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- Les coups francs qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Coups francs de légende (de 30 à 21)
De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.
#30 - Marco Materazzi - 2003
Inter-Modène (2-0), Serie A, 31 août 2003
C’est l’histoire d’un mec qui savait qu’il n’avait pas les qualités de Nesta, de Cannavaro ou de Maldini, mais qui avait un truc en plus, pour pallier ses manques : « Je pense très vite » , expliquait-il dans un entretien donné à SO FOOT en mai 2011. Voilà comment Marco Materazzi a réussi à sortir son épingle du jeu, à faire voyager sa tête d’assassin dans toute l’Italie. Voilà comment il a, aussi, établi une performance notable lors de la saison 2000-2001 : inscrire 12 buts au cours d’une saison de Serie A en étant défenseur, soit un record pour un joueur de son poste (Giacinto Facchetti effacé des tablettes). Lorsque le futur champion du monde déboule à l’Inter en 2001 en provenance de Pérouse, c’est pour changer de dimension et compléter l’histoire du type renversant des montagnes grâce à son boulot plutôt qu’à son talent. Mais le 31 août 2003, lors de la réception de Modène en championnat, Marco Materazzi décide de surprendre San Siro, son coéquipier Sabri Lamouchi et surtout le pauvre Marco Ballotta dans les cages de Modène. À la 90e, après une faute sifflée sur Obafemi Martins, le numéro 23 interiste prend le ballon et arrose la lucarne de sa victime. À se péter la voix.
#29 - Hakan Çalhanoğlu - 2014
Hambourg-Dortmund (3-0), Bundesliga, 22 février 2014
C’est peu dire que la saison 2013-2014 a été difficile pour les supporters d’Hambourg, qui ont vu leur club squatter les bas-fonds du classement durant neuf mois avant de se maintenir in extremis après un barrage face à Greuther Fürth. Heureusement, tout n’a pas été noir durant cette saison, et les supporters ont pu se régaler la chique lors de la réception du Borussia Dortmund, le 22 février 2014. Un des rares matchs où les coéquipiers de Rafael van der Vaart – qui restaient alors sur sept défaites consécutives en Allemagne – ont déroulé. Du haut de ses 20 ans, Hakan Çalhanoğlu prouve qu’il a du talent plein les pieds. Et de la puissance, surtout. On joue les arrêts de jeu quand l’ailier turc prend son élan après une faute à 41 mètres des cages de Roman Weidenfeller. Le portier allemand et ses coéquipiers ne croient pas Çalhanoğlu capable de frapper de si loin et ne prennent même pas la peine de constituer un petit mur. Une belle erreur puisque l’artilleur balance un missile qui termine sa course en pleine lucarne. Sous le regard interloqué de Jürgen Klopp qui préfère en sourire. Peut-être savait-il que Çalhanoğlu allait se perdre à l’AC Milan quelques années plus tard.
#28 - Ronaldinho - 2006
Angleterre-Brésil (1-2), Coupe du monde, 21 juin 2002
Soyons honnêtes : la Coupe du monde 2002 est l’une des pires éditions des trente dernières années. Sauf si vous êtes supporters de la Turquie, de la Corée du Sud ou bien du Brésil. Car oui, heureusement que les Brésiliens étaient là pour égayer la compétition, grâce à son triple R (Rivaldo, Ronaldinho, Ronaldo) en attaque. Et si le troisième a pris les choses en main en demi-finale et en finale, ce sont les deux premiers qui ont permis au Brésil de passer l’obstacle anglais en quart. Comment ? D’abord, par un plat du pied sécurité pour Rivaldo, sur un service de qualité de Ronnie. Puis, sur un coup franc – là aussi, du plat du pied – de l’attaquant qui évoluait alors au PSG. Un bijou de ballon enveloppé que ses coéquipiers, ses adversaires et le public imaginaient aller terminer sa course sur la tête d’un Brésilien, avant de voir le cuir atterrir dans la lucarne droite du portier anglais David Seaman. De la réussite ? Non, simplement de la précision. Et si Ronaldinho a laissé entrevoir le suspense en écopant d’un carton rouge quelques minutes plus tard à cause d’une semelle sur Danny Mills, le plus dur était fait pour le Brésil. La suite, tout le monde la connaît, le Brésil est sacré champion du monde, et Ronaldinho retourne à Paris, s’asseoir sur le banc.
#27 - Keisuke Honda - 2007
Japon-Hong Kong (3-0), éliminatoires des JO, 16 mai 2007
Le 2 juillet 2018, alors qu’on joue la 94e minute du huitième de finale du Mondial entre le Japon et la Belgique, Keisuke Honda botte le dernier corner de la partie, récupéré par Thibaut Courtois, qui lance la contre-attaque meurtrière conclue par Nacer Chadli. Les Japonais peuvent avoir des regrets. Car en plus d’avoir mené 2-0, ils ont été proches de plier le match juste avant le knock out des Belges, mais la feuille morte d’Empereur Keisuke a été superbement sortie par Courtois. Ce sera le dernier match en sélection pour celui qui a été le maître à jouer de l’équipe nationale japonaise pendant presque dix ans. Même davantage, car en 2007, chez les U23, il a largement contribué à la qualification des siens pour les JO de Pékin, en inscrivant un coup franc d’anthologie contre Hong Kong. Excentré sur la droite, il frappe tellement fort avec son cou-de-pied que la trajectoire du ballon esquive le portier adverse au moment où celui-ci veut s’en saisir. Magistral.
#26 - René Higuita - 1995
Atlético Nacional-River Plate (1-0), 9 août 1995
Qu’un gardien tire un coup franc direct, c’est une chose. Qu’un gardien quitte ses cages en prenant le risque d’encaisser un contre assassin en demi-finale aller de la Copa Libertadores, à domicile, c’est une autre histoire. Elle s’est écrite à l’Estadio Atanasio Girardot de Medellín, en août 1995. Qui d’autre que la légende René Higuita et sa crinière noire pour l’incarner ? À la 51e, le portier de l’Atlético Nacional s’élance, le pied droit bien ouvert : la gonfle brossée embrasse la barre et rentre dans la lucarne de son homologue de River Plate. Victoire 1-0. Au match retour, après la défaite des siens sur le même score, Higuita sera le héros de la séance de tirs au but. Cette année-là, l’Atlético Nacional s’inclinera finalement en finale contre Grêmio, mais le monde se souviendra surtout du « coup du scorpion » d’Higuita lors d’un Colombie-Angleterre, ainsi que de son coup franc contre River. « Rénééééééééééééé ! »
#25 - Zlatan Ibrahimović - 2009
Inter-Fiorentina (2-0), Serie A, 15 mars 2009
Fusée. Nom féminin. Définition, selon le Larousse : pièce d’artifice se propulsant par réaction grâce à la combustion de la poudre. Et pourtant, Zlatan Ibrahimović n’est ni chimiste ni cosmonaute. Mais ce 15 mai 2009, les pieds du Suédois manipulent les atomes du cuir pour faire décoller un vaisseau sphérique à toute vitesse, l’envoyer puissamment d’un coup de pied/extérieur dans l’espace intime de Sébastien Frey. Et s’il s’envole dans le temps additionnel, ce missile téléguidé a préalablement été annoncé par l’ouverture du score de l’attaquant dès la onzième minute de cette 28e journée. Résultat : 2-0 score final en faveur de l’Inter, avec une barre transversale qui a failli se rompre en raison d’un objet ayant parcouru 32 mètres à la vitesse de la lumière.
#24 - Garrincha - 1966
Brésil-Bulgarie (2-0), Coupe du monde, 12 juillet 1966
Quatre Bulgares formant un mur qui sentent un courant d’air derrière leur nuque. C’est le coup franc de Garrincha qui vient de passer. Celui qu’on surnommait « la Joie du peuple » signe son premier but du mondial 1966 avec son plus bel exter’. Est-il parti pour enfiler les perles comme au mondial 1962 ? Non, il n’y en aura pas d’autre. Ce Brésil-là ne va même pas passer le premier tour. Annoncée parmi les favoris de la compétition en Angleterre, la Seleção de Pelé et Garrincha, double tenante du titre, est éliminée précipitamment. En partie, justement, parce qu’il manquait Pelé au Brésil contre la Hongrie, lors du deuxième match, perdu 3-1. Le numéro 10 brésilien n’a pas pu tenir son rang à cause des violents tacles des joueurs bulgares lors du premier match. D’ailleurs, ce jour-là, contre la Bulgarie, le Roi aussi y était allé de son coup franc avant l’œuvre de Garrincha.
#23 - Zinédine Zidane - 2004
France-Angleterre (2-1), Euro, 13 juin 2004
« Le cadre, Zizou, le cadre… » À chaque fois qu’il entend ces cinq mots prononcés par Jean-Michel Larqué, le Français qui a grandi dans les années 2000 ne peut empêcher son corps de frissonner. Reviennent alors, comme une madeleine de Proust, ces images datant du 13 juin 2004. Frank Lampard qui ouvre le score de la tête avant la mi-temps. Fabien Barthez qui empêche le break en stoppant le penalty de David Beckham. L’entrée en jeu d’Emile Heskey dans le temps additionnel. La faute de l’attaquant sur Claude Makélélé à 23 mètres des buts de David James. Cette longue minute de tension qui s’écoule avant le coup de sifflet ordonnant à Zinédine Zidane de s’élancer. Et pan ! C’est l’égalisation. Belle. Magnifique. Apocalyptique. Pour ce qu’elle est, mais aussi pour tout ce qu’elle annonce des secondes suivantes : un penalty provoqué par Thierry Henry, un nouveau coup de patte du double Z, une Angleterre renversée, une équipe de France miraculée et victorieuse pour son premier match de poules de l’Euro 2004. Un des plus grands directs de l’histoire de la télévision hexagonale, et ce n’était pas sur un ring de boxe.
#22 - David Beckham - 1999
Manchester United-Aston Villa (2-1), Premier League, 1er mai 1999
Le coup franc chez David Beckham, c’est d’abord une pose : quel homme normalement constitué peut imposer de telles choses à sa hanche ? Peu importe, car l’Anglais aura claqué pas moins de 65 coups francs directs au cours de sa carrière, un total XXL et signe d’une maîtrise fine de l’exercice. Cela s’explique donc grâce à une hanche magique, mais aussi à une jambe plus courte que l’autre qui donnait une trajectoire incurvée à la frappe. Résultat, Beckham a enchaîné les merveilles : Liverpool en 1997, la Colombie en 1998, le Barça en 1998, la Grèce, évidemment, en 2001, mais aussi Aston Villa, le 1er mai 1999. Ce match est un tournant dans la saison historique de Manchester United puisqu’il est situé à quelques semaines seulement de la fin du championnat et donc de la rencontre décisive contre Tottenham, d’où Beckham sortira, là aussi, en héros. C’est un tournant surtout car à la demi-heure de jeu, Julian Joachim vient égaliser pour les Villans. Old Trafford commence à angoisser. Pas de problème, Becks déboule et, juste après la pause, vient déposer sa douceur dans la lucarne d’un Michael Oakes aux fraises. L’art du swing.
#21 - Riyad Mahrez - 2019
Algérie-Nigeria (2-1), CAN, 14 juillet 2019
Une frappe limpide, côté ouvert, puis un soulèvement. Pour tous les Algériens, le coup franc de Riyad Mahrez en demi-finale de la CAN est le but du sacre acquis quelques jours plus tard au terme d’un nouveau match cadenassé face au Sénégal. Déjà, car c’est signé Mahrez. Depuis son titre de champion d’Angleterre avec Leicester en 2016, l’ancien joueur du Havre est la coqueluche numéro un du football algérien, celle avec qui les rêves d’une victoire finale apparaissent réalistes. Ce geste de la dernière chance ne pouvait être inscrit que par lui, cet écorché vif au talent encore insoupçonné il y a six ans. Après le bruit des filets, Mahrez, la gueule ouverte, court dans tous les sens comme s’il n’en revenait pas. À ses trousses, Baghdad Bounedjah, Sofiane Feghouli et tous les autres emboîtent la course, les pas et les mouvements du corps du buteur pour le prendre dans leurs bras. La rage de vaincre, à l’état pur.
Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet