- Ces buts qui ont marqué le football
Top 100 : Buts de légende (50 à 41)
Ils sont beaux (souvent), moches (parfois), émouvants (toujours), importants (quand même), futiles (donc utiles), impossibles (et pourtant), voire contre leur camp (Escobar RIP), et vont se découvrir au fur et à mesure de ce dernier mois de l'année. Ou s'il ne devait rester que 100 buts, pour autant d'histoires qui racontent la même chose : le football.
50. Antonin Panenka : Tchécoslovaquie-RFA (finale de championnat d’Europe, 20 juin 1976, 2-2, t.a.b. 5-3)
La dernière fois qu’on a pu lui serrer la pogne, c’était en 2008 et Antonin Panenka transportait son quintal dans les bureaux d’un stade champêtre bien qu’installé en plein Prague. C’était celui des Bohemians, le club dont il est toujours président. Son club. Celui où, pour la première fois, il a étrenné le penalty en feuille morte. Car si son geste est devenu célèbre en offrant l’Euro 76 à la Tchécoslovaquie, Antonin l’avait déjà tenté (et toujours réussi) quelques fois auparavant. Mais comme tout le monde, Sepp Maier n’était pas un fin connaisseur du championnat de Tchéquie dans les 70s. Comme l’indique sa moustache, Panenka est un hipster : quand son geste est devenu mainstream, il l’a abandonné à la meute de ses imitateurs plus ou moins talentueux.
49. Michael Owen : Argentine – Angleterre (Coupe du monde, 30 juin 1998, 2-2, 4-3 aux t.a.b.)
Il n’avait que sept ans. Sept petites années quand, d’un doublé inscrit sous les yeux de 21 acteurs médusés, d’un arbitre aveugle et devant l’éternel, Diego Armando Maradona bottait le cul des Anglais en dehors de la Coupe du monde mexicaine. Douze ans plus tard, sur la pelouse d’un stade Geoffroy-Guichard qui assiste à ce qui restera sans doute comme le plus beau match de la Coupe du monde 98, Michael Owen, 19 piges, découvre la rivalité anglo-argentine. Le début de match est fou. Une affaire de pénaltys et de buteur. Batigol frappe en premier. Shearer lui répond. Les historiques, quoi. Le passé quelques minutes avant le futur. Lancé en profondeur par David Beckham, Owen contrôle l’offrande d’une délicieuse aile de pigeon. Le petit Britton se met le ballon dans la course, le reste est un crève-cœur. Sans doute parce que ce jour-là, quand il a mystifié Chamot, puis Ayala, avant de trouver paisiblement la lucarne de Roa, on s’est tous dit que ce marmot avait tout d’un grand. Quatorze ans plus tard, d’un grand, Owen n’a que le Ballon d’or.
48. Jaïr da Costa : Inter-Benfica (Finale C1, 27 mai 1965, 1-0)
Le champion 62 contre le champion 64, Eusébio contre Mazzola, 89 000 personnes à Milan. Une finale rêvée ? Plutôt un cauchemar terrible pour Benfica. Être obligé de jouer une finale à l’extérieur, admettons. Se voir refuser le report du match malgré dix centimètres d’eau sur la pelouse, c’est dur. Mais perdre sur un tel but… C’est inhumain. Jaïr rate sa frappe, glisse en même temps, et le ballon vient doucement passer entre les mains et les cuisses du gardien Costa Pereira. Un vrai tunnel. Évidemment, elle passe la ligne de but au ralenti. Ce soir-là, Benfica ne se réveillera même pas en plein cauchemar et ira jusqu’au bout : Costa Pereira se blesse et doit laisser sa place au défenseur Germano. Le tout face à la meilleure défense du siècle. Les finales sont-elles vraiment toujours belles ?
47. Gabriele Batistuta : As Roma – Fiorentina (Serie A, 26 novembre 2000, 1-0)
Batistuta a consacré neuf années à la Fiorentina. Neuf années, durant lesquelles le meilleur buteur des nineties tente de rafler un Scudetto. Sans succès. En quête de palmarés, il dit adieu à la Cité des Médicis durant l’été 2000, pour poser ses bagages à Rome, et former un trio d’attaque de folie avec Totti et Montella. Le 26 novembre de cette année, il retrouve sa Viola, pour un match de championnat au Stadio Olimpico. Un sale match, où les Giallorossi dominent sans trouver la solution. Jusqu’à la 83e minute. Le moment choisi par Bati pour aller débloquer la rencontre, avec une reprise limpide des vingt mètres. Un but splendide, qui laisse cependant le Re Leone de marbre. Pas de mitraillette, le buteur ne célèbre pas, et verse de grosses larmes. Des larmes de regrets, celles de l’homme éperdument amoureux qui viendrait de tromper sa femme… Cette saison-là, Batistuta remportera le Scudetto.
46. Roberto Baggio : Juventus – Brescia (Serie A, 1er avril 2001, 1-1)
Cela se passe un 1er avril, mais c’est tout sauf un poisson d’avril. Dans un Stadio delle Alpi où les équipes provinciales n’ont habituellement pas leur mot à dire, la Juventus toute puissante de Luciano Moggi et Antonio Giraudo reçoit le modeste Brescia de Luigi Corioni et Carlo Mazzone. Puissance industrielle de la FIAT contre tissu de PME. Scudetti contre maintiens durement gagnés. L’histoire dure depuis des décennies, et se répète encore en ce printemps 2001, jusqu’à la 86e minute. Au milieu de terrain, le tout jeune Andrea Pirlo reçoit le ballon. Coup d’œil rapide, ouverture de quarterback. Ciro Ferrara, Gianluca Pessotto, Antonio Conte, Alessio Tacchinardi, Gianluca Zambrotta lèvent la tête et regardent le ballon les mettre hors de position. Roberto Baggio, lui, a tout compris : il court. Plusieurs dizaines de mètres plus loin, l’ancien banni de la Vieille Dame réalise le plus beau contrôle orienté de l’histoire des contrôles orientés, efface Van der Sar et marque dans le but vide. 1-1. Cette année-là, il manquera deux points à la Juve pour être sacrée championne. Onze ans plus tard, Antonio Filippini, qui portait les couleurs de Brescia ce jour-là, n’a toujours pas vraiment compris ce qui s’est passé. « C’est le genre d’action où tu te sens spectateur, et où tu vois la différence entre le joueur normal et les champions. Parce que pour être honnête, sur le terrain, personne n’a rien vu venir, à part Pirlo et Baggio. »
45. Michel Platini : Juventus – Argentinos Juniors (Coupe intercontinentale, 8 décembre 1985, 2-2)
Comme Michel aime à le rappeler, le plus beau but de la carrière de Platini lui a été refusé. Coupe intercontinentale 1985. Juve – Argentinos Junior. Contre-attaque. Tentative plein axe de une-deux Laudrup – Platoche. Repoussé par la défense en corner. Repoussé par la défense. Le ballon revient sur Platini. Amorti poitrine. Léger sombrero pied droit. Frappe du gauche. Le ballon n’a pas touché terre qu’il transperce les filets. Michel court, exulte, ses coéquipiers le congratulent. Coup de sifflet. L’arbitre refuse le but, pour une position de hors-jeu. Reste cette belle image d’un Michel lové sur la pelouse, la tête posée dans sa main gauche.
Pour l’anecdote, un autre but refusé de Michel, contre le Luxembourg, mais l’arbitre avait sifflé la fin du match en plein milieu de l’action…
44. Cristiano Ronaldo : Porto – Manchester United (Ligue des champions, 15 avril 2009, 0-1)
Avec Cristiano Ronaldo, il y a comme une erreur sur la personne. Une méprise qui remonte à ses débuts comme danseur de tango le long de son couloir à Manchester. Le Portugais n’est pas un homme de dribble, mais un artificier. Ses statistiques de goinfre, CR7 les doit surtout à cette frappe (du droit comme du gauche) aussi sèche que précise. Un geste qui sent autant le don que la sueur de l’entraînement. Sa plus belle mèche, Cristiano l’a allumée pour barrer la route des demi-finales de la Ligue des champions à Porto. Une merveille d’équilibre et de puissance qui va lui valoir le Puskás Awards du plus beau but en 2009.
Le lendemain du match, la boutique Ronaldo à Madère (tenue par sa grande sœur) est dévalisée par trois lascars. « Ils ont dit que mon frère était un connard parce qu’il avait marqué contre Porto » , raconte la grande sœur au bord des larmes. Les coupables seront arrêtés quelques heures plus tard. En même temps, quelle idée de voler des casquettes CR7 ?
43. Martin Palermo : Boca Juniors – River Plate (Quarts de finale retour de la Copa Libertadores, 25 mai 2000, 3-0)
Des buts, Palermo en a mis 236 avec Boca, dont quelques-uns spectaculaires. Celui-là n’a rien d’exceptionnel. Un contrôle raté qui le sort du marquage, une pirouette sur lui-même et le Titan n’a plus qu’à ajuster Bonano. C’est le contexte qui le rend merveilleux. La veille, Bianchi surprend en annonçant que son buteur, blessé depuis 6 mois, est dans le groupe. Gallego, l’entraîneur de River, riposte en assurant que si Palermo joue, il appellera, lui, Francescoli, retiré depuis trois ans. Palermo entrera bien pour le dernier quart d’heure, au cours duquel Boca met deux buts, dont celui-ci, et élimine River.
42. Jürgen Sparwasser, RDA – RFA (Coupe du monde, 22 juin 1974, 1-0)
BRD vs DDR, RFA vs RDA, l’Ouest contre l’Est, les « gentils » contre les « méchants » , bref, ce match qui s’est joué le 22 juin 1974 à Hambourg a des allures de cours d’histoire de terminale. Et tout comme ce fut le cas à Munich en 1972, ce sont les « Ossis » qui ont pris le meilleur sur les « Wessis » . Le buteur est un homme qui marche sur l’eau : Jürgen Sparwasser. L’attaquant du 1.FC Magdeburg (qui vient de remporter la C2, le seul trophée européen que comptera le pays vintage) fait taire tout le Volksparkstadion, et le pays organisateur avec. L’un des succès les plus retentissants à l’Est, une défaite que l’on a très vite voulu oublier à l’Ouest. Des rumeurs cochonnes disent même que Beckenbauer et compagnie auraient laissé filer le match pour avoir une poule plus facile au tour suivant. Il est vrai que la RDA aura du mal face au Brésil et aux Pays-Bas. Mais au moins, elle est tombée avec les honneurs.
La reconstitution du but
41. Youri Djorkaeff : Inter-Roma, 3-1 (5 mai 1997)
En 1996, Sandro Mazzola (directeur sportif de l’Inter) croit se revoir en Youri Djorkaeff, « milieu d’attaque » habile avec le ballon et doué devant le but, avec l’instinct qu’il faut. L’ancienne gloire part rencontrer Denisot à Cannes : l’affaire est entendue. Des dix-sept buts du Snake lors de sa première saison, celui qu’il marque face à la Roma reste le plus célèbre. En ce 5 janvier 1997, le ballon est dégagé très haut dans le ciel milanais. On attend un coup de boule de Zamorano ou de Ganz. Mais si le jeu de tête de Youri est son seul point faible (logique pour un serpent), c’est bien le 6 qui s’envole sous la Curva Nord. Ou comment l’instinct de buteur d’un type d’1m79 peut le faire aller chercher un ballon à plus de deux mètres du sol. La retournée est superbe, parfaitement « calibrée » , comme disent les Italiens. La saison suivante, la photo du but est imprimée sur toutes les cartes d’abonnement des supporters de l’Inter.
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