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- Les cartons rouges qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Cartons rouges de légende (de 40 à 31)
Parce que Cyril Rool n’a pas le monopole des tacles à la carotide, voilà un nouveau top 100 dans un camaïeu de rouge. Au menu : des coups de sang et des simulateurs, des agressions et des injustices. Salade de chevilles servie à volonté.
#40 - João Pinto - 2002
Portugal – Corée du Sud (0-1), Coupe du monde, 14 juin 2002
Sanguin et caractériel depuis ses débuts à Boavista à la fin des années 1980, João Pinto n’en était pas moins un neuf et demi de prestige. Problème, le spécialiste de l’écarte-narine n’a jamais réussi à exporter son talent à l’extérieur des frontières portugaises. Et avec la Selecção, les promesses ont rapidement fait place aux désillusions. Que ce soit à l’Euro 2000, où les portes de la finale s’offraient à elle, mais aussi et surtout lors du Mondial 2002. Pourtant, dans un groupe composé des États-Unis, de la Pologne et de la Corée du Sud, les joueurs d’António Oliveira sont favoris. Mais dans l’obligation de battre le pays hôte lors de l’ultime journée, rien ne se passe comme prévu. À la demi-heure de jeu, alors que les Portugais multiplient les fautes pour hacher le jeu adverse, João décide de trucider Ji-Sung Park d’une cisaille par derrière. Violent et aérien, ce tacle condamne la Selecção, mais également Pinto, puisque ce dernier envoie un coup de poing dans l’estomac de l’arbitre juste avant de sortir. Un geste incompréhensible qui lui vaudra quatre mois de suspension, faisant de lui le symbole d’une génération portugaise éprise de lose.
#39 - Gonzalo Jara - 2015
Chili – Uruguay (1-0), Copa América, 24 juin 2015
À l’heure d’accueillir la Copa América, en 2015, le Chili n’a encore jamais remporté de compétition internationale. La Roja a beau séduire depuis plusieurs années, elle vit jusqu’alors de triomphes moraux, de quasi-victoires et d’éliminations douloureuses, comme celle concédée face au Brésil un an plus tôt, à la Coupe du monde. Il lui manque un soupçon de chance, mais surtout une bonne dose de vice. Un domaine dans lequel les Uruguayens sont passés maîtres. C’est justement face à la Celeste que le Chili joue son avenir, en quarts de finale, à Santiago. Et c’est en jouant à l’uruguayenne que la Roja va s’imposer. Ce soir-là, Gonzalo Jara décide d’être plus vicieux que Luis Suárez en s’attaquant au plus pur des charruas : Edinson Cavani. Quelques jours plus tôt, le père du buteur du PSG a provoqué un accident de voiture mortel. Pendant tout le match, le défenseur chilien susurre à l’oreille de Cavani que son paternel va prendre vingt ans de taule. À la 65e, Jara va plus loin dans la provocation : il lui glisse une olive ! Pas fan du doigt dans le cul, Cavani réagit par un coup timide. Jara à peine touché s’effondre en hurlant de douleur. Une simulation grotesque qui suffit pour que l’arbitre montre un deuxième jaune au Matador. Le défenseur central chilien a réussi son coup. Dix minutes plus tard, Mauricio Isla qualifiera son pays pour les demi-finales. En devenant le salopard ultime, Jarita vient de changer le destin de sa sélection. Quelques jours plus tard, le Chili remportera sa première Copa América et fera pleurer Leo Messi.
#38 - Zinédine Zidane - 2000
Juventus – Hambourg (1-3), Ligue des champions, 24 octobre 2000
Un seul Ballon d’or. C’est moins que Kevin Keegan ou Karl Heinz Rummenigge. Le bilan peut paraître injuste pour l’immense Zinédine Zidane. Surtout qu’à l’été 2000, après le triomphe des Bleus à l’Euro, la distinction individuelle suprême lui semble promise pour la deuxième fois (après 1998). Le meneur de la Juve file vers le sacre, quand il croise la route d’Hambourg, le 24 octobre en Ligue des champions. Zizou, expulsé deux matchs plus tôt pour un geste d’humeur contre le Deportivo la Corogne, est de retour de suspension. Un retour bref. Peu avant la demi-heure de jeu, le Marseillais se retrouve au sol après un duel de chiffonniers avec Jochen Kientz. Zizou prend un petit coup de genou. Alors il réplique d’un coup de boule sur l’Allemand. « Je me suis fait justice » , dira-t-il plus tard. Une justice qui coûte cher : cinq matchs de suspension en C1 et surtout une image écornée. Pas idéal quand on est en campagne électorale. Quelques semaines plus tard, 8 des 51 votants choisiront de ne pas attribuer un seul point à Zidane. Résultat, Zizou est battu de 16 points (un écart minime) par son futur coéquipier, Luís Figo. Clairement un vote sanction.
#37 - Lee & Hunter - 1975
Derby County – Leeds United, First Division, 1er novembre 1975
Les clichés ont la dent dure. Au moins autant que les poings d’un footballeur anglais des années 1970. D’ailleurs, dans ce Derby-Leeds, l’humidité, le terrain gras, le public ardent et les maillots de moins en moins propres coïncident parfaitement avec l’idée qu’on peut se faire de ce foot british. Le summum ? Quand Norman Hunter, iconique défenseur des Peacocks, envoie un crochet dans la trogne de Francis Lee, attaquant trapu des Rams. « Avant qu’il ne m’en colle une, j’ai pris les devants, expliquait l’arrière international. Je n’avais jamais fait ça de ma vie. » D’ailleurs, l’alliance qu’il porte ouvre les lèvres de Lee. Le précédent accrochage entre les deux avait déjà offert un penalty aux locaux. Cette fois, l’arbitre central met les choses au clair et renvoie les deux boxeurs dans leurs coins respectifs, mais le temps qu’il fasse son PV, le second round a déjà débuté sur le chemin des vestiaires. Lee mouline, envoie plusieurs sacoches, que Hunter évite uniquement parce que ses segments sont plus longs que ceux de son adversaire. « Lee en a remis une couche. Il était comme possédé. Dans le vestiaire, je l’ai entendu dire au médecin : « Je vais tuer ce bâtard de Hunter ! » » Le pauvre ne savait pas que ce serait le coronavirus qui finirait par avoir sa peau.
#36 - Tony Chapron - 2018
Nantes – PSG (0-1), Ligue 1, 14 janvier 2018
Au vu de ses états de service lors de ses douze saisons au sifflet en Ligue 1, c’est peu dire que Tony Chapron n’a pas toujours veillé à s’attirer la sympathie du football français. Et sa réputation d’arbitre imbuvable a atteint son summum en même temps qu’elle s’est terminée un soir de Nantes-PSG à la Beaujoire. Taclé involontairement par Diego Carlos, Monsieur Chapron trébuche et se relève en plaçant sa jambe – volontairement, pour le coup – à l’encontre du défenseur nantais. Un geste humain, finalement. Mais le deuxième carton jaune synonyme d’expulsion adressé dans la foulée à Diego Carlos est plus immoral. D’ailleurs, après coup, l’arbitre reconnaîtra lui-même avoir fait « n’importe quoi » ce soir-là. Il a le mérite de le reconnaître.
#35 - Gianluigi Buffon - 2018
Real Madrid – Juventus (1-3), Ligue des champions, 11 avril 2018
Héros malheureux de la Ligue des champions depuis 2003 et une défaite amère lors d’une finale 100 % italienne, Gianluigi Buffon est maudit. Cette satanée coupe aux grandes oreilles a décidé de fuir son palmarès, et la malédiction n’est pas près de s’arrêter. Alors le 11 avril 2018, quand le sort décide de s’acharner une nouvelle fois contre lui, le portier italien pète les plombs. Rien d’étonnant au vu du travail titanesque fourni par la Juventus afin de remonter un écart de trois buts à la suite d’un match aller désastreux à la maison. Tous ces efforts sont balayés d’un coup de sifflet, quand Michael Oliver octroie un penalty au Real Madrid dans les dernières secondes. La faute de Mehdi Benatia sur Lucas Vázquez est évidente, mais la sentence est si injuste que Gigi se sent obligé de crier au complot. Des vociférations qui poussent l’arbitre anglais à envoyer le récalcitrant aux vestiaires. Impossible à calmer, Buffon sort de scène par la petite porte. Juste avant que Cristiano Ronaldo ne se charge de ponctuer cette catharsis par un penalty qui envoie la Maison-Blanche dans le dernier carré de la C1. Tragique.
#34 - Wayne Rooney - 2006
à 2min 30s
Angleterre – Portugal (0-0, 1-3 t-a-b), Coupe du monde, 1er juillet 2006
Wayne Rooney d’un côté, Cristiano Ronaldo de l’autre. Les deux hommes partagent le même vestiaire du côté d’Old Trafford toute l’année. Mais quand on dispute un quart de finale de Coupe du monde, il n’y a pas de camaraderie qui tienne, Rooney va l’apprendre à ses dépens. À l’heure de jeu, l’Anglais se dispute un ballon au milieu du terrain avec Carvalho dans un duel bouillant. En se relevant, Wazza a les oreilles qui fument et écrase la cuisse (ou l’entrejambe) du défenseur de Chelsea. Cristiano Ronaldo arrive en sprintant et exige l’expulsion de son partenaire de club. Et il obtient gain de cause, M. Elizondo sort le rouge. Le Portugais peut alors adresser un petit clin d’œil en mondovision à son banc de touche. À 10 contre 11, l’Angleterre, qui dominait, perd de son allant. Et s’inclinera, comme d’habitude, lors de la séance de tirs au but. À son retour sur les pelouses de Premier League, Cristiano Ronaldo sera hué par tout le Royaume… Le Portugais répondra en dégainant l’une des plus grosses saisons de sa carrière.
#33 - Robin van Persie - 2011
Barcelone – Arsenal (3-1), Ligue des champions, 8 mars 2011
Une seconde, à peine. C’est le temps qui s’est écoulé entre le moment où l’arbitre principal a sifflé et celui où Robin van Persie a tiré dans le ballon. Le Néerlandais s’est-il aperçu qu’il était signalé hors jeu à la réception de la passe en profondeur de Cesc Fàbregas ? De toute façon, le temps si bref lui laisse le bénéfice du doute. C’était dans l’esprit du jeu. Sauf que Monsieur Busacca a décidé de lui infliger un carton jaune, le deuxième, synonyme d’expulsion. « A total joke » ? En tout cas, le terrible tournant de ce huitième de finale retour de Ligue des champions entre Barcelone et Arsenal au Camp Nou. À 1-1, à ce moment-là, Arsenal est virtuellement qualifié. Le Barça l’emportera finalement 3-1, et soulèvera la Ligue des champions quelques semaines plus tard, à Londres.
#32 - Bower-Dyer - 2005
à 12min 00
Newcastle – Aston Villa (0-3, Premier League, 2 avril 2005
« Je n’avais pas pensé qu’on pouvait être expulsé pour une bagarre avec son coéquipier. » Kieron Dyer ne croit pas si bien dire, sa baston avec Lee Bowyer a fait le tour des télévisions anglaises en avril 2005. Un spectacle dont les Magpies se seraient bien passés, d’autant que Steven Taylor avait déjà été expulsé quelques minutes auparavant. Pour Dyer, qui s’est confié au Daily Mail quelques années après cette altercation musclée, c’est bel et bien le sanguin Bowyer qui en serait d’abord le responsable. « Sur la pelouse, Bowyer était libre, mais j’ai fait la passe à un autre coéquipier. Il est devenu fou. […] Quelques minutes plus tard, il voulait encore la balle et j’ai choisi une autre option. Ce n’était pas personnel. Mais là, il a vraiment pété les plombs et m’a dit que je ne lui passais jamais. J’ai répondu : « Je ne te la passe pas parce que t’es une merde. » » Un échange savoureux qui conduit les deux coéquipiers à se bastonner sur la pelouse de St. James Park, comme si de rien n’était. La suite ? Un carton rouge chacun, plusieurs matchs de suspension et l’illustration parfaite de la célèbre maxime parentale : « En prendre un pour taper sur l’autre. »
#31 - Sergio Ramos - 2010
FC Barcelone – Real Madrid (5-0), Liga, 29 novembre 2010
La légende raconte que môme, Sergio Ramos n’hésitait déjà pas à faire des croche-pattes à ses camarades, qu’importe la dangerosité d’une chute sur les graviers. Mais en grandissant, le jeune Andalou a dû composer avec le corps arbitral, et ainsi redoubler d’inventivité au moment d’envoyer ses adversaires valser. Sauf contre le FC Barcelone, où tous les coups sont permis. Enfin presque tous, puisque le 29 novembre 2010, alors que le Real Madrid est en train de se faire fesser par son ennemi juré, Ramos se met en tête de chahuter Lionel Messi. Sur une énième contre-attaque catalane, le défenseur merengue profite d’une collision entre Lassana Diarra et l’Argentin pour détruire la cuisse de ce dernier. Savamment préparé, mais insuffisamment discret, cet attentat conduit Ramos vers la sortie. Une première qui en appellera d’autres, car depuis, l’Espagnol a été exclu quatre fois face au Barça. Sans oublier qu’il détient le record de cartons rouges reçus en Liga, mais également en Ligue des champions. Un vrai caïd des cours de récréation.
Par Arthur Jeanne, Florian Lefèvre, Maxime Renaudet et Mathieu Rollinger