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Top 10 : Macron et le foot
Non, la confrontation entre le jeune premier d'En Marche et l'héritière du Front National ne se résume pas simplement à une opposition de styles de jeu. Même si chacun essaie de dissimuler les lignes de fractures idéologiques derrière les lieux communs du « patriotisme » ou de la rupture avec le « vieux système », il suffit juste de se pencher sur leurs déclarations concernant le foot pour faire tomber les masques. Que chacun sache donc quelle couleur il s'apprête à porter le 7 mai en mettant – ou non - son bulletin dans l'urne. Première partie : Emmanuel Macron.
1. Son soutien à l’OM
« Pourquoi je soutiens l’OM ? Parce qu’ils m’ont fait rêver ! Ils m’ont fait pleurer parfois. Ils m’ont fait vibrer. #MacronMarseille#TeamOM » Le temps d’un tweet, l’ancien ministre de l’Économie s’est essayé le 1er avril dernier à la littérature sportive pour endosser le costume si populaire du supporter. Il avait, cela dit, une salle à remplir à Marseille. Tout ça la saison où Amiens, sa ville natale, peut encore rêver d’une accession en Ligue 1. Mais, tout comme François Hollande avait son Red Star pour faire gauche, Emmanuel a donc dégainé son OM pour faire peuple.
Pourquoi je soutiens l’OM ? Parce qu’ils m’ont fait rêver ! Ils m’ont fait pleurer parfois. Ils m’ont fait vibrer. #MacronMarseille #TeamOM
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 1 avril 2017
2. Son recrutement international
Il y a d’abord eu Yohan Cabaye. Puis Steve Mandanda, Moussa Sissoko, Wendy Renard et finalement une soixantaine de sportifs qui ont lancé un appel à voter pour Emmanuel Macron mercredi. Lors de son déplacement à Londres auprès d’une communauté d’expats particulièrement sensible à son discours et son profil le 21 février, le candidat a donc réussi à toucher certains footeux. Depuis, les coéquipiers de Cabaye, à Crystal Palace, se sont refait une santé et devraient finalement pouvoir sauver leur peau en Premier League. Quelqu’un a-t-il juste pris la peine d’expliquer à Macron qu’il ne s’agissait pas d’une équipe corpo de l’hôtellerie de luxe ?
3. Son « plat du pied, sécurité »
En déplacement à Sarcelles lors de l’entre-deux-tours – vous savez, cette banlieue où la jeunesse désœuvrée peut choisir entre Uber et dealer –, Emmanuel Macron se souvient que le jeune de quartier peut aussi choisir footballeur. Il réussit même un penalty pour les convaincre qu’il est des leurs – « donc des nôtres » comme le rappait Kery James – avec semble-t-il une aide n’ayant pas échappé à toutes les caméras. Ah, la dure réalité de l’arbitrage vidéo.
4. Le « foot de jeune fille »
« Il ne fait pas du foot de jeune fille. » Son ancien comparse de l’ENA, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Élysée, parle ainsi de son ex-petit protégé. Si l’on se demande encore le sens profond de cette phrase, une chose est sûre, l’innocent et candide rookie va peut-être devenir président de la République en ayant taclé le PS et Les Républicains. La preuve, aussi, que les jeunes filles savent jouer au foot, non ?
5. Le tacle glissé de Vicherat
Le directeur de cabinet d’Anne Hidalgo, Mathias Vicherat, est clair : « Le ballon rond n’est pas le domaine ou il est le meilleur. » Autre vision, pas de côté, faut-il comprendre ici que pour le meilleur, il faudra attendre après le 7 mai ?
6. Son amour de la défense
« 10 000 postes supplémentaires de policiers et gendarmes, non pas pour jouer au foot avec les jeunes, mais pour assurer la sécurité au quotidien. » Cette réponse qui reprenait directement de volée la justification un brin faux-cul de Nicolas Sarkozy, qui avait supprimé la police de proximité instaurée par la gauche, se voulait aussi comme une démonstration de la fermeté sécuritaire du candidat Macron. Cela dit, les manifestants contre la loi travail avaient déjà bien compris que le tir et le lancer de grenade étaient toujours le dribble préféré des forces de l’ordre. Rendez-vous à la rentrée sociale pour le match retour ?
7. « La politique, c’est comme le foot »
« Macron est un novice en politique. On pense toujours que la politique c’est facile, mais il y a plein de piège à éviter. C’est comme dans le foot : quand on regarde à la télévision, on pense que c’est facile de jouer, mais quand on est sur le terrain, on se rend compte que cela ne l’est pas. » François Hollande doit déjà s’amuser d’avance à l’idée des malheurs et désillusions qui attendent son successeur, comme ceux qui ont regardé le PSG chuter cette saison. N’est pas Mbappé qui veut.
8. Le pronostiqueur
On comprend mieux pourquoi le candidat d’En Marche ne veut pas encore parler de victoire. La preuve, cette déclaration faite la veille d’un PSG-OM : « Je pense que Marseille va gagner, parce que l’équipe a envie, parce qu’il y a une nouvelle dynamique, il y a une super équipe » avec « de superbes recrutements(…)Je pense ensuite que c’est le bon moment, donc je parie sur un 2-1 pour l’OM. » Du nez, c’est certain.
9. Le perso
« Ma remarque, c’est que la vie politique, c’est un peu comme au football il faut jouer collectif, sinon on ne gagne pas. » Sacré Jean-Yves Le Drian, plutôt cruel à l’époque au moment de faucher son collège de gouvernement. Depuis, l’ancien ministre des Armées a abandonné l’amour du maillot pour rallier son nouveau club de cœur. L’indemnité de transfert n’a pas été communiquée.
10. Le pragmatisme du foot
« Je dis juste qu’on a su le faire dans le football parce qu’il y a eu du pragmatisme. Avec les centres de formation, les clubs ont embauché des jeunes de ces quartiers sans se soucier d’où ils venaient tout simplement parce qu’ils étaient les meilleurs au ballon. On a fait pareil avec les comiques. Pourquoi ce serait interdit dans le monde de l’entreprise ? » Il est certain que lorsque l’on s’appelle Emmanuel Macron et qu’on envoie son CV à Rothschild, certaines réalités sociales ne doivent pas sauter aux yeux.
Par Nicolas Kssis-Martov