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Top 10 : Uruguayens
Parce que ce qui est fait n'est plus à faire, la Céleste peut se vanter d'avoir deux Coupes du Monde dans la besace (1930 et 1950), pas mal pour un pays aussi grand que l'Alsace-Lorraine et qui a, malgré tout, vu défiler quelques cracks sous le maillot de son équipe nationale. Que ce soit en noir et blanc ou en multicolore. On en a choisi dix. Et sans Alvaro Recoba, trop facile, ni Diego Lugano. Faut pas déconner, non plus.
1 – Juan Alberto Schiaffino
Un surnom qui en dit long sur le joueur : Don Juan. Né d’un père italien et d’une mère paraguayenne, Schiaffino avait la technique sud-américaine et la vista latine. Un génie. Entre Peñarol et l’AC Milan, le milieu de terrain enquille les matches, les buts et les louanges. Cesare Maldini, l’un de ses coéquipiers au sein de la formation rossonera, balançait les choses de façon un peu moins réservée au sujet de Schiaffino : « Il avait un radar à la place du cerveau. » Tout simplement. En finale de la Coupe du Monde 1950, c’est lui qui remet son équipe sur le droit chemin en égalisant. Une victoire miraculeuse. « Dieu seul peut expliquer ce qui s’est passé ce jour-là. En amical, le Brésil nous battait régulièrement par trois ou quatre buts d’écart. » Schiaffino terminera sa carrière en Italie où il deviendra international transalpin. Tout le monde le voulait.
2 – Enzo Francescoli
En l’appelant « El Principe », le Prince, les Argentins ne s’y trompaient pas. Enzo Francescoli avait une certaine grâce en lui. Un touché de velours et la tête droite. Toujours. Très vite, Francescoli fait l’unanimité autour de lui. A la fin des années 70, le jeune milieu de terrain offensif des modestes Wanderers de Montevideo fait des merveilles balle au pied. Le Monde entier le veut. En 1981, Francescoli prend pourtant la route de River Plate. Là, une histoire d’Amour va naitre entre le public argentin et le joueur. C’est à River qu’il se voit affublé du surnom de « Príncipe » par son compatriote, le journaliste Víctor Hugo Morales. Il rayonne. Son passage en Europe (Matra Racing, OM, Cagliari) ne sera pas du même niveau. Ce n’est pas grave, Enzo prendra son pied en équipe nationale. Avec la Céleste, il remporte les Copas América 1983, 1987 et 1995. Il devient ainsi le seul joueur uruguayen de l’histoire à avoir remporté l’épreuve à trois reprises. Le mec peut se retirer en seigneur et monter sa boîte : GolTV, une chaîne sportive qui diffuse du football un peu partout aux États-Unis. A la cool.
3 – José Andrade
On mesure l’empreinte laissée par un joueur à la multiplication de ses surnoms. Surtout les plus flatteurs. Pour José Andrade, il y a de quoi faire puisque le gus a successivement été surnommé « La merveille noire », puis « Le footballeur au pied d’or », « Le plus Grand des grands Uruguayens », et, enfin « La tijera ». Vous l’aurez compris, le milieu de terrain (ou demi droit, comme on disait à l’époque) black avait quelque chose en plus. Technique subtile, fin, élégant, José Andrade a survolé le football sud-américain dans les années 20 et 30. Par moments, celui qui a appris à jouer dans la rue émerveilla les foules à chaque prise de balle. Double champion olympique (1924 et 1928), champion du Monde en 1930, Andrade arrête le football à 33 piges et se lance dans la musique. Il meurt à 57 piges, sans un sous en poche. Triste.
4 – Diego Forlan
En pro, Forlan n’a jamais joué en Uruguay. Pas grave, le mec a pris d’autres chemins. Adulé à Independiente, en difficulté à Manchester, génial à Villarreal, Dieu vivant à Madrid avant de mourir à Milan pour finalement terminer à Porto Alegre. La vie sportive de Forlan n’a pas été de tout repos. D’autant que le buteur à la coupe de cheveux Jacques Dessanges ne se prédestinait pas au ballon rond mais plutôt à la petite balle jaune mais à l’âge de 11 ans, la vie en décide autrement. Sa sœur Alejandra est victime d’un accident de la route qui tue son petit ami et, après quatre mois de coma, la cloue dans un fauteuil roulant à vie. « J’ai pleuré toutes les larmes de mon cœur. C’est ma sœur qui m’a orienté vers le football. Elle disait que si elle pouvait courir, elle jouerait au foot. J’ai réfléchi et je me suis dit qu’avec ce sport, je pourrais mieux gagner ma vie qu’en jouant au tennis. Je voulais trouver un miracle pour Alejandra et il passait par le football professionnel. » Il a bien fait. Forlan est un joueur exceptionnel. Un buteur élégant, doué. Un compétiteur. Avec lui, la Céleste braque la quatrième place du Mondial 2010 et une Copa America l’année suivante. Il est le recordman des sélections et le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale d’Uruguay avec 32 buts. Ça vous classe le bonhomme.
5 – José Nasazzi
Un mec sédentaire. Il n’a jamais bougé de Montevideo : CA Lito Montevideo, Rolando Moor, CA Bella Vista (où il évolue dix saisons) puis le Nacional. Pourtant, le capitaine de la Céleste des JO de 1924 et 1928 était un visionnaire. Du haut de son mètre quatre-vingt deux, il va révolutionner le poste de défenseur central et vite s’imposer comme un pilier de la sélection nationale qu’il squattera jusqu’en 1936. José, c’est surtout le premier capitaine à brandir la Coupe du Monde, en 1930. Un buffle. Le mec était tellement imposant qu’il a donné son blase à un trophée : le bâton de Nasazzi. Ce trophée virtuel se conquiert en battant, dans un match officiel, l’équipe qui le détient. Actuellement, c’est l’Espagne qui le retient au chaud, dans son sac à dos.
6 – Hector Scarone
El Mago – oui, en Uruguay, avant la guerre 39/45, on était fans des surnoms évocateurs – possède le plus beau palmarès du football local, et globalement du football mondial (une vingtaine de titres majeurs dont une Coupe du Monde, deux JO, quatre Copas America et huit titres de champion d’Uruguay). Après avoir tout gagné à la maison, Scarone devient le premier joueur de la Céleste à traverser l’Atlantique pour rallier le FC Barcelone. Cet attaquant racé claquait but sur but (301 buts avec le Nacional toutes compétitions confondues, entre 1916 et 1939) et ne se privait pas pour aller au charbon. Une fois les crampons raccrochés, Hector prendra la direction du banc de touche où il officie, entre autres, au Club Deportivo Los Millonarios de Bogotá entre 1946 et 1950 (où il entraîne un certain Alfredo Di Stefano) ainsi qu’au Nacional Montevideo avec lequel il rejoue même un match, à l’âge de 55 piges. Il casse sa pipe en 1967, à 68 ans.
7 – Paolo Montero
Son surnom ? « Terminator ». Dès lors, pas besoin d’en faire des tonnes sur son style de jeu, plutôt musclé, dirons-nous. Il fait partie de cette génération de footballeurs partis très tôt du pays (21 ans). Après quatre années d’apprentissage à Bergame, Paolo rejoint la Juventus et fait l’amour à son palmarès (5 titres de champion, trois finales de C1, une supercoupe d’Europe, etc.). En neuf années à la Juve, Montera devient un monument. Solide, rude et intraitable dans les airs, l’international uruguayen fait figure de cadre. Un mec souvent à la limite (16 expulsions en Serie A, un record) mais terriblement important pour aller à la guerre. Dommage pour lui, il n’aura jamais goûté aux joies des victoires avec la sélection nationale. Il est parti trop tôt. Laissant son rôle à un certain Diego Lugano. Autre dégaine, même style.
8 – Roque Maspoli
Un gardien à l’ancienne. Un vrai. Un mec qui définissait son poste d’une manière complètement fantasque : « Quand je sortais, je mettais toujours un coup au joueur, histoire qu’il ait un peu plus de mal à sauter. Les arbitres ne sifflaient jamais ça. » Roque, c’est surtout un type qui a tout gagné au pays, notamment avec Peñarol. Doté d’un physique de gourmand (1m83 et près de 90 kilos), Roque restera surtout comme le grand gardien de la Céleste lors du fameux Maracanazo de 1950. Devant 200 000 Brésiliens, les Uruguayens braquent le Brésil et repartent avec la Coupe du Monde. Le plus grand succès de l’Histoire du pays. Par la suite, Roque trainera ses guêtres sur les bancs de touche du pays, y compris celui de la Céleste. Le 10 février 2004, il est hospitalité pour des problèmes cardiaques et décède deux semaines plus tard jours plus tard à l’âge de 86 ans, dont 64 dédiés au football.
9 – Alcides Ghiggia
« Seules trois personnes sont parvenues à faire taire 200 000 personnes au Maracanã d’un simple geste : Franck Sinatra, Jean Paul II et moi. » Alcides Ghiggia, génial ailier de poche, a toujours parlé avec humour de son caramel en finale du Mondial 1950. Un but cruel pour tout le peuple carioca mais terriblement significatif. Pas rancuniers, les Brésiliens inviteront Ghiggia pour laisser son empreinte dans le musée du Maracanã. Un peu comme un acteur sur Hollywood boulevard. L’homme aux quatre buts en sélection (tous durant le Mondial 1950) restera à jamais marqué par ce fameux jour de juillet 1950. Pourtant, le petit nerveux a fait les beaux jours de la Roma pendant près de dix ans, preuve qu’il savait s’inscrire dans la durée. En juin dernier, le seul survivant uruguayen de la finale de 1950 s’est bouffé un camion lors d’un accident de la circulation. A 85 ans, le petit génie de Montevideo lutte toujours, après un passage par la case coma, pour ne pas partir sans un dernier sourire.
10 – Oscar Miguez
Deuxième meilleur buteur de la Coupe du Monde 1950 (5 buts), Oscar Miguez détient le record de buts inscrits en phase finale de Coupe du monde sous le maillot uruguayen (grâce aux 3 buts inscrits en 1954). Comme tous les lascars de son époque, il fait ses classes au Peñarol avant de partir pour des destinations plus exotiques (Pérou, notamment). Un mec sans histoires, juste au bon endroit et au bon moment. Tout l’inverse d’un Alvaro Recoba, en somme.
Par Mathieu Faure