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Top 10 : Théories du complot
« 1 but hors-jeu, 1 but contre son camp, 1 joueur sorti et voilà comment on sauve les droits TV de la FFF et les enjeux francophones pour la FIFA. » Député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca a le tweet facile et de l'imagination plein la tête. En tout cas, ses interrogations sur la sincérité du résultat du match entre la France et l'Ukraine ont eu leur petit succès médiatique. Auprès de ses détracteurs, comme des théoriciens du complot en tout genre. Côté football, petit florilège de ce qui se fait de meilleur – ou de pire – en la matière, entre un verre de jus d'orange frelaté et les services secrets colombiens. Curiosités.
1/ « Toujours se méfier des Sud-Américains, toujours »
Été 1970. Afin de préparer au mieux la Coupe du monde au Mexique, vainqueur de l’édition précédente, l’Angleterre file quelques jours en stage à Bogota, où elle doit affronter la Colombie en amical. Dès leur arrivée, alors que le gros de l’effectif se saoule au bar, Bobby Moore et Bobby Charlton filent dans une bijouterie du centre-ville. Depuis des semaines, le premier a en tête de faire un beau cadeau à son épouse, Norma. Quelques minutes de lèche-vitrines, puis soudain l’alarme retentit ; Moore est immédiatement accusé par un vendeur d’avoir volé un bracelet incrusté d’émeraudes, utilisant Charlton comme « bouclier » . Trois jours plus tard, le Ballon d’or 1968 est libéré de sa garde à vue, faute de preuve. Aujourd’hui encore, une rumeur circule : les services secrets colombiens auraient commanditer ce scénario pour exclure le meilleur joueur anglais de la compétition. Un bruit de couloir rapporté par Moore himself aux oreilles de son biographe, Jeff Powell, quelques jours avant sa mort : « Toujours se méfier des Sud-Américains, toujours » .
2/ « Deux comprimés de Tranxène dans les veines »
Adversaires de l’OM en Coupe d’Europe 1990, les joueurs de Lech Poznań lâchent une petite bombe : ils accusent leurs homologues français de les avoir drogués avec du jus d’orange frelaté lors d’un déplacement sur le Vieux-Port. Un an plus tard, René Ruello, alors président du Stade rennais, remarque lui aussi la triste mine de ses joueurs. « Ils ne buvaient ni thé ni café. Mais au lieu de boire un verre de jus d’orange, ils en buvaient cinq ou six » , se souvient-il dans les colonnes de Ouest-France. Le lendemain matin, les analyses concluent à un empoisonnement général attribué à cette fameuse liqueur orangée consommée à l’hôtel pendant la collation. « Certains dans le groupe avaient l’équivalent de deux comprimés de Tranxène dans les veines, poursuit Serge Le Dizet, membre de la défense bretonne. Dans le vestiaire, deux ou trois joueurs étaient souffrants et on a même failli ne pas démarrer à onze. Au retour, dans l’avion, le kiné, qui avait l’habitude de jouer aux cartes, dormait profondément. Plusieurs personnes étaient dans les vapes » . Malgré une plainte du président breton, l’affaire restera classée sans suite. Jeu, set et Tapie.
3/ Ronaldo, Nike et Marilyn Monroe
12 juillet 1998. Matin de finale mondiale pour Ronaldo, tranquillement avachi sur son lit en regardant la télévision. Soudain, le Brésilien est pris de convulsions et s’évanouit. Transporté à l’hôpital, les médecins parisiens concluent à une crise d’épilepsie. Une version mise à mal l’année dernière par Bruno Caru, président de la société italienne de la cardiologie du Sport, sur les antennes de Primium Calcio. Selon lui, le Brésilien aurait en fait été victime d’une crise cardiaque. « Les médecins lui ont donné un médicament très puissant, bon pour l’épilepsie mais non recommandé pour les problèmes cardiaques. C’est un sédatif très lourd, qui a été utilisé par Marilyn Monroe pour se suicider. C’est ce qui explique sa prestation plus que décevante » . Au-delà de toutes considérations médicales, pourquoi ne pas avoir tout simplement laissé Ronaldo se soigner, ou juste se reposer ? Une question posée à Nike, qui aurait fait pression pour que sa plus belle vitrine foule, coûte que coûte, la pelouse. Et offre ainsi à la célèbre virgule un maximum de publicité, dégommant au passage le concurrent Adidas, équipementier de l’équipe de France. Just don’t it !
4/ « Quelque chose de spécial allait se passer »
« La bêtise coûte » . Ce 19 août 1997, le journal d’informations générales roumain Libertatea est d’humeur cynique. Il se gausse de la bourde colossale que vient de commettre le board du Paris Saint-Germain en tour préliminaire de Ligue des champions. Vaincu 3-2 sur le terrain du Steaua Bucarest, la peine des Parisiens est aggravée sur tapis vert par une vilaine défaite 3-0. Leur tort ? Avoir aligné Laurent Fournier, pourtant suspendu, en raison d’une sombre histoire de fax « endormi sous une pile de papiers » , ironise Michel Denisot, alors président. Heureusement pour leur gloriole, ils remportent la seconde manche 5-0. Les sceptiques, eux, s’interrogent. En premier lieu, Mihai Stoichita, l’entraîneur du Steaua, qui explique « avoir senti dès l’entrée des joueurs sur la pelouse que quelque chose de spécial allait se passer » . L’odeur de la corruption, monnaie courante du règne de Ceaucescu ? Les mauvaises langues soutiennent qu’on aurait déposé des Mercedes truffées de manteaux de fourrure à la frontière roumaine. Qui dit mieux ?
5/ Quand la Camorra s’en mêle…
Comment ne pas faire un tour du côté de l’Italie, championnat le moins aseptisé d’Europe de l’Ouest, et peut-être aussi le plus corrompu. Le cliché est tenace, surtout quand en 1988, la Camorra est soupçonnée d’avoir aider Silvio Berlusconi à remporter le Scudetto. La raison ? Incapable de rembourser les énormes paris clandestins portant sur une victoire du Napoli, l’association mafieuse locale aurait « suggéré » à l’équipe, Maradona en tête, de perdre les trois derniers matchs de la saison. Résultats : Milan termine en haut du podium avec trois petits points d’avance sur son concurrent napolitain. Facile, quand on sait que la star argentine a eu des liens forts avec la mafia, qui l’a longtemps régalé en cocaïne, avant de lui cambrioler une douzaine de montres à son domicile et de fondre son Ballon d’or argentin en lingots. De l’aveu même de Salvatore Lo Russo, capo du quartier de Miano, au nord de Naples : « Je suis devenu un ami proche de Maradona, qui a souvent fréquenté ma maison et affirmait apprécier ma compagnie » .
6/ Les sosies nord-coréens
« Le plus grand choc de l’histoire de la Coupe du monde » . En 1966, voici comment la presse anglaise titre la victoire historique de la Corée du Nord sur l’Italie, un petit but à zéro. Du côté coréen, la victoire prend des allures de conflit idéologique entre l’Est et l’Ouest du globe. De l’autre côté des Alpes, « cette défaite est vécue comme une catastrophe, écrit Stéphane Mourlane, historien à l’Université de Provence. Les joueurs sont accueillis à l’aéroport de Gênes par des insultes et des jets de tomates » . Mais surtout, une folle rumeur enfle, selon laquelle le sélectionneur asiatique aurait en fait changé ses onze joueurs à la mi-temps, alors même que les remplacements étaient encore interdits à cette époque. En même temps, qu’est ce qui ressemble plus à un Nord-Coréen qu’un Nord-Coréen ?
7/ Barcelone-Bachar el-Assad, même combat ?
En mars 2012, Al Dunya TV, chaîne de télévision syrienne officielle, prétend que le FC Barcelone participerait à la contrebande d’armes après des rebelles locaux qui se battent, aujourd’hui encore, contre les forces du Président Bachar el-Assad. Mieux, les joueurs catalans mimeraient par leur déplacement sur le terrain, le chemin à suivre en Syrie par lesdits contrebandiers. Encore ? Le présentateur précise alors que la position du ballon représente l’emplacement exact où se trouvent les armes, à savoir dans la ville de Deir ez-Zor. Une mission en plus réussie, visiblement.
8/ « The lasagne-gate »
Un nom à scandale pour une belle enquête londonienne, digne des aventures d’Hercule Poirot. En 2006, lors d’un court déplacement sur le terrain de West Ham, dix joueurs de Tottenham tombent malades dans l’hôtel Marriott, pourtant fier de ses cinq étoiles. Michael Carrick pique un somme une heure avant le coup d’envoi, vomit dans son sommeil et demande, avec l’appui de ses dirigeants, le report du match. En cause ? Un superbe buffet, d’appétissantes lasagnes et sa sauce béchamel trafiquée. Après négociations, la rencontre est repoussée de cinq heures, puis finalement de trois. Résultats : courte défaite de Tottenham (1-2) qui permet aux rivaux d’Arsenal de leur chiper la dernière place qualificative en Ligue des champions. Les Gunners ont des têtes de coupables idéaux. « Ces accusations sont bêtes et infondées » , réplique alors Arsène Wenger, qui contre-attaquera quelques semaines plus tard avec une pique toute trouvée : « J’ai un jour essayé de regarder un match des Spurs dans ma chambre d’hôtel. Moi aussi je me suis vite endormi. »
9/ « Par la force de mon esprit »
Uri Geller. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais ce richissime animateur de télévision israélien, considéré par Gérard Majax comme un prestidigitateur et un charlatan, prétend posséder la faculté de psychokinésie. Comprendre : Uri est capable de plier du métal, d’arrêter à distance les montres mais aussi les penaltys de football. En effet, cet ami personnel de Michael Jackson affirme avoir détourné la frappe de l’Écossais Gary McAllister, lors de l’Euro 96 face à l’Angleterre. Comment ? « Tout simplement par la force de mon esprit » , révèle-t-il dans la presse anglaise. Avant d’ajouter d’obscures explications, attisant l’idée paranoïaque d’un complot britannique : « Mes motivations ? Elles ne sont en aucun cas personnelles. Je déteste le football. »
10/ Onze joueurs électrocutés
En octobre 1998, lors d’un match de football dans un petit village des environs de Bena Tshiadi, dans la province du Kasaï occidental, un éclair vient interrompre la partie. Plus qu’un arrêt de jeu, onze joueurs trouvent la mort, électrocutés, et trente spectateurs sont brûlés. La raison scientifique évoquée ? La foudre aurait traversé le corps des victimes via l’aluminium de leurs crampons de chaussures. Mais alors, comment expliquer que ces onze athlètes aient été tous membres… de la même équipe ? Adverse, de surcroît. Sans issue rationnelle, cette tragédie figure, comme beaucoup d’autres, au panthéon des bizarreries de cette contrée. Célèbre pour ses pratiques fétichistes dans le football…
Par Victor Le Grand