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- Les cartons rouges qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Cartons rouges de légende (de 50 à 41)
Parce que Cyril Rool n’a pas le monopole des tacles à la carotide, voilà un nouveau top 100 dans un camaïeu de rouge. Au menu : des coups de sang et des simulateurs, des agressions et des injustices. Salade de chevilles servie à volonté.
#50 - Œuvre collective - 2011
Atlético Claypole – Victoriano Arenas (2-0), D5 argentine, 27 février 2011
Titulaires, remplaçants, staff… Le compte est bon : ça fait 36 expulsions sur le rapport du match. Un record évidemment enregistré par le Guiness Book. Finalement, le seul acteur à s’en sortir sans carton est Damián Rubino, l’arbitre de cette rencontre jouée dans l’agglomération de Buenos Aires. Le numéro 9 albiceleste est le premier à quitter ses partenaires après une altercation, suivi quelques minutes plus tard par un de ses coéquipiers, qui pète un boulon face au banc de l’Atlético Claypole avant d’aller arracher le portail des vestiaires. La seconde période s’achèvera par une émeute générale, où chacun y va de son croche-patte ou de sa poussette. Domingo Sganga, président de Victoriano Arenas, jurait que les adversaires « voulaient le tuer » , alors que son homologue Sergio Micielli regrettait que l’arbitre se soit fait dépasser par les événements. « La plupart des joueurs essayaient de séparer les gens… » Ben oui, forcément.
#49 - Luís Fabiano-Diogo - 2007
Saragosse – FC Séville (2-1), Liga, 6 janvier 2007
Buteur chacun leur tour dans une rencontre qui sent la poudre, Carlos Diogo et Luís Fabiano avaient vraisemblablement envie d’en découdre pour fêter la nouvelle année. Pour ça, rien de mieux que de patienter jusqu’au temps additionnel, sorte d’apothéose où les deux joueurs en viennent aux mains, transformant la Romareda en une véritable arène de combat. Mais après la première droite bien sentie du défenseur uruguayen, mettant l’attaquant brésilien dans une colère noire, le public assiste davantage à une chorégraphie désordonnée qu’à une baston de guerriers. La faute à deux combattants qui ne savent justement pas se battre, mais qui parviennent en revanche parfaitement à se ridiculiser. Après ce round fugace, le résultat est sans appel. L’arbitre siffle match nul, et demande aux deux joueurs de quitter le ring sur le champ. Une manière bien à lui de leur signifier leur imbécillité.
#48 - Ariel Ortega - 1998
À 4’55
Pays-Bas – Argentine (2-1), Coupe du monde, 4 juillet 1998
Pour faire un match de légende, il faut des buts incroyables, des retournements de situation, des sorties de piste et des duels au couteau. Des ingrédients réunis par le quart de finale de la Coupe du monde 1998 opposant l’Argentine aux Pays-Bas. Au cours de cet affrontement entre deux équipes de légende, Kluivert ouvre le score pour les Oranje, avant que Lopez n’égalise magnifiquement pour l’Albiceleste. Dès lors, on se dit que le vent a tourné, d’autant qu’Arthur Numan, le latéral du PSV Eindhoven, a vu rouge à la 80e minute. Mauvais signe en vue d’une prolongation. Les Argentins poussent quand, à la 87e minute, Ortega, immense depuis le début du tournoi, crochète Jaap Stam dans la surface avant de s’écrouler. L’arbitre n’hésite pas, il sait que l’Argentin a simulé et lui assène un jaune. Le géant Van der Sar se précipite vers le petit Ortega pour le houspiller. Mais le Burrito a un caractère de mule, pas effrayé par la trentaine de centimètres qu’il rend au Batave, il y va de son coup de boule. Deuxième jaune. Expulsion. Ou comment tirer une balle dans le pied de son équipe. C’est la fin de l’idylle entre le premier successeur désigné de Maradona et son pays. Trois minutes plus tard, Bergkamp réalise un enchaînement magique et élimine l’Argentine. Légendaire.
#47 - Corentin Tolisso - 2017
Saint-Étienne – Lyon (2-0), Ligue 1, 5 février 2017
Peut-être que « sa meuf, elle lui mettait des baffes au lycée » . Mais à Geoffroy-Guichard, Corentin Tolisso n’y allait pas non plus de main molle. Surtout lorsqu’il y a un affront à laver et des copains à venger. En février 2017, l’OL se fait secouer par Sainté, alors que les deux rivaux sont à la lutte en haut de tableau. Mais si ce derby revient aux Verts grâce aux réalisations de Monnet-Paquet et Hamouma, c’est le temps additionnel qui restera dans les mémoires. Rachid Ghezzal se prend d’abord un second jaune pour avoir repoussé le poil-à-gratter Fabien Lemoine. L’ailier algérien a tout juste le temps de serrer la main de Tony Chapron avec sarcasme et de regagner le vestiaire, que la seconde lame déferle. Lancé à pleine vitesse, Coco s’en prend au même larron et le découpe, tout simplement, avant de déclencher une mêlée des familles. Une rivalité, c’est comme un jardin : ça s’entretient.
#46 - Gheorghe Hagi - 2000
À 5’30
Italie – Roumanie (2-0), quarts de finale de l’Euro 2000, le 24 juin 2000
Les surnoms sont parfois abusifs. Montargis par exemple, la Venise du Gâtinais. Sérieusement ? Bucarest, le Paris de l’Est ? Allez-y, vous verrez. Toujours en Roumanie, Gheorghe Hagi, lui, n’a pas usurpé son surnom de Maradona des Carpates. À travers les années 1990, Gica emmène son pays au sommet du football mondial, à coups de frappes de mules et de passes géniales. Portée par son talent, la Roumanie enchaîne 3 Coupes du monde et autant de qualifications pour les huitièmes de finale. Pour lui, comme pour la génération dorée du football roumain (Petrescu, Munteanu, Stelea, etc.), l’Euro 2000 fait office de chant du cygne. Malgré ses 35 ans, Hagi œuvre à la qualification de son pays pour les quarts de finale. Face à l’Italie, il est même à deux doigts d’égaliser sur un lob astucieux. Puis il reçoit un carton jaune pour un tacle horrible sur la cheville d’Antonio Conte. Avant deux minutes plus tard d’en recevoir un deuxième pour simulation. Après 124 sélections et 35 buts, sur la pelouse du stade Roi Baudoin, une légende quittait le football international sur une expulsion. Six ans avant un autre numéro 10 génial. Toujours face à l’Italie…
#45 - José Batista - 1986
Uruguay – Écosse (0-0), Coupe du monde, 13 juin 1986
L’Uruguayen José Batista a bien choisi son jour pour marquer – d’un superbe coup franc – le seul but de sa carrière en sélection. C’était en avril 1985, à Montevideo, dans un match décisif face au Chili. À la faveur de sa victoire 2-1 ce jour-là, la Celeste s’est qualifiée pour le Mondial au Mexique. Mais un an plus tard, José Batista a perdu son sens du timing. Dès la première minute de jeu du troisième match de poule face à l’Écosse, le défenseur uruguayen tacle par derrière Gordon Strachan sous les yeux ahuris de M. Quiniou. Voilà comment on entre dans les annales en devenant le joueur le plus rapidement expulsé de l’histoire de la Coupe du monde. À la décharge de Batista, c’est vrai que Strachan méritait bien une punition pour ce mulet qui lui tombait sur la nuque. La suite ? Malgré sa supériorité numérique, l’Écosse ne parvient pas à briser le verrou adverse (0-0). Et l’Uruguay file en huitièmes, où elle se fera éliminer par son frangin argentin.
#44 - Wim van Hanegem - 1976
À 2’06
Tchécoslovaquie – Pays-Bas (3-1), Euro, 16 juin 1976
Deux ans après la mère de toutes les défaites, les Pays-Bas veulent laver cet affront en remportant l’Euro. Pour cela, après avoir disposé des Belges au tour précédent, les coéquipiers de Johan Cruyff doivent mater l’outsider tchécoslovaque. Mais rien ne se passe comme prévu puisque les joueurs de Václav Ježek font dérailler le football total néerlandais. L’homme du match est le capitaine Anton Ondruš, qui ouvre le score en début de match, avant de remettre les deux équipes à égalité grâce à une reprise de volée qui trompe son propre portier. Ça y est, les hommes de George Knobel pensent que le vent a tourné. Mais il n’en est rien, car dans la prolongation, après une faute non sifflée d’Antonín Panenka sur Cruyff, Zdeněk Nehoda redonne l’avantage aux siens. Dans la foulée, alors qu’une nouvelle désillusion se rapproche, un conflit éclate entre l’arbitre et Wim van Hanegem. Prenant trop de temps pour effectuer l’engagement, ce dernier se fait exclure de la partie et rejoint Johan Neeskens aux vestiaires. La messe est dite cinq minutes plus tard quand les futurs vainqueurs de l’Euro font le break, éliminant des Oranje désemparés. Encore raté.
#43 - Manuel Amoros - 1984
France – Danemark (1-0), Euro, 12 juin 1984
Chaque tradition a forcément un début. Et celle qui fait que le vainqueur d’un France-Danemark dans un tournoi international le remporte inéluctablement (comme en 1992, 1998 et 2000) débuta en cette soirée d’été 1984 au Parc des Princes. Autre coutume : celle du coup de boule. Et pour ce match d’ouverture de l’Euro français, quelques minutes après l’ouverture du score de Michel Platini, c’est Manuel Amoros qui s’y colle, après s’est fait violemment sécher par Jesper Olsen. Le latéral balance le ballon au visage de son agresseur façon medecine-ball, puis va lui proposer son front. « Je ne le touche pas. Il fait du cinéma, rejoue Amoros dans les colonnes de L’Équipe. Je n’aurais pas dû faire un tel geste. Je n’ai plus jamais recommencé. Je me suis laissé emporter par le sang espagnol qui bout en moi. » Ce coup de sang lui vaudra cher, puisqu’il ne pourra plus rejouer, sauf en cas de finale. Mais l’histoire aura finalement une happy end, justement face au pays de ses ancêtres, grâce au valeureux Patrick Battiston, qui feint une blessure à la 72e minute de la finale pour laisser à Manuel l’occasion de se repentir. « En cours de match, je me suis dit que Manu, qui avait été expulsé lors du premier match, puis suspendu, méritait de connaître une finale. Je n’ai pas réfléchi plus loin que ça. » Un tel altruisme, l’exemple d’une tradition qui, elle, se perd.
#42 - Josip Šimunić - 2013
Serbie – Croatie (1-1), éliminatoires du Mondial, 6 septembre 2013
D’un côté, les Croates qui luttent à distance avec la Belgique pour la première place du groupe des éliminatoires du mondial brésilien ; de l’autre, les Serbes qui ont encore de maigres espoirs d’arracher la place de barragiste, celle de la Croatie justement. Et si l’enjeu n’est pas suffisant, les deux nations ont bien d’autres raisons de vouloir gagner ce match l’une contre l’autre. Il y a 1-1 à la 80e, lorsque à la suite d’un corner croate, Miralem Sulejmani déclenche le contre serbe. Devant lui se présente un boulevard. Entré en jeu en deuxième période, l’ailier serbe a les cannes pour aller au bout. Mais la route est barrée par Šimunić ! Le chauffard croate le fauche violemment en position de dernier défenseur, à plus de 60m de ses propres buts… On n’a sans doute jamais entendu autant d’atrocités sur la maman de Josip Šimunić que dans les tribunes du Marakana de Belgrade, au soir de ce 6 septembre 2013.
#41 - Salih Dursun - 2016
À 5’37
Galatasaray – Trabzonspor (2-1), Süper Lig, 21 février 2016
En 2015-2016, les premiers rangs derrière les buts sont vides à la Türk Telekom Arena. Un indice pour deviner que Galatasaray finira la saison hors des places européennes. Dommage pour les déserteurs qui ont loupé le spectacle de ce match face à Trabzonspor. Mené 1-0, Gala égalise à vingt minutes de la fin grâce à un joli numéro de Lukas Podolski. La fin de match est une attaque-défense : les locaux évoluent à onze contre neuf ! Et Gala finit par obtenir un penalty très litigieux à la 86e minute. Quelques instants plus tard, le fautif présumé, Luis Pedro Cavanda, s’emporte en poussant l’arbitre. Carton rouge ! Les joueurs de Trabzon protestent vivement. Salih Dursun, lui, ne dit rien, il préfère se faufiler sous le bras d’un coéquipier pour chaparder le carton rouge de l’arbitre. Une fois son larcin réussi, l’insolent brandit le carton en direction de l’homme en noir, en pointant les vestiaires avec son index. Évidemment, M. Bitnel n’apprécie guère et retourne le carton contre Dursun. Face à une équipe de Trabzon réduite à huit, Galatasaray convertit son penalty et l’emporte finalement 2-1.
Par Arthur Jeanne, Florian Lefèvre, Maxime Renaudet et Mathieu Rollinger