secondes de la victoire, encaisse une égalisation insensée. Le défenseur vient de réaliser un enchaînement que personne n’avait encore imaginé : contrôle dans sa surface, dégagement raté, apparente confiance en soi dévoilée… et panenka dans ses filets. Les Rouges de l’Hapoël Afula exultent et sautent de joie sans même réfléchir à ce qu’il vient de se passer, les Bleus ne comprennent pas et sont dégoûtés. Jusqu’à la 92e, où les locaux reprennent l’avantage. Avec le fautif dans le rôle du buteur. Encore un qui sait se faire pardonner.
#36 - Ivan Jurišić - 1979
Étoile rouge-Borussia Mönchengladbach (1-1), C3, 9 mai 1979
à 38min
Rares sont ceux qui se souviennent de ce défenseur yougoslave. Encore plus rares sont ceux qui le connaissent pour autre chose que son but contre son camp inscrit le 9 mai 1979, en finale aller de la Coupe UEFA. À part, évidemment, les fans du Borussia Mönchengladbach qui eux ne sont pas près d’oublier son nom. Grâce à lui, les Allemands peuvent en effet se targuer d’avoir soulevé le trophée européen cette saison-là. Car le but en question est intervenu à l’heure de jeu, à un moment où l’Étoile rouge de Belgrade menait 1-0. L’action ? Un centre anodin, une tête plongeante censée éloigner le danger qui froisse les ficelles. L’égalisation entérine le score du match aller : 1-1. Le retour se conclut sur le score de 1-0 en faveur des Poulains du Borussia. Merci Ivan.
#35 - Zoco – 1968
Real Madrid-Manchester United (3-3), C1, 15 mai 1968
à 3min20s
Dix ans après le drame de Munich et le décès tragique de huit des Busby Babes, les planètes s’alignent enfin pour Manchester United. Et tant pis si l’un des astres est un but contre son camp. En cette demi-finale retour de C1, le club anglais est mené 2-0 et se retrouve virtuellement éliminé, quand une longue ouverture retombe dans la surface madrilène sur le pied de Zoco. Celui-ci tente de dégager, mais échoue dans sa tentative et reprend le cuir de l’extérieur du pied. Au lieu de revenir vers le rond central, le ballon prend la direction du but espagnol et trompe la vigilance de Betancort. Manchester revient au score. Et qu’importe le nouveau but espagnol une minute plus tard, plus rien ne peut arriver aux Red Devils. En seconde période, les Mancuniens déroulent et obtiennent leur qualification. Quelques semaines plus tard, United remporte la Coupe des clubs champions.
#34 - Ibrahim Hassan - 1991
Real Madrid-Neuchâtel Xamax (4-0), Coupe UEFA, 11 décembre 1991
Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Comment en est-il arrivé là ? À quel moment a-t-il cru – ou vu – que son gardien était situé dans cette zone ? L’action allait-elle trop vite ? Était-il fatigué, ou avait-il fait la bringue la veille ? Ne lui a-t-on jamais appris à doser la force de ses passes en retrait ? Toujours est-il qu’en huitièmes de finale de Coupe UEFA 1991-1992, Ibrahim Hassan n’a pas aidé ses coéquipiers. Déjà qu’affronter le Real Madrid est compliquée, alors si en plus on donne des buts aux Merengues… Dommage, car Neuchâtel Xamax tenait le coup jusque-là. Vainqueurs de l’aller sur le plus petit des scores, les Suisses résistent et parviennent à garder leur cage inviolée en première période au retour. Et puis, patatras : au bout d’une longue touche, le défenseur veut donner le ballon à son portier de la tête, mais n’entend que le bruit des filets. Six minutes plus tard, Gheorghe Hagi doublera la marque avant que Míchel ne la triple et que Manolo Sanchís ne la quadruple. Ou comment un CSC peut tout changer…
#33 - Andranik Eskandarian – 1978
Écosse-Iran (1-1), qualifications pour la Coupe du monde, 7 juin 1978
« Il faut toujours bien faire ce qu’on fait, même une folie » , a écrit un jour l’immense Honoré de Balzac. Cette phrase pourrait être la devise d’Andranik Eskandarian, tant elle s’applique avec justesse au but contre son camp qu’il inscrit à l’occasion du match Écosse-Iran, lors des phases de groupes de la Coupe du monde 1978. L’enchaînement qu’il réalise pour tromper son gardien est fou : difficile de comprendre pourquoi l’international iranien vient gêner son gardien à la retombée d’un long ballon déposé au point de penalty, le tout avant de reprendre le ballon et de le propulser au fond des filets. Au moins, le geste est parfaitement réalisé. Mention spéciale à la demi-volée en extension qui permet à Eskandarian, grand perfectionniste, de marquer. Remarquable.
#32 - Reinhard Lauck - 1978
Étoile rouge-Dynamo Berlin (4-1), C3, 26 septembre 1978
à 1min50s
Étoile rouge de Belgrade et Coupe UEFA 1978-1979, premier épisode. Il faut savoir que bien avant sa finale perdue, le club yougoslave a déjà connu une histoire de CSC. À son avantage, cette fois. Au premier tour, le futur finaliste se paye le Dynamo Berlin… après avoir pourtant perdu la première manche 5-2 ! Pour transformer cette remontée en réalité, les Allemands en mangent quatre (4-1, 6-6 en cumulé)… dont le dernier à la dernière minute du temps réglementaire, inscrit par l’un des leurs. En l’occurrence Reinhard Lauck, qui élimine les siens d’une cruelle tête plongeante au premier poteau. Un peu comme si Blaise Matuidi avait marqué le sixième but du 6-1, en mars 2017.
#31 - Mikaël Roche - 2016
Nadi FC-AS Tefana (1-6), LDC de l’OFC, 8 avril 2016
Mikaël Roche n’est pas un joueur amateur comme les autres. Le Tahitien, qui gagne sa vie comme professeur de sport, est gardien de la sélection de Tahiti. À l’été 2013, il a eu des frissons et lâché des larmes au Maracanã, face à l’Espagne, championne du monde et double championne d’Europe en titre, lors de la Coupe des confédérations. Trois ans plus tard, le voilà au QBE Stadium, à Auckland, devant 150 personnes. Deux stades, deux ambiances. Le portier défend alors les couleurs de l’AS Tefana, l’un des deux meilleurs clubs de son île, face aux Fidjiens du Nadi FC. Les Tahitiens l’emportent 6-1, mais le moment inoubliable reste ce dégagement raté de Roche qui se transforme en but contre son camp dans un angle ultra fermé. Un hommage à Pedro Miguel Pauleta et Marco van Basten.
Par Florian Cadu, Florian Lefèvre, Valentin Lutz et Steven Oliveira