- Top 100 : les buts contre son camp qui ont marqué l'histoire
Top 100 : CSC inoubliables (de 30 à 21)
Faire une boulette est une chose, mais la sublimer sur le terrain, c'est tout un art. De Franck Queudrue à Apoula Edel, voici 100 buts contre son camp drôles, fous et parfois même magnifiques.
#30 - Rodrigo Cervetti – 2015
Comunicaciones-Atlético Atlanta (0-5), Primera B Metropolina, 8 juillet 2015
Il y a certaines manitas plus excusables que d’autres. Si votre gardien vous plombe dès la cinquième minute par exemple, le 5-0 infligé reste une branlée, mais devient un peu plus compréhensible. Et quand votre dernier rempart se ridiculise lui-même en donnant littéralement un but à l’adversaire, alors cette raclée se transforme carrément en suite logique. Rodrigo Cervetti, gardien de Comunicaciones, ne dira pas le contraire. À l’occasion d’une rencontre de championnat de troisième division argentine opposant son équipe à l’Atlético Atlanta, le portier réalise une bourde, une vraie. Aucun attaquant pour l’emmerder, aucune pression sur ses épaules, aucun signe extérieur potentiel pouvant le gêner… Et pourtant, le malheureux perd (à vie ?) toute la confiance de ses partenaires en un seul geste : voulant relancer à la main sur son défenseur, son bras (plus long qu’il ne le pense ?) le trahit et prolonge le mouvement de façon bien trop prononcée. La sentence est irrévocable : ouverture du score. Et ce n’est que le début du calvaire…
#29 - Fikayo Tomori – 2017
Angleterre U20 – Guinée U20 (1-1), Coupe du monde U20, 23 mai 2017
Âgé de 19 ans à ce moment-là, Fikayo Tomori a probablement déjà passé son permis de conduire. Il sait donc qu’il faut toujours regarder à travers les rétroviseurs avant de faire une marche arrière. Une obligation qui est aussi valable en football. Au risque de l’accident, c’est-à-dire ici de marquer un CSC de 50 mètres en voulant faire une passe en retrait à son gardien. Et c’est ce qui est donc arrivé au jeune défenseur anglais lors du Mondial U20 en 2017. Un but qui offrira le point du match nul à la Guinée. Pour le reste, l’Angleterre roule sur la compétition. De son côté, Fikayo Tomori, de retour à Chelsea après une saison convaincante en prêt à Derby County, apprend de ses erreurs. Enfin… pas tout à fait, puisqu’il continue d’alimenter la rubrique CSC !
#28 - Assaf Mendes - 2012
Maccabi Haïfa-Dynamo Kiev (0-5), amical, 29 février 2012
C’est l’histoire d’un match amical entre le Maccabi Haïfa et le Dynamo Kiev qui dure 60 minutes. Une heure qui suffit aux Ukrainiens pour en coller cinq à leurs adversaires. Dont ce but où le gardien adverse se retrouve à la fois passeur et buteur contre son camp… avec la complicité des conditions climatiques. Il suffit de voir tanguer les palmiers derrière la cage pour comprendre que le vent souffle fort ce jour-là, a fortiori dans un stade à ciel ouvert. Mais qui pouvait imaginer qu’Assaf Mendes allait dégager le ballon de toutes ses forces et que la gonfle allait revenir dans ses cages comme un boomerang ? Sûrement pas les cyclistes bordurés de la Groupama-FDJ, tiens.
#27 - Fankaty Dabo - 2017
Groningen-Vitesse (4-2), Eredivisie, 19 novembre 2017
C’est bien connu, les gauchers ne savent pas utiliser leur pied droit qui leur sert juste à monter dans le bus. L’avantage, c’est qu’ils le savent très bien et se contentent donc de gérer avec leur bon pied. Au contraire des droitiers qui pensent être à l’aise avec leurs deux pieds. À l’image du latéral Fankaty Dabo qui, depuis sa ligne de touche, se décide à claquer une transversale avec son mauvais pied. Sauf que le geste mal maîtrisé lobe son propre gardien et termine sa course au fond des filets. Ce que les gens ne savent pas, c’est que Fankaty Dabo, alors prêté par Chelsea au Vitesse, est un homme bien et qu’il n’a pas voulu laisser son adversaire du soir, Kasper Larsen, inscrire le seul CSC de la rencontre. À noter que dans son cas, son pied gauche est solide, car le but est sublime.
#26 - Lee Dixon - 1991
Arsenal-Coventry City (1-2), First Division, 7 septembre 1991
« Boring, boring Arsenal » … Au début des années 1990, avant l’ère Arsène Wenger, les Gunners ont la réputation d’être une équipe chiante comme la pluie, qui se repose avant tout sur une base défensive solide. Mais le 7 septembre 1991, à l’occasion de la réception de Coventry City en championnat, l’arrière droit Lee Dixon envoie les certitudes valser dès la première minute de jeu. Au diable la solidité défensive, voilà du grand spectacle ! Le natif de Manchester récupère un ballon trop profond à 40 m de ses buts, se permet une deuxième touche de balle sans subir un quelconque pressing, et là, il balance le cuir en retrait, mais le gardien est surpris et la balle termine au fond. La grise mine du général Lee.
#25 - Mario Mandžukić - 2018
France-Croatie (4-2), Coupe du monde, 15 juillet 2018
Comment bien lancer son adversaire dans une finale de Coupe du monde ? L’Hexagone s’en souvient évidemment comme si c’était hier. Alors que le quart d’heure de jeu vient à peine d’être dépassé à Moscou, la France obtient un bon coup franc frappé par Antoine Griezmann et dévié de la tête par le malheureux Mario Mandžukić qui trompe Danijel Subašić. Une ouverture du score pas méritée pour les Tricolores. Si Ivan Perišić égalise rapidement, les Bleus déroulent ensuite en seconde période. Sympathique, Hugo Lloris offrira même le dernier but de la partie à l’attaquant de la Juventus en guise de lot de consolation. Mais la conclusion, évidente, reste la suivante : mesurer 1,90m ne constitue pas toujours un avantage sur les coups de pied arrêtés.
#24 - Tony Popović – 2004
Portsmouth-Crystal Palace (3-1), Premier League, 11 septembre 2004
Le gardien Julián Speroni envoie un regard noir vers son défenseur qui hésite lui entre le rire jaune et le désespoir. Les deux entraîneurs, les 20 000 spectateurs, les 22 acteurs, les coiffeurs : tous viennent d’assister à une scène magnifique que Zlatan Ibrahimović devait à l’époque jalouser. Sur un centre dangereux, Tony Popović est trop court et tente de dégager comme il peut. C’est-à-dire en aile de pigeon. Superbement reprise, la balle file directement dans les buts sous les yeux impuissants du portier. Fatigué après 85 minutes de dur labeur, le défenseur achève donc les siens puisqu’il inscrit là le troisième pion de Portsmouth qui menait déjà 2-1 devant Crystal Palace. L’esthétisme à l’état pur.
#23 - José Antonio Salguero - 1996
Inter – Real Madrid (3-1), C3, 2 avril 1986
à 1h 31min 15s
Une demi-finale de Coupe d’Europe, surtout quand elle oppose l’Inter et le Real Madrid, ne représente pas trop une occasion de faire le malin. Mais José Antonio Salguero, défenseur madrilène de 26 ans, se fout éperdument de la pression, de l’enjeu, voire tout simplement du ridicule. Du moins, c’est l’impression que l’on peut avoir au moment de découvrir la demi-finale aller de la Coupe de l’UEFA 1986 : comment expliquer autrement le numéro réalisé par le joueur espagnol pour tromper son gardien ? Tout respire la sérénité et la confiance dans la merveille produite par Salguero : de l’intervention autoritaire dans les pieds de l’attaquant adverse, à la pichenette en demi-volée qui lobe son gardien, en passant par le petit jongle du pied droit liant les deux gestes. Même le tableau d’affichage, qui annonce pourtant les derniers instants du match et un avantage important en faveur de l’Inter, ne semble pouvoir troubler le culot du joueur : à croire que celui-ci savait déjà que le Real Madrid allait réaliser quelques jours plus tard une improbable remontada en s’imposant 5-1 au retour au Bernabéu.
#22 - Frank Sinclair – 2002
Middlesbrough-Leicester (1-0), Premier League, 2 mars 2002
Il existe des 1-0 beaucoup plus difficiles à digérer que d’autres. Pour les Foxes, le Middlesbrough-Leicester du 2 mars 2002 fait forcément partie de cette catégorie. La rencontre comptant pour la 28e journée de Premier League n’a démarré que depuis quatre minutes, quand le drame intervient : sans regarder ses buts, Frank Sinclair balance une passe en retrait à son gardien des quarante mètres… qui termine sa course dans les filets. L’action est tellement rapide et tellement inattendue, que même les caméras n’ont pas le temps de la filmer dans son intégralité. La suite est cruelle : la bande de Dave Bassett, qui se bat pour le maintien, s’incline sur cette scène insolite. Et terminera la saison au rang de lanterne rouge du classement. Quand rien ne va…
#21 - Yun Wang - 2006
France-Chine (3-1), Amical, 7 juin 2006
La France entière se souvient de ce match de préparation à la Coupe du monde 2006 face à la Chine. Tout simplement car l’équipe de Raymond Domenech avait galéré à s’imposer face aux Chinois, levant alors des doutes quant à sa capacité à bien figurer au Mondial. Mais surtout en raison de la terrible blessure de Djibril Cissé en début de rencontre. Une image glaciale encore aujourd’hui. En revanche, une grosse partie des Français a oublié que la victoire porte le nom de Yun Wang. Alors que le temps additionnel allait débuter, le milieu de terrain dévisse totalement son dégagement sur un centre de Franck Ribéry et envoie le cuir dans la lucarne de son gardien. Si la France a donc été vice-championne du monde, ce n’est pas grâce au retour de Zinédine Zidane, mais grâce à ce Yun Wang qui a mis en confiance Franck Ribéry et qui a permis aux Bleus de ne pas perdre le moral avant la compétition. Qui peut en douter ?
Par Florian Cadu, Florian Lefèvre, Valentin Lutz et Steven Oliveira