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- 8e de finale retour
- Barcelone-Milan AC
Top 10 : Remuntadas foirées
« Nous pouvons retourner la situation », a déclaré Messi avant d'affronter le Milan AC ce soir au Camp Nou. Le problème, c'est que beaucoup ont dit ça par le passé. Perdre, c'est déjà moyen, mais perdre alors que tu te voyais tout casser, ça c'est vraiment fâcheux. La preuve.
1985 – Demi-finale : Juventus – Bordeaux (3-0, 0-2)
« Bordeaux, gonflé à bloc » , titrait Sud-Ouest en ce 24 avril 85 pour cette demi-finale retour de la C1. Et gonflé, il fallait l’être pour vouloir chatouiller la bande à Platoche, championne d’Italie et d’Europe (C2) en titre. Un écart de strate abyssal dont les Girondins avaient eu un aperçu deux semaines plus tôt, au Stade communal de Turin, lorsque Boniek, Briaschi et Platini étrillaient Giresse et ses potes (3-0). Trop peu pour abattre les 42.000 croyants venus quinze jours plus tard, gueuler « Aux armes » dans les travées du Parc Lescure. Bref, Bordeaux y croit, et Müller montre la voie après 25 minutes de jeu. La Juve doute, le club au scapulaire s’éclate. Il faudra hélas attendre les dix dernières minutes pour voir Battiston dynamiter – c’est un euphémisme – une seconde fois les filets de Bodini. Trop tard… Bordeaux est à genoux. La Vieille Dame se marre. Et puis de toute façon, la C1 lui était promise cette saison-là…
1998 – Demi-finale : Juventus – Monaco (4-1 ; 2-3)
Dominé à l’aller par la Juventus Turin (4-1), Monaco n’a pas le choix. Il faut gagner et large. Le but inscrit à l’extérieur par Costinha permet aux Monégasques de garder espoir. Mais le soupçon d’espoir des hommes de Jean Tigana est rapidement mis à rude épreuve. Amoruso ouvre le score pour la formation italienne. Il faut désormais marquer quatre fois pour arracher une prolongation. Philippe Léonard et Thierry Henry remettent leurs coéquipiers sur les bons rails. Deux buts à un à la 50e, l’exploit est possible. Mais une fois de plus, la volonté française est mise à mal par les Turinois. Del Piero remet son équipe à égalité à un quart d’heure du terme. Monaco a besoin de quatre réalisations pour se qualifier. Mission impossible. Le but de Robert Špehar ne change rien. Monaco y a cru après être revenu dans la partie. En vain.
2000 – Demi-finale : FC Valence – FC Barcelone (4-1 ; 1-2)
L’équipe qui distribue les frissons à l’époque, c’est elle. Le FC Valence version 2000 coïncide avec les heures glorieuses du club où l’empreinte laissée demeure indélébile. Le rival barcelonais s’en souvient encore. Pourtant, lorsque Valence hérite de Barcelone, champion en titre de la Liga, en demi-finale de C1, ils ne partent pas favoris. Mais pouvaient s’asseoir sur quelques certitudes. L’équipe d’Héctor Cúper vient de gifler la Lazio en quarts et reste invaincue à Mestalla dans la compétition. Le 2 mai 2005 voit donc à la stupeur générale les Blaugranas se faire étriller par Mendieta, Angulo et consorts (4-1). Un score rassurant qui ne leur permet pas d’aborder le retour avec sérénité. La faute à des errements répétés à l’extérieur où le jeu offensif et séduisant du club valencian fout le camp. Louis van Gaal et sa colonie hollandaise entendent mettre la pression au retour. Loupé. Mendieta s’élève en tant que fossoyeur des rêves européens du Barça en ouvrant le score à la 69e. Frank de Boer et Cocu ne réagissent que trop tardivement et laissent leur adversaire du soir filer à Paris, où le Real Madrid l’attend en finale.
2004 – Demi-finale : Monaco – Chelsea (3-1, 2-2)
Il fut un temps – révolu certes – où Monaco tutoyait les sommets de l’Europe. La saison 2003-2004 en est sans doute l’apogée et pour l’instant le crépuscule. Une épopée qui vit l’escouade à Giuly faire débander les plus grands. Et Chelsea était de ceux-là. Défaits presque trop facilement (3-1) à l’aller à Louis II, les Blues y ont pourtant cru, à Londres, deux semaines plus tard, lorsque qu’après 45 minutes, la bande à Lampard pointait en tête à 2-0. Un avantage mathématique trop éphémère pour les Anglais puisqu’Ibarra refroidissait Stamford Bridge à peine deux minutes plus tard, avant que Morientes n’achève le rêve de Chelsea à l’heure de jeu. Too bad…
2005 – Quart de finale : Chelsea – Bayern Munich (4-2 ; 2-3)
Avant d’offrir la première Ligue des champions de son histoire à Chelsea aux dépens du Bayern Munich la saison dernière, la génération dorée des Terry, Lampard et Drogba avait déjà croisé le fer avec les Bavarois par le passé. Si le dénouement connut la même tournure, les débats s’étaient révélés tout aussi animés sept ans plus tôt. Brillants, maîtrisant leur sujet, les Blues se font pourtant surprendre en fin de partie par Ballack, dont le but à l’extérieur ravive l’espoir en vue du match retour (4-2). Felix Magath le sait et n’a pas été loin de créer l’exploit une semaine plus tard. Mené 2-1 jusqu’à la 90e minute, le Bayern frôle l’impensable. En cinq minutes, Guerrero et Scholl font chavirer l’enceinte de l’Olympiastadion qui se prend à rêver à la prolongation. En vain. L’équipe londonienne, bien que défaite, préserve son avance, synonyme de ticket pour les demi-finales. Qualification, certes, mais les supporters anglais ainsi que José Mourinho, resté à l’hôtel durant cette joute européenne, ont bien failli se faire dans le froc en cette soirée d’avril 2005.
2005 – Demi-finale : Milan AC – PSV Eindhoven (2-0 ; 1-3)
« On reste optimistes pour le match retour, car on a prouvé qu’on était au même niveau » , résumait Alex avant le match retour à Eindhoven en 2005. Défaits à l’aller deux buts à zéro, les joueurs du PSV sont frustrés, convaincus qu’ils avaient le niveau de mieux faire. Mais la motivation est encore là. À juste titre. Au retour, les hommes de Guus Hiddink réalisent une très jolie prestation. Dès la 9e minute, le Coréen Park ouvre le score. Cocu permet ensuite à son équipe de doubler la mise. La mission est simple à ce moment-là : ne pas prendre de but, et marquer si possible. Le match se rapproche de son terme, les 22 acteurs sont prêts à en découdre en prolongation. Prolongation avortée avec ce but d’Ambrosini dans le temps additionnel. Cruel. Le second but de Cocu n’y change rien, il donne juste un sentiment de frustration encore plus prononcé à son équipe à égalité sur les deux rencontres (3-3). Saleté de but à l’extérieur.
2009 – Quart de finale: Liverpool – Chelsea ( 1-3, 4-4)
« Quand vous perdez de cette façon vous pouvez vraiment être fier de vous et garder la tête haute » . La déclaration d’après-match de Rafa Benítez en dit long sur la performance de Liverpool lors du quart de finale retour de la Ligue des champions 2008/2009 face à Chelsea. Ce 14 avril, à Stamford Bridge, les deux frères ennemis du foot anglais se livrent une véritable bataille d’Angleterre. Une rencontre de folie ponctuée de… 8 buts ! Fabio Aurélio et Xabi Alonso mettent rapidement les Blues, pourtant vainqueurs à l’aller (1-3), dos au mur. Comme souvent dans ces cas-là, Didier Drogba profite d’une boulette de Pepe Reina pour remettre les Londoniens dans le droit chemin. Chelsea est lancé : Alex, d’une mine monstrueuse, et Lampard signent la remonté des Londoniens. Un avantage définitif ? Pas encore. C’est bien connu, les Reds ont du cœur. La bande à Torres reprend l’avantage (en deux minutes seulement) grâce Lucas Leiva et Kuyt. Trop tard. Lampard inscrit le 4-4 définitif et envoie les siens en demies. Magique.
2010 – Huitième de finale : Milan AC – Manchester United (2-3 ; 0-4)
« On ne méritait pas de perdre. Mais rien n’est fini. On doit gagner 2-0 en Angleterre, ce n’est pas un résultat extraordinaire. Quand on a réussi à développer notre jeu, on a dominé Manchester. La première période pouvait tout à fait se conclure par un 3-0 en notre faveur. On a pris trois buts sans le mériter et on en a marqué deux buts alors qu’on méritait d’en inscrire davantage » . Leonardo, alors coach du Milan AC, en est persuadé, trop d’ailleurs : son équipe va se hisser en quarts de finale de la coupe aux grandes oreilles. Et ce, malgré une défaite à l’aller face à Manchester United, finaliste de l’édition précédente. Faut dire que le technicien a de quoi se montrer serein. Avec Nesta, Seedorf, Pirlo, Ronaldinho ou Beckham débarqué pour une seconde pige, les Rossoneri ont l’effectif taillé pour aller au bout. Tout comme l’équipe de Ferguson, amorçant néanmoins la période post-Ronaldo et n’étant plus aussi souveraine. Mais le retour, trois semaines plus tard, s’apparente à une récréation de la part des Red Devils. Ronnie, si brillant à l’aller, et Becks, entré en jeu mais inhibé par ses retrouvailles avec Old Trafford, ne font illusion que quelques minutes. Rooney, déjà double-buteur à San Siro, claque encore deux pions puis laisse Park et Fletcher finir le taff. Score cumulé : 7-2. Suffisant pour faire ravaler l’aplomb affiché par Leo. « Nous ne pouvons pas nier que Manchester a particulièrement bien joué. Nous devons reconnaître la force de notre adversaire » , admettra-t-il à la fin de la rencontre. En plus de passer pour un guignol, le Brésilien sera prié de plier bagages en fin de saison.
2010 – Demi-finale : Inter Milan – FC Barcelone (3-1 ; 0-1)
28 avril 2010, le Barça débute sa remuntada. À l’aller, les Catalans ont perdu à la surprise générale (3-1). Une sortie de route évoquent certains, un manque de chance relativisent d’autres. Si les excuses ne manquent pas, une chose paraît certaine, le Barça peut (doit) se qualifier. Un deux à zéro suffit. Mais mettre deux buts à Milan, ce n’est pas une chose aisée. Les Catalans l’apprennent à leurs dépens. Au retour, Mourinho aligne une formation plus que défensive, Eto’o est collé à son latéral, l’équipe, même réduite à dix dès la 28e, fait siège en défense. Le Barça pousse, l’Inter est héroïque, voire limite sur certaines actions. Le coup franc de Lúcio, record historique de lenteur, en est l’exemple. Mais qu’importe, les Nerazzurri tiennent bon. À la 84e, la tension va devenir tout autre… Gerard Piqué marque et redonne des chances à son équipe. Plus qu’un, plus qu’un se dit un Camp Nou bondé. Ce but arrive… ou du moins les supporters espagnols le pensent. Dans le temps additionnel, l’Inter cafouille devant sa surface, le ballon ricoche sur Yaya Touré et revient dans les pieds de Bojan qui arme une puissante frappe dans la lucarne. Le Barça l’a fait, l’arbitre, Frank De Bleeckere, siffle une main de l’Ivoirien. Fin de l’espoir, fin du rêve. La remuntada a échoué.
2012 – Huitième de finale : Milan AC – Arsenal (4-0 ; 0-3)
« Je ne suis pas effrayé par Arsenal. Le problème avec Arsenal, c’est qu’un jour ils jouent un football génial, et la fois d’après, ils jouent vraiment mal » , avait déclaré Kevin Prince Boateng, sûr de sa force, avant le match aller contre Arsenal. Et le score lui donna raison (4-0). Sauf que comme l’avait souligné le Ghanéen, les Gunners peuvent être géniaux et ils sont passés tout près d’une remontée légendaire. 6 mars 2012, c’est parti pour le match retour. Cette fois, Arsenal se montre sous son meilleur visage. Milan est acculé. À la demi-heure de jeu, les Gunners ont déjà inscrit deux buts. Ils sont à la moitié du chemin. L’espoir devient encore plus intense grâce à un pénalty de Robin van Persie avant la fin de la première mi-temps. « Au final, ils ne sont pas réguliers. Ils peuvent être incroyables et puis ne pas savoir quoi faire » , résumait Boateng. Un constat amer mais foutrement vrai. En seconde période, Arsenal est moins tranchant et Milan a retrouvé ses esprits. Le score ne bougera plus. Arsenal l’a presque fait mais presque, ce n’est pas gagner. Un mal récurrent à Londres.
Bonus : 2009- Huitième de finale : Sporting Portugal – Bayern Munich (0-5 ; 1-7)
Juste pour le plaisir. La remuntada vraiment vraiment ratée. Le 25 février 2009, le Sporting reçoit le Bayern lors des huitièmes de finale de la Ligue des champions. La note est très salée. Cinq à zéro. Si la qualification est plus que compromise, un bon match retour permettrait de sauver l’honneur. C’est loupé. À Munich, le Bayern fait encore mieux et en plante sept à la défense portugaise. Score cumulé sur les deux confrontations : 12 à 1.
Par GB, RD, JL et EG