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- Les cartons rouges qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Cartons rouges de légende (de 80 à 71)
Parce que Cyril Rool n’a pas le monopole des tacles à la carotide, voilà un nouveau top 100 dans un camaïeu de rouge. Au menu : des coups de sang et des simulateurs, des agressions et des injustices. Salade de chevilles servie à volonté.
#80 - Joey Barton - 2012
Manchester City – Queens Park Rangers (3-2), Premier League, 13 mai 2012
Jusque sur leur lit de mort, les supporters de Manchester City se souviendront du titre de champion d’Angleterre 2011-2012. Parce qu’il est arrivé 44 ans après le précédent et que la dramaturgie a atteint son nirvana dans une lutte à distance avec le rival United. Mené 2-1 par QPR dans le temps additionnel, City doit gagner. À la 92e, Džeko égalise. Et puis, il y a cette 94e minute… « AGÜEROOOOOOOOO ! » Inoubliable. Mais cette fin de match épique a été rendue possible en partie car QPR évoluait à dix depuis l’expulsion de Joey Barton. À la 55e minute, l’ancien Citizen est pris par la patrouille pour un coup de coude contre Carlos Tévez. L’arbitre sort le carton rouge, alors perdu pour perdu, Barton serre la mâchoire et file une grosse béquille à un autre Argentin, Sergio Agüero. Le Kun se tord de douleur, mais se relèvera, pour écrire l’histoire. Pendant que Barton sera sous la douche.
#79 - Wojciech Szczęsny - 2012
à 4min 30s
Pologne – Grèce (1-1), Euro, 8 juin 2012
Pour la première fois de son histoire, en juin 2012, la Pologne accueille l’Euro. Logiquement, les attentes des Polonais sont grandes. Il s’agit a minima d’atteindre les quarts de finale. D’autant que le groupe dans lequel ont été placés les hôtes du tournoi est abordable. Russie, Tchéquie et Grèce en match d’ouverture, au stade national de Varsovie. Les choses se présentent bien pour les Biało-czerwoni qui ouvrent vite le score par Lewandowski. Ensuite, Sokratis est expulsé pour une deuxième faute peu évidente, et un penalty, lui plutôt évident, est oublié en faveur de la Grèce. Malgré cet arbitrage à domicile, les Polonais se relâchent, et les Grecs égalisent, avant d’avoir une occasion de prendre l’avantage. À la 68e, Szczęsny, abandonné par sa défense, est obligé de crocheter Salpingidis pour éviter le 2-1. Expulsé, le gardien d’Arsenal voit son remplaçant Tyton stopper le tir grec. Son Euro est déjà terminé, puisque la Pologne sera piteusement éliminée dès le premier tour sans avoir remporté le moindre match.
#78 - Alex Song - 2014
Cameroun – Croatie (0-4), Coupe du monde, 18 juin 2014
This is not a love Song… Déjà bien miné par les querelles de vestiaire, les affaires de primes et une défaite inaugurale contre le Mexique, le bateau camerounais tangue sérieusement au Brésil. Et face à la Croatie, Alex Song sabordera définitivement le rafiot d’un geste aussi insensé que dangereux : un coup de coude pour labourer les vertèbres du bon vieux Mario Mandzukić. À dix, les Lions indomptables se feront museler 4-0 par la formation au damier. Devenu un mème sur Internet, le neveu de Rigobert mettra un terme à sa carrière internationale sur cette dernière folie. « Je sais que j’ai fait du mal aux gens, que je n’ai pas été un exemple pour la jeunesse, confessait-il face aux caméras de beIN Sports. Le contexte chez nous était compliqué, je suis devenu l’ennemi à abattre et cela a été difficile pour ma famille. Mon fils m’a demandé : « Pourquoi tu as fait ça ? » Déjà répondre à mon fils c’était difficile, alors imaginez maintenant pour répondre à ceux qui sont derrière. » Une chose est sûre : mieux vaut être derrière Alex que devant lui.
#77 - Éric Abidal - 2009
à 5min 45s
Chelsea – Barcelone (1-1), Ligue des champions, 6 mai 2009
Un accrochage de Dani Alves sur Malouda finalement jugé hors de la surface, les retours très limites d’Abidal et de Yaya Touré sur Drogba, la main de Piqué dans sa surface face à Anelka, le bras d’Eto’o qui sauve sur sa ligne devant une reprise de Ballack… Comme le confessera Tom Henning Øvrebø dix ans plus tard, cette demi-finale retour de C1 n’a « pas été sa meilleure soirée » . Si l’arbitre norvégien a été vilipendé par les Blues et notamment Didier Drogba, dénonçant une « fucking disgrace » , c’est aussi oublier que toutes ces décisions litigieuses n’ont pas touché uniquement les éliminés du soir. À la 66e minute de jeu, c’est Éric Abidal qui fait les frais de l’ambiance électrique. Le Barça essuie alors les contres des Londoniens, et le latéral, pris de vitesse par Anelka, voit son compatriote s’effondrer devant lui devant la surface. Aucun contact à relever, d’après les ralentis, mais une suspension bien réelle pour la finale. Alors, les théoriciens du complot ?
#76 - Les Leroy - 2000
à 27min 53s
OM – PSG (4-1), Division 1, 15 février 2000
Une allumette craquée, et c’est tout le Vélodrome qui s’embrase. Ancien pompier volontaire, Laurent Leroy a été pris dans les flammes marseillaises ce soir-là. C’était il y a vingt ans et c’était face à son ancien coéquipier et homonyme, Jérôme Leroy. On joue la 18e minute de jeu quand Jérôme, transféré à l’OM l’été précédent, tacle Laurent à retardement. Le Parisien se relève et tape le tibia du Marseillais, qui va alors se jeter sur lui. S’ensuit une empoignade devant le banc marseillais, dans laquelle Sébastien Pérez en profite pour envoyer une sale droite à Laurent Leroy. Les deux Leroy sont expulsés. Paris, qui menait 1-0 à ce moment-là, s’inclinera 4-1. Trois buts d’écart d’une importance capitale, puisque l’OM terminera la saison à égalité de points avec Nancy, premier relégable, mais deux buts de plus au goal average. Et Jérôme et Laurent Leroy se retrouveront à nouveau au PSG deux ans plus tard.
#75 - Paolo Di Canio - 1998
à partir de 4min10s
Sheffield Wednesday – Arsenal (1-0), Premier League, 26 septembre 1998
À la fin des années 1990, il n’était pas rare de voir de belles échauffourées partir sur les pelouses de Premier League. Comme lors de ce Sheffield Wednesday-Arsenal, cet après-midi de septembre 1998, à Hillsborough. Tout commence par un accrochage entre Wim Jonk et Patrick Vieira, avant qu’un peu tout le monde ne s’en mêle. Notamment Paolo Di Canio qui agresse Martin Keown puis aboie sur Nigel Winterburn. Logiquement, l’arbitre, Paul Alcock, sévit. Jaune pour Vieira. Rouge pour Keown et Di Canio. Cela aurait dû en rester là, mais c’était mal connaître le Romain. Furieux, le buteur de Sheffield bouscule l’arbitre. Visiblement surpris, celui-ci danse la gigue, avant de chuter lamentablement sur le gazon. Le pire dans tout cela ? Di Canio, au lieu de faire amende honorable, déclarera quelques jours plus tard : « Il est tombé bizarrement, on aurait dit un simulateur qui cherchait un penalty. » Une accusation réfutée par Alcock qui sera raillé pendant des semaines par les tabloïds. Jusqu’à ce que la presse anglaise trouve quelque chose de plus scandaleux à se mettre sous la dent : « Je dois vraiment remercier Bill Clinton. C’est grâce à l’affaire Monica Lewinsky que j’ai arrêté de faire la une des tabloïds » , racontait l’arbitre au Sun en 2018.
#74 - Lionel Messi - 2005
Hongrie – Argentine (1-2), amical, 17 août 2005
À l’été 2005, Lionel Messi n’est pas encore le meilleur joueur du monde. Il n’est qu’un gamin de 18 ans, mais déjà inarrêtable. José Pékerman le sait et décide de convoquer la Pulga avec la sélection argentine pour disputer un match amical contre la Hongrie. À la 63e minute de jeu, tout un pays scrute avec attention la première cape de celui qui est appelé à succéder à Diego Maradona. Messi remplace Lisandro López. Dès sa première touche de balle, le gamin du Barça prend les choses en main. Le ballon lui colle au pied. Et il va déjà trop vite. Vilmos Vanczák, honnête défenseur d’Ujpest, s’accroche désespérément au maillot de Leo. Celui-ci réagit par un timide geste d’humeur. Un bras qui part légèrement vers l’arrière. Suffisant pour que Markus Merk dégaine un carton rouge ! Messi entre dans l’histoire. 47 secondes à peine après son entrée en jeu, il est le joueur le plus rapidement exclu de l’histoire de l’Albiceleste. Il faudra attendre 14 ans, les provocations de Gary Medel et un arbitre un peu trop zélé, pour voir Messi, expulsé à nouveau.
#73 - Cyril Rool - 1997
à 1min 40s
Rennes – Bastia (2-0), Division 1, 26 septembre 1997
Seize cartons rouges en première division française. Un record co-détenu par Cyril Rool et Cyril Jeunechamp. Dans les années 1990, le premier a été à bonne école : le Sporting Club de Bastia de Fred Antonetti. Cinq saisons durant lesquelles le milieu de terrain a étudié un double cursus joli pied gauche/tacles très appuyés. La soutenance de son mémoire de garçon boucher, Rool l’a passée au stade de la route de Lorient, lors d’un Rennes-Bastia de la saison qui a précédé son départ au RC Lens. Les crampons en avant, le Bastiais découpe le genou de Philippe Brinquin et se fait logiquement exclure. Mais comme tout bad boy qui se respecte dans ces cas-là, il proteste furieusement et doit être calmé par son fratè Pierre Maroselli, un Corse expatrié à l’époque en Bretagne. « Aiò je l’ai à peine touché. »
#72 - Lorik Cana - 2016
à 2min 05s
Albanie – Suisse (0-1), Euro, 5 juin 2016
Pendant treize ans, Lorik Cana a porté le maillot de la sélection albanaise. Longtemps, le capitaine a connu des campagnes de qualification qui se ressemblaient. Trop faible pour se qualifier vers un grand tournoi, souvent, l’Albanie accumulait les défaites face aux grosses nations. Et puis, une génération talentueuse a surgi au crépuscule de la carrière du milieu de terrain formé à Paris et adulé à Marseille. Et l’Albanie s’est qualifiée pour l’Euro 2016. À presque 33 ans, Lorik Cana honore sa 91e sélection face à la Suisse, lors du premier match de poule, à Lens. La Suisse ouvre la marque d’entrée. À la 36e minute, au duel avec Seferović, Cana, dernier défenseur, glisse devant la surface. Et se cabre sur le dos avant de dégager le ballon de la main. Un réflexe qui ruine ses chances d’affronter les Bleus à Marseille, quatre jours plus tard. Avant le point final de son histoire avec la sélection albanaise, en entrant pour jouer les dernières minutes face à la Roumanie, au terme d’une victoire qui ne suffira pas à qualifier son équipe en huitièmes de finale.
#71 - Zinédine Zidane - 1993
Marseille – Bordeaux (3-1), Division 1, 18 septembre 1993
Zidane, acte I. En septembre 1993, le meneur des Girondins n’est alors « que » la révélation de la saison précédente. Et quand il retrouve sa ville, Marseille, pour un choc au sommet face au champion d’Europe, il va montrer une autre facette de sa personnalité. À l’heure de jeu, alors que Bordeaux et Marseille font jeu égal, le gamin de la Castellane envoie au tapis son futur coéquipier chez les Bleus, le solide Marcel Desailly, sonné autant par la violence d’un coup lui ouvrant l’arcade que par la soudaineté du geste. « Desailly l’avait un petit peu taquiné (un coup de coude notamment, N.D.L.R.), et sur un corner, on s’y attend pas du tout, il lui met une droite dont même un super-welter pouvait être jaloux, narre Rolland Courbis sur un plateau de RMC Sport. J’étais surpris, étonné sur le coup, mais obligé de reconnaître la qualité de la droite. » Bordeaux finira par perdre ce match, son jeune prodige récoltant ici le premier rouge d’une royale série de quatorze.
Par Arthur Jeanne, Florian Lefèvre, Maxime Renaudet et Mathieu Rollinger