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- Les célébrations de but qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Célébrations mythiques (de 20 à 11)
À l'heure où le football se joue dans des stades vides et où il n'est plus possible de célébrer avec les joueurs, voici une sélection de 100 célébrations de but qui ont marqué l'histoire, chacune à leur façon. Au menu : des explosions de joie, actes provocateurs ou gestes politiques. Et d'énormes fails en prime.
#20 - Le penseur de Lilian Thuram
Le penseur de Lilian Thuram
France – Croatie (2-1), Coupe du monde, 7 juillet 1998
Lilian Thuram n’a mis que deux buts dans sa carrière avec les Bleus (142 sélections). Deux buts en demi-finales de Coupe du monde, s’il vous plaît. Mais au vu de sa célébration absolument mythique, et passée à la postérité, on regrette presque qu’il n’ait pas eu l’occasion de fêter d’autres réalisations. La France entière n’a pas compris pourquoi, ni comment Thuram a envoyé à lui seul la France en finale de sa compétition, après avoir été tout proche d’être celui qui l’en aurait éjectée. Agenouillé sur la pelouse du Stade de France, le Parmesan vient de marquer, et pose son index sur sa bouche. Comme pour dire : « Attendez, qu’est-ce qu’il vient de se passer ? Est-ce bien moi ? » Dans un entretien à l’AFP, Lilian Thuram a raconté la genèse du geste : « Je pense que le geste est resté en mémoire parce que les gens ressentaient au plus profond d’eux que moi-même, je ne comprenais pas ce qui se passait. Ce geste, évidemment, je n’y ai pas pensé avant le match. S’il n’y avait pas eu les images, je n’aurais pas su que j’avais fait ce geste-là. Marcel Desailly est le premier à s’approcher vers moi et il me dit : « Mais Lilian, qu’est-ce que tu es en train de faire ? » Moi, j’ai dit : « Ben j’en sais rien… » » Vingt-deux ans plus tard, l’incompréhension reste totale, mais tout le monde le remercie.
#19 - La transe de Rashidi Yekini
La transe de Rashidi Yekini
Nigeria – Bulgarie (3-0), Coupe du monde, 22 juin 1994
Seul. Alors qu’il vient d’inscrire le premier but de l’histoire des Super Eagles en Coupe du monde, Rashidi Yekini se jette seul dans le but de Borislav Mikhailov pour célébrer son but. L’attaquant s’accroche pendant de longues secondes au filet, pleure, prie et entre dans une espèce de transe. Isolé dans un effectif dont il est l’une des stars, mais qui lui reproche son individualisme autant que son extravagance, Yekini est ailleurs, il ne partage rien et semble déjà être pris dans les filets de la folie et des tourments. Il ne marquera plus pendant la compétition, début de sa chute, enchaîne les piges dans les clubs de seconde zone et ne réalisera jamais son rêve de devenir le meilleur buteur de l’histoire de la CAN, le Nigeria étant exclu de l’édition 1996. L’ancien attaquant est décédé dans le dénuement le plus total à Ibadan en 2012. Toujours seul.
#18 - La mitraillette de Gabriel Batistuta
La mitraillette de Gabriel Batistuta
Pour toutes les douilles retrouvées sur les terrains
Il a longtemps joué au basket et au volley, s’est passionné pour le polo, a rêvé de devenir médecin, mais Gabriel Batistuta deviendra finalement un véritable tueur devant le but. Les yeux clairs comme le capitaine Willard et les cheveux longs comme John Rambo, Gabriel Batistuta a pendant plus de dix ans canardé les gardiens de Serie A et nettoyé les lucarnes avec ses frappes de mule cliniques. Parfois, il pleura ses buts – comme lorsqu’il marque avec la Roma contre sa Fiorentina – mais souvent, il les fêtera avec la fameuse « mitraillette » , depuis devenue iconique et reprise par les plus fines gâchettes du continent. Mais 352 buts en 560 matchs laissent des traces et le soldat y a laissé des plumes. Ses genoux et ses chevilles lui causent des douleurs atroces et il envisage même l’amputation. Opéré en 2019, Batigol a maintenant une prothèse à sa cheville gauche et tient toujours debout. « Guerrier indestructible » , comme le rappelle le socle de sa statue à Florence.
#17 - L'aigle de Pedro Miguel Pauleta
L’aigle de Pedro Miguel Pauleta
PSG – OM (2-1), Ligue 1, 25 avril 2004
Le but en lui-même aurait parfaitement sa place dans un top des plus belles réalisations. Le crochet face à Barthez qui l’excentre, suivi de cet enroulé divin du pied droit qui lobe le portier marseillais et Brahim Hemdani venu jouer les gardiens sur la ligne. Mais la joie qui succède au but est tout aussi légendaire. Comme à son habitude, Pedro Miguel Pauleta déploie ses ailes, vers le virage Auteuil, et semble littéralement voler dans un Parc des Princes incandescent. La caméra qui le suit, au ras du sol, ne parvient même plus à le suivre dans sa folle chevauchée. Les ailes de l’Aigle des Açores l’ont suivi tout au long de sa carrière, mais c’est lors de son passage à Salamanque, club de D2 espagnole, qu’il a choisi sa célébration, sur les conseils d’un de ses cousins. Pour le plus grand bonheur des amateurs d’une joie simple, mais tellement caractéristique.
#16 - Le maillot embrassé de Zinédine Zidane
Le maillot embrassé de Zinédine Zidane
France – Brésil (3-0), Coupe du monde, 12 juillet 1998
Brandir l’écusson, ou embrasser son maillot, est aujourd’hui devenu un formidable geste de com’ envers les supporters. Montrer son appartenance, son attachement aux couleurs, tout en étant capable d’aller signer ailleurs dans les semaines qui suivent. Mais s’il existe bien un baiser de maillot qui transpire la sincérité, et l’amour d’une équipe, d’un groupe, c’est assurément celui de Zizou sur le maillot des Bleus en 1998. Après avoir mystifié la défense brésilienne d’un second coup de tête, le Z étire son maillot XXL pour le porter à ses lèvres. Zidane le sait, il est l’homme de cette finale, et va offrir à son pays son premier titre mondial. Un maillot, sans étoile, mais avec deux baisers de Zidane, qui a failli être vendu aux enchères en octobre 2018, avant qu’un doute n’émerge à la dernière minute : est-ce réellement ce maillot que le numéro 10 a porté en première période ? Avec un prix de base à 20 000 euros, mieux valait être sûr.
#15 - Le saut de Pelé
Le saut de Pelé
Brésil – Italie (4-1), Coupe du monde, 21 juin 1970
Selon les dernières estimations, la photo a fait le tour du monde environ 2364 fois : c’est dire que l’image est probablement la plus mythique du football moderne. Et pour cause, en matière d’esthétique, le cliché est quasiment inégalable : en finale de la Coupe du monde 1970, juste après avoir marqué, Pelé saute dans les bras de Jairzinho, qui le soutient, tandis que le Roi, le visage marqué par un beau sourire, lève le poing en signe de victoire. C’est bien simple, il s’agit de la plus belle illustration de la plus belle équipe du Brésil en finale de la plus belle Coupe du monde de l’histoire.
#14 - Les maillots de Léo Messi et Nabil Fekir
Les maillots de Léo Messi et Nabil Fekir
Real Madrid – FC Barcelone (2-3), Liga, 23 avril 2017
Saint-Étienne – OL (0-5), Ligue 1, 5 novembre 2017
Bien sûr, ils sont nombreux à avoir popularisé la célébration. Ronaldinho, au Parc en 2003 face à l’OM, Juninho au Vélodrome en 2009 ou encore Marcelo en finale de Ligue des champions avec le Real face à l’Atlético. Mais nous ne retiendrons ici que les joies extatiques du Barcelonais et du Lyonnais. Parce qu’elles ont été réalisées face au rival ultime, à l’extérieur, yeux dans les yeux avec les supporters adverses. Parce que tout le monde rêve qu’un joueur de son équipe humilie le public ennemi de cette façon. Parce que les Madrilènes sont restés sans voix, et que les Stéphanois, eux, en ont trop donné. Parce que le monde a ces images en tête. Parce qu’elles font partie de l’histoire, tout simplement.
#13 - Le maillot enlevé de Brandi Chastain
Le maillot enlevé de Brandi Chastain
États-Unis – Chine (0-0, 5-4 t.a.b.), Coupe du monde, 10 juillet 1999
Dans la fournaise du Rose Bowl et de ses 90 000 spectateurs, Brandi Chastain vient de transformer son tir au but face à la Chine et offre aux États-Unis la deuxième Coupe du monde de son histoire, à domicile. La joueuse enlève alors son maillot blanc et célèbre agenouillée et en brassière de sport son tir victorieux. Une célébration entrée dans la légende, dont le cliché fait la Une de tous les plus grands magazines américains et considérée par le New York Times comme « la photo la plus iconique jamais prise d’une athlète féminine » . C’est surtout le symbole d’une Coupe du monde qui a été un grand succès populaire et qui a amorcé la professionnalisation du soccer féminin, depuis devenu le sport collectif numéro 1 chez les Américaines. Joue-la comme Brandi.
#12 - La résurrection du Christ par David Trezeguet
La résurrection du Christ par David Trezeguet
France – Italie (2-1), Euro, 2 juillet 2000
Et là, tout respire la pureté. Le débordement de Pirès, le centre au cordeau, cette reprise de volée dingue du gauche, cette sacoche folle qu’on a tous rêvé de mettre un jour, le cuir qui vient prendre Toldo à contre-pied. Et puis enfin la course du Roi David, le sourire figé, les yeux fermés, les bras le long du corps, la tunique bleue dans la main droite : dans sa spontanéité, il ne contrôle plus rien, ne voit plus rien et lâche tout. Trezeguet a toujours transpiré l’humanité et la grâce, mais ce 2 juillet 2000, en finale de l’Euro, il atteint l’apogée de sa classe. Sa course vers le poteau de corner respire le trop-plein d’émotions, le shoot de plaisir ultime. Et le physique quasi banal du Roi permet à chacun de s’identifier à lui : cette joie, il l’offre à tous. Qu’on se le dise, esthétiquement, on n’a rien vu de plus beau depuis. Ah David, ça serait bien que tu reviennes.
#11 - Les muscles de Mario Balotelli
Les muscles de Mario Balotelli
Allemagne – Italie (1-2), Euro, 28 juin 2012
Alors, OK, il y a la sacoche catapultée dans la lucarne de Neuer aux 16,5m – pourquoi s’approcher plus près du but finalement –, mais Balotelli lors de la demi-finale de l’Euro 2012, c’est aussi et surtout une célébration pleine de testostérone et d’arrogance, entre bande de kinésio, pokerface et muscles contractés, qui n’est sûrement pas pour rien dans la popularité grandissante de la fonte chez les footeux. Et comme du culturisme à la pop culture, il n’y a qu’un pas – Arnold Schwarzenegger ne dira pas le contraire -, Internet s’est finalement chargé de rendre culte les biscotos de Super Mario, en l’affublant d’une sulfateuse, d’un tutu ou d’un bucket KFC. Why always meme?
Par Victor Launay, Valentin Lutz et Arthur Stroebele