- 24 décembre
- Anniversaire de Serge Aurier
Top 10 : T’es un gagnant, Serge !
Que ce soit parmi les simples mortels ou chez les footballeurs, ils sont de moins en moins nombreux à faire subsister ce patronyme à consonance gutturale, d'origine étrusque. En Ligue 1, ils ne sont plus que deux à l'avoir inscrit sur leur licence. Eux, ce sont les Serge. Et à l'occasion de l'anniversaire de Serge Aurier, ils méritaient bien un hommage avant l'extinction de l'espèce.
Serge Aurier
Sur les réseaux sociaux ou en sortie de night-club, ces derniers mois, le latéral du PSG a multiplié les dérapages. Pour les expliquer, les théories les plus farfelues ont été échafaudées : éducation bancale, entourage douteux, ego au-delà du raisonnable, simples négligences ou trop-plein d’amour pour la vie rapide. Autant d’hypothèses qui ne tiennent pas la route. Comme souvent, la vérité est beaucoup plus simple : l’Ivoirien est, en compagnie du quidam nancéien N’Guessan, le dernier représentant des Serge en Ligue 1. Ce qui engendre chez lui une pression insupportable, surtout à l’approche des périodes de mercato, lors desquelles la tentation de menacer la survie de l’espèce en L1 se fait à chaque fois plus forte. Si un transfert vers l’Angleterre ne semble pas d’actualité, l’hypothèse de le voir rejoindre les Sergio, ses cousins de l’autre côté des Pyrénées, n’est pas à exclure.
Serge Chiesa
Strass, paillettes, filles faciles, bolides profilés, paparazzades, soirées qui s’étendent bien au-delà de 23h… Toutes ces facilités auxquelles la vie de star du football permet d’accéder, Serge Chiesa n’en avait cure. À ces futilités, le meneur de jeu lyonnais, un des plus doués des 70s, préférait la compagnie des siens. L’idée même de sortir de son 69 pour participer à des rassemblements de l’équipe de France le faisait frémir. Au point qu’en 1974, à seulement vingt-quatre ans, il claque la porte des Bleus, trois jours avant un match face à la Belgique. Au seul prétexte que l’idée de passer quelques jours enfermé en compagnie de gens qu’il ne connaissait pas lui faisait horreur. « Je ne resterai pas ici, déclarait-il avant de prendre congé. Je n’ai rien contre personne. Seulement, les stages m’ennuient. Même si mon club en organisait, je n’irais pas. » En avance sur son temps, Chiesa sentait que les Serge devraient s’habituer à vivre cachés.
Serge Gakpé
En octobre dernier, Ivan Jurić, l’entraîneur du Genoa, déclarait : « Quand ma femme me parle, je pense à Gakpé. » C’est dire si le technicien croate est un homme de valeurs, qui sait que posséder un Serge dans son effectif ne peut être qu’un sacré atout. Quitte à l’utiliser avec parcimonie. Car un Serge se câline. On ne l’expose pas à tous crins à la passion parfois excessive qui peut régner dans les stades de nos amis transalpins. À vingt-neuf ans, l’ailier togolais a enfin trouvé une oreille compréhensive. Un motif d’espoir pour tous les Serge.
Serge Romano
« Dehors, les Romanos ! » La réplique du film Les Visiteurs est passée à la postérité, sans que personne ne se demande comment elle a germé dans l’esprit de Jean-Marie Poiré, son réalisateur. Peu de gens savent que Poiré est un fan absolu du Toulouse Football Club, ce n’est pas quelque chose dont il se vante – on peut le comprendre. Et, lors du tournage de sa folie médiévale, le TFC souffre. En 1992-1993, les Violets attendent la 12e journée pour enfin gagner un match. Poiré n’en peut plus. Sa colère s’abat sur une des recrues du Téf’, le milieu de terrain Serge Romano. Frustration qu’il exprimera donc dans la bouche de Christian Clavier.
Serge Masnaghetti
L’homme d’un seul club, l’US Valenciennes-Anzin, où il débute sa carrière en 1959, à déjà vingt-cinq ans. Un âge qui n’autorise aucune perte de temps, lorsqu’il s’agit de marquer l’histoire. Ce sera fait dès sa troisième saison. En inscrivant dix-sept buts en treize matchs consécutifs, Masnaghetti détient le record du plus grand nombre de journées d’affilée avec au moins un but marqué dans l’élite française. Ce qui est bien, mais pas suffisant. En 1966, il claque un triplé en sept minutes. Un nouveau record, qui ne sera battu qu’en 2005, par Matt Moussilou. Satisfait, Serge prend sa retraite dans la foulée, et devient chauffeur de taxi. Histoire d’affoler un autre type de compteur.
Serge Blanc
216 matchs disputés avec le Montpellier-Hérault, son club formateur, des passages à Marseille et Lyon, deux sélections en équipe de France A, et une finale de Coupe de France en 1994 n’y feront rien. Des Blanc, l’histoire retiendra Laurent « je-crois-que-bon-à-partir-de-là » , Christian, l’ancien dirigeant d’Air France, ou encore Gérard et son tube imparable, Je m’éclate au Sénégal. Une nouvelle preuve de la discrimination dont sont victimes les Serge. Le combat continue, les mecs.
Serge Dié
Jeune, Serge Dié hésitait entre le football et le rugby. Et ce n’est que quand les Italiens de la Reggina sont venus le chercher à Abidjan qu’il a décidé de se consacrer au ballon rond. Tout en gardant une passion pour l’ovale, en témoigne son plaquage en 2004, alors qu’il évolue à Metz. Ce grand fan de Christian Labit devrait pourtant le savoir : les Serge sont faits pour le volley-ball.
Serge Hidalgo
Michel Hidalgo, l’ancien international et sélectionneur français, a un frère jumeau. Serge. Comme Michel, Serge a signé sa première licence de footballeur à l’US Normande. Puis, comme Michel, il se fera repérer par le Havre Athletic Club. Mais quand Michel ira se couvrir de gloire au Stade de Reims, Serge prendra la route d’un Stade rennais qui sentait déjà la lose. Cette différence de traitement a-t-elle un quelconque rapport avec les prénoms des frères Hidalgo ? À une époque où l’égalité des chances entre les Serge et le reste de la population n’était qu’un fantasme, la réponse est évidemment oui.
Serge Le Dizet
L’homme de Douarnenez ne s’est jamais résolu à quitter sa Bretagne, région où les prénoms rivalisent d’ingéniosité, durant toute sa carrière de joueur. Par peur d’afficher sa différence dans des contrées moins tolérantes ? Probablement. Quoi qu’il en soit, le Breizh lui a offert toute la gloire qu’il pouvait espérer. Un titre de champion de France en 1995 avec Nantes, suivi d’une demi-finale de Ligue des champions. Alors comme Serge le disait : « Kenavo, les rageux ! »
Serge Gnabry
Tiens, un Serge allemand. L’anecdote peut sembler incongrue, mais trouve tout son sens à l’évocation du père ivoirien du milieu de terrain du Werder. Et a pour mérite de poser une question sensible : et si la Côte d’Ivoire était la patrie des Serge ? Aurier, N’Guessan, Dié et donc Gnabry sont autant d’exemples qui accréditent la thèse selon laquelle la république dirigée par Alassane Ouattara serait la plus grande réserve de Serge du monde. Et une éventuelle terre d’accueil en cas de persécution dans d’autres contrées.
Par Mathias Edwards