1. François Hollande : « Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal. » (2016)
On le croyait passionné, connaisseur, cultivé. On le retrouve au bar du coin feuilletant les éditos du
Point. François Hollande est peut-être après tout l’inverse de Jacques Chirac, dont Michel Platini affirmait qu’il aimait les footballeurs, pas le foot. Donc finalement, il va à l’essentiel et au plus court chemin de la démagogie, taper sur les footeux, ces riches sans pouvoir que quasiment personne ne va défendre. Au moins nous aura-t-il épargné cette fois-ci son analyse économico-buccale du prolétariat et
permit à l’UNFP d’être drôle.
2. Nicolas Sarkozy : « M. Cantona aurait mieux fait de se taire » (2016)
«
Je trouve injuste de mettre M. Benzema au même niveau que Cantona ou Jamel Debbouze. Parce que ce Benzema, qu’il soit déçu, c’est normal, et quand on est déçu, on peut dire des choses qui dépassent sa pensée. Moi, je ne l’accablerais pas, je ne le ferais pas. Quant à M. Cantona, il aurait mieux fait de se taire. » Le foot révèle souvent le politique, ici il dévoile l’homme. Alors que la réorientation de plus en plus droitière (pour rester courtois) de son discours devrait le pousser à s’acharner sur l’avant-centre du Real Madrid, Nicolas Sarkozy ne cessa de lui trouver des excuses, voire d’en appeler à la présomption d’innocence. Un argumentaire avant tout pro domo ? D’autres, comme les syndicalistes d’Air France ou les femmes qui portent le voile, n’ont pas le droit à autant d’humanisme.
3. Manuel Valls, sextape et exemplarité (2016)
Manuel Valls, a déclaré : «
S’il y avait un ministre mis en examen, il ne serait plus au gouvernement. D’une certaine manière, c’est pareil. On porte le maillot bleu et les couleurs de la France… Quand on assume des responsabilités et qu’on incarne l’équipe de France, il faut être exemplaire. » Le Premier ministre trace une ligne simple : le capé n’est pas un sportif sélectionné en équipe de France, il incarne l’Hexagone, il a donc charge de représenter la nation et la République. Unique petit problème, seul le sélectionneur «
vote » pour lui, ce qui réduit considérablement sa légitimité démocratique. Et forcément, en retour, le poids qui pèse sur ses épaules, sauf évidemment, comme tout un chacun, l’obligation de respecter la loi. Après, si le Premier ministre veut organiser des référendums populaires pour la liste de Didier Deschamps…
4. Olivier Besancenot, la grève avant le foot (2016)On l’a oublié, mais juste avant l’Euro, les grèves se sont multipliées en France dans un contexte de contestation de la «
loi travail » et de régressions sociales. Certains accusèrent donc la gauche de la gauche et la CGT de saboter la belle fête à venir. Olivier Besancenot, dont l’affection pour le ballon rond n’est un mystère pour personne, s’en est sorti par une pirouette : «
Je suis supporter de foot, mais je suis avant tout supporter de mes conditions de travail. » C’est triste, car pour le coup, il a perdu sur les deux tableaux…
5. Jean-Sébastien Vialatte (député UMP du Var), les casseurs et les esclaves (2013)
«
Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves, ils ont des excuses. #Taubira va leur donner une compensation ! » Le PSG fête son titre au Trocadéro, un événement qui tourne au fiasco et saccage la comm’ du club parisien, contraignant les habitants des beaux quartiers parisiens à expérimenter certaines réalités réservées habituellement aux exilés au-delà du périphérique. C’est surtout l’occasion pour la droite de franchir un cap dans son «
drang nach électorat du FN » . Avec, en tête de Turc, Christine Taubira, définitivement indigne de son poste davantage pour ce qu’elle est que pour ce qu’elle fait. Aux dernières nouvelles, aucun descendant d’esclave n’a jamais reçu aucune compensation et les Antillais qui évoluent en bleu ne volent pas leur argent.
6. Roselyne Bachelot et les « caïds immatures » (2010)
Knysna. Le traumatisme national qui faillit plonger la patrie dans les abysses de la guerre civile. L’avant et l’après du foot français. Mais sur le coup, plus simplement, le premier rempart de la République s’appelle Roselyne Bachelot, en charge des sports suite à l’étrange décision de mettre la question sous la tutelle de la santé. Elle se retrouve donc contrainte d’aller au front et de sermonner une équipe en plein désarroi. Et comme souvent, dans ces moments ou le charivari médiatique et politique donne le tournis, les mots qui sortent les premiers de la bouche ou montent à la tête ont souvent un arrière-goût de raccourcis, façon leçons de vie à la
Petit Nicolas. Alors Roselyne a parlé : «
Des caïds immatures commandent à des gamins apeurés, un coach désemparé et sans autorité, une Fédération française de football aux abois. » Roselyne n’a pas attendu de bosser sur la même chaîne qu’Enora Malagré pour avoir un sens de la formule aiguisé.
7. Jean-Luc Mélenchon et la main de Thierry Henry (2009)
«
Pourquoi ne pas y mettre les mains, quand les pieds, la tête et même les fesses y sont admis ? » Comme souvent, Jean-Luc Mélenchon pose plus facilement les questions qu’il ne donne les réponses. Thierry Henry nous envoie en Afrique du Sud d’une main qu’il ne prit jamais la peine de nier. D’un coup, celui qui servit toujours fidèlement les Bleus se retrouva marqué du sceau de l’infamie par une classe politique soucieuse une fois de plus de ne pas rater l’occasion de parler directement au bon peuple. Dans l’avalanche de lieux communs qui déferla à cette occasion, la palme revient malgré tout à Jean-Luc Mélenchon qui, perdu entre Chevènement et Clemenceau, proposa d’en revenir à la balle au prisonnier.
8. Jean-Marie Le Pen, les Bleus dans l’œil droit (1998)
«
C’est la victoire de l’équipe de France, mais je la revendique aussi comme la victoire du Front national, qui en avait dessiné le cadre. » Le FN, historiquement, n’aime pas le foot. Jean-Marie Le Pen était plus mesuré que son entourage, mais il restait un homme de synthèse (nationale). Si, évidemment, le coté black-blanc-beur de cette équipe l’insupportait, il se rendit bien compte que quelque chose se passait dans le pays «
réel » . Et comme souvent quand les Français sont heureux, l’extrême droite française, plus abonnée aux défaites et aux déprimes idéologiques, a tendance à rester sur le bas-côté. D’où cette fantastique saillie qui, d’un coup, retourne le triomphe de ses adversaires en gloire de son camp. Heureusement dans les années à venir, le foot redeviendra le foot, et le Front put le détester de nouveau à visage découvert.
9. François Mitterrand et le traumatisme sévillan (1982)
«
Le jugement de Dieu qui, selon la mythologie classique, entre en jeu dans chaque combat entre deux peuples, a voulu que cette chance échoie au camp allemand dans ce match. Nous sommes de tout cœur avec les Français qui méritaient d’aller de l’avant tout autant que nous. » François Mitterrand fut sans conteste notre dernier grand président littéraire. Impossible pour lui de parler foot sans recourir aux forces de l’esprit, afin d’apaiser la souffrance d’un peuple français accablé par cette injuste élimination devant ces incorrigibles Teutons. Alors qu’il bataille pour construire main dans la main avec Helmut Schmidt une Europe enterrant les souvenirs douloureux des guerres mondiales, il décida une fois de plus d’incarner l’homme au-dessus des contingences immédiates pour appeler à voir plus loin et plus grand. Pour le reste, l’histoire jugera.
10. Michel Rocard : « Une erreur manifeste d’arbitrage » (1986)
Maradona s’éleva dans le ciel du Mexique et, d’un geste touchant au divin, vengea l’Argentine après la guerre des Malouines, l’Amérique du Sud face au Nord, le Sud face aux Occidentaux. Seulement, Michel Rocard, personnalité pointilleuse sur les valeurs et la vérité, conscience protestante éprise d’éthique socialiste, ne voyait pas les choses sous l’angle géopolitique. Il réclama même une refonte de l’arbitrage et l’introduction de la vidéo…
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