Top 10 : Procès du Foot

1/ Le Calciopoli

En 2006, l’Italie se réveille avec la gueule de bois. Au printemps éclate le scandale des matches truqués du Calcio. « Le plus gros scandale de l’histoire du football » , dixit Sepp Blatter. La faute à La Gazzetta dello Sport et Il Corriere della Serra. Les canards publient les comptes-rendus d’écoutes téléphoniques ordonnées par la justice deux ans plus tôt. Notamment des chats entre Luciano Moggi, DG de la Juve, et Pierluigi Pairetto, chargé à la Fédé de désigner les arbitres entre 1999 et 2004. Faute de preuves supplémentaires, l’affaire est classée. Avant que les petites gens ne s’en emparent et poussent la commission disciplinaire du foot rital à s’en saisir. Outre la Dame Blanche, le Milan, la Lazio et la Fio sont mouillées. A Turin, les douze malfaiteurs du CA démissionnent avant que la justice ne rende son verdict. Après appel et une certaine clémence, la Juventus est finalement le seul club relégué, est pénalisée de 9 points et est déchue de son scudetto 2005-2006. La Fiorentina, l’AC Milan et la Lazio restent en Serie A et partent avec un handicap respectif de 11, 8 et 3 points. Pas cher payé.

2/ L’affaire VA-OM

Bernard Tapie n’a rien à envier à Berlusconi. 20 mai 1993. L’OM bat Valenciennes 1 but à 0. Une semaine après, Marseille remporte la Ligue des Champions face au Milan AC. Puis un cinquième titre consécutif de champion de France. Tout va bien dans le meilleur des mondes. Sauf que la loi du silence, dans le Ch’Nord, connaît pas. Jacques Glassman, défenseur de VA, vend la mèche à son coach. Jean-Jacques Eydellie, joueur de l’OM, l’a appelé pour que lui et deux de ses collègues, Burruchaga et Robert “laissent filer” en échange de quelques billets doux. Le souci pour Tapie étant d’avoir aucun blessé. Tous plus Bernès alors DG de l’OM sont mis en examen à la suite de la découverte de 250 000 francs au domicile des parents Robert. Première conséquence sportive : l’OM est exclu de la LDC pour un an. Un an plus tard, Massilia est rétrogradée en D2. Quant à l’extra, il faut attendre 1995 pour avoir le fin mot de l’histoire. Tapie est condamné à deux ans de prison, dont huit ferme, 20 briques et 3 ans d’inéligibilité. Les autres prendront sursis et amendes. Depuis, il y a un avant et un après.

3/ L’affaire Zehun Ye

Une bonne histoire belge avec comme personnages principaux un avocat bruxellois conseiller et ami de stars du foot belge, Pierto A., manager proche de la famille sicilienne, Filippo Gaone le président de La Louvière, et surtout le “Chinois” Zehun Ye, le parieur de la mafia de Shangaï. Au menu, rien de neuf. Des matchs truqués avec leurs lots d’intimidations, chantages et quelques parties fines. Au total, ce sont près de 17 matchs achetés entre 2004 et 2005, 5 clubs de D1 belge concernés, 4 clubs de D2, un club finlandais et des soupçons sur le match Metz-Lyon du 22 octobre 2005 (12ème journée de L1). Le petit doigt l’indique suite à des paris trop élevés. 50 000 euros contre 25 000 d’habitude. Malgré l’aveu fait par certains joueurs et entraîneurs d’avoir touché jusqu’à 10 000 euros pour lever le pied, la Fédé belge met fin à ses investigations en 2008 pour cause d’incompatibilité entre la date de prescription de ladite Fédé et la date d’examen du procès par la justice. Un petit coup de pouce de la bureaucratie qui fera qu’au final, pas grand monde ne sera inquiété. Certainement pas le cerveau Ye à qui l’on prête un nouveau métier. Il vend des meubles à Shangaï.

4/ L’affaire Puerto

Encore une affaire classée. Comme souvent dans le foot même si celle-ci avait pour terreau le cyclisme. Elle devait avoir l’effet d’une bombe. Elle sera somme toute un coup d’épée dans l’EPO. Fin mai 2006, le Dr Eufemiano Fuentes, ex-médecin d’équipes cyclistes et de clubs de football, et Manolo Saiz, directeur de l’équipe cycliste Liberty Seguros, sont arrêtés. La Guardia Civil met à jour un système d’autotransfusion. 58 coureurs seront mis en cause. Cependant le cyclisme ne représente que 30% des cas de l’affaire. Outre le tennis, le foot bien sûr est visé. Le Monde, le 7 décembre 2006, sur la base, et de documents non saisis, et de déclarations du Dr Fuentes, établit la collaboration du Dr Maboul avec le Barça, le Real et Valence. Malheureusement ou heureusement, selon où l’on se place, le juge de la 31ème chambre de Madrid clôt le dossier faute de preuves permettant d’établir cette relation. L’UEFA respire.

5/ Les faux passeports de Saint-Étienne

Qui se souvient encore de Farid Mondragon, le portier colombien du FC Metz ? A coup sûr Gérard Soler, ex-président délégué des Verts de Sainté et Didier Lacombe, l’ancien directeur administratif. Les deux ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une affaire de faux passeports alors que les dirigeants du club mosellan, eux, n’ont pas été punis. Les faux jumeaux brésiliens Alex et Aloisio ainsi que le gardien ukrainien Maxim Levystky étaient au centre du schmilblick. Alex et Aloisio étaient soi-disant portugais, quand Levystky, lui, était grec. Fait rare, la Commission juridique de la LNF a retiré sept points à l’ASSE et Soler a pris un an d’interdiction de toute fonction officielle. Quant aux joueurs, ils ont pris de deux mois de suspension. Le club descendra en D2 en mai. La faute à l’UE et ses quotas de joueurs extracommunautaires.

6/ Procès du dopage à la Juventus

En matière de dopage, le football est intouchable. L’usage de médocs et l’administration d’EPO n’étant pas considérés comme un délit au regard de la fraude sportive au moment des faits (1994 à 1998, alors que la loi antidopage a été votée en Italie en 2000), les dirigeants juventini ont été “blanchis” en appel. Pourtant l’hématologue D’Onofrio avait conclu à la certitude du recours à l’érythropoïétine et aux transfusions sanguines pour au moins deux joueurs : Antonio Conte et Alessio Tacchinardi, et très probablement pour six autres footeux, dont Didier Deschamps. Son taux d’hématocrite mesuré à 51,9% et la constatation de variations importantes de son hémoglobine ont fini par faire peser des soupçons sur sa crinière. Il y a eu une “stimulation exogène”. Zizou, de son côté, n’est pas en reste. Il s’est vu administrer des produits contre-indiqués au regard de sa santé. Vous en demandez encore ? La Vieille Dame avait engagé sous contrat en 1998 deux « conseillers » controversés du milieu de l’athlétisme : l’Argentin Guillermo Laich, “spécialiste de l’hormone de croissance, réputé pour ses méthodes plutôt dangereuses”, et le Néerlandais Henck Kraajienhof, connu pour avoir soutenu par le passé l’utilité des stéroïdes. Enfin dernière preuve : la découverte d’une petite pharmacie dans les locaux de la Juve en 1998. 281 types de médicaments sont trouvés. Le Dr Agricola n’ayant pu se les procurer tout seul, on parle de système organisé. En première instance, le Doc’ sera condamné à 1 an et dix mois de prison et l’interdiction d’exercer. La Juventus risquait des sanctions sportives. Ils feront appel. On connaît la suite.

7/ Transferts suspects de l’OM

Péché au stade Vélodrome pour le compte de la 6ème journée de Ligue 1, lors du match entre deux de ses anciennes équipes, Marseille et Montpellier, Rolland Courbis croupit depuis à la prison des Baumettes. De son propre aveu, il est très bien traité par les gardiens. Mais la solitude lui pèse. D’accord, mais pourquoi donc le présentateur radio a été directement envoyé en prison sans passer par la case départ ? Deux affaires distinctes mais aux peines confondues expliquent la chose. En 95, il a été condamné à 3 ans de prison avec sursis dans l’affaire des caisses noires du Sporting Toulon. Pas refroidi pour autant, coach Courbis est jugé en juin 2006 pour une affaire similaire à Marseille cette fois-ci. Il est coupable d’avoir bénéficié de compléments de rémunération occultes à l’occasion de quinze transferts. En appel, il voit sa peine passer à deux ans ferme, 200 000 euros d’amende et finalement point d’interdiction d’exercer. Depuis 2007, la justice le cherche donc, mais les policiers n’étaient pas parvenus à le localiser. Difficile à gober vus ses rendez-vous quotidiens sur la radio info, talk, sport. La chasse à l’homme prendra fin en septembre. D’après les calculs de son avocat, et au regard des remises de peine, il ne devrait passer que trois mois derrière les barreaux.

8/ Procès Tuzzio

Du nom du défenseur argentin, encore une fois passé par l’Olympique de Marseille, décidément abonné au prétoire, encore une fois pour un transfert louche. En juillet 2001, le passage de Tuzzio en quelques semaines de San Lorenzo de Almagro (Argentine) à Marseille, via un détour par le Servette de Genève, trajet pour le moins sinueux, aurait donné lieu à une surfacturation douteuse. Le but : générer quelques commissions occultes. Les explications : libre en juin 2001, le joueur devait être acheté 15 300 000 F par l’OM. Finalement annulé, le joueur est recruté en juillet par Genève, d’abord au prix de 2 600 000 dollars puis à 5 200 000. Mais tout ça, c’était avant que l’OM ne se ravise et ne rachète le joueur six jours plus tard au prix de 42 500 000 F. Drôle de montage financier, n’est-ce pas ? Si RLD, Tapie, l’ex directeur financier Dubiton, l’agent du joueur Gilbert Sau sont tous dans le coup, on sait simplement de l’affaire que Frank Leboeuf, recruté en même temps, a reçu 3 millions des 42 sur un compte luxembourgeois. Après maints appels et contre-pieds, tout le monde prendra finalement que sursis et amendes. CQFD ?

9/ Procès Okpara

Pas d’histoire d’argent, ni de corruption, il s’agit là d’un viol. Les époux Okpara, Godwin, ancien défenseur du PSG, et sa femme Linda ont sexuellement séquestré entre 2002 et 2005 leur fille adoptive, 13 ans au moment des faits. Le jour, la jeune fille, que les voisins prenaient pour une bonne, passait ses journées à s’occuper de toutes les tâches ménagères, car elle n’était pas inscrite à l’école. La nuit, elle couchait au sous-sol, sur un matelas posé à terre, détrempé avec le Nigérian. Pire encore fut le jour où Madame découvrit les faits. Elle commença à la torturer, lui rasa la tête, écrasant une cigarette sur sa joue, et lui faisant subir des sévices sexuels d’une rare cruauté. Notamment avec usage de bouteilles. Godwin et sa femme seront respectivement condamnés à 10 et 15 ans de prison. La grand-mère, elle, prit deux ans ferme pour non-dénonciation. Et tout ça dans la paisible bourgade des Yvelines, Chatou.

10/ Procès Santos Mirasseria

Le plus récent. Il fait suite aux incidents lors du match de C3 Atletico Madrid-Marseille à Vincente Calderon en 2008. Les Marseillais sortent une banderole avec une tête de mort qui sourit. Les policiers espagnols chargent alors, selon la version française. Santos Mirassiera donne un coup de poing à l’un des policiers et jette une chaise vers un autre, selon la version espagnole. L’Ultra se défend en reconnaissant qu’il a poussé un policier uniquement pour dégager une jeune femme tombée à terre. Malgré toutes les démarches et le pataquès médiatique, le supporter sera condamné à 3 ans et demi de prison ferme par la justice espagnole. Mais libéré sous conditionnelle, Santos est depuis revenu en France. Et demande le transfert de son dossier ici pour y purger sa peine.

Les notes de Koh-Lanta : la tribu maudite