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Top 100 : Célébrations mythiques (de 40 à 31)

Par Victor Launay, Valentin Lutz et Arthur Stroebele

À l'heure où le football se joue dans des stades vides et où il n'est plus possible de célébrer avec les joueurs, voici une sélection de 100 célébrations de but qui ont marqué l'histoire, chacune à leur façon. Au menu : des explosions de joie, actes provocateurs ou gestes politiques. Et d'énormes fails en prime.

#40 - L'hommage d'Andrés Iniesta

L’hommage d’Andrés Iniesta

Espagne-Pays-Bas (1-0), Coupe du monde, 11 juillet 2010

L’autre Ballon d’or 2010 officieux, avec Wesley Sneijder, a offert le titre mondial à son pays. Rien de plus beau ? Ce serait oublier sa célébration. Buteur dans le temps additionnel, le Barcelonais exulte d’une joie certainement indescriptible. Dans sa course, il ôte son maillot et dévoile une inscription « Dani Jarque, siempre con nosotros » (Dani Jarque, toujours avec nous). Il vient de dédier le but de sa vie à l’ancien capitaine de l’Espanyol Barcelone, décédé un an auparavant d’une crise cardiaque dans sa chambre d’hôtel de Florence. Jarque, bien que rival sur le terrain, était un ami proche d’Iniesta puisqu’ils se sont côtoyés dans les catégories jeunes. Le geste a ému l’Espagne et l’Espanyol, au point que l’ancien numéro 8 barcelonais a toujours été acclamé dans le stade des Pericos. « J’ai inscrit ce but, mais tout le monde se rappellera Dani » , avait expliqué Don Andrès. Il y avait donc plus chouette que d’offrir un titre mondial à sa nation.

#39 - Les poings levés de Reinaldo

Les poings levés de Reinaldo

Pour une vie d’engagement

Pendant les douze ans de son passage à l’Atlético Mineiro, José Reinaldo de Lima dit Reinaldo a célébré chacun de ses buts en levant un poing serré. Et des buts, il y en a eu beaucoup : 255 exactement en 475 matchs, soit un bon nombre d’occasions d’exécuter un geste dont la filiation avec le mouvement des Black Panthers était revendiquée. Lors de la Coupe du monde 1978, Reinaldo marque également face à la Suède, et les écrans du monde entier le voient lever une nouvelle fois un poing rageur. De quoi souligner un poids politique, du moins symbolique, qui reste encore aujourd’hui très mésestimé. Sócrates-Reinaldo, même combat.

#38 - Le Si de Cristiano Ronaldo

Le « Si » de Cristiano Ronaldo

Pour tous ces sauts de tarés

Oui, vous avez bien lu : ce n’est pas « Suuuuu » , mais « Siiiii » . Une fois la précision orthographique faite, il faut bien avouer que la célébration symbolise parfaitement ce qu’est CR7. Un peu d’arrogance – avec le doigt qui pointe le sol comme pour dire que partout où il est, c’est chez lui -, une performance athlétique – avec ce très haut saut à 180 degrés – et enfin un peu de virilité avec les abdos bien contractés combinés à ce hurlement. Au Bernabéu comme au Juventus Stadium, à chacun de ses buts, le public retient son souffle et attend que Ronaldo se lance dans son saut pour finir par exulter en synchro avec lui. Quelque chose d’à la fois simple et unique. Une célébration qui ne quitte plus le Portugais, et qui trouve son origine dans un simple match amical de présaison face à Chelsea en 2013. Comme quoi, les matchs amicaux aussi peuvent entrer dans l’histoire.

#37 - La Cup of Tea d'Alex Morgan

La Cup of Tea d’Alex Morgan

États-Unis – Angleterre (2-1), Coupe du monde, 2 juillet 2019

Chambrage culturel ou historique ? Alex Morgan n’a jamais voulu vraiment le dire, mais la célébration a conquis les USA. En mimant une tasse de thé, l’attaquante américaine aurait pu faire écho à la tradition britannique de la boisson chaude qu’elle boit comme elle a bu la défense de l’Angleterre. Mais elle peut aussi avoir un lien avec la Tea Party de Boston, en 1773, qui aboutit quelques années plus tard à la déclaration d’indépendance des États-Unis. Après la rencontre, la joueuse a juste évoqué une petite rivalité dans la façon de célébrer ses buts avec la très inventive Megan Rapinoe. Mouais…

#36 - L'étreinte de Luis Fernandez

L’étreinte de Luis Fernandez

Brésil – France (1-1, 3-4 tab), Coupe du monde, 21 juin 1986

« C’était un moment de joie intense, un moment très fort » , se souvient Luis, en parlant des minutes qui ont suivi son tir au but. Fort, parce que la France venait d’éliminer le Brésil de Sócrates et Zico en quarts de finale la Coupe du monde 1986. Fort, parce qu’il était le dernier tireur. Fort, parce que le « petit bonhomme » avait épargné des cauchemars à Michel Platini (qui tirait toujours cinquième, et ne ratait jamais). Fort – voire trop fort – comme l’étreinte limite asphyxiante donnée par Platini à Fernandez, à genoux, pendant de longues secondes sur la pelouse du stade Jalisco de Guadalajara. L’allégorie du soulagement.

#35 - Le genou à terre de Marcus Thuram

Le genou à terre de Marcus Thuram

Borussia Mönchengladbach – Union Berlin (4-1), Bundesliga, 31 mai 2020

La mort de George Floyd aux États-Unis, tué lors d’un contrôle de police à Minneapolis en mai 2020, avait suscité une vague d’indignation dans le monde et de nombreux sportifs avaient exprimé leur colère face aux violences policières. Celle de Marcus Thuram, elle, s’est exprimé dans un match de football après avoir fait son travail : marquer un but. Pourtant tout en silence et à huis clos, la célébration de l’attaquant français de Gladbach avec son genou au sol – geste devenu le symbole de la lutte antiraciste et popularisé par le joueur de football américain Colin Kaepernick, en 2016 – a fait beaucoup de bruit. Plusieurs secondes durant, l’attaquant reste prostré. Seul, dans la surface du Borussia-Park. Une image hautement symbolique. Chapeau, Marcus.

#34 - Le KO de Wayne Rooney

Le KO de Wayne Rooney

Manchester United – Tottenham (3-0), Premier League, 15 mars 2015

Il n’y a pas que les Spurs qui aient été mis KO, ce soir-là. Dans une célébration pleine d’auto-dérision, Rooney mime un combat de boxe et tombe à la renverse sur la pelouse d’Old Trafford. Une référence à son enfance, d’abord, durant laquelle l’Anglais a failli emprunter le chemin de la boxe. Mais si le Mancunien célèbre ainsi, c’est aussi et surtout un clin d’œil à une vidéo le montrant complètement KO dans sa propre cuisine après un faux combat avec son coéquipier de l’époque Phil Bardsley. Sauf que ce dernier s’est un peu trop pris au jeu, et a décoché une gauche dans le nez de Rooney… qui reste inerte quelques instants, allongé chez lui. Heureusement, l’attaquant s’en remettra rapidement et ironisera sur la fameuse vidéo grâce à cette célébration face aux Londoniens. Même Louis van Gaal, manager à ce moment, a trouvé l’histoire hilarante. L’humour british.

#33 - Le cameraman de Francesco Totti

Le cameraman de Francesco Totti

Lazio – AS Roma (1-1), Serie A, 21 avril 2004

Il Capitano l’avouait lui-même, il pensait à ses célébrations plusieurs semaines avant le derby della Capitale. Acteur majeur, à coups de buts et de messages chambreurs sur le T-shirt en direction des Laziali, Totti a aussi voulu jouer le réalisateur. En 2004, il s’empare ainsi d’une caméra au bord du terrain. Histoire d’immortaliser lui-même le moment, en filmant les tribunes. Onze ans plus tard, il innove lors d’un autre derby et va taper un petit selfie sous la Curva Sud. Un moment qu’un supporter giallorosso se tatouera sur le bras.

#32 - Les oreilles grandes ouvertes de Juan Román Riquelme

Les oreilles grandes ouvertes de Juan Román Riquelme

Boca Juniors – River Plate (3-0), Primera División, 7 avril 2001

Erik Per Sullivan likes this. En 2001, les Xeneizes rencontrent, comme le reste du pays, de sérieuses difficultés financières, et le président de Boca, Mauricio Macri – président argentin de 2015 à 2019 –, envisage de vendre son joyau Riquelme au Barça pour renflouer les caisses… sans même en parler au joueur, qui renégocie alors houleusement son contrat de juvenil. Le transfert capote finalement, mais Riquelme n’a pas oublié le tour de passe-passe de son président pour esquiver l’augmentation. Il profite alors d’un Superclásico lors du tournoi de Clausura pour fêter son penalty à la ligne médiane et face à la tribune présidentielle, en ouvrant grand ses oreilles. Riquelme assurera après le match que la célébration était un clin d’œil au Topo Gigio, une marionnette d’un programme télévisé apprécié par sa fille. Renard de Román.

#31 - La provocation ultime d'Emmanuel Adebayor

La provocation ultime d’Emmanuel Adebayor

Manchester City – Arsenal (4-2), Premier League, 12 septembre 2009

« Quand je glisse sur les genoux et que j’écarte les bras face aux supporters, j’ai l’impression d’être intouchable. Les gens me jetaient n’importe quoi : des téléphones, des bouteilles d’eau… Je n’ai jamais bougé la tête, tout me passait à côté. Fiou, fiou, comme dans les films ! C’est magnifique cette sensation d’être en prison depuis des années et qu’on te dit : «  Mon frère, prends la porte et sors. Maintenant, tu es libre. » C’est ce que j’ai ressenti, une délivrance. » Une délivrance tout en provocation pour Emmanuel Adebayor, qui la décrivait ainsi dans le numéro 151 de So Foot et qui n’a pas hésité à traverser comme un dératé tout le terrain pour effectuer une insolente glissade les bras ouverts devant les supporters des Gunners. Un mois après avoir quitté Londres pour les Citizens, et Manchester. Supersonic.

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