Top 10 : Un nom, Un geste

{1- Antonin Panenka, la « panenka » }

n.f. Pichenette réalisée sur un penalty, au milieu du but. A mi-chemin entre la classe et le panache. La panenka, c’est le geste d’avance. Comme aux échecs. Si le gardien anticipe une frappe sur le côté, il ne peut pratiquement pas arrêter le ballon. Il fut testé et approuvé par le Tchèque Antonin Panenka lors de la finale de l’Euro 1976 face à la République Fédérale d’Allemagne. Séance de tirs au but. S’il marque, la Tchéquie est championne d’Europe. Sepp Maier flaire la frappe en force et anticipe à gauche. Lui retient son tir jusqu’au bout de l’extrême limite. La ballon part en cloche et retombe comme une feuille morte dans le but vide. Le maître suscitera des vocations. Certains élèves l’égaleront, Zidane finale Mondial 2006, d’autres se prendront les pieds dans la pelouse, Cantona 1/32ème de finale Coupe de France 1989.

2- Rabah Madjer, une « madjer »

n.f. But inscrit sur une talonnade, dos au but. L’inventeur de ce geste fantasque est comme son nom l’indique le footballeur algérien Rabah Madjer. Il était encore une fois une finale. La Coupe d’Europe. Le 27 mai 1987. Porto et le Bayern Munich s’affrontent. Les Bavarois mènent 1-0. Il reste un quart d’heure lorsque le Ballon d’Or africain réhabilite le talon d’Achille. Homme du match, c’est lui qui offre au Brésilien Juary la balle de la victoire, deux minutes plus tard. Le lendemain, L’Equipe titre : « L’art et la Madjer » .

3- Luis Arconado, une « arconada »

n.f. Boulette commise par un gardien de but. Toujours lors d’une finale mais pour une fois, c’est bien contre son gré que Luis Arconada a légué son nom. La France et l’Espagne se disputent l’Europe au Parc des Princes. La partie est serrée, le match étriqué, l’issue incertaine. Lorsque ce qui arriva arriva. Platoche enroule un coup-franc à la Platini aux abords de la surface. Le portier de la Real Sociedad n’a qu’à capter la ballon. Mais ce jour-là, c’était journée du Patrimoine. Le ballon glisse entre ses mains et rentre dans le but. Depuis, à chaque impair de gardien, son nom revient dans le commentaire. Même si, depuis quelques temps, Luis Arconada, en français, ça se dit Mickaël Landreau.

4- Jean-Pierre Papin, la « papinade »

n.f. Reprise de volée frappée en déséquilibre, dans des angles jugés impossibles. L’expression est d’Alain Pécheral, journaliste à La Provence. L’histoire retient que la première décharge en rupture de « JPP » date du mois de décembre 1986, date d’un face-à-face comme on n’en fait plus entre l’OM et la Racing Club de France. Contrairement aux précédents, Jean-Pierre a donné son nom au geste à force de récidives. La papinade n’est donc pas singulière à Marseille. Les Bleus, le Bayern et le Milan AC y auront droit. La légende raconte même que c’est en voyant le n°9 français réussir une papinade face aux Espagnols en éliminatoires de l’Euro 1992 que Silvio Berlusconi aurait décidé de le recruter. Qu’est-ce qu’il attend alors pour faire signer Ben Arfa ?

5- Johan Cruyff, le « Cruyff turn »

n.m. Feinte de frappe suivie d’un crochet intérieur pour faire passer la balle derrière sa jambe d’appui. Commun certes, car depuis, ce dribble est emprunté tous les week-ends par les joueurs du dimanche du monde entier. Mais rendons à Johan ce qui appartient à Cruyff. La primeur lui revient. C’est le public du Westfalenstadion de Dortmund qui a eu le privilège d’assister en avant-première au coup de rein le plus célèbre de l’histoire du X. C‘était lors d’un match de poule de la Coupe du monde de 1974, face à la Suède. Désormais quand les Messi, Ronaldo et autres Zaïri en useront, vous saurez qui remercier.

6-Ronaldinho, une « espadinha »

n.f. Contrôle ou déviation du dos. Ce terme ne porte pas que le nom du joueur. C’est une synthèse de « espalda » (dos en espagnol) et de « Ronaldinho » (Ballon d’Or en espagnol). Ronnie l’a exécutée trois fois. Prem’s, dans le derby contre l’Espanyol lors de la 35ème journée de Liga sur une passe en profondeur. Deuxio, dans un match de Ligue des Champions de 2006 contre le Werder Brême. Last but not least, en 2007, face au FC Séville. Depuis, son jeu de dos fait surtout le bonheur des dancefloors.

7- Fernando Redondo, une « redondo »

n.f. Grand pont effectué grâce à une talonnade faite dos à l’adversaire. L’un des premiers buzz foot des sites de partage de vidéos en ligne. Quart de finale retour de la Champions. L’équipe de rêve du Real se déplace dans le théâtre des rêves d’Old Trafford. A la 52e minute, Fernando Redondo déborde côté gauche et réalise la chose face au soldat inconnu Henning Berg. Là où le dribble est mythique, c’est qu’il lui permet ensuite de délivrer dans les meilleures conditions une passe décisive à Raul, seul au deuxième poteau. Un geste à montrer dans toutes les cours d’immeuble.

8- Ibrahima Bakayoko, une « baka »

n.f. Loupé éléphantesque devant le but. L’égal d’Arconada chez les attaquants. Le terme apparaît dans le langage courant entre 1999 et 2003. Dates où Bakayoko officie non loin de la Canebière. Contrairement aux gestes susmentionnés, la Baka ne répond pas à des critères bien précis. C’est tout aussi bien un coup-franc totalement dévissé qui s’échoue dans les tribunes de la Mosson un mois de septembre 1999 qu’un tir hors-cadre à un mètre du but un jour d’août 2003 au stade du Roudourou. Vous l’aurez compris, c’est un geste on ne peut plus technique. Autrement dit, plus difficile de la mettre dehors que dedans.

9- Cuauhtemoc Blanco, la « cuautemiña »

n.f. Dribble consistant à bloquer la balle entre ses chevilles et à sauter à pieds joints par-dessus les jambes de ses adversaires. Fait assez rare pour être souligné, le football est redevable de ce saut de grenouille au continent nord-américain. Plus particulièrement au joueur mexicain Cuauhtemoc Blanco. Blanco est très populaire en son pays depuis le 13 juin 1998. Le Mexique affronte la Corée du Sud pour le premier match du groupe E de la Coupe du Monde. Il est barré par deux joueurs. Pour faire une analogie avec le basket, c’est alors qu’il leur dunke dessus ou qu’il passe en force.

10-Christophe Dugarry, une « duga » (6:00)

n.f. Action de frapper involontairement à côté du ballon. Christophe Dugarry l’a expérimentée lors du premier match de poule de la coupe du Monde 1998 contre l’Afrique du Sud. Après coup, il explique d’où lui est venue cette inspiration : « J’ai hésité. Je vois Thierry partir. J’hésite, j’hésite, j’hésite et au moment où je veux frapper, je vois qu’il y a un défenseur qui va. Donc j’enlève mon pied. Et une pagade quoi » . L’inconvénient du geste : après, c’est dur. Tu es très très bas. L’avantage : assure une profonde jouissance en cas de but. Dans votre esprit se mélangent de la joie et de la haine. Et vous vient cette phrase : ‘Putain je vous ai tous niqués, je vous ai tous niqués’. Vous pensez évidemment aux journalistes…

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