- Ces buts qui ont marqué le football
Top 100 : Buts de légende (20 à 16)
Ils sont beaux (souvent), moches (parfois), émouvants (toujours), importants (quand même), futiles (donc utiles), impossibles (et pourtant), voire contre leur camp (Escobar RIP), et vont se découvrir au fur et à mesure de ce dernier mois de l'année. Ou s'il ne devait rester que 100 buts, pour autant d'histoires qui racontent la même chose : le football.
20. Zinedine Zidane : France-Espagne (match d’inauguration du Stade de France, 28 janvier 1998, 1-0)
De ce France-Espagne joué dans le froid parisien à l’occasion de l’inauguration du Stade de France, on a retenu une seule chose : ce jour-là, Zidane a marqué. Le numéro 10 montrait la voie des Bleus de 98 et en profitait pour signer un pacte d’amour avec Saint-Denis. Un symbole ? Un signe ? Une logique ? Si tous les buts ont leur signification, c’est en particulier vrai pour celui-là : l’histoire de la place de Zidane en équipe de France. Et donc aussi celle de Youri Djorkaeff. « The Snake » , celui qui qualifie les Bleus à l’Euro 1996, surnageant au sein de l’animation offensive française. Celui qui sauve Aimé Jacquet en marquant ce coup franc au buzzer contre la Pologne. Le meilleur buteur des Bleus à l’entame du Mondial 98. Celui qui fait rêver les footeux de France d’une acrobatie folle lors du Trophée Hassan II. Bref, le fuoriclasse des Bleus… Avec Zidane.
Footballistiquement peu éduquée, la France doit choisir sa star avant son Mondial. Il faut un leader populaire, un chef, un pseudo-Napoléon. Djorkaeff, Zidane, Djorkaeff, Zidane… la France hésite. Une année avant, en 1997, il y a ce match amical contre l’Italie, lors duquel Djorkaeff ouvre le score… avant que Zizou ne double la mise. Le choix est dur pour la France. Et c’est finalement le destin qui choisira pour elle. Vingtième minute de ce France-Espagne, tir lointain de Djorkaeff, déviation du gardien, transversale, poteau. Point. Youri passe au second plan. Le ballon revient sur Zizou, qui a parfaitement suivi, et but ! Zidane marque le premier but de l’histoire du Stade de France ! « C’était écrit ! » , entend-on encore aujourd’hui. Par la suite, Youri transformera les Bleus contre la Croatie grâce à ce bijou d’extérieur pour Thuram. Youri terminera meilleur buteur des Bleus lors des qualifications de l’Euro 2000. Youri sera à nouveau le meilleur milieu offensif des Bleus. Mais voilà : le destin, parfois…
19. Éric Cantona : Manchester United – Sunderland (Premier League, 5-0, le 22 décembre 1996)
Éric Cantona a toujours aimé poser. Une histoire de buste droit et de port altier. Fin 1996, Canto est encore un joueur, mais déjà beaucoup acteur. Un acteur qui impose sa propre mise en scène. Parce que, chez lui, tout est histoire de mise en scène. Cette mise en scène qui fait d’un but marqué à Lionel Pérez un moment d’anthologie. Aussi subtile soit-il, ce lob aurait-il autant imprimé les rétines s’il avait couru comme un dératé vers le poteau de corner ? Comme stupéfait par son propre talent, Cantona fige le temps et pose au milieu d’Old Traford. Aujourd’hui, le footballeur est définitivement devenu acteur et pose toujours. Mais pour Kooples sport.
18. Andrés Iniesta : Chelsea – Barcelone (Demi-finales de Ligue des champions, 6 mai 2009, 1-1)
La légende de la Pep Team a commencé à s’écrire le 6 mai 2009. Ce soir-là, le Barça affronte Chelsea dans son premier gros test de la saison. Souverain pendant toute la saison, les Blaugrana sont pourtant refroidis quasiment d’entrée par un missile d’Essien contre lequel Valdés ne peut rien. Tout au long de la partie, les Catalans plient, mais ne rompent pas. L’arbitre Ovrebo leur pardonne même plusieurs mains douteuses dans leur surface de réparation au grand dam d’un Michael Ballack enragé. Les Blues défendent bien pendant tout le match et le Barça ne semble pas en mesure de renverser la vapeur. Il reste à peine quelques secondes à jouer lorsque Daniel Alves, nullissime pendant toute la soirée, tente un dernier centre à la desperados depuis son coté droit. Terry repousse de la tête dans les pieds d’Essien qui balance la balle dans les pieds de Lionel Messi. La Pulga, plutôt que de la jouer en solo, décale cette fois-ci pour Iniesta qui frappe comme un sourd dans le ballon. Čech est battu et Chelsea est éliminé. Drogba aura beau gueuler des « fucking disgrace ! » à la caméra, ça ne changera rien. En permettant aux culés de se qualifier pour la finale de Rome, Iniesta devient le premier héros du plus beau Barça de l’histoire. Un Barça capable de remporter 13 des 16 titres disputés sous l’ère Guardiola. Iniesta ne gagnera certainement jamais de Ballon d’or, mais ceux qui savent peuvent lui dire merci. Ou pas. Pas vrai, Didier ?
Le but :
Le pétage de plomb de Ballack :
La fucking disgrace de Didier Drogba :
17. Basile Boli : OM – PSG (Championnat de France, 29 mai 1993, 3-1)
D’abord, il y a le contexte. Un putain de contexte ! On est le 29 mai 1993, trois jours après que l’Olympique de Marseille ne s’est installé sur le toit de l’Europe, et Basile Boli n’est pas rassasié. Les larmes de 1991 ont séché et la joie du but victorieux en finale a vite été digérée. Il faut dire que l’OM conquérant de Raymond Goethals a encore du pain sur la planche. Il faut remporter le championnat de France et les coéquipiers de Franck Sauzée ont l’occasion d’être sacré de la plus belle des manières : à domicile et face au Paris Saint-Germain. L’histoire ne commence pas très bien, Vincent Guérin ouvre la marque et refroidit le Vélodrome. Cet OM-là pue la confiance, personne n’est surpris quand Völler égalise, mais tout le monde se lève, quelques minutes plus tard, quand le grand Basile dégaine son deuxième coup de boule en trois jours. Celui-là est encore plus beau. D’ailleurs, l’intéressé déclare à qui veut bien l’entendre que ce pion est « le plus beau de sa carrière » . Dans la finalité évidemment, mais aussi dans la construction, puisqu’avant ce qui restera comme l’un des coups de tête les plus puissants de l’histoire, Abédi Pelé avait enchaîné les sombreros et avait été parfaitement décalé sur le côté gauche. Le reste, c’est Bernard Lama, qui n’a rien pu faire d’autre que plonger pour la photo et chercher le ballon dans ses propres buts. Cette fois, Basile ne pleure pas. Il exulte.
16. Charles-Édouard Coridon : PSG-Porto (Ligue des champions, 20 octobre 2004, 2-0)
Pas forcément le plus exceptionnel des buts de ce classement, mais une réalisation qui a sûrement marqué la mémoire de tous. Ce 20 octobre 2004, le Paris Saint-Germain accueille Porto en Champions League. Malgré une très bonne saison 2003/2004, le PSG de Vahid Halilhodžić galère sec en championnat. Plusieurs cadres (Heinze à Manchester, Déhu et Fiorèse à l’OM) sont partis et la mayonnaise ne prend pas vraiment avec les nouveaux arrivants (Armand, Yepes et Rothen notamment). Au moment de recevoir le champion d’Europe en titre, les supporters parisiens sont inquiets.
Et la magie se produit. Après un début de match timide de la part des deux équipes, Pierluigi Collina siffle un coup franc pour les Portugais. Lionel Letizi le capte et relance immédiatement sur Armand. L’ancien Nantais décale sur Stéphane Pichot (oui…) et le latéral droit centre dans le tas. Mal positionné, Charles-Édouard Coridon tente une sorte d’aile de pigeon acrobatique qui trompe Vítor Baía à la surprise générale. Le Parc des Princes explose dans un chaos indescriptible : Paris mène un but à zéro face aux champions portugais grâce à un but venu d’ailleurs ! But qui restera encore longtemps comme l’un de ces trop rares moments, sur un terrain de football, où l’on se dit que quand même, la fantaisie, l’espoir voire l’impossible sont parfois possibles. En cela, le talon (ou l’extérieur du pied, on se sait pas trop) de Charles-Édouard Coridon constitue l’une des plus belles odes au grand n’importe quoi de la vie.
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