- Top 10
- Pont de l'Assomption
Top 10 : Ponts
Hier, jeudi 15 août, c'était jour férié. Alors comme le vendredi qui suit est en général synonyme de congés, voilà une liste exhaustive des meilleurs ponts du football. Parce que.
Wayne Bridge
Jaydon Jean Claude Bridge. En plus de faire partie du Top 50 des associations premier/deuxième/ troisième prénoms improbables, le petit garçon de Wayne Bridge et Vanessa Perroncel a aussi la particularité d’être né la veille de la signature de l’Anglais à Chelsea, le 22 novembre 2006. Date à partir de laquelle, globalement, la vie du gus a pris un mauvais virage, volant dirigé tout droit vers la bretelle d’autoroute de la presse à scandale. Une tromperie de madame avec John Terry plus tard, voilà le bonhomme aux 36 capes internationales – il aurait dû y en avoir plus – résumé à cet unique épisode, l’intéressé ayant même confié ceci il y a quelques années : « L’aspect le plus décevant de tout cela est que je suis probablement plus connu pour ne pas avoir serré la main de quelqu’un que je ne le suis pour avoir joué au football. » Mais être le Bridge le plus soutenu du monde, ça, ça en jette.
Daniel Passarella
Un blase de construction fragile pour accrobranche, une carrière de pont-levis de château fort : « El Káiser » Passarella reste le seul Argentin à avoir gagné deux fois la Coupe du Monde (1978, 1986), et possède clairement les fondations les plus solides de ce Top 10. « Quand on reçoit la Coupe, on se sent dans un état second, comme un orgasme sans fin (…) Il faut l’avoir vécu pour comprendre » , dit-il un jour. On veut bien le croire, surtout que le bonhomme était peut-être le libéro le plus délicieux de ce sport, buteur à 155 reprises (fourchette moyenne, le total diffère selon chaque source) en 556 matchs de carrière, ce qui lui confère un meilleur total que Grégory Pujol tout en étant défenseur. Ordre, autorité, respectabilité : triptyque gagnant, en politique comme au football. Comme quoi, l’accrobranche a encore de beaux jours devant lui.
Davide Capello
Le mardi 14 août 2018 en fin de matinée, Domenico Criscito, capitaine du Genoa, traversait en voiture le viaduc de Gênes, autrement appelé pont Morandi, sur une portion de l’autoroute A10 qui y serpente. Dix minutes plus tard, Davide Capello, gardien de but de l’US Legino 1910 et formé à Cagliari, faisait de même. Sauf qu’à son passage, le pont est tombé. « Il pleuvait fort, dit-il plus tard depuis son lit d’hôpital à deux journalistes de la Stampa venus le rencontrer. J’ai entendu un bruit sourd (…). Puis j’ai vu la route qui tombait et je suis tombé avec elle. J’ai mis les mains devant mon visage, j’avais peur. C’était comme un long vol plané. Les voitures virevoltaient dans le vide comme des cartes à jouer. » La chute de sa Volkswagen Tiguan prendra fin quarante-cinq mètres plus bas, lui recouvrant la gueule d’airbags. Puis, Davide Capello sortit par le coffre, indemne, ce qu’il appelle lui-même « un miracle » . Le drame a fait 43 morts, auxquels l’Italie vient de rendre hommage. Lui s’en est sorti sans une égratignure.
Tibert Pont
Tibert, c’est le genre de gars buté. Ce type capable de toujours prendre le même plat au restaurant, d’avoir des piles entières du même t-shirt noir dans sa penderie, de passer vingt-et-un ans comme milieu offensif d’un unique club, le Servette de Genève, de 1996 à 2017, et d’être encore capable de balancer en avril dernier : « Tôt au tard, je reviendrai » . Bref, un homme étranger à l’expression : « de l’eau a coulé sous le Pont » .
Michel Pont
Avant le Jura, il n’est qu’un nom générique de personnage secondaire d’une aventure de Tintin. Passé les cimes, il est une légende. Adjoint de l’équipe nationale Suisse pendant 13 ans, d’abord sous Köbi Kuhn puis d’Ottmar Hitzfeld, Michel Pont est connu pour avoir longtemps été le petit chouchou des médias et du public romand pour ses déclarations parfois lunaires. Pêle-mêle : « Je suis gémeau, j’ai toujours eu cette dualité en moi. La journée, je suis quelqu’un de très social et sociable, je suis optimiste et gai de nature. La nuit, je réfléchis, je me réveille en sursaut, en sueur, le t-shirt mouillé, c’est là que je règle mes problèmes » . Autrement : « Je déteste prendre des médicaments. J’ai testé beaucoup de choses, l’acupuncture notamment. Et puis je crois très fort à la pensée positive » . Ou encore : « Pendant la Coupe du monde (2014), il y avait tous les matins un lézard qui m’attendait devant le bungalow. Il ne bougeait pas, me fixait. Ça a l’air bête, mais je me suis dit que quelque part c’était ma mère, qu’elle veillait sur moi » . Sa femme Daisy est patronne de bistrot. Sa fille bosse « dans les médecines parallèles » . Et il adore terminer ses journées avec un cognac, un cigare, et une bonne Williamine. Le genre de type qui gagne à être connu, en somme.
Stamford Bridge
Date d’inauguration : 28 avril 1877. Date de création du Chelsea Football Club : 10 mars 1905. Voilà donc un stade plus vieux que le club qu’il abrite depuis plus d’un centenaire, et justement nommé ainsi, pour ceux qui ne le sauraient pas, en référence au pont jouxtant l’entrée principale de l’enceinte. Une autre version, discutée, explique que la dénomination proviendrait de l’une des plus fameuses batailles menée lors du règne du Roi Harold, en 1066, contre les Vikings. Le résultat est un endroit « super sympatoche » à visiter d’après l’avis Tripadvisor de X810ODgregb, originaire de Noeux-les-Mines (Pas-de-Calais), où le guide Nigel est extrêmement compétent, et qui dispose autrement d’un audioguide gratuit. Sympa.
Le petit pont
Il est à la fois le plus petit et le plus grand, le plus futile et le plus mémorable, le plus simple et le plus compliqué. Pour certains il est l’équivalent d’un but, pour d’autres, la pire chose à subir sur un terrain de football. Bref, pas la peine d’en rajouter, le petit pont est au football ce que le Petit Prince est à la littérature : un monument au nom de lilliputien.
Le grand pont
Après le benjamin de la famille, voilà le cadet sous-estimé ! Il est temps de mettre les points sur les « i » : le grand pont souffre depuis bien trop longtemps d’un discrédit que rien ne justifie, son efficacité étant bien souvent largement supérieur à son homologue minuscule, sorte de Britney Spears du geste technique : vulgaire, démodé et m’as-tu-vu. Les fans de Lucky Luke le savent depuis longtemps : Averell est bien plus malin que Joe.
Le pont d’or
L’homme qui valait 40 millions… sur deux ans. À l’hiver 2016, Carlos Tevez devenait le joueur le mieux payé de la planète à la faveur d’un contrat énorme le liant au Shanghai Shenhua. Une pratique globalisée depuis, à moindre mesure (Hulk, Oscar, Gervinho, Ramires, Jackson Martinez…), pour ce qui représente le pont le plus aimé des joueurs, du moins quand ils le reçoivent : le pont d’or. Les suiveurs le regardent d’un oeil circonspect, surtout lorsqu’il concerne un contrat mirobolant offert à un joueur par un club européen, qui peinera d’ailleurs à la revente au moment de s’en débarrasser. Éric-Maxim Choupo-Moting vous fait un gros câlin.
Alex Dupont
« Alex Dupont ? C’est un sorcier ! Quand il partira, on devrait lui ériger une statue en ville ! » Le 30 octobre 2010, au soir d’une victoire 2-0 contre Saint-Étienne, Brest était en tête de la Ligue 1. Michel Guyot, président du SB29, s’était alors laissé aller à une légère glorification passagère de son entraîneur fétiche, ce bon vieux Alex Dupont, type compétent en plus d’être éminemment sympathique, et pas rancunier pour un sou. Neuf ans plus tard, Brest vient seulement de remonter en première division après six ans d’absence, Alex Dupont est au chômage, et on attend toujours le moule de la statue.
Par Théo Denmat