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Top 10 : Mon frère, ce coéquipier
Ça n'est plus qu'une question d'heures : Siem de Jong va porter les couleurs du PSV, essayer de retrouver son football et, accessoirement, partager le vestiaire avec son frangin Luuk. S'il s'agit bien d'une première dans leurs carrières respectives, nombreux sont les cas de joueurs partageant géniteurs et club l'espace d'un match, d'une saison, d'une carrière.
John et Archie Goodall (Preston North End, Derby County)
D’aussi loin que les livres de football se souviennent, John et Archie Goodall sont les premiers frangins à avoir joué dans la même équipe. À Preston North End, d’abord, lors de la saison 1887-1888, puis à Derby County entre 1889 et 1900. En équipe nationale, en revanche, ça sera une autre histoire : nés de parents écossais, les deux joueurs feront valoir le droit du sol. Westminster en Angleterre pour John, Belfast (encore) en Irlande pour Archie. Et restent à jamais les premiers frères à porter le maillot de deux sélections différentes. La famille Boateng peut donc aller se rhabiller. Enfin, surtout Kevin-Prince.
Ottmar et Fritz Walter (1. FC Kaiserslautern)
Avant les frères Förster du VfB Stuttgart dans les années 80, il y a eu les frères Walter dans les années 40-50. Ensemble, ils partageront l’attaque du 1. FC Kaiserslautern pendant onze ans, remportant au passage deux titres de champion d’Allemagne en 1951 et 1953. Dans la foulée, les deux frères traversent la frontière pour aller jouer le Mondial 1954 en Suisse. En finale, ils affrontent – et battent – la Hongrie de Puskás, Kocsis et Bozsik dans ce que la presse appela à l’époque le « Miracle de Berne » . Un miracle bien aidé par quelques produits dopants à la mi-temps comme le déclarera le kiné de la sélection allemande Franz Loogen cinquante ans plus tard. Il n’empêche, Ottmar et Fritz Walter demeurent les premiers frères à avoir remporté une Coupe du monde. Mais le destin aurait pu être tout autre : à la fin de la guerre, l’armée soviétique voulait envoyer au goulag un Fritz Walter fait prisonnier depuis plusieurs années dans un camp de Marmatie. La légende veut que ce dernier évita la sanction – et probablement la mort – grâce à un… soldat hongrois qui l’avait vu jouer en équipe d’Allemagne avant-guerre. Karma is a bitch.
Willy et René van de Kerkhof (PSV)
Koeman, Witschge, Mühren, Tap, Paauwe, De Boer : les frères, ça n’est pas ce qui manque dans le football néerlandais. Mais les premiers à s’être fait un prénom, parce que le nom ne suffit plus, dans le même club restent sans doute les frangins Van de Kerkhof. Véritables élèves de Kees Rijvers, les jumeaux VDK débuteront à Twente, puis suivront leur entraîneur jusqu’au PSV en 1973. Chez les Boeren, le duo remportera trois championnats, deux Coupes des Pays-Bas, une C3 face à Bastia en 1978. En sélection oranje aussi, les frères « Du Cimetière » (Van de Kerkhof en français) ont été de tous les succès, présents lors des finales perdues de 1974 et 1978. Juste le temps de faire valoir des surnoms sans équivoque : « l’aveugle » pour la tendance de René à oublier ses partenaires, « l’aspirateur » et « le meurtrier » pour la science du tacle de Willy.
Gary et Phil Neville (Manchester United)
Deux – vrais – frères parmi les – faux – frères de la Class of ’92 de Fergie Fledlings (Beckham, Giggs, Scholes, Butt). Pendant une décennie, Manchester United a eu un Neville de chaque côté de sa défense. Enfin, quand Denis Irwin ne squattait pas la place de Phil… Parti gagnant en équipe de jeunes, le cadet des frères Neville a finalement été supplanté dans le sport professionnel par Gary, jugé plus besogneux à l’origine. À partir de 2005, Phil parti à Everton, les deux frères deviennent adversaires. Mais le duel faussement fratricide se poursuivra quelques années sur Twitter. Encore une fois, c’est Gary qui a l’avantage. Spécialiste des vannes qui fusent depuis son passage au Monday Night Football, l’ex-adjoint de Roy Hodgson en sélection anglaise snipe régulièrement son benoît de frère. Qui n’est pas rancunier : pour consoler Gary de s’être fait licencier par Valence après quatre petits mois à Mestalla, Phil avait plus ou moins comparé son grand frère à… Theodore Roosevelt.
Fabio et Paolo Cannavaro (Parme)
Grâce à ses performances lors de la Coupe du monde 2006, Fabio Cannavaro a reçu le glorieux surnom de « Muro di Berlin » par les fans de la Squadra Azzurra. Le petit frère Paolo, lui, n’a jamais vraiment été affublé d’un surnom. Mais si cela devait être le cas, « Badtimer » lui siérait à merveille. Défenseur plus que correct de Serie A, comme l’attestent ses passages au Napoli puis à Sassuolo, le cadet des Cannavaro aura débuté sa carrière dans l’ombre de Fabio à Parme. Petit hic : pendant que l’aîné des Cannavaro récupérait une Coupe d’Italie et une Coupe UEFA en 1999, Paolo débute juste au Napoli. Pis, lorsque Parme remporte sa seconde Coppa Italia, ce dernier est… en prêt à Verone. En revanche, il se mangera la fin bien pourrie des années Parmalat pendant que Fabio ira monter des parpaings à l’Inter, puis à la Juventus.
Bruno et Benoît Cheyrou (Lille OSC)
Bien qu’ils aient évolué trois saisons ensemble au LOSC, le cadet Benoît devra attendre le départ du frérot Bruno à Liverpool en 2002 pour pouvoir éclore chez les Dogues. Bruno et Benoît, c’est un peu comme les deux revers d’une seule et même pièce d’un LOSC transformé à l’aube du nouveau millénaire. À Bruno le titre de champion de D2 en 2000, la qualification historique en Ligue des champions sous les ordres de Vahid Halilhodžić et Francis Graille. À Benoît le début des années Puel et Seydoux, la deuxième place en Ligue 1, puis une seconde qualification en C1 en 2004. À eux deux, l’image de ce football français qui ne gagne pas obligatoirement, mais qui fait terriblement kiffer.
Frank et Ronald de Boer (Ajax, Barcelona, Rangers, Al-Rayyan, Al-Shamal)
Non satisfaits de se ressembler comme deux gouttes d’eau, les jumeaux De Boer ont également choisi de faire coïncider leurs carrières autant que faire se peut. Au point qu’il était impossible de les dissocier à un moment de leur carrière, comme en témoigne l’offre de 18 millions de livres pour les « De Boer twins » formulée par Arsenal en 1997. Au point, aussi, que les natifs de Hoorn inspireront la création, puis joueront les ambassadeurs pour la marque de vêtements néerlandaise Twinlife. Mais le plus impressionnant reste sans doute leur palmarès : entre 1988 et 2006, avec cinq liquettes différentes sur le dos, les De Boer auront remporté seize trophées, dont une Ligue des champions en 1995.
Danny, Rod et Ray Wallace (Southampton)
22 octobre 1988. Sheffield Wednesday reçoit Southampton en First Division. Jusqu’ici, rien d’anormal. Au détail près que la compo des Saints affiche par trois fois le même nom : Wallace. Si Danny l’ailier, né en 1964, s’est fait une place dans l’effectif depuis belle lurette, les jumeaux Ray et Rod viennent tout juste de fêter leurs dix-neuf ans. Mieux, c’est la première fois que Ray joue un match de championnat avec Southampton. Et donc la première que trois frères sont alignés dans la même équipe depuis 67 ans. Une curiosité qui prendra rapidement fin avec le départ de Danny à Manchester United à l’été 1989. Pas très famille, le Danny.
Luc et Marc Millecamps (KSV Waregem)
Il y a des gens qui restent à jamais attachés à une ville. C’est le cas des frères Millecamps. Natifs de Zulte, Luc et Marc n’auront jamais eu que quelques kilomètres à engloutir entre leur maison et le terrain d’entraînement du club de la ville voisine, le KSV Waregem. Luc, dit « le barbu » , y restera dix-sept saisons, Marc vingt. Entre, les deux frères gratteront ensemble une place de finaliste de l’Euro 80 avec la Belgique et battront l’Argentine de Maradona à la Coupe du monde 82. Pas mal pour des gars qui n’ont jamais vraiment bougé de Flandre-Orientale.
Vassili et Alexeï Berezutski (Tropedo-ZIL, CSKA Moscou)
Comme les De Boer, les frères Berezutski sont nés le même jour (le 20 juin 1982) et se ressemblent trait pour trait. Mais au moins, Frank jouait défenseur central et Ronald ailier. Facile à distinguer. Vassili et Alexeï, eux, jouent peu ou prou au même poste, et ce, depuis bientôt quinze saisons dans le même club, le CSKA Moscou. Sûr que les arbitres de Premier League russe ont dû s’arracher les cheveux plus d’une fois, de même que les entraîneurs armeitsy Valery Gazzaev et Leonid Slutsky. Il se dit d’ailleurs que Guus Hiddink aurait offert le capitanat de la sélection russe à Alexeï à partir de 2008 de façon à pouvoir distinguer les deux bratya. Sacré Guus.
Ils auraient pu figurer dans ce top 10 : Jordan et André Ayew (Olympique de Marseille), Jérôme et Kevin-Prince Boateng (Hertha Berlin), Corry et Jonny Evans (Manchester United), Filippo et Simone Inzaghi (Piacenza), Granit et Taulant Xhaka (FC Bâle), Patrick et Laurent Delamontagne (Stade rennais), Patrik et Daniel Andersson (Malmö), Robert et Niko Kovač (Bayer Leverkusen, Bayern Munich), Hakan et Murat Yakin (FC Bâle), Emile et Mbo Mpenza (Courtrai, Mouscron, Standard Liège), Karlheinz et Bernd Förster (VfB Stuttgart), Archil, Shota et Revaz Arveladze (Dinamo Tbilissi)…
Par Matthieu Rostac