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Top 10 : retournements de situation à Anfield

Par Eddy Serres
6 minutes
Top 10 : retournements de situation à Anfield

Depuis les premières épopées européennes des Reds, Anfield s’est forgé une réputation toute particulière. Celle d’une enceinte où tout est possible. Où les miracles se réalisent et les statistiques s’infirment. Retour sur les 10 qualifications acquises malgré une défaite lors de la joute aller.

13 octobre 1965 : Liverpool 2-0 Juventus (1-0 au Stadio Communale)

Au premier tour de la seconde campagne continentale de son histoire, le Liverpool FC hérite de la Juventus, finaliste de la dernière édition de l’ancêtre de la Coupe UEFA, la Coupe des villes de foire. À Turin, la formation d’Heriberto Herrera glace l’optimisme des Reds par une solidité propre au système du tacticien paraguayen et une victoire par le plus petit des scores. Mais au retour, Bill Shankly trouve la solution pour déjouer les plans défensifs de la Juve. Devant quelque 51 000 fans en folie, les Reds plantent deux fois coup sur coup, entre la 20e et la 24e. Le fighting spirit inculqué par le manager écossais fait la différence. Sa bande d’intrépides, emmenée par Ron Yeats et Roger Hunt, tient le premier retournement de situation de son histoire européenne.

19 avril 1966 : Liverpool 2-0 Celtic (1-0 au Celtic Park)

À la suite de ce premier exploit, Liverpool se débarrasse facilement de l’obstacle liégeois, puis des Hongrois du Budapest Honvéd. Se dresse alors un ogre du ballon rond britannique, le Celtic FC. Un duel d’entraîneurs écossais avant tout, entre Jock Stein et Shankly. Avant la double confrontation, le boss des Hoops fait dans l’ironie. « Je ne crois pas à tout ce que me raconte Bill à propos de ses joueurs. S’ils étaient aussi bons qu’il le prétend, ils auraient non seulement déjà gagné la Coupe d’Europe, mais aussi la Ryder Cup (golf), The Boat Race(course d’aviron)et même The Grand National (course hippique)! » Le succès des siens à l’aller lui donnera raison, mais l’opiniâtreté des Reds devant leur public triomphera en milieu de seconde mi-temps, grâce à Tommy Smith, puis Geoff Strong. Doucement et sûrement, Anfield se façonne sa renommée de forteresse difficilement prenable.

29 septembre 1971 : Liverpool 2-0 Servette (2-1 au stade de Charmilles)

Voilà désormais plusieurs saisons que les Reds valident leur billet pour les rixes opposant les meilleures écuries du Vieux Continent. Mieux, avec deux demi-finales et une finale, le LFC s’est déjà construit un petit renom. Pas question, alors, de se faire sortir par le Servette FC au premier tour de la Coupe des coupes. Seulement, Ray Clemence et consorts déchantent en Suisse et ne doivent leur espoir de qualification qu’à un but de Chris Lawler en fin de partie. Ça en deviendrait presque une mauvaise habitude : les Liverpuldiens misent encore tout sur le retour à Anfield. Deux réalisations de Hughes, puis Heighway permettent ainsi à Liverpool de rejoindre le Bayern au round suivant. Une joie de courte durée, puisque Gerd Müller et ses copains ne feront qu’une bouchée des Anglais.

30 septembre 1975 : Liverpool 3-1 Hibernian (1-0 à Easter Road)

Vice-champion outre-Manche, Liverpool est maintenant sous la houlette de l’ancien adjoint du Shanks, Bob Paisley. Ce dernier aimant les vieux pots et les bonnes confitures, il reprend un modèle sans en changer les fondements. L’effectif reste peu ou prou le même, tout comme la routine. Secouée en Écosse, sa troupe se réveille inévitablement à Anfield. Trois coups de casque du colossal John Toshack assomment les Hibs qui retournent à Edimbourg sans avoir compris ce qu’il venait de se passer. Une victoire qui lance les Reds vers un second trophée international (vainqueurs de Bruges en finale de C3 après celle remportée en 1973).

3 novembre 1976 : Liverpool 3-0 Trabzonspor (1-0 en Turquie)

« Ce voyage a été le pire qu’on ait jamais fait. Le terrain avait des rochers de partout. L’hôtel était horrible. Nous avons été réveillés par le bruit d’animaux de ferme à 5h du matin, la bouffe était mauvaise, et en plus, on a perdu 1-0. » Voici en quelques mots comment Ray Clemence, mythique gardien des Rouges sur trois décennies – et 4e joueur le plus capé de l’histoire du club -, se souvient de ce déplacement. Fort heureusement, le Merseyside n’est pas réputé pour son agriculture. Dans des conditions plus propices au maniement du cuir et devant 42 000 fans en furie, ses collègues font aisément le job. Net et sans bavure, le LFC voit le 3e tour de la Coupe.

16 mars 1977 : Liverpool 3-1 Saint-Étienne (1-0 à Geoffroy-Guichard)

C’est une touffe rousse. Lancée à vive allure devant le Spion Kop. Trop rapide pour la défense stéphanoise, David Fairclough s’en va tromper Ivan Ćurković à la 84e minute. Il s’agit-là du troisième pion liverpuldien. Celui qui assure définitivement le passage pour les demi-finales de la Coupe d’Europe des clubs champions et broie les espoirs des visiteurs. Car après un court succès en Loire lors du match aller, Sainté croit tenir sa qualification à la 51e minute du retour lorsque Dominique Bathenay égalise à Anfield – Kevin Keegan avait ouvert la marque à la 2e minute. Dès lors, Liverpool doit marquer deux fois sans rien encaisser. Le légendaire Ray Kennedy se charge d’abord du 2-1 avant que Fairclough, entré 10 minutes plus tôt sur le pré, ne parachève le boulot en fin de rencontre. Et ne devienne, par la même occasion, le premier « supersub » de l’histoire.

12 avril 1978 : Liverpool 3-0 Borussia Mönchengladbach (2-1 au Rheinstadion)

Un sentiment de revanche anime cette double confrontation. Une année auparavant, Liverpool disposait de Gladbach en finale de C1 au Stadio Olimpico. Remontés, les Allemands le sont, et c’est logiquement que l’équipe magnifiée par Jupp Heynckes fait tomber le champion d’Europe en titre. Deux semaines plus tard, à Anfield, ce sont des vagues rouges qui déferlent sur les buts visiteurs. Le LFC est décidément transformé, galvanisé si ce n’est métamorphosé lorsqu’il évolue sur ses terres. Ray Kennedy ouvre d’abord la marque, avant que Kenny Dalglish ne trouve le petit filet droit d’une jolie reprise du gauche. Jimmy Case se charge de tuer tout espoir de Gladbach lors de cette demi-finale. Pour finalement triompher le mois suivant à Wembley face à Bruges.

2 novembre 1982 : Liverpool 5-0 HJK Helsinki (1-0 à l’aller)

Dans le froid de l’automne finlandais, même les gaillards britanniques ont du mal à faire démarrer leur machine physique. Tant pis, le tirage au sort a encore permis aux Reds de disputer la rencontre décisive chez eux. Défait sans trop broncher dans la capitale finlandaise, Liverpool explose le HJK au retour et valide son ticket dès la fin de la première période (3-0). Anfield, cette force tranquille.

6 novembre 1991 : Liverpool 3-0 AJ Auxerre (2-0 à l’Abbé-Deschamps)

Pour son grand retour sur la scène continentale – après six ans de suspension à la suite du drame du Heysel -, le quadruple champion d’Europe doit faire face à Guy Roux et son bonnet en seizièmes de finale de C3. En Bourgogne, l’équipe du nouveau manager Graeme Souness prend l’eau. La génération dorée qui avait fait de Liverpool un mastodonte n’est plus. Toutefois, la magie d’Anfield est toujours bien présente. Deux goals lors de la première demi-heure et une réalisation de Mark Walters en fin de match assurent l’essentiel.

8 avril 2010 : Liverpool 4-1 Benfica (2-1 à l’Estádio da Luz)

C’est la dernière fois que Liverpool a su inverser la tendance. À Lisbonne, les hommes de Rafa Benítez se font surprendre par deux penaltys d’Óscar Cardozo. Bien que sur le déclin, cette équipe possède encore quelques jolis noms : Gerrard, le duo Car-Agger, Mascherano… Et inévitablement Fernando Torres. Dans leur forteresse plus si imprenable que ça, les Rouges maîtrisent de bout en bout leur sujet, et le buteur espagnol, d’un doublé, garantit le passage pour les demi-finales. « Une rencontre qui s’approchait de la perfection » , dira Dirk Kuyt. Et qui rappelle le bon temps d’un Liverpool imprévisible, surtout.

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