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Top 10 : Serbes ayant joué en France
À raison, on a souvent considéré les Yougoslaves comme les Brésiliens d'Europe de l'Est. Derrière un football technique se cachait un gigantesque vivier de talents extraordinaires. La France a d'ailleurs eu la chance d'accueillir certains spécimens.
1 – Ivan Ćurković
À 20 piges, Ivan en paraissait 35. À 36 ans, son visage en chiffrait soixante. En dépit d’une dégaine de contrôleur des impôts, le gardien yougoslave a fait du chaudron stéphanois son « domicile conjugal ». Pourtant, l’histoire d’amour a failli ne jamais commencer. Pour son premier match amical avec les Verts, Ćurković prend quatre pions dans le buffet. Le Président de l’ASSE de l’époque, le génial Roger Rocher, balance, laconiquement, à son recruteur : « C’est ça, Ćurković ? » À la fin de son aventure française, Ivan pèse quatre titres de champion de France, trois Coupes de France et une finale de C1. Un bonhomme.
2 – Dragan Džajić
À 15 ans, on achète ses premières clopes, on essaie de sa familiariser avec l’anatomie féminine, on demande avec véhémence un scooter à ses parents pour faire des roues arrières. Dragan, lui, jouait déjà en pro avec l’Étoile Rouge de Belgrade. Formidable ailier à la technique bandante, Džajić devient une icône du Marakana. Après plus de quinze piges au pays, le joueur débarque sur l’île de Beauté où il régalera le peuple corse pendant deux saisons (31 caramels). Une douceur pour les yeux. Depuis, on pardonne tout au mec. Même les accusations de corruption qui tombent sur sa tronche en 2011, concernant son passage à la présidence de l’Étoile Rouge.
3 – Ilija Pantelić
Une armoire (1m85, 85 kilos) à l’agilité de chat. Ilija Pantelić a été le premier gardien de la grande dynastie parisienne (Baratelli, Bats, Lama). Arrivé sur le tard en France (28 piges quand il signe au Paris-Reuilly), il passera par les cases Marseille et Bastia avant d’exploser au PSG, alors fraîchement promu en Première division. Redoutable sur sa ligne, le finaliste de l’Euro 1968 dégageait une certaine autorité naturelle dans les bois. Le mec aimait tellement son PSG qu’il enquillera comme entraîneur une fois les gants raccrochés.
4 – Dragan Stojković
Pour Pixy, on aurait traversé la France. Un artiste. Un vrai. Il y avait un peu de Safet Sušić dans les pieds du Serbe. Véritable génie à l’Étoile Rouge de Belgrade, il débarque à Marseille avec une attente à la hauteur de son CV. L’OM tient enfin son génial meneur de jeu après l’échec du transfert de Diego Maradona. Pour autant, son passage français s’avérera décevant. Souvent blessé, inadapté physiquement au championnat de France, le numéro 10 déçoit. L’attente est trop grande, sans doute. Il quitte Marseille sur la pointe des pieds pour rejoindre le Japon où il deviendra une icône. Comme Jean-Michel Jarre.
5 – Tony Kurbos
Zvonko « Tony » Kurbos est à l’Europe ce que Shaun of the Dead est au cinéma : un mélange des genres. Né à Maribor (Slovénie) de parents yougoslaves, Tony prend la nationalité allemande puis française dans les années 80 (il exporte aujourd’hui des bagnoles de luxe dans le Sud de la France). Pourtant, son style de jeu provenait des Balkans. Génial buteur du FC Metz (où il officiait avec Jules Bocandé), Kurbos fait du Barça sa chose en 1984 en plantant un triplé au Camp Nou. Ensuite, il enchaîne les clubs de l’Hexagone (Saint-Étienne, Mulhouse, Nice, Monaco) tout en gardant sa marque de fabrique : sa moustache. Un mec définitivement fait pour briller dans les années 80.
6 – Bora Milutinović
Avant de prendre en main la moitié des sélections de la planète (Costa Rica, USA, Jamaïque, Irak, Honduras, Chine, Nigeria), Bora Milutinović a taquiné le cuir. Milieu de terrain besogneux, Bora a vécu sa vie de footballeur comme il a consommé celle de coach : avec un Guide du routard dans la poche. Des débuts au pays, à Belgrade, avant de passer en Suisse pour rallier la France et enfin terminer au Mexique. En France, il enchaîne Rouen, Monaco et Nice, en cinq ans. Suffisant pour se faire une idée du pays, pas assez pour laisser un souvenir impérissable. On se souvient plutôt d’un joueur moyen mais très intelligent. Bora n’était pas fait pour le pré.
7 – Danijel Ljuboja
L’homme d’une coupe de cheveux. Sa fameuse crête jaune aura fait le tour des cours de récréation du temps de sa splendeur au PSG. Son état de grâce francilien n’aura duré que six mois (janvier-juin 2006), mais il aura permis au grand Danijel de se faire une place dans le cœur des chérubins. Le gaucher n’a pas perdu de temps pour partir de son pays natal, ravagé par la guerre. Débarqué à Sochaux à la puberté, Ljuboja fait ses classes dans le Doubs, puis file à Strasbourg où il explose. Outre le PSG, Danijel aura également régalé les publics grenoblois et niçois. On aurait aimé de lui un autre souvenir que ce délit capillaire, mais ses éclairs de génie étaient trop rares.
8 – Nenad Džodić
Un mec sans embrouilles. Calme. Propre sur l’homme et fidèle à ses valeurs. Pendant plus de quinze ans, le stoppeur n’aura trompé sa femme montpelliéraine qu’une seule fois. Pour une Corse et l’AC Ajaccio. Parce que Nenad, c’est surtout un Pailladin. Plus de 240 matches au compteur pour le MHSC. Aussi bien en Ligue 1 qu’en Ligue 2. Une saloperie de blessure l’oblige à mettre fin à sa carrière, mais le Serbe sera resté digne jusqu’au bout. Un seigneur.
9 – Vladimir Jugović
Belgrade, Gênes, Turin, Rome, Milan, Madrid. Valdimir aura séduit toutes les grosses écuries du football européen de la décennie 1992-2002. Milieu de terrain câlin, Vladimir ressemblait à son pote de club Robert Prosinečki. Le côté rouquin en moins. Quand il débarque à Monaco, on sait Vlad’ en pré-retraite (il a 33 piges), mais un génie a forcément de beaux restes. On se souvient encore du bedonnant Puskás capable d’enquiller les lucarnes à 45 piges avec des mocassins. Jugović, lui, n’a que des restes. Pour le beau, le club du Rocher est arrivé trop tard. Tant pis.
10 – Marko Pantelić
Marko a 18 ans quand il débarque à Paname. Il se murmure que le gosse est terriblement doué. Pourtant, son passage parisien se résumera à une seule action d’éclat. Un soir de PSG-Lens, le jeune avant-centre s’échauffe devant le Virage Auteuil. Acclamé par la foule, Pantelić est bouillant. Alors qu’il procède à plusieurs changements, Ricardo, le coach francilien, décide ne pas faire entrer le Serbe. Vexé, Marko lui adresse un bras d’honneur devant une foule déjà conquise. Il ne reviendra jamais dans le groupe. Un putain de génie.
Pour des raisons géopolitiques, certains Yougoslaves non serbes n’ont pas leur place ici : Safet Sušić, Vahid Halilhodžić, Josip Skoblar, Anto Drobnjak, les frères Zahović, Mehmet Baždarević, Aljoša Asanović etc. Quant à Mateja Kežman, bon bah, faut pas déconner, hein…
Par Mathieu Faure