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Top 10 : Vadim l’a fait

Par Chris Diamantaire
Top 10 : Vadim l’a fait

Au cours de ses six années de règne, Vadim Vasilyev aura participé à faire vivre le game de la Ligue 1 à coups de gros chiffres, de paris osés et de sourires carnassiers.

Remettre au goût du jour le système Campora

Post-former et revendre à la première occasion, arroser les autres clubs français quand ils sont dans le besoin en surpayant des joueurs, étendre avec diplomatie son influence au sein du football français, éteindre le feu des avantages fiscaux… Tout ce que Vadim Vasilyev a fait, il l’a sans doute un peu appris de Jean-Louis Campora, président historique de l’ASM pendant presque trois décennies. Et de retour quelques mois au club, pile au moment où Vasilyev faisait ses grands débuts. La méthode du dirigeant russe a sans conteste été plus spectaculaire et clinique que celle du « Docteur » , mais elle en est clairement l’héritière.


Faire sauter la banque

Les clubs français ont toujours exporté leurs joueurs, mais aucun n’était jusque-là vraiment parvenu à faire raquer ces salauds d’acheteurs. Saison après saison, Vadim a montré la voie. De James Rodríguez à Thomas Lemar en passant par Anthony Martial ou Benjamin Mendy, le vice-président de l’ASM aura défié les lois du marché, participant de fait à le déréguler encore un peu plus. Paradoxalement, sa plus grosse vente restera peut-être sa plus mauvaise. Demeureront ces chiffres vertigineux : près de 800 millions encaissés et sept des dix plus grosses ventes d’un club français à son actif.


Mentir comme un arracheur de dents

« La saison 2014-2015 sera la saison de Radamel Falcao à l’AS Monaco. » Le 3 août 2014, Vadim Vasilyev est formel : l’attaquant colombien, tout juste revenu de sa grave blessure, va tout casser sur le Rocher. 25 jours plus tard, on assiste pourtant à un drôle de spectacle au stade Louis-II à l’occasion de la réception du LOSC. Le Tigre disparaît de la feuille de match et déambule sur la piste d’athlétisme téléphone à l’oreille. Il regardera la rencontre depuis les tribunes, aux côtés de Vasilyev et Mendes, tout sourire. Après une vraie-fausse annonce au Real Madrid, il s’envole finalement pour Manchester United. Le grand début des « Vadimeries » . Des mensonges, certes, mais avec un beau sourire.


Mettre 5 millions sur un joueur mineur avec trois matchs de Ligue 1 au compteur

Si la manœuvre paraît aujourd’hui anodine – et a été rééditée cet été avec Geubbels à un prix bien supérieur –, elle a fait parler à l’époque. Afin d’équilibrer ses comptes, l’OL se retrouve dans l’obligation de céder un joueur avant le 30 juin 2013. Vasilyev voit là l’occasion de rendre un « service » à l’influent Aulas tout en le délestant d’un espoir : Anthony Martial. Le tout pour 5 millions d’euros. Dans un marché beaucoup moins fou qu’aujourd’hui, l’investissement paraît démesuré pour un jeune joueur qui débute à peine au plus haut niveau. Il n’est pas déraisonnable de dire qu’il a été rentable.


Faire une plus-value avec Carrillo

21 buts en 95 matchs, c’est le bilan statistique décevant de Guido Carrillo à l’ASM. Au-delà des chiffres, une impression esthétique qui ne correspond pas à l’idée qu’on se fait d’un attaquant en Principauté, terre de 9 plus classieux les uns que les autres. Acheté 11 millions d’euros, l’attaquant argentin adoubé par Trezeguet aurait pu s’éreinter de prêt en prêt comme le grand Lacina Traoré. Mais Vadim Vasilyev avait un meilleur destin pour lui : le refourguer à un club de « la Ligue des pigeons » en galère de 9 au beau milieu de l’hiver. « L’heureux élu » s’appelle Southampton, et Vadim lui a fait cracher 22 millions dans l’affaire. Carrillo n’a jamais marqué un seul but en Angleterre, mais la légende dit qu’il aurait un jour fait trembler les filets du Real Madrid avec Leganés.


Faire valser les directeurs sportifs

Si Vadim Vasilyev et Leonardo Jardim ont incarné la stabilité monégasque, le remue-ménage en coulisses n’a pourtant pas cessé tout au long de l’ère russe. Ainsi, bien encouragé par le technicien portugais qui a toujours entretenu des relations difficiles avec ses « supérieurs » , le vice-président monégasque a essoré pas moins de quatre directeurs sportifs ou techniques durant son quinquennat : Luis Campos, Claude Makelele, Antonio Cordón et Michael Emelano. On passe sur le reste de l’organigramme, la liste est longue.


Faire tourner la boutique Mendes

Si le pacte avec le diable aura apporté son lot de joyaux (James, Moutinho, Falcao, Fabinho, Bernardo…), Vadim a aussi dû se coltiner les fonds de tiroir de l’écurie Mendes pour tenter de valoriser l’épais catalogue de l’agent portugais. De Matheus Carvalho à Pelé en passant par Cavaleiro, Hélder Costa ou Wallace, les quelques échecs de cet échange de bons procédés ont parfois pesé sur la dynamique sportive monégasque. Mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour avoir un Bernardo Silva ?


S’attaquer à l’influence qu’Aulas exercerait auprès des arbitres

En bon charmeur, Vasilyev a su séduire avec le sourire une grande partie de ses collègues français et européens, mais il lui est parfois arrivé de montrer les crocs, pour le panache. En pleine conquête pour le titre en décembre 2016, l’ASM tombe de haut face à un OL à qui l’on promettait pourtant l’enfer (1-3). Agacé par des faits de match contraires et habité par la tension inhérente au tutoiement des sommets, Vasilyev s’offre une sortie mémorable sur le sujet favori d’Aulas : l’arbitrage. Un simple one shot, mais qui a vu le dirigeant russe dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, paraît-il.


Négliger le centre de formation

Si Vasilyev a vendu la jeunesse au monde, il n’aura étrangement pas su mettre en lumière celle qui grandissait à La Turbie. Excepté l’ovni Mbappé et dans une moindre mesure Carrasco et Kurzawa (déjà professionnels à l’arrivée de Vasilyev), aucun joueur du centre de formation n’aura été valorisé correctement sous la direction du Russe. Un problème de niveau ? Peut-être. Une question de choix, aussi.


Faire confiance à un jeune entraîneur portugais

L’histoire étant parfois injuste, elle retiendra peut-être que Vasilyev a évincé l’intouchable Jardim pour le faire revenir tête basse à peine trois mois plus tard. Pourtant, si l’ASM doit beaucoup au technicien portugais, l’inverse est d’autant plus vrai. Jardim doit à l’ASM et évidemment à Vasilyev, qui est allé le chercher dans le scepticisme général pour remplacer le populaire et expérimenté Claudio Ranieri à l’été 2014. Mieux, il lui a maintenu sa confiance à la fin du printemps 2016, quand beaucoup réclamaient sa tête après une débâcle au Parc OL (1-6) fatale dans la course à la seconde place. La suite lui a donné raison. Car, oui, si Vadim a bien quelques torts, il a souvent eu raison.

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